Enquête 1-2-3 secteur informel 2001 - Resultat_ph2
REPUBLIQUE DU MALI
Un Peuple - Un But - Une Foi

MINISTERE DU PLAN ET DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
Direction Nationale de la Statistique et de l’Informatique
PROJET PARSTAT











LE SECTEUR INFORMEL
DANS L’AGGLOMERATION DE BAMAKO :

Performances, insertion, perspectives

ENQUETE 1-2-3
Premiers résultats de la phase 2.












Septembre 2003
















PROJET PARSTAT/UEMOA

VOLET EMPLOI ET SECTEUR INFORMEL EN MILIEU URBAIN



Financé par la Commission européenne

et

R alis avec l’appui technique d’AFRISTAT et de DIAL

2


AVANT-PROPOS

Les résultats présentés ici s'inscrivent dans un schéma d'études et de collaborations originales qui mérite
d'être précisé.

1.- Un double objectif: le suivi des conditions d'activité des ménages et une approche macro-
économique du secteur informel.

L'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) poursuit entre autres objectifs celui "d'assurer
la convergence des politiques économiques des Etats membres par l'institution d'une surveillance
multilatérale". Pour réaliser cet objectif, il est impératif de disposer de statistiques harmonisées et fiables.
Or depuis le début des années 80, les systèmes statistiques nationaux (SSN) souffrent de plusieurs maux
dont la faiblesse et l’irr gularit dans la production des statistiques de base du fait des faibles moyens
matériels et humains dont ils disposent.

Pour remédier à cette situation, la Commission de l'UEMOA a initié pour ses Etats membres le Programme
régional d'appui à la statistique (PARSTAT). Ce programme comprend plusieurs volets dont le volet
« secteur informel et emploi en milieu urbain qui consiste en la r alisation d’enqu tes sur l’emploi et le
secteur informel dans la principale agglom ration de sept des huit pays de l’UEMOA, la Guin e Bissau
n’ tant pas concernée par ce volet du programme.

En effet, il est vite apparu que l'appréciation des conditions d'ajustement du secteur productif aux
difficultés économiques structurelles des pays en développement passait par la mobilisation
d'informations statistiques adéquates, notamment sur le secteur informel. Ce secteur est non seulement
envisagé comme une composante du secteur productif mais aussi comme une source essentielle de
satisfaction de la demande. L'objectif ultime est d'intégrer ce secteur dans la réflexion macro-
économique en se fondant sur les résultats de données d'enquêtes. Cette démarche doit permettre de
valider une représentation formalisée du rôle macro-économique du secteur afin de dégager des
propositions de politique économique le concernant.
Le second objectif de la série d'enquêtes réalisées par le projet PARSTAT est de permettre le suivi des
conditions d'activité des ménages et du fonctionnement du marché du travail. En effet, dans un pays où
le facteur le plus abondant est justement le facteur travail, et où le principal objectif de la politique
économique est la réduction de la pauvreté, alors que l'immense majorité des pauvres tire son revenu du
travail, il était paradoxal qu'aucun dispositif pérenne de suivi dans ce domaine ne soit intégré dans le
système national d'information statistique. Les enquêtes dont nous présentons ici les résultats se
proposent de combler cette lacune, en se limitant dans un premier temps à la capitale.
2.- Une méthodologie originale: une enquête en plusieurs phases (1-2-3).

L’enqu te 1-2-3 fait partie aujourd’hui de la boite outil du statisticien pour traiter de la question du
secteur informel. Son exp rimentation r ussie, d’abord au Cameroun, puis Madagascar, lui a valu de
faire l’objet de recommandations internationales (AFRISTAT, 1997), et d'être utilisée dans de nombreux
pays en développement sur trois continents (Afrique, Amérique latine, Asie). Plus récemment, l'intérêt
croissant et généralisé pour le thème de la lutte contre la pauvreté a conféré un atout supplémentaire à
l'enquête 1-2-3, qui se place comme un des principaux instruments pour le suivi de la pauvreté.
Menée dans un premier temps et pour des raisons pratiques sur la seule agglomération de Bamako, cette
enquête a pour objectif de donner une vision statistiquement représentative des conditions d'emploi de la
population et du secteur informel à Bamako. Ainsi, la phase 1, dont les premiers résultats ont déjà été
diffusés, vise à donner une vue exhaustive des conditions d'emploi de la main-d’ uvre. Des chefs
d'unités informelles, identifiés lors de la phase 1, sont enquêtés sur leur mode de production dans la
phase 2. Les résultats économiques du secteur informel font l'objet de cette publication. Enfin, les
dépenses de consommations des ménages feront l'objet de la phase3. Grâce à la méthodologie de

3


l'enquête 1-2-3, le Mali dispose d'une image statistiquement représentative du secteur informel,
circonscrite à l'agglomération de Bamako.
La nomenclature utilisée dans ce rapport est celle d’AFRISTAT pour permettre la comparaison
des résultats de tous les pays. La notion « d’industrie » dans le secteur informel est plutôt liée au
processus de transformation d’un bien et non au niveau d’ quipement de l’Unit de production.
Ainsi toutes les UPI qui font de la transformation ou la production d’un bien sont class es dans la
branche « Industrie », dans les sous-branches « Confection » ou « Autres industries et
agroalimentaires ». La branche commerce n’effectue aucune transformation sur les biens. La
branche service, quant à elle comprend les services aux ménages et aux entreprises.

3.- Une collaboration scientifique réussie et multiforme.
Cette op ration a t rendue possible, gr ce la collaboration franche entre les chercheurs de l’ONG
« Développement et Insertion international (DIAL), les experts d’AFRISTAT et les cadres de la DNSI.
Ce type d’enqu te a t men Madagascar, au Cameroun et dans certains Etats de l’Am rique du Sud.
Les modules ont été adaptés au contexte malien par l'équipe d’encadrement de l’enqu te au cours du
dernier trimestre 2001.
Nous tenons ici remercier les chercheurs de DIAL et les experts d’AFRISTAT pour la disponibilit et
le plein dévouement dont ils ont fait montre tout au long de cette enquête.
L'ensemble des opérations a été encadré par les cadres de la DNSI. II convient de saluer ici la
performance de ces cadres, qui sont arrivés à mener deux enquêtes complexes (1ère et 2ème phase) et à
publier des résultats dont la qualité se compare aux standards internationaux en la matière.
La mise à disposition de données de qualité sur le marché du travail et les conditions d'activité des
m nages, contribuera l’ laboration et au suivi de politiques conomiques qui, en derni re analyse,
visent à améliorer le bien-être des populations.
4.- Un financement adéquat et des agents disponibles.

En finan ant cette premi re enqu te sur l’emploi et le secteur informel dans ces agglom rations, l’Union
Européenne a montré une fois de plus sa disponibilité à aider nos Etats à une meilleure connaissance de
leurs réalités socio- conomiques, condition n cessaire l’ laboration de politiques de d veloppement
pertinentes. C’est pourquoi nous lui t moignons toute notre gratitude et lui adressons nos vifs
remerciements.

Enfin, nous tenons à remercier l'équipe des enquêteurs et des superviseurs qui ont travaillé dans des
conditions parfois difficiles, et surtout l'ensemble des chefs d'unités de production qui ont répondu à cette
enquête, alors qu'ils avaient déjà été sollicités lors de la phase 1. Nous les remercions de la confiance qu'ils
nous ont accordée, sur un thème aussi sensible que le secteur informel en acceptant de distraire quelques
moments d'un temps pr cieux, le plus souvent consacr la recherche d’activit s conomiques susceptibles
de leur procurer des conditions de vie décentes.

Le Directeur National de la Statistique
et de l’Informatique






Mme Sidibé Fatoumata DICKO
Chevalier de l’Ordre National

4


Liste du personnel d’encadrement de l’Enqu te

1. Coordination administrative :
 Mme Sidibé Fatoumata Dicko
Directeur National DNSI ;
 Seydou Moussa Traoré

Directeur National Adjoint DNSI .

2. Coordination technique :
 Mahmoud Ali Sako
Coordinateur technique de l’Enqu te, DNSI;
 Soumana Traoré

Superviseur de terrain, DNSI;
 Bréhima Sanogo

Superviseur de terrain, DNSI;
 Fatou Dia


Superviseur de terrain, DNSI;
 Fodé Diarra

Informaticien, DNSI;
 Seydou Diallo

Informaticien, DNSI.

3. Assistance technique
 Freeman Amegashie AFRISTAT
 Prosper Backiny-Yetna AFRISTAT
 Pierre Beziz AFRISTAT
 Eloi Ouedraogo AFRISTAT
 Paul-Henri Wirrankoski AFRISTAT
 François Roubeaud

DIAL
 Constance Torelli


DIAL

Adresse: Direction Nationale de la Statistique et de l’Informatique (DNSI)


BP : 12, Bamako, Mali.


Tel: (223) 222 24 55; 222 48 73.


Fax: (223) 222 71 45


5


LE SECTEUR INFORMEL DANS L'AGGLOMERATION DE BAMAKO
performances, insertion, perspectives

Synthèse des résultats de la phase 2
sur le secteur informel.

En fin 2001, l'agglomération de Bamako comptait 233.957 unités de production informelles
(UPI), employant 319.936 personnes dans les branches marchandes non agricoles. Plus de la
moitié des ménages tirent l'ensemble ou une partie de leurs revenus d'une unité de production
informelle. Les UPI se concentrent dans les secteurs commerciaux, au détriment des secteurs
industriel et de service.

Les tablissements informels, que nous avons appel s “Unit s de Production Informelles” (UPI
sont des unit s de production qui n’ont pas de num ro d’identifiant fiscal (NIF) et/ou qui ne
tiennent pas de comptabilit . Ainsi, d s qu’une de ces conditions n’est pas remplie par une
société, elle est classée parmi les Unités de Production Informelles (UPI.).
Le secteur informel se caractérise par une très grande précarité des conditions d'activité. Près de
88% des UPI sont installés dans des installations de fortune, ce qui les prive d'accès aux
principaux services publics (eau, électricité, téléphone). Méconnues des services de l'Etat, les UPI
apparaissent plus comme un secteur de développement spontané des activités économiques des
ménages que comme une stratégie de contournement de la législation en vigueur. Mais l'absence
de numéro d'identification fiscale (NIF) ne signifie pas que le secteur informel ne soit pas fiscalisé
puisque 11% des UPI payent la patente.
L’ tude a montr une multiplication des effectifs de cr ation d’UPI ces derni res ann es (plus de
la moitié des UPI a vu le jour à partir de 1996, soit dans les cinq dernières années précédant
l’enqu te). Cette situation traduit l’essor du secteur informel comme mode d'insertion privil gi de
la main-d’œuvre. Mais elle s'accompagne aussi d'une pr carisation croissante au sein même du
secteur informel. Le secteur informel est constitué de micro-unités, dont la taille moyenne est de
1,4 emploi par unité et où l'auto emploi est la règle dans près de quatre établissements sur cinq.
Plus de 48% des emplois du secteur informel sont occupés par des femmes, que l'on trouve
concentrées dans les emplois les plus précaires, notamment parmi les travailleurs à leur propre
compte (indépendantes) et les aides familiales..

Les travailleurs du secteur informel consacrent en moyenne 42 heures par semaine à leur activité,
et gagnent en moyenne 79,600 Fcfa par mois. Ces chiffres cachent une forte hétérogénéité. La
prédominance des faibles revenus pèse sur la distribution, puisque la moitié des travailleurs
gagne moins de 20.000 Fcfa par mois
(inférieur au SMIG , qui était de 24.400 Fcfa en 2001).
Le secteur informel marchand non agricole a brassé en 2001 un chiffre d’affaire total de 762,0
milliards Fcfa. La production totale, qui repr sente le chiffre d’affaire moins la valeur des
produits achet s et revendus en l’ tat, a t de 387,8 milliards de Fcfa. Cette production a
engendré 308,5 milliards Fcfa de valeur ajoutée .
.


6

La décomposition fonctionnelle de la valeur ajoutée par facteur de production montre que la
rémunération du travail (essentiellement salari ) repr sente 6,2%, les impôts 2,2% et l’Exc dent
Brut d’exploitation 91,6%.
Aujourd'hui, les difficultés rencontrées par le secteur informel sont avant tout liées au problème
d'écoulement de la production. Outre la faiblesse des débouchés, le thème du crédit apparaît
comme un problème récurrent pour le secteur informel. L'accès au crédit, plus que son coût,
constitue le second facteur de blocage au développement des activités informelles, et est le
principal appui souhaité par les entrepreneurs. Les institutions financières doivent donc se
mobiliser pour imaginer les modalités d'une intervention dans ce secteur, compte tenu du rôle
essentiel qu'il joue déjà dans les rouages de l'économie malienne, et qu'il est appelé à y jouer dans
les années à venir.
Par contre, l’ing rence de l’Etat dans la r gulation des affaires conomiques ne constitue pas une
entrave importante au développement des activités informelles. Il existe entre l'administration et le
secteur informel un modus vivendi basé sur l'ignorance mutuelle. Si les informels ne vont pas à
l'Etat pour enregistrer leurs activités parce qu'ils ne connaissent pas la législation en vigueur, l'Etat
ne s'intéresse pas non plus au secteur informel, ni pour lui procurer des débouchés, ni pour tenter
d'intégrer les activités de ce secteur dans le dispositif officiel.
Dans le contexte actuel, cette politique de laisser-faire de l'Etat constitue un moindre mal, qui se
situe très en deçà du rôle qu'il devrait jouer pour favoriser l'émergence d'activités plus productives.
L'ouverture d'un guichet unique et la simplification des démarches administratives
d'enregistrement et une politique ambitieuse de financement, en sont les principales modalités. En
contrepartie, une réflexion doit être menée pour conduire le secteur informel à remplir son devoir
fiscal, en prenant garde de ne pas étouffer les établissements les moins rentables. Cette politique
active, basée sur la concertation, est non seulement nécessaire, mais elle est aussi possible dans la
mesure où 42% des UPI sont prêtes à payer l’impôt.
Pourtant, malgré les difficultés, il semble que le secteur informel constitue encore un débouché
professionnel légitime, socialement valorisant et économiquement rentable. 83% des chefs
d’UPI affirment qu'il existe un avenir pour leur établissement et 72% souhaitent voir leurs

enfants leur succéder, si ces derniers le désiraient.



7

1. Les conditions d’activit du secteur informel

La phase 2 de l’enqu te 1-2-3, porte sur les établissements informels, que nous avons appelés
“Unit s de Production Informelles” (UPI). Il s’agit des unit s de production qui n’ont pas
de num ro d’identifiant fiscal (NIF) et/ou qui ne tiennent pas de comptabilit officielle crite.
L’inexistence d’un des ces crit res a été retenue pour la qualification des unités comme
informelles. L’obtention du NIF est l’une des premi res tapes de l galisation d’une
entreprise. Ce premier crit re permet l’Etat de suivre le volume des activit s de l’entreprise
et de fixer le niveau des prélèvements fiscaux correspondant à son activité. Le deuxième
crit re pour riger une unit en entreprise formelle est la tenue d’une comptabilit r guli re.
Aucune soci t formelle ne saurait se soustraire ces deux conditions. Ainsi, d s qu’une de
ces conditions n’est pas remplie par une soci t , elle est class e parmi les Unités de
Production Informelles
(UPI.).

Ainsi, le secteur informel est d fini comme l’ensemble des unit s de production d pourvues
de num ro d’identifiant fiscal et/ou de comptabilité officielle écrite
1.

Ce dernier critère de la comptabilité écrite est important pour ne pas exclure du champ
d’investigation des unit s de production qui, pour une raison ou une autre, disposeraient d’un
identifiant fiscal sans pour autant pouvoir être assimilées à des unités formelles (du point de
vue de leur mode d’organisation et de production) pour lesquelles la tenue d’une comptabilit
est un bon indicateur.

De plus, ce choix est conforme aux techniques de prise en compte du secteur informel dans
les comptes nationaux au Mali. Il permet de distinguer les unit s qui font l’objet d’un suivi
r gulier par l’Etat travers le fichier des entreprises de la Direction G n rale des Impôts
(DGI). Ces unit s ont l’obligation de proc der des d clarations annuelles de revenu et de
fournir la situation comptable de leur entreprise.

Tableau 1: Les unités de production informelles suivant le type d'emploi du chef de l'UPI
Emploi principal du chef d'unité
Emploi secondaire du chef d'unité
Emploi
Emploi
principal
principal
dans le
dans le
NIF, pas de
secteur
secteur
Secteur
Pas NIF
comptabilité Sous total
formel
informel
Sous-total
Total
Primaire
7 310 -
7 310
265
1 795
2 060
9 370
Secondaire
41 643
2 045
43 688
440
1 979
2 419
46 107
Tertiaire
164 925
7 529
172 454
2 283
16 284
18 567
191 021
ND



64
63
127
127
Total
213 878
9 574
223 452
3 052
20 121
23 173
246 625
Source : Enquête 1-2-3, phase 1. le secteur secondaire inclut l’industrie (extractive et manufacturière) et le BTP. Le secteur tertiaire
comprend les services, les commerces, les transports et la restauration.

L’enqu te Emploi (Phase1) a permis de d nombrer 246.625 unit s de production informelles
dans l’agglom ration de Bamako, toutes branches confondues, dont 237.128 unités dans le
secondaire et le tertiaire (hors agriculture). Lorsque ces personnes occupent un emploi
secondaire, le chef d’unit de production exerce dans pr s de 87% des cas un emploi principal

1 Comptabilité ayant une valeur administrative au sens de la contribution directe

dans le secteur informel . Ainsi, plus de 20.000 chefs d’unit s de production dirigent aux
moins deux établissements informels.

Par ailleurs, l’absence d’un identifiant fiscal appara t comme le crit re d terminant
d’appartenance au secteur informel, puisque moins de 5% des unit s de production non
agricoles en possèdent un sans tenir de comptabilité formelle.

Une prédilection pour les activités commerciales

En d cembre 2001, l’agglom ration de Bamako comptait pr s de 234.000 unit s de
production informelles dans les branches non agricoles2. Il est ressorti des analyses de
l’enqu te emploi (Phase 1) que pr s de 85% des m nages tirent une partie ou la totalit de
leurs revenus du secteur informel. Ceci atteste du rôle prédominant de ce secteur dans
l’activit conomique de la ville.

Les unités de production informelles (UPI) sont essentiellement tournées vers les activités
commerciales (51,8%). Le commerce est la branche dominante tant en nombre d’UPI qu’en
nombre d’emplois dans la ville de Bamako. On y d nombre 120 250 unit s orient es vers le la
branche commerce et plus 157 000 personnes travaillent dans cette branche. Le commerce
hors magasin et particulièrement le commerce ambulant est la forme la plus répandue. Au
delà du commerce, il faut noter la place relativement importante des activités de production
dites industrielles (27,2%), notamment les activités de « confection », les activités artisanales
de transformation (« autres industries et agroalimentaires ») et les Bâtiments et Travaux
Publics (« BTP »). Les services quant à eux représentent une UPI sur cinq.

Tableau 2: Structure par branche des unités de production informelles
Unités de production
Emplois en %

Effectif
%
Secteur informel3 Secteur formel
Industries
63 823
27,3
21
16,1
-Confection
25 403
10,9
7,6
2
-Autres industries et agroalimentaires
24 010
10,3
6,3
10,2
-BTP
14 410
6,2
7,1
3,9
Commerce
120 250
51,4
51,8
11,1
-Gros et détail
21 096
9,0
11,6
8,1
-Hors magasin et carburant
99 154
42,4
40,2
3
Services
49 884
21,3
27,2
72,8
-Restauration
6 426
2,7
1
1,2
-Réparation
6 217
2,7
2,7
2,2
-Transport
6 709
2,9
3,9
9,6
-Autres services
30 532
13,1
19,5
59,8
Total
233 957
100,0
100
100
Source : Enquête 1-2-3, phases 1 et 2.

2 Compte tenue des probl mes particuliers li s l’agriculture urbaine, les unités de production de la branche
primaire ont t exclues du champ de la deuxi me phase de l’enqu te1-2-3. Ce choix a été motivé par la décision
de ne pas laborer un questionnaire sp cifique pour aborder les probl mes de l’agriculture urbaine et
périurbaine. Ce chiffre diffère de celui du tableau N°1, en raison de la disparition de certaines UPI entre les deux
phases de l’enqu te.

3 Notons que la structure des emplois dans l’informel Bamako diff re quelque peu de la 1ère phase à la 2ème
phase. Cela est due aux erreurs de codification ou de déclaration des enquêtés entre les deux phases. Ainsi entre
la premi re et la deuxi me phase de l’enqu te, 12668 unit s ont disparu.

9



La structure compar e des emplois (dans les secteurs formel et informel) tel qu’elle ressort de
la phase 1 de l’enqu te 1-2-3 (Enqu te sur l’emploi) montre clairement l’orientation tr s
marquée du secteur informel vers les activités commerciales, au détriment des activités de
production de biens et de services. Les emplois commerciaux représentent plus de la moitié
des emplois informels, mais seulement 11,1% des emplois formels. En revanche, 72,8% des
emplois formels se trouvent dans les services (avec une grande partie attribuable aux
administrations publiques), tandis que cette proportion n’atteint que 27,2% dans le secteur
informel. La spécialisation par branche des emplois dans les deux secteurs tend à montrer
qu’ils sont plutôt en situation de compl mentarit que de concurrence directe. Enfin, il faut
souligner l’importance du poids des emplois industriels dans le secteur informel (21%),
largement supérieur à celui qui prévaut dans le secteur formel (16,1%).

Des conditions d’exercice pr caires

Le secteur informel se caract rise par une grande pr carit des conditions d’activit . Plus de la
moiti des unit s de production informelles ne dispose pas de local sp cifique pour l’exercice
de leur activité et près du tiers exerce à domicile. Il convient de noter le très grand pouvoir
d’attraction des march s publics, o les commer ants spontanés concurrencent les
commerçants établis. Ainsi près de 60% des commerçants vendent sur les marchés publics,
dans les échoppes improvisées ou sont tout simplement des ambulants. Dans le cas de la
restauration, 45% des unités exercent sur la voie publique et 25% travaillent au marché dans
des postes improvisés. Il apparaît ainsi que plus de deux tiers des restaurants (gargotes,
rôtisseries, fabrication des beignets, etc.) exercent Bamako dans des conditions d’hygi ne
discutables.

Dans le secteur informel en général, et pour les activités industrielles en particulier, le lieu
d’habitation (y compris les domiciles des clients) abrite souvent une activit conomique.
Cela permet avant tout de faciliter la réalisation des travaux (minimiser le coût de
déplacement) et aussi de pallier le manque de ressources financi res n cessaires l’achat ou
la location d’un local. Si l’on exclut le BTP, o le domicile du client est le lieu de travail
privil gi , c’est surtout dans la confection et les autres services que cette option est la plus
répandue.

M me lorsqu’elles exercent domicile, les unit s informelles disposent rarement d’une
installation particuli re propre l’activit . Par exemple, pr s des deux tiers des UPI de
confection se trouvent dans des domiciles, parmi lesquelles, seules 3% jouissent d’une pi ce
réservée. Pour ce qui est des services, ce sont 44,7% des UPI qui exercent à domicile, parmi
lesquelles 18% disposent d’une installation particuli re. Finalement, seules 11,4% des UPI
exercent dans un local adapté à Bamako.

La raison de la non localisation des unit s informelles est assez complexe et n’est pas
forcement li e au manque de moyens financiers. Pour plus de deux tiers des chefs d’unit s
informelles, l’absence de local sp cifique est un choix délibéré. Ces derniers mettent en avant
la flexibilit du mode d’insertion, qui permet de s’adapter une demande fluctuante ou de
combiner activités domestiques et marchandes (notamment pour les femmes). En outre, près
du tiers des chefs des UPI ne voit pas l’utilit de poss der un local compte tenu du type
d’activit exerc e. En fait parmi les UPI ne disposant pas de local, seule une sur trois se plaint

10

de ne pouvoir exercer dans un local appropri , soit qu’ils ne peuvent en supporter le co t, soit
qu’ils n’en ont pas trouv sur le march .

Quant à ceux qui possèdent un véritable local, seuls 20% en sont propriétaires, environ deux
tiers sont locataires et le reste travaille dans un local qui leur a été prêté ou vit dans des
conditions mal définies.

Tableau 3: Précarité des conditions d'activité dans le secteur informel
Type de local

Eau
Electricité Téléphone Sans local
Domicile
Avec local
Total
Industries
2,2
11,2
0,5
34,1
52,8
13,0
100,0
Confection
1,6
12,7
0,5
18,0
63,2
18,7
100,0
Autres industries et agroalimentaires
3,4
16,2
0,4
58,4
28,7
13,0
100,0
BTP
1,1

0,7
22,2
74,7
3,1
100,0
Commerce
1,4
5,8
1,1
72,0
17,7
10,2
100,0
de gros et détail
3,2
22,5
5,2
48,8
13,3
37,9
100,0
Hors magasin + carburant
0,9
2,1
0,2
77,1
18,7
4,3
100,0
Services
0,5
7,2
1,3
43,2
44,7
12,0
100,0
Restauration

17,5
2,0
65,7
17,0
17,3
100,0
Réparation
4,3
10,4
0
64,6
7,5
28,0
100,0
Transport

4,1
2,2
74,7
14,2
11,1
100,0
Autres services

4,8
1,2
26,4
65,9
7,7
100,0
Total
1,4
7,6
0,9
55,6
33,0
11,4
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase 2.

Il va s’en dire que la pr carit des locaux prive les UPI d’acc s aux principaux services
publics (eau, électricité, téléphone). La quasi totalité des unités de production informelles sont
priv es d’eau courante (98,6%) et de t l phone (99,1%). L’acc s l’ lectricit est aussi limit
à 7,6% des UPI. On pourrait penser que les branches les mieux localisées (à domicile ou dans
un local spécifique), tels que la confection, le BTP, le commerce de gros et les autres services
seraient également les mieux équipées. Si cette hypothèse est vraie pour quelques unes des
branches cit es pr c demment (la confection, le commerce de gros), il n’en est pas de m me
pour les autres. En revanche, certaines branches telles que la restauration et la réparation, peu
pourvues en local sont relativement bien quip es. Ainsi, il appara t que l’ quipement des UPI
d pend conjointement de la disponibilit d’un local, mais galement du type d’activit . Dans
tous les cas, le taux d’acc s aux diff rents services est si bas, qu’il refl te suffisance les
conditions d’exercice des UPI dans la capitale. M me en ne retenant que les UPI qui
disposent d’un local, ces diff rents ratios voluent peu : disponibilit de l’eau courante, 3,1% ;
en électricité, 14,2% et en téléphone, 1,9%.

Le secteur informel est non seulement un conglom rat d’unit s de production exer ant dans
des conditions pr caires, d pourvues d’acc s aux services publics de confort, mais c’est aussi
un secteur atomis . L’immense majorit des unit s de production informelles (90%) ont été
créées par celui ou celle qui la dirige actuellement. Moins de 5% en ont hérité lors de la
transmission d’un patrimoine familial, et dans seulement 1% des cas, il s’agit d’une cession
d’une unit d j existante, cr e en dehors du cercle familial. De plus, les unités de
production informelles sont monocéphales. La part des entreprises à établissements multiples
tant tr s faible (2,1%), la dynamique du secteur informel rel ve plus d’une dynamique de
création/génération d’emplois que d’un v ritable essor des entreprises existantes.

Atomisées, les UPI sont aussi inorganisées. Seules 6% des UPI appartiennent à une
organisation de producteurs ou de commerçants. Très limitées dans la confection, le BTP et

11

les services, elles sont un peu plus présentes dans les transports (une UPI sur cinq est affiliée)
et dans une moindre mesure dans les industries manufacturières (9%). Les UPI ne perçoivent
pas en r alit l’importance de ces associations de producteurs car elles sont conduites à régler
les diff rents probl mes qu’elles rencontrent sur une base individuelle. Plus de trois quart des
UPI consid rent que l’organisation dont elles sont membres ne leur est d’aucune utilit . Ces
organisations sont rarement sollicitées au regard des statistiques du nombre d’UPI encadr es
par type de problèmes : avec l’Administration (3,2% des UPI) ; entre concurrents (2,3% des
UPI) et l’ins curit (2,5%).

Contrairement à une idée reçue, la mise à son compte dans le secteur informel est en général
revendiqu e. Ainsi, pr s de la moiti des chefs d’unit s de production justifie le choix de leur
activit par la possibilit d’obtenir un meilleur revenu que le salaire auquel il pourrait
prétendre en travaillant dans une structure formelle (publique ou privée) et plus du quart
refusent m me le statut de travailleurs d pendants et mettent en avant le d sir d’ tre leur
propre patron. Le salariat protégé ne constitue donc pas une fin en soi pour les habitants de la
capitale. En réalité, seuls 15% des chefs d’unit s informelles ont choisi ce secteur parce qu’ils
n’ont pas trouv d’emplois salari s dans le secteur moderne.

Par branche d’activit , cette proportion ne d passe jamais 31%. C’est dans les BTP, les
transports, les industries agroalimentaires et autres industries et dans les services au ménages
et aux entreprises que l’on retrouve le plus de salari s potentiels qui ont d se rabattre sur le
secteur informel à cause des faibles performances du secteur moderne, incapable de répondre
leur demande d’emploi.

Enfin, la tradition familiale, travers la transmission d’un patrimoine ou d’une comp tence
technique, n’est un facteur d terminant dans l’orientation professionnelle des chefs d’unit
que dans 8% des cas, essentiellement dans la branche services aux ménages et aux entreprises
(27%) et dans le secteur des industries de confection (13%). Ce fait est à rapprocher de la
faiblesse de la logique d’entrepreneur interg n rationnelle dans l’informel d j voqu e dans
le rapport de la phase 1.

Démographie des unités de production : L’ ge moyen des unit s de production informelles
est de 8 ans.


Cette moyenne recouvre en fait une grande diversité de dates de création, avec la coexistence
d’ tablissements relativement anciens, voire tr s anciens (10% ont té crées avant 1980 et
pr s de 22% avant 1990) et d’ tablissements qui viennent d’entrer en activit . Ainsi, plus de
la moitié des UPI ont vu le jour à partir de 1996, soit dans les cinq dernières années précédant
l’enqu te. Les long vit s les plus lev es sont enregistrées dans les branches industrielles,
notamment le BTP et la confection, où la durée de vie moyenne atteint respectivement 13 et
11 ans. C’est dans la branche commerce (qui faut-il le rappeler représente la moitié des UPI)
que la durée de vie est inférieure à la moyenne, en relation avec la précarité des conditions
d’exercice de cette activit .

Les nouveaux chefs d’unit s informelles ont une propension de plus en plus forte s’ tablir
dans les branches commerciales au détriment des secteurs industriels et des services comme
l’atteste le graphique suivant. De plus, la proportion ne disposant pas de locaux est aussi en
progression constante. Ce constat nous conduit à penser que le secteur informel tend à se
transformer en un secteur refuge d’activit s marginales, alors que m me les opportunit s

12

d’emplois dans les branches de transformation et de services industriels se r duisent
ostensiblement.

Cependant, il convient de relativiser les résultats présentés plus haut. Les données dont nous
disposons ne nous apportent qu’une pr somption d’une certaine forme de saturation du
secteur informel productif, dans la mesure où il est impossible de différencier la part de cette
dynamique imputable la crise de l’emploi et ce qui reviendrait aux lois structurelles de la
d mographie des unit s informelles, li es leur cycle de vie. Ainsi, on peut imaginer qu’au
cours de leur cycle de vie, les unités de production informelles débutent dans des conditions
précaires, puis dans un second temps se développent en am liorant leur type d’insertion
(acquisition d’un local propre, augmentation de l’ chelle d’activit , etc.). Seules des donn es
temporelles pourraient permettre de faire la part de ces deux facteurs.



Création brute d'UPI par branche


80

70

60
50

% 40

30

20

10

0

avant
90-94
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001

90

Date de création


Industrie
Commerce
Services

Source : Enquête 1-2-3, phase 2.


13


2. Main d’œuvre et emplois dans le secteur informel

Les 233.957 unités de production informelles des activités marchandes non agricoles de la
capitale génèrent 319.936 emplois.


Ce résultat confirme que le secteur informel est de loin le premier pourvoyeur d’emplois dans
la capitale malienne, comme nous le notions d j en analysant l’enqu te sur l’emploi4. Il
apparaît aussi, que le secteur informel est massivement constitué de micro-unités. La taille
moyenne des unités informelles est de 1,4 personne par établissement.

La prédominance écrasante des micro-unit s et de l’auto emploi.

Les r sultats de l’enqu te montrent que plus de quatre UPI sur cinq sont réduites à une
seule personne (auto emploi)
. Moins de 4% des UPI emploient plus de trois personnes. La
taille maximale rencontr e est de 9 personnes. Cette distribution fortement polaris e sur l’auto
emploi est un indicateur de la faible capacit d’accumulation d’un secteur informel qui semble
incapable de se développer autrement que par un processus de croissance extensive,
caractérisé par la multiplication des unités de production.

La faiblesse de l’ chelle d’activit , mesur e ici en terme de nombre d’emplois, est un r sultat
fort intéressant dans la mesure où notre définition du secteur informel n’imposait aucune
limite à la taille des unités. La faible dispersion de la taille des unités de production est un
facteur d’homog n it du secteur informel. L’UPI, dans le cas de Bamako, pourrait se
caractériser aussi par des unités de production de moins de dix personnes5.

Tableau 4: Organisation du travail dans le secteur informel
Type de combinaison de travail (en % des UPI)
Auto
Non
Taille
Taux de

emploi salariale Salariale Mixte Total moyenne salarisation
Industries
71,7
12,7
13,9
1,8
100,0
1,6
24,3
Confection
87,6
9,8
1,9
0,8
100,0
1,2
5,4
Autres industries et agroalimentaires 57,3
11,3
30,6
0,8
100,0
1,8
42,6
BTP
63,9
16,4
16,3
3,4
100,0
2,1
24,8
Commerce
91,8
4,2
3,0
1,0
100,0
1,1
5,9
de gros et détail
93,9
2,8
2,2
1,1
100,0
1,3
13,0
Hors magasin + carburant
81,6
11,1
6,7
0,6
100,0
1,1
4,1
Services
75,1
9,2
13,3
2,5
100,0
1,5
21,7
Restauration
60,1
12,0
27,9
0,0
100,0
1,5
20,5
Réparation
33,2
28,3
32,0
6,5
100,0
2,5
34,0
Transport
49,6
9,6
35,4
5,4
100,0
1,8
35,9
Autres services
89,6
5,1
4,3
1,0
100,0
1,2
12,1
Total
83,0
7,5
8,0
1,5
100,0
1,4
15,7
Source : Enquête 1-2-3, phase 2.


4 voir résultats de la phase 1 et le tableau N°2 du présent rapport.
5 La notion de taille ne pourrait cependant pas tre retenue dans la mesure o bien d’unit s formelles ne
dépassent pas 9 personnes.

14

Le type de local ne semble pas être un facteur discriminant des UPI en terme de volume de
main-d’ uvre. Il est vrai que les UPI sont g n ralement d pourvues de local, ce qui pourrait
les limiter dans leur vell it d’embauche. Cependant, la comparaison des UPI selon la
localisation montre que ce facteur n’influence pas pour autant la taille moyenne des UPI. Si la
part des UPI exerçant dans un local réellement adapté varie de 3% à 38% selon les branches,
la taille moyenne par contre ne varie que de 1,1 à 2,5 personnes. Le commerce de gros et de
détail qui est la branche la mieux localisée, a une taille moyenne proche de la moyenne
générale.

Du fait de la taille r duite des unit s informelles et du poids crasant de l’auto emploi, le taux
de salarisation6 est tr s faible. L’intensit de la relation salariale discrimine assez bien le
secteur informel du secteur formel où la norme salariale est la règle. Seuls 8,2% des UPI
fonctionnent comme des UPI formelles avec un système de salariat. 9,2% des UPI utilisent de
la main d’ uvre sans les payer (apprentis, aides familiales, etc.) et 1,5% des unit s
informelles ont un système hybride, où les salariés sont systématiquement combinés avec
d’autres travailleurs (aides familiales, apprentis).

Rappelons enfin les contours flous de la notion de salariat dans le secteur informel : 58% des
salariés reçoivent un salaire mensuel fixe, le reste étant payé au jour le jour (24%) ou à la
tâche (18%).

Une main-d’œuvre non prot g e

La main d’ uvre des UPI de Bamako ( l’exclusion des patrons, travailleurs pour compte
propre et associés) soit 79.762 personnes, est composée de 47% de salariés, et de 31%
d’apprentis dont un peu plus de la moiti ne sont pas pay s et de 22% d’aides familiales.
L’absence de protection est la caract ristique principale des emplois propos s la main-
d’ uvre du secteur informel.

En premier lieu, 38% de la main-d’ uvre employ e dans les UPI ne b n ficient d’aucun
contrat avec son employeur. Le contrat verbal est la règle pour près de six travailleurs sur dix
et le contrat crit ne concerne qu’une infime minorit des travailleurs (1,8%). Ce constat
constitue un indice supplémentaire du caractère non formel des relations de travail dans le
secteur informel. L’emploi y est pourtant stable puisque plus de quatre travailleurs sur cinq
déclarent exercer un emploi permanent.


Tableau 5: Caractéristiques des emplois dépendants dans le secteur informel
Employé
Prime de fin
Participation
sécurité
Non

permanent Contrat écrit
d'année
Autres primes Congés payés aux bénéfices
sociale
apparenté
Salarié
76,9
3,6

1,1
3,4
2,2
1,4
82,8
Apprenti rémunéré
91,7


4



85,5
Apprenti non rémunéré
87,6

0,7
4,1



70,5
Aide familial
78,7
0,5
0,5
1,6



20,2
Total
81,3
1,8
0,2
2,1
1,6
1
0,7
67,2
Source : Enquête 1-2-3, phase 2.


6 Ratio rapportant le nombre de salari s au nombre total d’actifs

15

En second lieu, la main-d’ uvre du secteur informel ne b n ficie pratiquement d’aucune
prestation. Si l’absence de couverture sociale institutionnelle (affiliation l’Institut National
de Prévoyance Sociale) découle directement du non enregistrement du secteur informel,
d’autres formes de prestations auraient pu lui tre accord es titre individuel. La participation
aux bénéfices concerne à peine 1% de la main-d’ uvre, les cong s pay s ne touchent que
1,6% d’entre eux et les primes de fin d’ann e sont pratiquement inexistantes. Moins de 4%
de la main-d’ uvre jouissent d’un salaire indirect (primes diverses, vers es sous forme
monétaire ou en nature). Cependant, cette composante de la rémunération ne vient pas en
complément du salaire direct, mais dans la plupart des cas le remplace. Ce sont surtout les
apprentis et dans une moindre mesure les aides familiales, qui perçoivent ce type de
rémunération. Les congés payés qui du reste, semblent être un droit pour tous les travailleurs
du formel, ne sont accord s qu’ 3,4% des salari s de l’informel.

Il faut cependant nuancer l’apparent d nuement de la main-d’ uvre du secteur informel. En
effet, l’importance des relations personnelles entre le chef d’ tablissement et ses employ s
constitue sans doute un élément de compensation face aux «forces brutes du marché ». Un
tissu serré de relations sociales et de solidarités lie employeurs et employés. Ainsi, plus de
deux tiers de la main-d’ uvre du secteur informel sont en relation de parent avec leurs
employeurs. Ces liens engendrent des formes de rémunération non conventionnelles dont la
mesure serait difficile dans pareille tude. D’ailleurs, l’importance des relations parentales se
fait sentir galement au niveau de l’embauche : 67% de la main-d’ uvre des tablissements
informels ont obtenu leur emploi par relation (familiale, d’amiti ), et seulement 23% par
d marche directe aupr s de l’employeur.

A propos du mode de recrutement de la main-d’ uvre, il faut noter que personne n’a obtenu
son emploi par une offre diffusée dans les médias, à travers un bureau de placement ou par
l’interm diaire de l’Agence Nationale de Promotion de l’Emploi (ANPE), ce qui montre la
déconnexion entre les organismes de placement et le secteur informel.

Les normes l gales r gissant la dur e du travail n’ont pas cours dans le secteur informel.

Si les actifs du secteur informel travaillent, en moyenne 41,3 heures par semaine, 20%
occupent un emploi à temps complet (entre 35 et 48 heures hebdomadaires). Pour les autres,
le temps de travail varie fortement. Ainsi, près du quart des actifs travaille moins de 24 heures
par semaine. Par contre , plus du tiers travaille plus de 48 heures par semaine .

Cette grande hétérogénéité dans la durée du travail peut être interprétée de diverses manières.
Elle peut tre un facteur positif, puisqu’elle marque la flexibilit d’un secteur qui peut
moduler le recours au facteur travail en fonction de la variation de la demande. Elle donne
aussi la possibilit ceux qui travaillent peu, de mener parall lement d’autres activit s
(travaux domestiques, études, autre emploi, etc.).

Mais en contrepartie, elle est un indicateur du sous-emploi des ressources humaines dans le
secteur informel. En premier lieu, le sous emploi visible est très fréquent dans ce secteur.
Deux actifs informels sur cinq travaillent moins de 35 heures contre leur gré, parce que la
demande est trop faible. En second lieu, et paradoxalement, la pr sence massive d’horaires
très élevés peut aussi être considérée comme un indice de sous-emploi. Elle met en lumière
l’inad quation entre emploi et r mun ration, puisque cette charge horaire constitue la seule
mani re d’obtenir un revenu acceptable, au prix d’une productivit horaire d risoire. Cette
forme de sous-emploi est particulièrement répandue dans les transports, dans les réparations

16

et dans le commerce où la durée hebdomadaire de travail varie de 52 à 59 heures. Cela
correspond à des journées de travail de 10 heures .

Il apparaît donc que, si le secteur informel ne peut être assimilé au sous-emploi, il
constitue l’un de ses refuges de pr dilection.

L’estimation des revenus dans le secteur informel pose de redoutables problèmes de mesure et
d’interpr tation. Outre les difficult s obtenir une estimation fiable, faute de comptabilit
écrite ou de bulletin de paie, la diversité des statuts, la variabilité des horaires de travail
rendent d licat le choix d’un indicateur pertinent.

Tableau 6: Rémunération et horaires de travail moyen dans le secteur informel
Revenu
Revenu
Horaire Revenu
Revenu
Revenu Horaire Revenu
mensuel
mensuel
hebdo horaire
mensuel
mensuel
hebdo horaire

moyen
médian
moyen moyen

moyen
médian
moyen moyen
BRANCHE
(1000Fcfa) (1000Fcfa) (Heures) (Fcfa) STATUT
(1000Fcfa) (1000Fcfa) (heures) (Fcfa)
Industries
91,0
25
38,4 554,6 -Patron
423,3
162
39
1295
-Confection
46,6
20
39,8
225 -Compte propre
74,1
27
41,8
345
-Autres industries et agroalimentaires
56,4
15
37,0
272 -Salarié
29
24
46,4
129
-BTP
185,7
45
38,9
856 -Apprenti
10,3
5,0
47,9
15
Commerce
57,4
20
45,1 329,2 -Aide familial
0,7
0
34,1
5
-Gros et détail
42,4
35
53,8
404 -Associé
61,1
20
41,7
342
-Hors magasin + carburant
115,3
17
45,1
204 SEXE




Services
104,3
27
43,1 560,1 -Homme
115,9
30
48,5
392
-Restauration
56,2
28
45,4
283 -Femme
37,9
15
35,4
268
-Réparation
58,2
15
51,2
199 SCOLARITE




-Transport
317,2
45
58,7
784 -Non scolarisé
70,9
20
43
316
-Autres services
67,5
24
34,2
362 -Primaire
72,9
25
41,6
320
Total
79,6
23
42,4 453,4 -Secondaire
110,6
27
40,3
471





-Universitaire
96,3
53
46,6
577
Enregistrement




APPRENTISSAGE



-UPI avec NIF
110,6
23,5
52,8 345,0 Sur le tas
82,4
21,0
42,9 429,7
-UPI sans n° stat
75,3
23,0
41,4 341,0 -Autres
73,3
33
41,0 424,8
Source : Enquête 1-2-3, phase 2.

La r mun ration mensuelle moyenne, calcul e sur l’ensemble des actifs du secteur
informel, est de 75.300 Fcfa.


Cela dépasse nettement le salaire minimum inter-entreprise garanti (SMIG), qui était de
22.000 Fcfa par mois en 2001, pour les man uvres sans qualification. En terme de revenu
horaire, on obtient 341 Fcfa en moyenne dans le secteur informel, avec un salaire horaire
minimum de 199 (au niveau de la branche réparation) contre 130 Fcfa /heure pour le SMIG .

Cependant, il convient de relativiser ces avantages. En premier lieu, le revenu des travailleurs
ind pendants du secteur informel estim dans le tableau 6 correspond l’exc dent brut
d’exploitation (EBE) de la Comptabilit Nationale. L’EBE est la part de la valeur ajout e de
l’UPI qui revient l’entrepreneur, une fois d duits la masse salariale (donn e aux travailleurs
dépendants) et les impôts indirects nets de subventions (versés l’Etat). L’EBE surestime le
revenu disponible des travailleurs indépendants dans la mesure où, en toute rigueur, il faudrait
en d duire la part des investissements autofinanc s, les charges d’int r t contract es sur des
emprunts effectu s par l’UPI, et les charges diverses (rémunération des services de sous-
traitance, etc.). Ainsi, l’EBE doit tre consid r comme un revenu mixte, qui r mun re aussi
bien le travail effectif de l’entrepreneur, que le capital investi dans l’UPI.

17


En second lieu, la main-d’ uvre du secteur informel est loin d’ tre non qualifi e. M me si le
niveau scolaire moyen dans le secteur est de 2,4 ans d’ tudes, l’anciennet dans l’emploi
atteint presque 7 ans. Ce qui est assimilable à un travailleur qualifié moyen. Dans la fonction
publique malienne, ce genre de travailleur touche environ 50 000 Fcfa.

En fait, la r mun ration moyenne cache d’importantes disparit s. Elle est fortement tributaire
des revenus les plus élevés, et donc assez peu représentative de la situation réelle de la
majorité des travailleurs du secteur informel. Ainsi, si le revenu mensuel moyen est de 75.300
FCFA, le revenu m dian n’est plus que de 23 000 Fcfa par mois. La faiblesse de ce chiffre
t moigne largement de l’amplitude des salaires dans le secteur.

Le statut dans l’emploi discrimine bien le montant des r mun rations per ues.

Les patrons se situent en haut de l’ chelle avec un revenu moyen de 423.300 Fcfa et un
revenu m dian de 162.000 Fcfa par mois. L’amplitude des revenus est tr s large au niveau de
cette catégorie de travailleurs. Ceci explique le grand écart entre leur salaire moyen et leur
salaire médian.

Les travailleurs d pendants se situent en bas de l’ chelle. Le revenu moyen des salari s, qui
est de 29.000Fcfa est supérieur au SMIG. Leur salaire m dian n’est cependant que de 24 000
Fcfa. La moiti des salari s de l’Informel touche moins que le SMIG. Les salariés
b n ficient d’une meilleure r mun ration que les apprentis et beaucoup plus que les aides
familiales. Pour ces deux cat gories d’employ s, le revenu moyen est si faible qu’on ne
saurait le comparer à des salaires.

Les femmes qui travaillent dans le secteur informel p tissent d’un d ficit de revenu tr s
marqué par rapport à leurs homologues masculins
.

En moyenne, les hommes perçoivent des revenus trois fois supérieurs à ceux des femmes,
alors que le rapport de leurs horaires de travail hebdomadaire n’est que de 1,4.
(respectivement 48,5 et 35,4 heures par semaine). Les femmes souffrent d’un double
handicap : d’une part, elles exercent plus souvent des emplois structurellement mal payés
(emplois d pendants, commerces, activit s pr caires, etc.), et d’autre part, m me quand elles
occupent des postes équivalents à ceux des hommes, à qualification égale, elles sont souvent
victimes de discriminations de revenus.

Enfin, les revenus dans le secteur informel sont très dépendants de la qualité du capital
humain employé. En particulier, la rémunération est une fonction croissante du niveau
scolaire, ce qui montre que, m me en l’absence de grille de salaires formelle, l’ ducation peut
être valorisée dans le secteur informel. Le salaire des travailleurs ayant suivi un cursus
secondaire d passe celui des travailleurs n’ayant jamais t l’ cole de 39% en moyenne. La
faiblesse relative des ceux ayant le niveau universitaire est lié au sous emploi. Les intéressés
occupent généralement des postes en deçà de leur qualification.

Caractéristiques socio-démographiques des actifs du secteur informel.

L’enqu te a permis de d nombr e 319.936 travailleurs dans l’agglom ration de Bamako,
dont 218.012 travailleurs indépendant (à leur propre compte), 15.945 patrons, 6.216 associés,

18

36.987 salari s et le reste tant constitu d’apprentis et d’aides familiales. Il apparaît que,
l’essentiel des travailleurs sont à leur propre compte (68%) .

Précarité des emplois féminins: Plus de 48% des emplois dans le secteur informel sont
occupés par des femmes.


On les retrouve principalement comme aides familiales (62%) et comme travailleuses à leur
compte (59%). Chaque genre semble se spécialiser dans des branches distinctes : aux femmes
la restauration et le commerce ; aux hommes, le BTP, le transport, la réparation et les
industries.


Les emplois f minins sont plus d’un titre, plus pr caires que ceux occup s par des
hommes.


Les femmes disposent moins souvent d’un local sp cifique pour leur activit . Elles sont
proportionnellement beaucoup plus nombreuses à exercer sur la voie publique, à domicile
sans installation particulière ou encore sur les marchés. De plus, elles occupent des emplois
indépendants, notamment « aides familiales » dans les UPI les plus marginales (faible chiffre
d’affaires et taille r duite). Ceci se traduit directement sur la r mun ration des emplois
féminins.

Tableau 7: Caractéristiques démographiques des actifs informels suivant le statut
Ancienneté
Répartition par
Jeunes de moins Age moyen Niveau d'étude moyenne
STATUT
statut (%)
Femmes (%)
de 26 ans (%)
(années)
(années)
(années)
Patron
5,0
29,5
2,8
42
3,4
11,1
Travailleur à son propre compte
68,1
59,4
22,2
35
2,4
7,6
Salarié
15,2
12,7
49,7
28
2,1
3,5
Apprenti
4,1
3,3
76,3
22
1,8
2,4
Aide familial
5,6
62,0
78,6
21
2,6
4,0
Associé
1,9
39,1
27,8
35
3,5
6,2
Total
100,0
48,3
30,8
33
2,4
6,7
Source : Enquête 1-2-3, phase 2.


La difficile insertion des jeunes

Les jeunes de moins de 26 ans représentent un peu moins du tiers des actifs informels, dont
l’ ge moyen est de 33 ans. On les rencontre souvent dans les emplois d pendants : ils
constituent près de 50% des salariés et plus de trois quart des apprentis et des aides
familiales. Ils sont rarement patrons et ne constituent que 22% des travailleurs à leur propre
compte. Ils sont en moyenne plus instruits que leurs a n s, en liaison avec l’augmentation du
niveau scolaire des jeunes générations. Leur niveau d’ tude moyen, qui est de 3,4 ans
demeure cependant faible. Ce sont donc surtout les jeunes qui n’ont pas r ussi leurs tudes
qui se tournent vers l’informel.

Lorsqu’ils s’installent leur propre compte dans le secteur informel, les jeunes se dirigent
principalement vers le commerce hors magasin, où ils sont majoritaires. Ailleurs, ils sont
minoritaires. Ce ph nom ne semble tre li une certaine exigence des conditions d’insertion
dans les autres branches, qui nécessitent par exemple plus d’exp rience pour les industries
manufacturières et un capital de confiance pour disposer des premiers fonds pour les emplois
de commerce de gros ou de certains services.

19


Par ailleurs, les jeunes sont beaucoup plus nombreux à travailler comme ambulants sur la voie
publique, ce qui témoigne de la difficulté à trouver un local approprié.

On peut aussi mettre en vidence le rôle de l’apprentissage. La plupart des actifs du secteur
informel ont acquis leur qualification seuls, par la pratique (54%) ou dans une petite
entreprise (37%). Chez les jeunes, les mêmes proportions ont appris leur métier seuls ou ont
acquis leur qualification dans une petite entreprise.

Ainsi, le transfert de qualification du secteur formel vers le secteur informel et
l’apprentissage à l’ cole sont rares et ne concernent que 2% des jeunes
.

Le niveau d’ tudes : un atout m me dans l’informel

Le niveau d’ tudes est un atout pour les travailleurs informels. Ainsi, parmi les chefs d’UPI,
ceux qui possèdent un diplôme supérieur ont plus de chance d’ tre patrons ou associ s. M me
si le niveau d’ tude moyen est tr s faible (2,4 ans) dans le secteur informel, il appara t qu’il
est plus faible encore dans l’auto emploi et chez les travailleurs d pendants. Les patrons, qui
ont un niveau d’ tude faible font appel des associ s qui sont au moins autant instruits. Le
niveau d’ tudes constitue ainsi un atout pour les travailleurs informels, au sens o il permet
d’acc der de meilleurs statuts.

En outre, plus le niveau d’ tudes est lev , moins les actifs informels exercent sur la voie
publique. Ceux qui sont peu diplômés accèdent plus fréquemment aux emplois les plus
pénibles. Finalement, même si la spécificité des activités informelles se prête mal à la
valorisation d’un savoir scolaire, la rémunération perçue par les actifs est une fonction
croissante du niveau d’ tude, toutes choses gales par ailleurs.

Malgr le rôle jou par le niveau d’instruction dans la hi rarchie chez les actifs du secteur
informel, les possibilités de valoriser une expérience acquise dans le secteur moderne sont
particuli rement limit es. D’abord, peine 2% des actifs informels d clarent avoir appris le
m tier qu’ils exercent aujourd’hui dans une grande entreprise. Si l’on y ajoute ceux qui sont
passés par une école technique, on trouve moins de 5% des informels. L’immense majorit , a
soit appris seule le m tier, soit s’est form e sur le tas dans une petite unit informelle. Ensuite,
la proportion d’actifs informels en provenance du secteur moderne ayant conserv la même
branche d’activit est particuli rement faible.

Le secteur informel au cœur de l’ conomie urbaine

En premier lieu, le secteur informel n’est pas le secteur refuge privil gi des migrants. 68% de
ceux qui y travaillent sont nés à Bamako et y ont toujours vécu. Cependant, les migrants sont
plus nombreux dans le secteur informel que dans le secteur formel (respectivement 58,6% et
41,4%).

En second lieu, le secteur informel n’est pas un segment du march du travail r serv la
« main-d’ uvre secondaire des ménages (hors chef de m nage), qui n’apporterait qu’un
revenu d’appoint l’ conomie familiale. M me si la propension du secteur informel
employer la main-d’ uvre secondaire est sup rieure celle enregistr e dans le secteur formel
(37,2% contre 62,8% pour les membres secondaires), le secteur occupe un grand nombre de
chef de ménage.

20


Dynamique de cr ation d’emplois

L’anciennet est une indication fiable de la dynamique de cr ation des emplois. Dans le cas
présent, 19% de ceux qui travaillent dans les UPI ont moins d’une ann e d’anciennet dans
leur établissement, 25% y travaillent depuis 2 ou 3 ans au plus et seuls 18% des travailleurs
sont l depuis 10 ans ou plus. L’anciennet est fortement li e au statut dans l’emploi. Chez les
dirigeants d’UPI, les patrons viennent en t te avec en moyenne 11,1 ann es d’anciennet . Ils
sont suivis par les travailleurs à leur propre compte et les associés. Du côté des employés,
l’anciennet dans l’emploi est en moyenne beaucoup plus importante chez les aides familiales
que chez les autres types de statuts. Cela pourrait s’expliquer par la nature ambigu de leur
fonction. En réalité, certains aides familiales sont assimilables aux associés.

Si les emplois des travailleurs à leur propre compte ont toujours été prépondérants,
aujourd’hui comme par le pass , leur proportion tend s’accro tre avec le temps, au d triment
des emplois salariés. Ainsi, 58% des emplois crées par le secteur informel il y a 10 ans et plus
sont des emplois à compte propre, ce chiffre grimpe à 94% dans les emplois crées au cours de
l’ann e pr c dant l’enqu te. A contrario, seul 1% des emplois informels cr s au cours de
l’ann e repr sente les emplois salari s, alors que ceux-ci représentaient 4% des emplois les
plus anciens. Ceci montre que le secteur informel éprouve des difficultés à incorporer de plus
en plus de salari s et confirme l’inertie des UPI qui arrivent rarement se d velopper.

21


3. Capital, investissement et financement

Le montant total du capital du secteur informel, estimé au coût de remplacement atteint
presque 32 milliards de Fcfa.


Le capital est donc bien un facteur déterminant qui entre dans la fonction de production du
secteur informel. Au niveau agrégé, ce stock est constitué essentiellement de terrains et
locaux, de v hicules, de machine et d’outillages. Les terrains et v hicules repr sentent la part
la plus importante du capital (près de 60%). Vient ensuite la part du capital consacrée aux
machines (18,7%). Les machines sont beaucoup plus présentes dans les industries
manufacturières
(confection et autres industries et agroalimentaires) où leur part dans le
capital d passe les 40% alors qu’elle est faible dans le commerce, la restauration, les autres
servises
et les BTP.


Tableau 8: Structure du capital du secteur informel
Structure du capital (%de sa valeur)

Montant
Montant
t
e
s

s


e
r

e
e
l
e

g

l

moyen par
total ni l
n
i
i
l
u
a
a
a
a
c
h
i
l
b
c
i
l
i
t
re
u
t
UPI sans
UPI (en
r
r
o
l
c
a
o
h
t
é
u
A
To
capital
(en milliers
millions
Te
M
M
V
O
Branche
(en %)
de FCFA) de FCFA)
Industries
19,2
132
6 782
11,35 29,30 1,70
3,73 50,96 2,96 100,0
Confection
23,5
65
1 268
39,7
41,6
1,8
0,5
14,3
2,2
100,0
Autres industries et agroalimentaires
21,8
113
2 116
12,6
45,8
3,5
0,7
34,9
2,5
100,0
BTP
7,3
254
3 397
0,0
14,4
0,5
6,8
74,7
3,6
100,0
Commerce
34,7
60
4 743
31,65 9,35 13,27 24,91 18,97 1,85 100,0
de gros et détail
34,0
222
3 121
34,1
6,6
10,7
34,7
13,3
0,7
100,0
Hors magasin + carburant
34,9
25
1 622
27,0
14,6
18,3
6,0
29,9
4,2
100,0
Services
25,7
551
20 324 34,53 17,38 2,13 39,79 5,34
0,84 100,0
Restauration
7,9
54
344
33,4
5,4
34,9
0,0
17,7
8,6
100,0
Réparation
1,7
118
733
13,0
19,8
4,3
15,9
33,5
13,4 100,0
Transport
18,7
2072
11 303
1,8
22,8
0,1
70,0
5,1
0,2
100,0
Autres services
36,5
421
7 943
83,2
9,9
3,3
0,8
2,6
0,2
100,0
Total
28,6
191
31 848 29,16 18,72 3,69 29,90 17,08 1,44 100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase 2.

La branche des transports est pourvue d’un volume moyen de capital nettement sup rieur
celui des autres secteurs (plus du tiers de la valeur du capital investi). Viennent ensuite les
autres services
, les BTP et le commerce de gros. Les industries ont un montant moyen de
capital très faible se situant à 132 000 Fcfa. Cela est en relation avec la nature des
équipements utilisés dans la branche. Le capital des industries est constitué essentiellement
d’outillage (51%) au d triment des machines qui ne repr sentent que 29%.

On pense souvent que le capital du secteur informel est constitué par du matériel déclassé,
acheté déjà usagé, dont on allonge ainsi la dur e de vie. L’enqu te a r v l que la situation est
quelque peu mitig e Bamako. Pr s de 54% des quipements ont t achet s l’ tat neuf,
contre 43% d’ quipements usag s. Si l’on exclut les terrains et locaux, dont la qualité ne
peut être envisag e sous l’angle neuf ou usag , nous obtenons 55% d’ quipements usag s.


22

En fait, il faut distinguer deux cas polaires. Si la majorité du mobilier professionnel, de
l’outillage et des autres équipements tait neuve au moment de l’achat, les v hicules
professionnels sont presque tous achet s l’ tat usag (90%). Par ailleurs, l’auto production
de capital n’est pas une pratique courante, sauf en ce qui concerne les locaux, o pr s de 8,8%
sont auto construits.

L’ensemble du capital est d tenu en moyenne depuis 4,3 ans. Lorsqu’il a t achet neuf,
l’ ge moyen du capital s’ l ve alors 4,1 ans, alors qu’il est de 5,8 ans pour le capital usag
l’achat et 8,3 ans pour le capital auto produit. D’une branche l’autre, il n’y a pas de
différence significative entre les détentions de capital neuf ou usagé. En revanche, les
diff rences d’ ge sont assez remarquables par type de capital. L’ ge des v hicules
professionnels demeure particulièrement élevé (10 ans). Usag l’achat, l’ ge moyen des
véhicules atteint pr s de 14 ans. L’ ge moyen des locaux et des machines d tenus par
l’informel est aussi relativement lev , avec des moyennes respectives de 7,7 ans et 5,3 ans.

Tableau 9: Caractéristiques du capital du secteur informel
Qualité (en %)
Appartenance (en %)
Prêt ou
Neuf à
Usagé à
Auto
Propriété
propriété
Type d'équipement
l'achat
l'achat production Vente
Total
personnelle Location partagée
Total
Terrain et local
76,8
13,1
8,8
1,3
100,0
84,5
14,6
0,9
100,0
Machines
46,1
53,9
0,0

100,0
87,9
11,3
0,8
100,0
Mobilier et équipement de bureau
77,9
21,7
0,4

100,0
85,1

14,9
100,0
Véhicule professionnel
10,5
89,5


100,0
91,8
8,2
0,0
100,0
Outillage
92,9
6,2
0,5
0,4
100,0
98,8
0,3
0,9
100,0
Autres
69,8
29,8
0,4

100,0
97,8

2,2
100,0
Total
54,0
42,8
2,7
0,4
100,0
89,9
9,0
1,1
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase 2.

Dans la majorit des cas, les chefs d’unit s de production informelles sont propri taires du
capital qu’ils utilisent. Toutefois, pr s d’une UPI sur dix travaille dans un local lou .

Tableau 10: Origine du capital du secteur informel
Origine (en %)
Famille ou
Association de
Institution

amis
Clients Fournisseurs Usurier producteurs Banque
micro
Autres
Total
Industries
14,9
10,3
37,5
0,1
1,3
35,2
0,2
0,5
100,0
Confection
16,6
14,3
48,5
0,2
4,9
11,8
0,9
2,7
100,0
Autres industries et agroalimentaires
26,9
15,1
54,8
0,2
0,5
2,4


100,0
BTP
10,6
8,0
58,2
0,0
7,4
11,5
3,1
1,1
100,0
Commerce
7,0
6,0
22,9
0,3

63,8
0,0

100,0
de gros et détail
7,2
7,2
57,7
4,9

16,6
4,8
1,6
100,0
Hors magasin + carburant
17,2
9,5
59,3
0,0
12,3
1,6

0,0
100,0
Services
12,3
3,3
37,1
0,0
6,5
2,4
12,8
25,7
100,0
Restauration
9,5
22,1
47,8
0,2
15,7
4,5


100,0
Réparation
16,5
36,2
44,3

2,8
0,2


100,0
Transport
20,0

44,9

10,3
2,4
22,4

100,0
Autres services
1,0
4,0
24,9

1,0
2,5
0,8
65,7
100,0
Total
12,6
5,5
40,3
0,0
5,5
10,7
8,7
16,7
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase 2.


23

Etant donn que le secteur informel ne produit pas de biens d’ quipement, il devrait tre
fortement dépendant du secteur formel pour la mise en place de leur capital. L’enqu te n’a
pas permis de renseigner sur la provenance par secteur institutionnel du capital. Il apparaît
toutefois que le capital provient essentiellement des fournisseurs comme le montre le tableau
10. Cela peut être interprété doublement : soit il s’agit du lieu d’achat que l’enqu te a r v l ,
soit de pr ts fournisseurs. Cette question sera tranch e avec l’analyse du syst me
d’endettement en vigueur dans le secteur.

Financement du capital informel

86,8% de la valeur du capital est financ e par l’ pargne individuelle.

Ce r sultat montre l’importance de l’autofinancement dans la dynamique d’accumulation du
secteur informel. D’autre part, il met en lumi re le faible degr d’organisation du syst me
financier informel, puisque m me les pr ts d’origine familiale ne jouent qu’un rôle secondaire
dans l’obtention des fonds n cessaires l’investissement. En dehors des fonds propres, les
UPI font recourt aux pr ts clients. Quant l’acc s des unit s de production informelles au
système financier formel (banques et institutions de micro-finance), il est presque inexistant.

Pour revenir la question relative l’origine du capital, il s’av re que les pr ts aupr s des
fournisseurs étant très faibles (1,4%), on en déduit que les r sultats du tableau 10 sur l’origine
du capital n’expriment en r alit que le lieu d’achat du mat riel.

Tableau 11 : Mode de financement du capital du secteur informel
Financement
Prêt auprès
des
Epargne,
Prêt
Prêt auprès associations
Prêt
don,
auprès des
des
de
micro-
Prêt
Branche
héritage Prêt familial clients fournisseurs producteurs finance bancaire
Autre
Total
Industries
88,7
2,6
3,2
1,0
0,0
0,1
0,8
3,5
100,0
Confection
73,7
2,5
9,1
0,0
0,0


14,7
100,0
Autres industries et agroalimentaires
84,0
6,5
1,5
2,8

0,4
2,5
2,4
100,0
BTP
97,3
0,3
2,0
0,3



0,1
100,0
Commerce
92,6
0,1
1,5
1,5
0,0
2,9
0,0
1,3
100,0
de gros et détail
97,1
0,1
0,2
0,0

1,3

1,2
100,0
Hors magasin + carburant
83,9
0,2
4,0
4,4
0,1
5,9
0,0
1,5
100,0
Services
84,8
2,6
7,1
1,6
0,0
0,0
1,0
2,9
100,0
Restauration
73,5
0,5

0,8



25,2
100,0
Réparation
83,4
8,1
3,4
0,8

0,1

4,2
100,0
Transport
89,6
3,9
0,2
2,7



3,5
100,0
Autres services
78,6
0,4
17,6
0,0


2,4
0,9
100,0
Total
86,8
2,3
5,5
1,4
0,0
0,4
0,8
2,8
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

Investissement dans le secteur informel

L’investissement total r alis entre novembre 2000 et octobre 2001 s’ l ve 4,9 milliards de
FCFA, soit 15% de l’ensemble du capital du secteur informel
.

Rapporté à la valeur ajout e du secteur, le taux d’investissement est excessivement faible, soit
1,5%, refl tant ainsi la faible capacit d’accumulation de ce secteur. Parmi les UPI poss dant
du capital, seule 13,6% ont investi. Les UPI des BTP, des branches des services sont celles

24

qui investissent le plus. Au niveau du commerce et dans les industries, la part des UPI ayant
investi est faible.

L’investissement annuel moyen par UPI a t de 180.200 Fcfa. Cette moyenne cache toutefois
des disparités assez sensibles selon les branches d’activit et l’ ge des UPI. Par branche, le
capital investi par UPI varie selon qu’on travaille dans les transports ou dans la restauration
de 1.755.900 de Fcfa à 8.300 Fcfa. Le BTP avec 560.100 Fcfa d’investissement moyen
annuel, est la seconde branche de prédilection des investissements. Ainsi, en dehors des
Transports et des BTP, et dans une moindre mesure le commerce de gros et de détail, les
investissements dans les autres branches sont faibles et n’ont pas d pass 31.000 Fcfa au
cours de l’ann e ayant pr c d l’enqu te.

Tableau 12 : Structure de l’investissement du secteur informel
Montant
Type d'équipement
moyen
mobilier
UPI avec par UPI
et
capital qui (Milliers Montant total
équipem Véhicule
investissent
de
(millions de terrain et machine ent de
professi
Branche
(%)
FCFA)
FCFA)
local
s
bureau onnel
outillage autres
Total
Industries
15,0
245,7
2 709,7
0,3
90,1
1,0
0,3
7,7
0,6
100,0
Confection
9,2
16,7
30,0
17,5
37,1

20,3
20,7
4,4
100,0
Autres industries et agroalimentaires
14,3
25,0
98,2
0,0
62,5
2,1
0,0
33,3
2,1
100,0
BTP
24,5
560,1
2581,7
0,0
92,0
1,0
0,0
6,5
0,5
100,0
Commerce
9,4
47,3
542,7
48,0
19,7
9,1
13,1
9,5
0,6
100,0
de gros et détail
12,5
153,2
388,7
60,9
11,4
10,6
16,6
0,1
0,4
100,0
Hors magasin + carburant
8,7
13,3
154,0
0,0
50,8
3,5
0,0
44,3
1,4
100,0
Services
20,9
250,4
1654,8
0,6
50,6
0,8
29,6
18,1
0,4
100,0
Restauration
31,9
8,3
24,9
0,0
0,0
56,5
0,0
33,2
10,3
100,0
Réparation
16,5
30,9
38,7
38,9
38,6
0,0
0,0
21,8
0,7
100,0
Transport
21,1
1755,9
1523,4
0,0
52,1
0,0
30,9
16,9
0,2
100,0
Autres services
18,8
10,3
67,8
5,9
8,9
13,7
0,0
66,1
5,3
100,0
Total
13,6
180,2
4907,2
4,7
64,3
1,6
15,9
13,0
0,5
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

L’ tude de l’investissement selon l’ ge des UPI montre l’importance de la contribution des
tablissements cr es dans l’ann e. 30% des tablissements informels ayant investi durant les
douze derniers mois sont en fait des UPI de l’ann e. Il y a donc un ph nom ne de
concentration des investissements chez les chefs d’entrepreneurs qui ont d but leur activit
dans l’ann e. Les nouveaux tablissements ont investi dans l’ensemble pr s 400 millions de
Fcfa.

La structure de l’investissement est nettement diff rente de celle du capital d tenu dans
l’informel. Le poids des dépenses de « terrains et locaux » qui représentait 29,2% de la valeur
du capital, n’est que de 4,7% au niveau des investissements. L’essentiel des investissements
est destiné aux achats de machines. Cette propension des dépenses vers les machines est un
signe de modernisation de l’outil de travail dans les UPI. Dans le m me sens, la qualit du
capital achet durant l’ann e coul e, s’am liore. Alors que le mat riel neuf repr sentait 56%
des investissements pour les UPI de plus de 10 ans, cette proportion atteint 86% pour les UPI
créées durant les douze derniers mois.

En d finitive, si le taux d’investissement global du secteur informel est d risoire, la part
consacrée aux investissements entraînant une croissance du stock physique tend cependant à
s’accroître.

25





Emprunt dans le secteur informel

Il est apparu que le secteur informel autofinance la majeure partie de son capital accumulé.
Mais on peut s’interroger sur l’importance du recours l’emprunt pour financer d’autres
activités (fonds de roulement, besoins de tr sorerie, etc.) li es l’exploitation.

Sur l’ann e, 16.826 UPI (soit 7,2% des UPI) ont emprunté pour un montant qui dépasse les
19,4 milliards de Fcfa. Le nombre d’entreprises emprunteuses varie selon l’activit , de 3,5%
dans « les services aux ménages et aux entreprises » à 13% dans « le commerce de gros et de
détail ».
Dans « les transports », les UPI n’ont pas effectu d’emprunt au cours de l’ann e.

Les UPI commerciales et les industries manufacturières sont les principales emprunteuses du
secteur informel. Plus de 82% du montant des emprunts totaux ont été effectués par les
commerçants et près de 14% par les industries manufacturières. Les autres branches
empruntent peu ou pas du tout.

Tableau 13: Emprunt dans le secteur informel
Montant moyen par UPI qui Montant total (millions de
Branche
UPI qui emprunte
emprunte (milliers de FCFA)
FCFA)
Industries
5,1
998,3
3 263,4
Confection
7,0
39,8
71,2
Autres industries et agroalimentaires
4,3
2 627,6
2 701,2
BTP
3,1
1 083,9
490,9
Commerce
9,5
1 408,0
16 048,4
de gros et détail
13
317,1
2 744,7
Hors magasin + carburant
8,7
4 851,8
13 303,7
Services
7,2
82,8
138,67
Restauration
7,3
58,9
27,4
Réparation
10,0
65,5
40,6
Transport
-

-
Autres services
3,5
103,2
110,7
Total
7,2
1 158,4
19 490,6
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

Sur les 16.826 UPI qui ont emprunt au cours de l’ann e, 41,2% ont emprunt aupr s de la
famille ou aupr s d’un ami, 26% aupr s d’un fournisseur et 19,2% aupr s d’une institution de
micro-cr dits. Les banques n’interviennent que tr s faiblement dans le financement des UPI.

Ces emprunts sont consacr s en priorit l’extension de l’UPI (63,4%), l’accroissement du
stock de mati res premi res (30,4%) et dans une moindre mesure l’am lioration des
machines et outillages. Par contre, les UPI n’ont jamais recours l’emprunt pour payer les
salariés ou pour former de la main-d’ uvre.

Pour les UPI emprunteuses qui ont eu des difficultés de remboursement, ce sont les taux
d’int r t trop lev s ou les ch anciers trop serr s (80%) qui sont incrimin s, plus que la
conjoncture économique.

26

4. Production, insertion et concurrence

Le poids du secteur informel


Si l’importance du secteur informel comme pourvoyeur d’emplois est aujourd’hui
universellement admise, le poids de la production de ce secteur reste un enjeu de première
taille. Le chiffre d’affaires annualis du secteur informel non agricole Bamako a atteint
762,0 milliards de Fcfa au cours de l’exercice 2001. Plus de 59% de ce montant provient des
activités commerciales. Le secteur industriel réalise près de 23% et les services, 18%.
Cependant, étant donné la part prépondérante du commerce au sein du secteur informel, il est
plus pertinent de raisonner en terme de production ou de valeur ajoutée pour apprécier le
poids économique réel de ce dernier7. Ainsi, le secteur informel de la capitale a produit pour
387,8 milliards de Fcfa de biens et services et a crée 308,5 milliards de Fcfa de valeur
ajoutée pendant la période.

Il est difficile de mesurer la part de la contribution du secteur informel l’ conomie de la
ville, dans la mesure o il n’existe pas de donn es statistiques r gionalis es sur les grands
agr gats conomiques au Mali. Comme point de rep re, la phase 3 de l’enqu te 1-2-3
permettra d’estimer la consommation des m nages de l’agglom ration (hors
autoconsommation et loyers imputés des ménages propriétaires de leur logement). Cela
permettra de mesurer la part générée par le secteur informel dans la consommation des
ménages de Bamako.

Tableau 14: Chiffres d'affaires, production et valeur ajoutée du secteur informel
(de décembre 2000 à novembre 2001; en milliards de FCFA)
Branche
Chiffres d'Affaires
Production
Valeur ajoutée
Industries
171,6
154,8
112
Confection
31,3
31,3
17,5
Autres industries et agroalimentaires
70,2
53,6
27,8
BTP
70,1
69,9
66,7
Commerce
450,3
123,5
103,9
de gros et détail
195,4
38,3
35,9
Hors magasin + carburant
254,9
85,2
68
Services
140,1
109,5
92,6
Restauration
35,3
19,8
8,1
Réparation
11,1
11,1
10
Transport
45,5
45,5
44,8
Autres services
48,2
33,1
29,7
Total
762,0
387,8
308,5
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

Dans les comptes nationaux maliens actuels8, la valeur du PIB non agricole au coût du marché
est estimée à 1426 milliards de Fcfa pour l’ann e 2001, dont 511 milliards de valeur ajoutée
pour le secteur informel. Selon ces chiffres, le secteur informel contribuerait à 36% du PIB
non-agricole. En comparant ces résultats à ceux des comptes nationaux, il en résulte que

7 la diff rence entre le chiffre d’affaires et la production provient des produits achetés pour être revendus en
l’ tat.
8 Il s’agit du PIB plus comparable labor dans le cadre des travaux d’harmonisation des comptes nationaux des
pays membres de l’UEMOA

27

Bamako produirait près des deux tiers de la valeur ajoutée non agricole du Mali (60,4%), alors
que sa population ne représente que le 1/10ème de la population totale du pays.

Ces comparaisons ne peuvent tre qu’approximatives. En effet les sources de donn es qui ont
permis d’ valuer le PIB du secteur informel au niveau national ne sont plus tr s r centes. La
présente enquête est certainement beaucoup plus précise et en toute rigueur, il faudrait estimer
de nouveau le PIB du secteur informel au niveau national en utilisant une approche similaire à
celle de l’enqu te 1-2-3. Une nouvelle estimation devrait vraisemblablement aboutir à une
réévaluation du PIB du secteur informel non agricole et donc du PIB total. Par conséquent, la
part de la valeur ajoutée du secteur informel dans le PIB serait plus importante et la part de la
ville de Bamako serait quelque peu moins importante. Quoiqu’il en soit, les r sultats de la
3ème phase de l’enqu te 1-2-3 et ceux de l’Enqu te Malienne d’Evaluation de la Pauvret
(EMEP) devraient permettre de disposer d’ l ments de comparaison plus fiables.

La structure de la production et des coûts

Alors que le commerce informel contribue pour plus de la moiti au chiffre d’affaires total, il
ne représente plus que le tiers des autres agrégats que sont la production et la valeur ajoutée.
En d finitive, l’industrie cr e 36,3% de la valeur ajout e ; vient ensuite le commerce, avec
33,7% et enfin les services avec 30% de la richesse cr e par l’informel.

Tableau 15: Structure de la production et des coûts du secteur informel (en %)
Structure par branche
Décomposition de la valeur ajoutée
Taux de
Chiffres
Valeur
valeur
masse
Impôts et
Branche
d'Affaires Production
ajoutée
ajoutée
salariale
taxes
EBE
Total
Industries
22,5
39,9
36,3
65,3
10,4
1,0
88,6
100,0
Confection
4,1
8,1
5,7
55,9
3,4
1,9
94,7
100,0
Autres industries et agroalimentaires
9,2
13,8
9,0
39,6
15,6
2,1
82,3
100,0
BTP
9,2
18,0
21,6
95,1
10,2
0,3
89,6
100,0
Commerce
59,1
31,8
33,7
23,1
2,0
2,4
95,6
100,0
de gros et détail
25,6
9,9
11,6
18,4
3,5
3,2
93,3
100,0
Hors magasin + carburant
33,5
22,0
22,0
26,7
1,2
2,0
96,8
100,0
Services
18,4
28,2
30,0
66,1
5,9
3,4
90,7
100,0
Restauration
4,6
5,1
2,6
22,9
2,4
2,1
95,5
100,0
Réparation
1,5
2,9
3,2
90,1
8,3
2,0
89,6
100,0
Transport
6,0
11,7
14,5
98,5
5,3
3,1
91,6
100,0
Autres services
6,3
8,5
9,6
61,6
6,7
4,6
88,6
100,0
Total
100,0
100,0
100,0
40,5
6,2
2,2
91,6
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

La décomposition fonctionnelle de la valeur ajoutée par facteur de production montre que la
rémunération du travail (essentiellement salarié) représente moins de 1% et correspond
presque uniquement à des salaires directs. Seuls, les industries manufacturières et le BTP se
distinguent des autres branches, avec des masses salariales représentant 15,6% et 10,2% de la
valeur ajout e. Cela s’explique par le fait qu’on y rencontre les UPI employant plus de
salariés, souvent recrutés de manière temporaire selon les commandes. Le faible poids de la
masse salariale est l’une des caract ristiques du secteur informel.

Le montant total des impôts indirects (net des subventions directement li es l’activit ) est
très faible. L’Etat ne per oit que 2,2% de la valeur ajoutée du secteur informel,
principalement sous forme de patente, mais aussi d’impôts locaux, de droits d’enregistrement
et de bail. Les services aux ménages et aux entreprises sont ceux qui subissent la plus forte
ponction de l’administration (4,6% de la valeur ajoutée). Il existe donc dans ce secteur un

28

gisement fiscal potentiel pour l’Etat qu’il conviendrait d’ tudier en d tail afin de l’exploiter.
La mise en place d’un syst me viable de taxation du secteur informel doit toutefois chercher à
minimiser les co ts de recouvrement de l’impôt, a priori tr s lev s, compte tenu de
l’atomisation des UPI.

Enfin, l’exc dent brut d’exploitation (EBE), la troisi me composante de la valeur ajout e, est
de loin le plus important, puisqu’il atteint 91%. Il n’est jamais inf rieur 80%, quel que soit
la branche considérée.

Les performances économiques du secteur informel

L’analyse des principaux agr gats par unit de production, montre le caract re r duit de
l’ chelle d’activit dans le secteur informel. La production mensuelle est de 128.800 Fcfa,
soit une production annuelle qui avoisine 1 .536.000 Fcfa, correspondant à une valeur ajoutée
annuelle moyenne de l’ordre de 1 .200.000 Fcfa par UPI.

Tableau 16: Quelques indicateurs moyens du niveau d'activité des unités de production du
secteur informel
Productivité apparente
Valeur moyenne en milliers de Fcfa par mois
du travail
Productivité
Excédent brut
apparente du
Chiffre
Valeur
d'exploitation
capital
Branche
d'affaires Production
ajoutée
(EBE)
VA/L1
VA/L2
(VA/K)
Industries
206,9
186,4
131,8
130,8
59,4
0,4
6,6
Confection
96,3
96,3
53,4
52,7
39,4
0,3
6,7
Autres industries et agroalimentaires
229,5
175,7
86,7
85,5
41,3
0,3
3,7
BTP
364,2
363,0
345,3
343,9
125,3
0,8
10,6
Commerce
303,4
78,1
63,9
63,0
55,0
0,4
9,6
de gros et détail
749,7
154,2
144,6
143,0
89,4
0,5
4,4
Hors magasin + carburant
208,4
61,9
46,7
46,0
47,6
0,4
10,7
Services
214,3
177,3
149,0
147,8
74,9
0,6
6,4
Restauration
323,3
232,5
85,4
83,6
57,4
0,3
6,6
Réparation
138,7
138,7
122,7
119,7
44,9
0,3
3,1
Transport
557,6
557,5
547,9
545,0
238,5
2,0
0,7
Autres services
131,3
90,0
80,1
79,7
47,6
0,5
9,1
Total
258,1
128,8
100,6
99,5
60,4
0,4
8,0
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

La hi rarchie de l’ chelle d’activit des diff rentes branches d pend fortement de l’indicateur
retenu. En termes de chiffres d’affaires, les UPI commerciales sont celles qui brassent le plus
gros volume d’activit . Par contre, elles apparaissent beaucoup plus petites lorsqu’on prend en
compte le niveau de la production. Avec un taux de marge de 71% (rapport co t d’achat des
produits achet s pour la revente au chiffre d’affaires), la production moyenne des UPI
commerciales est de 78.100 Fcfa par mois, contre 128.000 Fcfa pour l’ensemble du secteur
informel. Du point de vue de la valeur ajoutée, les UPI commerciales ont le plus bas niveau de
valeur ajout e. Ainsi le commerce appara t comme le parent pauvre du secteur informel. C’est
pourtant cette branche qui emploie le plus d’actifs. La faiblesse du revenu moyen de la
branche s’explique par la multiplication ph nom nale des activit s de commerce de d tail,
précaires avec des capitaux dérisoires, qui sont plus des emplois temporaires de subsistance
que de véritables UPI.




29

Hétérogénéité interne au secteur informel

Si les valeurs moyennes du chiffre d’affaires, de la production ou de la valeur ajout e par UPI
sont faibles lorsqu’on les compare celles des entreprises du secteur formel, elles n’en
donnent pas moins une image trompeuse des performances du secteur informel dans son
ensemble. En effet, il existe une très forte hétérogénéité au sein du secteur informel. En fait,
quelques tablissements r alisent de bonnes performances alors que l’immense majorit des
UPI sont plutôt proches du niveau de subsistance.

Graphique 2


Distribution des UPI suivant le montant de la


valeur ajoutée mensuelle


50,0

40,0
I

P
U
30,0
'

d
20,0
%

10,0

0,0

0 à 9 10 à 20
20 à 30 20 à 40 40 à 60 60 à 80 80 à 100 + de

100


valeur ajoutée m ensuelle en m illiers de F.CFA


Ayant 1 N° fiscal
N'ayant pas de N° fiscal


Source :
Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.


En premier lieu, si la valeur ajoutée mensuelle moyenne est de 101.00 Fcfa dans le secteur
informel, 60% des UPI ne génèrent pas plus de 40 000 Fcfa par mois. Plus d’une UPI sur
deux (52%) r alise au plus 30 000 Fcfa par mois, soit 1 000 Fcfa par jour. Dans l’ensemble,
20% seulement des UPI réalisent une valeur ajoutée mensuelle supérieure à 100.000 Fcfa.

En second lieu, il convient de distinguer deux types d’UPI : celles qui ont un numéro
d’identifiant fiscal (NIF) et qui constituent le secteur informel haut de gamme, et celles qui
n’en ont pas, beaucoup plus nombreuses, mais aussi beaucoup moins performantes. L’ chelle
d’activit des UPI du premier type est pr s de 3 fois supérieure à celle des UPI sans NIF en
terme de chiffres d’affaire. Par tranche de revenu, il appara t que, les 20% d’UPI qui gagnent
plus de 100.000 Fcfa de valeur ajoutée par mois, génèrent en réalité les trois quart des
richesses créées par mois à Bamako.

Tableau 17: Performances comparées des UPI avec NIF et Sans NIF
(valeur mensuelle en milliers de Fcfa)
Chiffre d'affaires
Production
Valeur ajoutée
EBE
Type d'UPI
Moyenne
Médiane
Moyenne
Médiane
Moyenne
Médiane
Moyenne
Médiane
Avec NIF
738,5
238,0
264,8
150,0
235,8
100,0
232,7
99,0
Sans NIF
237.1
71,0
123,2
40,0
94,8
28,0
93,9
28,0
Total
259,4
75,5
129,5
40,0
101,1
29,0
100,1
28,0
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.


30


Une faible saisonnalité des activités du secteur informel.

L’enqu te a permis de mettre en vidence la dynamique mensuelle du rythme d’activit entre
novembre 2000 à octobre 2001. Si le rythme est globalement étalé, les UPI connaissent une
baisse sensible de leurs activités durant les mois de juillet à septembre. Toutes les branches
connaissent un fléchissement de leurs activités durant cette période. 37% à 46% des UPI
affirment en effet, que leur production atteint le seuil minimum au cours de ces trois mois, qui
correspondent à la saison pluvieuse au Mali. Par contre, les UPI atteignent leur vitesse de
croisière entre novembre et juin, avec des creux en décembre et mars. Il faudrait une série de
donn es sur plusieurs ann es pour pouvoir conclure s’il s’agit d’un effet saisonnier durable,
on peut néanmoins constater que ce cycle correspond à certains évènements spécifiques :
vacances scolaires, f tes de fin d’ann e, etc. qui rythment effectivement l’activit
économique.

















Source : Enquête 1-2-3, 2001.


Insertion du secteur informel dans le système productif

Pour appr cier le niveau d’int gration du secteur informel au tissu productif local, il convient
d’identifier en amont, la provenance des consommations interm diaires, et en aval, les
segments de la demande auxquels s’adresse le secteur informel.

En aval, les intrants proviennent des fournisseurs informels

Le principal fournisseur des UPI est de loin le secteur informel lui-même, et plus
particuli rement le secteur informel commercial puisque 87% des chefs d’UPI d clarent
acheter leurs matières premières auprès des commerçants informels. Cette proportion atteint
même 90% dans la restauration et le commerce. Si l’on ajoute ce circuit interne au secteur
informel, les unités de production pour qui le principal fournisseur est un ménage, la
production d’UPI qui d pend du secteur formel pour leurs intrants avoisine 95%.

Lorsqu’elles se ravitaillent aupr s du secteur formel, ce sont les entreprises commerciales plus
que les entreprises publiques ou parapubliques qui sont sollicitées. Cependant, il est à noter,

31

que le transport et dans une moindre mesure le BTP font une bonne partie de leurs achats
aupr s de ces derni res. En pourcentage d’UPI, le poids des importations directes est faible et
concerne exclusivement quelques commerçants informels de produits transformés. En termes
de montant, ce poids est presque nul.
Tableau 18: Origine des matières premières consommées par le secteur informel
(En % de la valeur total des intrants)
Origine
Grande
Petite
Secteur
entreprise
Petite
entreprise
public, para-
privée
entreprise
(non
Importation
Branche
public
(commerce) (commerce) commerciale)
Ménage
directe
Total
Industries
0,1
5,2
84,3
0,8
9,6

100,0
Confection

5,4
84,6
0,4
9,6

100,0
Autres industries et agroalimentaires

4,1
84,7
1,3
9,8

100,0
BTP
8,5
34,2
57,3



100,0
Commerce

1,0
91,0

7,5
0,6
100,0
de gros et détail


92,5

7,5

100,0
Hors magasin + carburant

1,0
90,9

7,5
0,6
100,0
Services
0,5
8,1
86,7

4,7

100,0
Restauration

5,6
89,8

4,6

100,0
Réparation

31,0
65,5

3,6

100,0
Transport
34,0
22,9
43,2



100,0
Autres services

2,4
91,5

6,1

100,0
Total
0,2
4,3
86,9
0,4
8,0
0,2
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

Si le secteur informel n’importe pas directement, cela ne signifie pas pour autant qu’il ne
commercialise pas de produits étrangers. 14% des UPI vendent des produits étrangers, et leur
chiffre d’affaires repr sente pr s 2% du chiffre d’affaires total du secteur informel.. Les
branches de commerce sont naturellement les plus concernées. Près de 50% des UPI dans la
branche commerce de gros et détail vendent des produits étrangers.
Tableau 19: Pays d'origine des produits étrangers commercialisés par le secteur informel
Répartition du chiffre
Répartition des UPI
d'affaires des UPI
commercialisant des commercialisant des
Pays de provenance
produits étrangers (%) produits étrangers (%)
Pays en développement (total)

65,3
67,4

Asie hors Japon
7,9
20,4

Etat UEMOA
39,8
40,8

Afrique hors UEMOA
16,7
6,1

Autres Pays en voie de développement
0,9
0,1
Pays développés (total)

34,7
32,6

France
4,8
1,0

Union Européenne hors France
14,3
15,7

Japon
2,2
1,9

Autres Pays développés
13,4
13,9
Total

100,0
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

Les pays en développement et principalement ceux de l’UEMOA sont les premiers
fournisseurs en produits étrangers. Deux tiers des unités informelles commercialisant des
produits trangers s’approvisionnent effectivement aupr s de ces pays en d veloppement,
dont 39,8% pour les seuls pays de l’UEMOA. On peut noter la part non négligeable des pays
asiatiques : plus de 15% des UPI vendant des produits étrangers, commercialisent des produits
de ces pays.

32


La satisfaction des besoins des ménages constitue le principal débouché de la production
informelle
.

Ce résultat, déjà mis en évidence au vu de la spécialisation sectorielle des unités informelles,
est confirm par l’analyse des clients du secteur informel. Plus de 62% des chefs d’UPI
déclarent que le gros de leur clientèle est formé par les ménages. Excepté le commerce de
gros et détail
, cette proportion n’est jamais inf rieure 50% quelle que soit la branche
considérée.

Lorsque les m nages n’apparaissent pas comme les principaux clients, ce sont les entreprises
informelles commerciales (28%) qui constituent la destination finale des produits des UPI. La
d pendance l’ gard du secteur formel (priv ou public) est totalement marginale pour
assurer des d bouch s au secteur informel. Seuls 5,3% des chefs d’UPI d clarent vendre leurs
produits au secteur formel.

Cette question de la sous-traitance mérite une attention particulière. On a souvent souligné
l’importance de l’articulation secteur formel/secteur informel comme facteur de r ussite des
pays d’Asie de l’Est. La sous-traitance est un mode d’organisation de la production où un
donneur d’ordre fournit une UPI de la mati re premi re qu’elle transforme et qu’elle revend
au m me donneur d’ordre. Au niveau agr g , 17% des UPI sont engag es dans un processus
de sous-traitance. Les branches confection (51%), BTP(37%), autres industries et
agroalimentaires (25%)
et réparation (22%) sont les principales concernées.

Tableau 20: Destination du chiffre d'affaires du secteur informel (en % du chiffre d'affaires)
SECTEUR DE DEMANDE
c

i
l

e
b
é

u

v
n
p
)

e

n

se

e
i
r
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l
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C
e
P
t
u
t
G
n
n
(
e
c
a
r
Ex
A
e
P
G
Branche
S
Industries
10,7
0,1
9,1
9,4
2,8
67,1
0,7
0,0
0,0
0,0
100,0
Confection
0,1
0,0
7,8
0,1
0,2
91,9
0,0
0,0
0,0
0,0
100,0
Autres industries et agroalimentaires
1,3
0,1
14,0
12,3
1,4
69,3
1,6
0,1
0,0
0,0
100,0
BTP
25,6
0,1
4,7
10,7
5,6
53,3
0,0
0,0
0,0
0,0
100,0
Commerce
1,4
0,2
36,2
0,4
1,8
58,9
0,2
0,0
0,0
0,8
100,0
de gros et détail
3,0
0,1
44,8
0,3
3,6
48,1
0,0
0,0
0,0
0,1
100,0
Hors magasin + carburant
0,3
0,4
29,9
0,5
0,4
66,9
0,4
0,0
0,0
1,3
100,0
Services
2,3
8,7
19,7
0,1
1,8
66,9
0,0
0,0
0,5
0,0
100,0
Restauration
1,0
0,0
33,1
0,0
0,0
63,7
0,0
0,0
2,2
0,0
100,0
Réparation
22,6
1,2
12,6
0,4
7,1
56,1
0,0
0,0
0,0
0,0
100,0
Transport
0,0
23,4
17,1
0,0
2,8
56,7
0,0
0,0
0,0
0,0
100,0
Autres services
0,6
1,2
16,3
0,2
0,7
81,1
0,0
0,0
0,0
0,0
100,0
Total
3,6
1,7
27,5
2,3
2,0
62,1
0,3
0,0
0,1
0,5
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

Cependant, ce chiffre est trompeur dans la mesure où cette sous-traitance lie les ménages et
les UPI dans près de 81% des cas. Ainsi, un ménage qui fournit du tissu à une couturière
informelle pour qu’elle lui confectionne une chemise satisfait la d finition de la sous-
traitance, seules 4 013 UPI sur les 235 000 réalisent réellement une partie de leur production

33

en obtenant des contrats de sous-traitance, qui leur sont pass s par d’autres entreprises. Dans
60% des cas, ces entreprises donneuses d’ordre sont elles-mêmes informelles (des
commerçants informels pour la plupart). In fine, à peine 1 600 UPI sur les 235 000 sont en
relation de sous-traitants vis-à-vis du secteur formel à Bamako.

Enfin, le secteur informel est presque exclusivement tourné vers le marché intérieur puisque
seulement 0,3% des UPI exportent leurs produits. Il s’agit de quelques UPI de la branche
« agro-industrie » et du commerce hors magasin.

L’enqu te a permis de quantifier l’importance de chaque composante de la demande adress e
au secteur informel. Au total, plus de 62% du chiffre d’affaires r alis par le secteur informel
provient des ménages et 27% des commerces informels. Les consommations intermédiaires
du secteur formel de production de biens en provenance du secteur informel ne comptent que
pour 0,1% du chiffre d’affaires total de ce dernier.

Quelques branches se démarquent cependant de ce schéma de quasi-exclusivité de la
consommation finale des ménages et de l’approvisionnement des petits commer ants. Il s’agit
d’abord des BTP et des réparations, qui réalisent respectivement 25,6% et 22,6% de leur
chiffre d’affaires aupr s des entreprises publiques et parapubliques. Les UPI du BTP sous-
traitent une grande partie des marchés de construction attribués aux entreprises formelles. En
ce qui concerne les réparations, on peut noter une faiblesse notoire des garages modernes
dans la ville de Bamako, situation qui favorise les UPI qui est confi par d faut l’entretien
du parc automobile de l’Etat. Il s’agit ensuite de la branche transport qui réalise 23,4% de
son chiffre d’affaires aupr s des entreprises commerciales formelles.

Concurrence et formation des prix

Exclusivement réalisée sur le marché intérieur, l’activit du secteur informel s’exerce dans un
environnement hautement concurrentiel. Moins de 6% des unités de production déclarent ne
pas connaître de concurrents directs. Mais, cette concurrence est avant tout interne au secteur
informel lui-même. A peine 13% des UPI entrent directement et principalement en
compétition avec les grandes entreprises du secteur formel. Plus de 87% des UPI estiment que
leurs principaux concurrents sont des UPI.

Tout se passe comme si les grandes entreprises du secteur formel servaient un segment de la
demande totalement d connect de celui qui s’adresse au secteur informel. Seul le commerce
de gros et
détail et dans une moindre mesure, les transports, les BTP et les services aux
ménages et aux entreprises observent une certaine concurrence avec le formel. Dans tous les
cas, le nombre d’UPI concern par la concurrence du formel n’atteint jamais 20% dans
aucune branche.

Par ailleurs, les établissements industriels informels doivent lutter sur deux fronts : d’une part
avec leurs pairs des industries informelles, et d’autre part avec leurs homologues des
commerces informels. Ainsi, plus de 60% des UPI agroalimentaires sont confrontés à la
concurrence du commerce informel.


Tableau 21: Origine de la concurrence subie par le secteur informel (en % des UPI)
Branche
Principal concurrent

34

Grandes
Petites
Grandes entreprises
Petites entreprises
entreprises non entreprises non
commerciales
commerciales
commerciales
commerciales
Total
Industries
7,5
41,1
6,8
44,6
100,0
Confection
2,5
36,4
6,0
55,0
100,0
Autres industries et agroalimentaires
14,3
60,8
2,2
22,7
100,0
BTP
4,6
16,7
15,8
62,8
100,0
Commerce
8,7
88,2
1,2
1,9
100,0
de gros et détail
19,3
79,9

0,8
100,0
Hors magasin + carburant
6,4
90,0
1,5
2,1
100,0
Services
6,5
33,3
11,6
48,5
100,0
Restauration
6,1
90,0
2,6
1,3
100,0
Réparation
7,6
20,6
9,9
62,0
100,0
Transport
5,1
20,3
16,8
57,8
100,0
Autres services
6,8
25,4
13,0
54,8
100,0
Total
7,9
64,3
4,9
23,0
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.


Malgré cette complémentarité entre les secteurs informel et formel, les UPI affichent dans
l’ensemble des prix inf rieurs ou gaux ceux des grandes entreprises. A peine 5% des UPI
concurrenc es par le secteur moderne d clarent avoir des prix sup rieurs. C’est parmi les
UPI commerciales de gros et les tablissements industriels qu’on retrouve des prix sup rieurs
à ceux pratiqués par le formel. La branche transport aligne quasiment ses prix sur ceux du
secteur formel.

Tableau 22: Mode de fixation des prix dans le secteur informel (en % des UPI)
Mode de fixation des prix
Marchandage Fonction prix Suivant prix Entente entre
Branche
Taux de marge
client
concurrents
officiel
producteurs
Autres
Total
Industries
33,6
44,2
9,2
6,6
3,4
3,0
100,0
Confection
41,0
46,8
7,2
3,5
0,7
0,8
100,0
Autres industries et agroalimentaires
41,8
23,6
11,8
11,9
7,0
3,9
100,0
BTP
6,8
74,2
8,2
3,1
2,3
5,5
100,0
Commerce
58,3
14,5
12,0
12,4
2,5
0,3
100,0
de gros et détail
54,5
14,6
20,0
11,0


100,0
Hors magasin + carburant
59,1
14,5
10,2
12,8
3,0
0,4
100,0
Services
23,0
42,7
14,1
10,2
4,9
5,1
100,0
Restauration
64,7

25,3
9,0

1,0
100,0
Réparation
18,8
74,8
4,9


1,4
100,0
Transport
8,8
25,6
8,3
33,0
24,3

100,0
Autres services
17,4
49,4
14,8
7,6
2,8
8,0
100,0
Total
43,8
28,9
11,7
10,3
3,3
2,1
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

La faiblesse du pouvoir d’achat des clients constitue la principale raison invoqu e (45% des
UPI) pour expliquer le bas niveau des prix par rapport aux concurrents formels. Ce facteur
joue beaucoup dans le commerce et dans une moindre mesure dans l’industrie.

Globalement, les variables coûts ne constituent pas un facteur déterminant dans la formation
des prix. Seules 24% des UPI concurrencées par le secteur moderne estiment que le faible
coût alloué aux impôts ou à la masse salariale influence leur prix. Pour finir, notons que 16%
des UPI avouent une qualité inférieure de leurs produits par rapport au secteur formel.


35

Le mode de formation des prix dans le secteur informel se caractérise par les deux
composantes : fixation du taux de marge et marchandage avec les clients
.


Au niveau agrégé, près de la moitié des UPI (44%) déclarent établir leurs prix suivant un taux
de marge fixe, 29% d’entre elles marchandent avec leurs clients, et 12% d terminent leurs
prix en fonction de celui des concurrents.

A un niveau plus fin, les conditions de la concurrence en vigueur dans chaque branche jouent
de façon déterminante sur la formation des prix. On peut distinguer deux types de branches :

- dans les BTP, la réparation et les services aux ménages le marchandage est de
mise. La concurrence interdit donc de se fixer un taux de marge, mais il faut
n gocier avec le client pour tenter de s’adjuger des parts de march ;
- dans le commerce, et les branches qui en sont proches (restauration), la fixation
d’un taux de marge constant sur les prix de revient domine.

Malgr la politique de d sengagement de l’Etat et de lib ralisation des march s, 10% des UPI
déclarent être soumises à des prix officiels. Enfin, l’entente entre producteurs pour accorder
un prix commun ne concerne que 3,3% des UPI. L’atomisation et le faible niveau
d’organisation des producteurs informels expliquent l’inexistence d’accords de branche pour
fixer les prix.



36

5. Le secteur informel et l’Etat

La nature des relations du secteur informel avec l’Etat est au c ur des enjeux portant sur le
rôle que ce secteur joue dans le processus de développement des pays du tiers-monde.
Paradoxalement, ce champ d’investigation qui a fait couler beaucoup d’encre, reste largement
inexplor . On a m me longtemps cru que, par nature, il tait impossible d’obtenir des donn es
fiables sur le secteur informel.

Faute d’instruments de connaissance appropri s, les pouvoirs publics adoptent les positions
les plus contradictoires l’ gard du secteur informel. Ils oscillent entre une attitude r pressive
et une bienveillante mansuétude. Du côté de la répression, on peut citer les velléités
p riodiques de l’Etat de fiscaliser ce secteur, que l’on imagine capable de soulager les
problèmes de déficit public. On citera encore des tentatives tout aussi régulières que vaines de
déloger les commerçants ambulants qui envahissent les chaussées du centre-ville, au nom de
la politique d’am nagement urbain. A l’inverse et de fa on concomitante, les autorités font
aussi preuve d’une forme de laxisme l’ gard d’un secteur qui exerce ouvertement en marge
des r gulations publiques, parce que l’Etat est conscient de son incapacit fournir des
sources d’emplois et de revenus alternatifs à la population.

L’ambivalence et l’inconstance de l’Etat vis-à-vis du secteur informel constituent une source
d’incertitude qu’il convient de lever pour que l’effort productif des entrepreneurs informels ne
soit pas sans cesse contrarié.

Le secteur informel et les registres administratifs

Le type de registres administratifs mesure la nature des liens institutionnels que le secteur
informel entretient avec l’Etat. Si par d finition, la majorit des unit s de production
informelles ne possèdent pas de num ro d’identification fiscal, cela n’implique pas
n cessairement que le secteur informel ne jouisse d’aucune reconnaissance juridique de la
part de l’administration, tant donn la multiplicit des formes d’enregistrement existant au
Mali. Nous avons identifi , en dehors du num ro d’identification fiscal, 4 registres sur
lesquels les unit s informelles taient susceptibles d’ tre inscrites : le registre du commerce,
le num ro statistique, la patente et enfin l’organisme de s curit sociale (l’Institut National de
Prévoyance Sociale : INPS).

Lors de sa création, toute unité de production non constituée en société est censée suivre un
certain nombre de d marches officielles pour obtenir un statut l gal. Tout d’abord,
l’entrepreneur doit se déclarer à la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali en se faisant
enregistrer sur le Registre du Commerce. Ensuite, il est censé remplir une déclaration
d’existence aux Impôts pour obtenir la Carte d’Identification fiscale et un Num ro
d’Identification Fiscal (NIF). Enfin, il peut se rendre à la DNSI, pour obtenir le numéro
statistique.

Si ces démarches sont obligatoires pour toute activité marchande, les autres registres que nous
avons identifi s ne sont n cessaires que dans certains cas. Ainsi, l’affiliation l’INPS n’est
li e qu’ l’existence d’un emploi salari dans l’ tablissement, alors que la patente n’est pay e
que par certaines activités.



37




Nombre de registres par branche et par type d'UPI


100%

90%


80%


70%

60%


50%

40%


30%

20%


10%

0%

Industries
Commerce
Services
UPI salarié
UPI familiale


sans registre
un registre
deux registres
trois registres
quatre registres

Dans l’immense majorit des cas, les unit s informelles sont m connues de l’ensemble des
services de l’Etat. L’affiliation la plus fr quente correspond la patente, 11,3% d’unit s
informelles y souscrivent. Pour les autres registres, la proportion d’unit s affili es est
inf rieure 5%, avec m me seulement 0,1% pour l’INPS. Dans ce dernier cas, il convient
d’ tudier l’enregistrement pour les seules UPI th oriquement assujetties, c’est dire les
établissements employant des salariés. Même pour celles-ci, le taux d’enregistrement ne
d passe pas 2,5%. Il appara t que des UPI peuvent s’acquitter des patentes, sans être
reconnues officiellement par la chambre de commerce ou disposer d’un NIF ou d’un num ro
statistique.

Tableau 23: Les raisons du non enregistrement des unités de production informelles
Raisons du non enregistrement


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s
s

s

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S
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En
c
N
c
o
N
'i
d
Type de registre
d'enregistrement
N° identifiant fiscal (NIF)
4,4
39,2
5,6
1,8
21,9
27,7
1,1
2,7
100,0
Patente
11,3
39,7
2,0
2,0
25,5
25,2
2,4
3,2
100,0
Carte professionnelle
4,8
26,3
1,9
1,3
36,6
28,9
2,4
2,6
100,0
Registre du commerce
3,8
35,5
3,3
1,1
25,5
28,7
2,9
2,9
100,0
INPS
0,1
28,7
3,7
1,3
34,6
28,2
0,9
2,7
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

Dans l’ensemble, pr s de 90% des UPI sont totalement inconnues des services publics, c’est-
à-dire qu’elles ne poss dent ni num ro statistique, ni num ro d’identification fiscale et
qu’elles ne sont enregistr es ni au Registre de commerce, ni l’INPS, et qu’elles ne paient
pas la patente. Plus l’activit est marginale (que ce soit en nombre de personnes occup es,

38

qu’en terme de pr carit du local, ou de la rentabilit conomique), plus il est probable que
l’UPI chappe totalement la vigilance de l’Etat. Elle peut plus facilement passer inaper ue,
car l’Etat rel che une pression administrative jug e trop co teuse.

Finalement, malgré la multiplicité des registres en usage dans le secteur informel, le non-
enregistrement semble la règle. Ce résultat témoigne de la méconnaissance et du manque de
ma trise du champ de l’activit conomique dans la capitale.

En r alit , autant les unit s informelles sont rarement enregistr es, autant elles s’acquittent
peu de leur devoir fiscal. En effet, à peine 5% paient des impôts et 10% la patente. Les taxes
locales sont payées par moins de 20% des UPI.

Les raisons du non enregistrement

On a souvent pr tendu que l’informalit provenait d’un exc s de r gulation publique,
notamment des taux d’imposition excessifs et d’une volont d lib r e des informels de
contourner la législation. Cette thèse est partiellement démentie dans le cas de Bamako. Quel
que soit le type de registre considéré, entre 50% et 62% des UPI ne connaissent pas la
r glementation, soit qu’elles consid rent que l’inscription n’est pas obligatoire, soit qu’elles
ne savent pas aupr s de quelle institution elles devraient le faire. Donc, c’est avant tout la
m connaissance des obligations juridiques qui induit les chefs d’unit s de production
informelles à ne pas se déclarer.

Le refus ostensible de toute collaboration avec les organismes publics n’est le fait que d’une
infime minorité (1,3% des UPI). Moins de 3,7% des UPI estiment que les démarches à
entreprendre sont trop compliquées. Enfin, le coût monétaire associ l’enregistrement est
invoqu cependant par 28,7% des UPI. Ainsi, le niveau lev de l’impôt appara t comme le
second motif de non enregistrement des UPI. Cela est naturellement en relation avec la
faiblesse des revenus de la plupart d’entre elles.

Les activités informelles apparaissent donc plus comme un secteur de développement des
activités économiques des ménages que comme une stratégie de contournement de la
législation en vigueur. La solution au problème du non-enregistrement du secteur informel
passe avant tout par une politique de communication active de la part de l’Etat et sans doute
par une simplification administrative des d marches li es l’enregistrement. Par contre, il ne
serait pas opportun de chercher à accroître de manière indifférenciée la pression fiscale sur le
secteur informel, compte tenu de la piètre rentabilité de la plupart des UPI (voir chapitre 4).

Si le secteur informel ne va pas l’Etat, l’Etat ne va pas non plus au secteur informel.

Si les informels n’effectuent pas les démarches nécessaires pour légaliser leur activité, y a-t-il
une volont de l’Etat de pousser les informels s’ins rer dans le cadre r glementaire ? Les
r sultats de l’enqu te montrent que non. Ainsi, seulement 4% des chefs d’UPI d clarent avoir
connu des probl mes avec les agents de l’Etat au cours de l’ann e coul e. Les branches les
plus touchées par ces frictions avec les agents sont le commerce et surtout le transport. Même
dans ce dernier cas, ce sont seulement 16% des UPI qui se plaignent d’avoir eu maille avec
l’autorit publique.

Pour la petite minorit des tablissements informels qui ont eu un diff rend avec l’Etat, l’objet
du litige est dans la plupart des cas lié au non paiement des impôts et taxes dus (45%).

39

L’emplacement de l’activité et la qualité du produit vendu ou fabriqué sont évoqués
respectivement par 28% et 11% des UPI concernées.

Tableau 24: Le secteur informel et l'Etat: mode de règlement des litiges
Effectif des
Pour les UPI ayant eu des problèmes, quel a été le mode de
Montant des paiements en
UPI ayant eu
règlement (en %)
milliers de FCFA
des problèmes
avec l'Etat
Paiement d'une Paiement d'un
Branche
en 201
amende
cadeau
Autres
Total
Amendes
Cadeaux
Industries
1858
29,6
38,9
31,5
100
11,2
12,6
Confection
516
58
42

100
6,2
1,8
Autres industries et agroalimentaires
813
30,9
21,5
47,5
100
22,1
7,6
BTP
529

62,4
37,6
100
0
25,5
Commerce
3808
32,2
44,1
23,7
100
10,6
14,6
de gros et détail
1482
41,2
42,7
16,1
100
16,7
24,1
Hors magasin + carburant
2326
26,4
45,1
28,5
100
7,3
10,3
Services
2564
38,5
32,6
28,9
100
7,8
85,1
Restauration
226
100


100
1
,
Réparation
549
26,9
7,6
65,5
100
3,7
3,4
Transport
1118
24,7
62,2
13
100
11,7
129,3
Autres services
671
50,4
14,4
35,2
100
10
10
Total
8230
33,6
39,3
27,1
100
10
32,1
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

Lorsqu’un litige survient, le diff rend se r gle par le paiement d’une amende dans 33,6%%
des cas. Plus int ressant encore, le paiement d’un cadeau », symptôme du phénomène de la
corruption, représente le mode de r glement du conflit pour 39,3% des chefs d’UPI
interpell s par les agents de l’Etat. Dans l’immense majorit des cas, le contentieux se r sout
par le paiement d’un cadeau ou d’une amende (72,9% des cas). Les r glements l’amiable ne
sont pas rares pour autant, puisqu’ils repr sentent 27,1% des cas. Cela concerne g n ralement
les commerçants informels qui ont envahi la voie publique ou les abords des marchés et sont
contraints de déguerpir.

En tout état de cause, non seulement, très peu d’UPI ont t importun es par l’Etat, et encore
moins ont dû payer des amendes ou des cadeaux, et même dans ce dernier cas, les montants
d bours s sont faibles. Ainsi le montant moyen des amendes, pour les cas rares d’UPI qui en
ont payées est de 10 000 Fcfa sur l’ann e, tandis que le montant des cadeaux atteint 32 100
Fcfa. Si on rapporte ces chiffres l’ensemble du secteur informel, les amendes s’ l vent 350
Fcfa par UPI au cours de l’ann e et les cadeaux n’ont pas exc d 1 150 Fcfa.

Cela signifie que d’une part, les sanctions mon taires de l’Etat l’encontre du secteur
informel ne constituent pas une entrave au d veloppement de leurs activit s, et d’autre part, le
détournement de fonds publics associé à la corruption envers le secteur informel de Bamako
repr sente un manque gagner d risoire pour les finances publiques, que l’on peut chiffrer
345 millions de Fcfa.

Certaines conclusions importantes doivent tre tir es des r sultats qui pr c dent. D’abord, il
semble que l’Etat se d sint resse du secteur informel par une politique de laisser faire
caract ris e. Ensuite, contrairement une id e re ue, le secteur informel n’est pas harcel par

40

des fonctionnaires peu délicats qui utiliseraient leur position professionnelle pour obtenir
illégalement des compléments de revenus.

Tableau 25: L'Etat ne menace pas les activités informelles (en % du nombre d’UPI)

Effectif des UPI
Pour votre établissement, l'excès de réglementations, d'impôts
ayant eu des
ou de taxes:
problèmes avec l'Etat
en 201
menace de le faire
l'empêche de se
Branche
est une difficulté
disparaître
développer
Industries
3,0
2,9

0,3
Confection
2,1
1,1


Autres industries et agroalimentaires
3,5
5,5


BTP
3,7
2,1

1,2
Commerce
3,2
4,2
0,2
0,1
de gros et détail
7,0
9,6


Hors magasin + carburant
2,4
3,1
0,2
0,2
Services
5,2
8,4
0,1
1,5
Restauration
3,3
1,1


Réparation
8,6
19,0


Transport
16,7
29,5
1,1
3,7
Autres services
2,3
3,4

1,7
Total
3,5
4,8
0,1
0,5
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

Des résultats de cette enquête, il est difficile de cerner le phénomène de la corruption dans
toute sa dimension. Les r sultats de l’enqu te sur la D mocratie et la Gouvernance difieront
davantage sur l’envergure de la corruption Bamako. L’on peut constater d j , que si la
corruption est pr sente, elle op re masqu e, l’int rieur des minist res, plus que sur la voie
publique, puisque les informels, qui constituent des victimes potentielles de la corruption, ne
sont presque pas touch s dans l’exercice de leur activit . Ce n’est que lorsque la population se
porte demandeuse d’un service de l’Etat, qu’elle est confront e au ph nom ne de la
corruption. Il est donc possible que dans certains cas, les UPI h sitent venir s’enregistrer
auprès des différents guichets publics de peur des tracasseries et d’avoir payer des dessous
de table.

Pour conforter l’hypoth se selon laquelle l’Etat ne constitue pas la contrainte majeure au
développement des activités économiques informelles à Bamako, on mentionnera le fait que
seuls 5% des chefs d’UPI d clarent avoir eu des probl mes li s l’exc s de r glementation,
d’impôts ou de taxes. Moins de 1% voit dans l’Etat la principale source risquant de faire
dispara tre leur tablissement, ou consid rent qu’il nuit au d veloppement de leur activité.
Dans l’ensemble, ce sont les transporteurs, les r parateurs et les commer ants qui
entretiennent les relations les plus conflictuelles avec l’Etat.

Faut-il formaliser l’informel ?

Si le secteur informel entretient peu de liens avec l’Etat, et que ce dernier ne semble pas
pousser leurs activités vers la légalité par une action répressive, la question qui se pose est de
savoir dans quelle mesure le secteur informel est prêt à collaborer avec la puissance publique.
En effet, pour le bon fonctionnement d’un Etat de droit, il est nécessaire que les lois soient
effectivement respect es et que le secteur informel puisse s’ins rer part enti re dans le cadre
de la r gulation officielle. Nous avons alors interrog les chefs d’UPI pour savoir s’ils taient
prêts à se « formaliser ».


41

Globalement, moins du tiers des UPI est prêt à faire enregistrer son établissement auprès de
l’Administration. Les plus favorables la r int gration dans la l galit sont les UPI salariales.
Cependant, 42,4% des UPI accepteraient de payer l’impôt sur les b n fices.

Tableau 26: Le secteur informel et la r int gration des circuits officiels (en % du nombre d’UPI)

Prêt à enregistrer Prêt à payer des Pour simplifier les démarches d'enregistrement seriez-
son UPI auprès de impôts sur les
vous favorable au principe du guichet unique?
Branche
l'Administration
bénéfices
Oui
Non
Ne sait pas
Total
Industries
32,9
49,5
35,5
16,2
48,3
100,0
Confection
31,1
51,6
30,2
16,6
53,1
100,0
Autres industries et agroalimentaires
29,1
46,7
36,6
17,2
46,2
100,0
BTP
42,2
50,1
43,0
13,9
43,1
100,0
Commerce
25,2
39,5
28,2
20,6
51,2
100,0
de gros et détail
42,1
57,7
41,1
21,1
37,9
100,0
Hors magasin + carburant
21,5
35,6
25,5
20,5
54,0
100,0
Services
32,3
40,3
27,7
24,5
47,9
100,0
Restauration
20,1
23,5
16,0
29,3
54,7
100,0
Réparation
48,8
57,0
44,3
15,7
40,0
100,0
Transport
64,6
74,8
46,1
26,1
27,8
100,0
Autres services
24,1
32,8
22,4
24,9
52,6
100,0
Total
28,8
42,4
30,1
20,2
49,7
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

Les UPI qui ne sont pas du tout enregistrées sont plus réfractaires à une collaboration avec la
puissance publique. Ainsi, 76% des tablissements poss dant un num ro d’identification
fiscale sont dispos s suivre l’ensemble des proc dures l gales d’enregistrement, et 78%
accepteraient de payer un impôt sur les bénéfices. Par contre, ces proportions ne sont que de
27% et 12% (respectivement) chez celles qui n’ont pas de num ro d’identification fiscale.
Cela signifie que lorsque des démarches de légalisation ont été entreprises, les UPI veulent
aller jusqu’au bout. D’ailleurs, ces m mes tablissements informels partiellement enregistr s
se montrent plus optimistes sur la capacit de l’Etat les aider, et plus favorables au principe
du guichet unique (voir ci-dessous).

Parmi les mesures envisagées afin de légaliser les activités informelles, nous avons interrogé
les entrepreneurs sur leurs opinions concernant la simplification des procédures
administratives. Près de 30% des UPI sont favorables au principe de « guichet unique » pour
simplifier les d marches d’enregistrement. Si l’on y ajoute ceux qui ne savent pas de quoi il
s’agit (ceux-ci pourraient se laisser convaincre par une politique active de communication), il
reste moins d’un quart des UPI qui refuserait cette modalité de légalisation.

Un pessimisme sur les capacit s de l’Etat appuyer le secteur informel.

Le secteur informel n’a qu’une confiance mod r e en l’Etat pour trouver une solution aux
probl mes qu’il rencontre. En effet, 44% des UPI consid rent que l’Etat ne peut pas les aider
à améliorer leur activité. Les opérateurs des activités les plus marginales du secteur informel
se montrent les plus pessimistes : soit qu’ils subissent les tracasseries administratives (comme
dans les transports ou les commerces), soit qu’ils doutent que l’Etat ne puisse jamais
s’int resser leur sort. Les branches restauration et services divers sont les plus sceptiques.
Les UPI de la réparation sont celles qui fondent le plus d’espoir un concours ventuel de
l’Etat. C’est dans cette branche, comme nous l’avons vu, que les UPI r alisent une partie
importante de leur chiffre d’affaire dans leur collaboration avec l’Etat.

42


Lorsqu’on les interroge sur le type d’appui qu’ils consid rent souhaitable, d’o qu’il
provienne (Etat, banques, projets, ONG, etc.), les entrepreneurs informels se montrent
réservés. Ainsi, 75% des UPI ne souhaitent aucune aide pour résoudre les difficultés
ventuelles qu’elles rencontrent actuellement. Parmi celles qui d sirent un appui, c’est l’appui
des organismes de micro-finance qui est généralement sollicité par les établissements
informels, que ce soit en mati res d’acc s au cr dit, de formation technique, d’assistance la
gestion ou m me en mati re d’approvisionnement ou d’ quipement. Encore une fois, les deux
segments l’int rieur du secteur informel se diff rencient sur ce point : les UPI salariales
étant beaucoup plus demandeuses que les UPI familiales.

Tableau 27: Une défiance ambiguë du secteur informel à l'égard de l'Etat (en % du nombre
d’UPI)

Pensez vous que
l'Etat puisse
vous aider?
Mode désiré de fixation des prix
Association
Offre et
Branche
non
Etat
professionnelle
demande
Total
Industries
41,9
9,3
43,8
46,9
100,0
Confection
36,2
10,3
51,9
37,8
100,0
Autres industries et agroalimentaires
49,4
7,2
44,2
48,6
100,0
BTP
39,8
11,2
28,6
60,3
100,0
Commerce
44,6
10,1
45,8
44,1
100,0
de gros et détail
45,8
10,5
42,4
47,1
100,0
Hors magasin + carburant
44,4
10,0
46,5
43,5
100,0
Services
46,1
13,9
44,4
41,7
100,0
Restauration
53,8
4,4
68,9
26,7
100,0
Réparation
12,0
3,3
38,7
58,0
100,0
Transport
34,5
32,2
42,0
25,8
100,0
Autres services
54,3
14,3
40,3
45,4
100,0
Total
44,2
10,7
44,9
44,4
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

Mais cette défiance vis-à-vis de l’Etat n’est pas d pourvue d’ambigu t . En effet, si pr s de la
moiti des UPI sont tous acquis au principe de l’ conomie de march , et consid rent que le
meilleur moyen de fixer leurs prix, est de laisser jouer librement la loi de l’offre et de la
demande, 10,7% sont favorables la fixation des prix par l’Etat. Cette proportion est tr s
largement supérieure au 1% dont les prix sont effectivement administrés actuellement.

Indirectement donc, une proportion n gligeable d’ tablissements voudrait voir l’Etat jouer
dans leur secteur un rôle beaucoup plus important que celui qu’il joue actuellement, suite sa
politique de désengagement économique. La branche transport est la plus demandeuse
d’intervention publique, puisque 32% des UPI de cette branche d sirent que les prix soient
impos s par l’Etat. L’Etat fixe g n ralement les prix dans ce secteur. A contrario, on pourrait
donc interpr ter ce r sultat comme un refus de l’intervention de l’Etat par les deux tiers des
transporteurs. Cela explique les grèves incessantes de ces dernières années de cette
corporation pour réclamer des tarifs de transport plus élevés, suite aux fluctuations des prix
des carburants. Apr s les transports, c’est la branche des services qui est demandeuse de
l’intervention de l’Etat pour 14% des UPI. Partout ailleurs, cette demande est faible.

Quant l’appel aux associations de producteurs pour r guler les prix, il est sollicit presque
autant que la préférence aux lois du marché avec 44,4% des UPI. Ce résultat est assez

43

paradoxal, si l’on se rappelle que ce ne sont que 6% des UPI qui sont affiliées à une
association professionnelle. Il appara t ainsi que beaucoup de chefs d’UPI d sirent le concours
des associations professionnelles, sans pour autant savoir comment s’y prendre.

6. Les strat gies d’adaptation du secteur informel

Le faible pouvoir d’achat des m nages et l’accroissement de la concurrence entre unit s de
production informelles (UPI) sont sans doute les principaux facteurs influant négativement les
résultats économiques des UPI. Dans ce chapitre, nous cherchons à identifier les stratégies
mises en uvre par les informels pour tenter de contrecarrer les difficult s conomiques.

Il convient de considérer certains résultats de ce chapitre avec prudence. En effet, les
d clarations des chefs d’ tablissements concernant l’ volution de leur b n fice et de leurs
prix sont des r ponses des questions directes et non le fruit d’un calcul bas sur une
comptabilit r elle. Plus qu’une mesure quantitative pr cise, il faut voir dans ces d clarations
une appréciation qualitative donnant un ordre de grandeur des évolutions en cours.

Des bénéfices généralement stables, avec une tendance à la hausse …

Depuis novembre 2000, les revenus tirés des activités informelles sont restés généralement au
même niveau pour 46% des chefs d’UPI. Plus de 30% estiment que les rentr es mon taires
sont m me en hausse. Dans l’ensemble, plus de trois unit s informelles sur quatre s’en tirent
plutôt bien. Si ce r sultat m rite d’ tre mitig en raison du taux d’inflation lev en 2001
(5,2%), il ne faut pas non plus perdre de vue que les acteurs économiques ont généralement
tendance à sous-estimer leurs performances.

Tableau 28: Evolution du b n fice des UPI depuis un an (en % du nombre d’UPI)

Situation de l’ volution du bénéfice depuis novembre 2000
Branche
A diminué
Est stable
Est amélioré
Total
Industries
33,5
40,7
25,8
100,0
Confection
34,6
40,6
24,8
100,0
Autres industries et agroalimentaires
25,5
42,7
31,8
100,0
BTP
44,8
37,4
17,8
100,0
Commerce
17,9
49,5
32,7
100,0
de gros et détail
25,2
43,4
31,4
100,0
Hors magasin + carburant
16,3
50,8
32,9
100,0
Services
27,1
43,2
29,7
100,0
Restauration
10,6
50,8
38,6
100,0
Réparation
46,1
37,9
16,0
100,0
Transport
41,7
29,9
28,4
100,0
Autres services
23,8
45,5
30,8
100,0
Total
24,1
45,7
30,2
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

Est-ce à dire que les UPI arrivent dans leur ensemble à maintenir ou à rehausser leur revenu ?
En fait, une enqu te ponctuelle n’est pas tr s appropri e pour quantifier pr cis ment une
volution du pouvoir d’achat. Seule la constitution d’une s rie permettrait de l’estimer. Il est à
rappeler que le taux de croissance du PIB a été particulièrement élevé en 2001 (12%). Donc,
cette croissance exceptionnelle de l’ conomie a certainement té ressentie favorablement au
niveau du secteur informel. L’analyse par branche d’activit laisse appara tre que l’ensemble

44

des branches ont profit de cette situation pour un quart un tiers des UPI, l’exception de la
réparation et du BTP qui en sont à moins de une sur cinq.

Dans ce contexte, il semble que la frange haute du secteur informel a mieux résisté que les
activités plus marginales. Près de 46% des UPI employant des salariés ont vu leur bénéfice
s’am liorer en valeur, alors que seulement 29% des entreprises familiales sont dans ce cas.

Sur le plan comptable, la hausse des bénéfices peut être imputable à deux facteurs : la hausse
des volumes écoulés sur le marché et/ou la hausse du taux de marge. Chez les UPI ayant
réussi à accroître leur revenu, quatre sur cinq ont pu augmenter leur volume de production ou
de vente, 7% ont dû ajuster leur taux de marge à la hausse et les autres ont joué sur ces deux
facteurs.

La situation demeure cependant critique pour le quart des UPI. Parmi ces dernières, 73% ont
subi une baisse des ventes et 10% ont été contraintes à réduire leurs marges. La pression de la
concurrence poussant à la baisse de la marge unitaire a été très forte dans les transports , la
réparation
et les BTP.

Tableau 29: Evolution de la clientèle des UPI depuis un an (en % du nombre d’UPI)

Avez vous des clients qui allaient dans les
Le nombre de vos clients a:
grandes entreprises?
Branche
Diminué Stable Augmenté
Total
Oui
Non
Ne sait pas
Total
Industries
30,5
39,4
30,1
100,0
19,1
33,8
47,1
100,0
Confection
29,7
43,4
26,8
100,0
21,3
36,1
42,6
100,0
Autres industries et agroalimentaires
25,2
33,5
41,3
100,0
16,7
26,3
57,0
100,0
BTP
40,8
42,4
16,9
100,0
19,3
41,9
38,9
100,0
Commerce
14,0
49,9
36,1
100,0
14,7
29,5
55,8
100,0
de gros et détail
14,0
46,7
39,3
100,0
17,2
20,1
62,7
100,0
Hors magasin + carburant
14,1
50,5
35,4
100,0
14,1
31,5
54,4
100,0
Services
27,3
39,1
33,6
100,0
21,3
33,1
45,6
100,0
Restauration
9,4
39,6
50,9
100,0
27,4
18,4
54,3
100,0
Réparation
38,6
41,0
20,4
100,0
13,3
46,7
39,9
100,0
Transport
37,5
35,0
27,6
100,0
23,7
29,3
47,0
100,0
Autres services
26,7
39,5
33,9
100,0
21,1
34,4
44,5
100,0
Total
21,4
44,7
33,9
100,0
17,3
31,4
51,3
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

… qui s’accompagne d’un maintien de la client le…

La bonne santé des activités informelles, caractérisée par un maintien et même une hausse du
volume des ventes et des b n fices s’explique en partie par le maintien du nombre de clients.
Plus de trois quart des établissements ont au moins maintenu le nombre de leurs clients en un
an. L’augmentation du nombre de clients est particuli rement lev e au niveau de la
restauration (50,9%) et forte pour les autres industries et agroalimentaire (41,3%) et le
commerce de gros et de détail (39,3%).

Logiquement, il existe une forte corrélation entre les performances économiques des UPI et
l’ volution de la client le. Ainsi, 30,2% des UPI dont le b n fice s’est am lior d clarent une
extension de la client le. A l’inverse, 24,1% des UPI dont le bénéfice a chuté déplorent une
désaffection des consommateurs. Enfin, pour 45,6% dont le bénéfice en valeur est resté stable,
la fr quentation s’est elle aussi stabilis e.


45

…et d’un d placement de la demande vers le secteur informel

En même temps que le nombre de clients par tablissement s’est stabilis ou a augment d’une
mani re g n rale, la pouss e de la client le vers l’informel s’est renforc e. En effet, 17,3% des
chefs d’UPI affirment que des clients qui auparavant s’adressaient aux grands tablissements
viennent aujourd’hui s’approvisionner chez eux. Il est probable qu’une partie de la demande
antérieurement satisfaite par le secteur formel soit déplacée vers le secteur informel, qui
propose des prix plus attractifs, et permet de fractionner la demande. Cet effet de substitution
est très sensible dans la restauration (27,4% d’UPI d clarent attirer de nouveaux clients en
provenance du secteur formel) et relativement moins importante dans le commerce hors
magasin
et la réparation (entre 14,1% et 13,3% des UPI déclarent avoir attirer de nouveaux
clients).

Les UPI s’adaptent : la recherche de nouveaux clients et de fournisseurs moins chers.

En tout tat de cause, l’inflation de l’ann e 2001 a eu peu d’impact sur le secteur informel.
Seul le tiers des chefs d’UPI d clare avoir tent de s’adapter aux nouvelles conditions en
vigueur sur le marché. Les UPI de la restauration ont été les plus actives dans ce domaine.
Ainsi plus de 55% des établissements informels de cette branche ont mis en place de
nouvelles strat gies commerciales. Par contre, les autres branches ont fait montre d’un
dynamisme plus limité.

Tableau 30: Les stratégies d'adaptation des UPI depuis un an (en % du nombre d’UPI)

Avez-vous mis en uvre nouvelle
Avez vous:
stratégie?
(pour ceux qui ont mis en uvre une nouvelle strat gie)
Diminué la
Pas de
Augmenté la
marge
modification
marge
unitaire, attirer
marge
Branche
Oui
Non
Total
unitaire
clientèle
unitaire
Total
Industries
29,3
70,7
100,0
4,4
10,0
85,7
100,0
Confection
31,1
68,9
100,0
6,2
11,9
81,9
100,0
Autres industries et agroalimentaires
22,3
77,7
100,0
1,5
6,6
91,9
100,0
BTP
38,0
62,0
100,0
5,9
12,2
81,9
100,0
Commerce
23,5
76,5
100,0
5,8
7,0
87,1
100,0
de gros et détail
30,3
69,7
100,0
11,1
5,4
83,5
100,0
Hors magasin + carburant
22,1
77,9
100,0
4,8
7,4
87,9
100,0
Services
32,1
67,9
100,0
7,7
6,7
85,6
100,0
Restauration
55,1
44,9
100,0
13,1
14,1
72,8
100,0
Réparation
36,1
63,9
100,0
1,2
4,9
93,9
100,0
Transport
22,6
77,4
100,0
12,1
9,1
78,8
100,0
Autres services
28,2
71,8
100,0
6,9
4,8
88,3
100,0
Total
27,0
73,0
100,0
5,8
7,8
86,4
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

De plus, on peut noter que les UPI les plus dynamiques ont été celles qui ont été durement
touch es par la crise, il s’agissait d’une question de vie ou de disparition. Quant celles dont
le bénéfice en valeur est resté stable ou a augmenté, elles se caractérisent par une forte inertie,
puisque 73% n’ont pas exp riment de nouvelles strat gies, ce qui correspond la part des
UPI qui n’ont pas subi de baisse de b n fice.

Sur les 63 300 UPI qui ont tenté de contrecarrer les effets des difficultés économiques, plus de
51 000, soit 81% ont entrepris de prospecter de nouveaux clients. En second lieu, 12% ont

46

chang de fournisseurs pour diminuer les co ts. Par contre, ni l’installation dans un local
moins onéreux, ni la pression sur les salaires ne semblent avoir eu la faveur des entrepreneurs.

Malgré la pression de la concurrence, les marges de man uvre sur les prix sont difficilement
compressibles dans l’informel. Une majorit crasante des UPI (86%) n’ont effectu aucune
modification dans leur marge unitaire. En fait, trois UPI sur quatre n’avaient pas de raison de
procéder à cette modification et pour le quart des UPI qui ont subi une baisse de leur bénéfice,
l’essentiel ne disposait d’aucune marge de man uvre eu gard au pouvoir d’achat limit de
leur clientèle.

Cette hypoth se est confirm e par l’ volution des prix des produits vendus par les UPI par
rapport l’inflation. En effet, 86% des tablissements du secteur informel d clarent que les
prix des produits ou des services qu’ils vendent ont augment moins vite que l’inflation.
M me s’il faut prendre avec prudence ce r sultat, dans la mesure o il s’agit de d clarations
des entrepreneurs et non d’un suivi effectif des prix, il n’en reste pas moins illustratif de la
pression effective sur les prix .

Tableau 31: Evolution du prix des UPI par rapport à l'inflation depuis un an (en % du nombre
d’UPI)
Evolution des prix par rapport à l'inflation

Plus vite
Identique
Moins vite
Total
Industries
11,7
56,1
32,2
100,0
Commerce
16,3
56,5
27,2
100,0
Services
12,5
59,3
28,2
100,0
Total
13,6
57,0
29,4
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

En fait, quelle que soit la branche consid r e, peine 13,6% des chefs d’UPI estiment que
leurs prix ont augment plus vite que l’inflation. Ils sont plus nombreux d clarer un b n fice
en baisse. En réaction, ils en appellent plus souvent l’Etat ou aux associations de
producteurs pour r guler les prix, plutôt que de laisser jouer la loi de l’offre et de la demande.

47

7. Problèmes et perspectives

La faiblesse des d bouch s…..

Pr s de 95% des chefs d’unités de production informelles déclarent rencontrer des difficultés
dans l’exercice de leur activit . Ce r sultat est un indice de la forte d gradation de la situation
des unit s informelles, qui tranche avec l’analyse de l’ volution des b n fices que nous
venons d’examiner dans le chapitre 6. Ces difficult s sont avant tout li es au probl me
d’ coulement de la production, qui se manifeste plus du côt de la demande (manque de
client le) que du côt de l’offre (exc s de concurrence). Pr s de 18% des UPI ont eu des
problèmes de débouchés.

Il apparaît donc que les conditions macro-économiques en vigueur constituent le premier
facteur de blocage du secteur informel. Le manque de clientèle affecte les différents secteurs
avec une intensité diverse. Les activités commerciales sont les plus touchées autant par le
manque de clientèle que par les difficultés de trésorerie.

….menace l’existence m me des unit s de production informelles.

Les difficultés rencontrées sont suffisamment graves et posent un véritable problème de
survie. Ainsi, près de 83% des établissements considèrent encourir un risque de disparition si
les tendances actuelles perdurent. Le risque de disparition est dans plus de 45,1% des cas le
r sultat de l’insuffisance de la demande.

Tableau 32: Principales difficultés rencontrées par le secteur informel qui risquent
d'occasionner sa disparition (en % du nombre d’UPI)

Industries
Commerce
Services
Total
Manque de clientèle
15,9
19,4
9,9
45,1
Manque de liquidités
1,4
12,6
1,7
15,7
Manque de matières premières
2,0
6,6
1,1
9,7
Trop de concurrence
1,7
3,4
2,0
7,0
Autres
0,5
1,1
0,6
2,3
Problèmes de machines, équipement
0,2
0,1
0,9
1,2
Manque de personnel qualifié
0,0
0,5

0,5
Problèmes de locaux, place
0,1
0,2
0,1
0,5
Problèmes d'organisation, gestion
0,1
0,0
0,2
0,3
Trop de réglementations, impôts, taxes

0,1
0,0
0,1
Problèmes techniques de fabrication
0,1


0,1
Pas de risque de disparition
5,1
7,5
4,8
17,4
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

Dans la hiérarchie des difficultés qui affectent les producteurs informels, le problème
r current du cr dit vient en seconde position. Mais plus que son co t, c’est l’acc s au cr dit
qui semble freiner le développement des UPI. Ce résultat met en lumière la faible inadaptation
du système financier malien face à la demande de financement des micro-entreprises.

Si le manque de liquidité est une cause de disparition possible pour 15,7% des UPI (selon les
déclarations de leur chef), il constitue surtout un frein au développement pour 30,5% des UPI.
On peut cependant s’interroger sur l’efficacit d’une politique plus active de cr dit au secteur
informel, dans la mesure où les UPI viendraient buter sur la contrainte de débouchés.


48

Le manque de liquidité affecte fortement les conditions de production dans le secteur
informel. Ainsi, pr s de 10% des UPI ont des probl mes d’approvisionnement en mati res
premi res et 7% se plaignent de la concurrence. Les probl mes d’ordre technique ou
organisationnel jouent un rôle très secondaire, et ne sont pas vécus par les producteurs
informels comme une contrainte leur d veloppement. Ce r sultat peut s’expliquer en partie
par le niveau lev de la main d’ uvre (pour ce qui touche la gestion et l’organisation), et
par les expériences déjà acquises au fil des longues ann es d’exercice.

Les probl mes avec l’Etat
(trop de r glementation, trop d’impôt), que nous avons trait dans
le chapitre pr c dent, sont tr s limit s puisque moins de 1% des chefs d’UPI s’en plaignent.

Tableau 33: Principales difficultés rencontrées avec la main-d'œuvre du secteur informel

Industries
Commerce
Services
Total
Problèmes de discipline ou de manque de sérieux
2,9
1,0
1,7
1,8
Manque de main-d’ uvre qualifi e
3,1
0,3
1,3
1,4
Instabilité des employés
1,6
0,0
1,9
1,0
Problèmes avec les syndicats
1,1
0,0
1,4
0,7
Autres
1,0
0,0
0,0
0,3
Salaires trop élevés
0,9
0,0
0,0
0,3
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

Les problèmes de main-d’œuvre n’apparaissent que de fa on r siduelle. Globalement, un
peu plus de 1% des UPI ont déclaré avoir rencontré des difficultés à recruter du personnel
qualifi . La gestion consensuelle du travail dans le secteur informel s’explique par les liens
sociaux très puissants (familiaux, ethniques, etc.) qui lient employeurs et employés. Le seul
grief formulé par les patrons semble être un certain manque de sérieux ou de discipline au
travail chez leurs employ s. Et encore, cela ne touche qu’environ 2% des UPI employant de la
main-d’ uvre.

Les aides souhaitées

L’environnement macro-économique qui pèse très lourdement sur les performances des unités
de production informelle devrait conduire les chefs d’UPI mettre massivement le souhait
d’ tre appuy s. L’enqu te a r v l que pr s de la moiti des UPI ne souhaite pas tre aid e.
Ce sentiment de défiance que nous avions d j per u dans leur rapport avec l’Etat peut
s’expliquer par la farouche volont d’ind pendance que beaucoup de chefs d’UPI veulent
pr server. Pour l’autre moiti , c’est l’acc s aux grosses commandes qui appara t comme la
modalité première des aides sollicitées par 44% des UPI. Ce résultat est en liaison avec le
manque de clientèle évoqué comme principale difficulté.

L’acc s au cr dit est sollicit par plus du tiers des UPI. Ce r sultat appelle trois commentaires.
En premier lieu, les systèmes de financement informel sont largement insuffisants pour
financer les activit s informelles. Deuxi mement, il est peu probable qu’un acc s plus fluide
au cr dit r solve l’ensemble des probl mes du secteur informel qui sont principalement
d’ordre macro- conomique. Enfin, le syst me bancaire, aujourd’hui totalement d connect
des activités informelles a un rôle important à jouer afin de trouver les modalités adéquates
d’intervention en faveur du secteur informel.

Le deuxième domaine pour lequel les UPI r clament un appui est l’assistance pour les
approvisionnements. Naturellement, ce sont les établissements commerciaux, qui pour faire
face la crise cherchent des fournisseurs plus performants, qui demandent ce type d’aide.


49

Tableau 34 : Aides souhaitées par les chefs d’unit s de production informelles
(class es par ordre d’importance d croissant)

Industries
Commerce
Services
total
Accès à des grosses commandes
13,7
21,8
8,5
44,0
Accès au crédit
8,2
19,6
7,2
35,0
Accès aux informations sur marché
6,1
13,8
6,2
26,0
Accès aux machines modernes
7,2
7,8
6,4
21,5
Publicité des nouveaux produits
4,7
11,1
4,3
20,2
Assistance pour approvisionnement
3,4
11,4
4,2
19,0
Enregistrement de votre activité
5,2
8,5
4,5
18,3
Formation à l'organisation, compte
2,7
8,6
3,4
14,6
Formation technique
3,3
6,5
3,5
13,4
Aucune aide souhaitée
46,1
47,2
50,8
47,7
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

En troisième lieu, les UPI sont intéressés aux informations sur les marchés. Ce résultat est
quelque peu surprenant dans la mesure o l’on a toujours pens que ce secteur travaille dans
le noir. Plus du quart des UPI pense qu’ils pourront mieux s’approvisionner et mieux couler
leurs productions si ils maîtrisaient davantage les informations sur le marché.

Globalement, les requêtes des entrepreneurs informels portent beaucoup plus sur
l’am lioration des conditions d’ coulement de leurs produits et sur les facteurs li s au capital
physique que sur des problèmes de capital humain. Ce trait est une caractéristique propre à
l’ conomie malienne, le potentiel en ressources humaines venant butter sur des contraintes
physiques (système de financement embryonnaire et inadapté, sous-capitalisation, etc.).

Perspectives

Pour apprécier le mode de comportement des producteurs informels, on a cherché à savoir ce
qu’ils feraient dans deux cas de figure : s’ils pouvaient b n ficier d’un cr dit, ou en cas de
réduction de la demande.

Que se passerait en cas d’obtention d’un cr dit ?


Il existe bien une certaine mentalit d’accumulation dans le secteur informel, mais sa structure
de production limite les possibilit s d’intensification. En effet, au cas o elles b n ficieraient
d’un cr dit, pr s de 86% des chefs d’UPI s’emploieraient accro tre leur niveau d’activit ,
alors que moins de 10% d’entre eux engageraient des d penses de consommation notamment,
en dehors de leur établissement. Mais la ligne de crédit serait faiblement affectée à un
investissement suppl mentaire dans l’ tablissement. En effet, le nouveau cr dit serait affect
prioritairement l’accroissement du volume de la production travers l’accroissement du
stock de mati res premi res. L’am lioration du local et l’achat de nouveaux quipements
viennent ensuite dans la m me proportion. Dans l’ensemble, plus de la moiti des UPI pense
consacrer leurs pr ts l’intensification de leur activit .

En cas de croissance extensive deux cas de figure peuvent se présenter : ou bien le producteur
informel cherche cr er une nouvelle unit de production dans sa propre branche, c’est
notamment le cas des « commerçants » qui ouvriraient une nouvelle boutique ou créeraient un
nouvel talage, ou bien il investirait dans une autre branche d’activit . Les UPI de service
sont les plus tentées à investir dans une autre branche.


50

Tableau 35: Utilisation du crédit par les unités de production informelles

Industries
Commerce
Services
total
Croissance intensive
50,3
56,4
39,1
51,1
Accroître le stock de matières premières
24,8
46,1
11,3
32,9
Améliorer votre local
7,1
8,3
13,7
9,1
Améliorer votre équipement
18,4
2,0
14,2
9,1
Embaucher
0,0
0,0
0,0
0,0
Croissance extensive
35,0
33,7
39,2
35,2
Ouvrir une autre UPI (même branche)
21,2
23,0
23,2
22,6
Ouvrir une autre UPI (autre branche)
13,7
10,7
16,0
12,7
Engager des dépenses hors établissement
10,1
7,1
15,2
9,7
Autres
4,6
2,7
6,5
4,0
Total
100,0
100,0
100,0
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

De plus, il faut noter que pratiquement aucun chef d’ tablissement ne se propose
d’embaucher. Ce choix s’explique par le faible taux d’utilisation des capacités de production
du secteur informel dans la conjoncture actuelle. Ainsi, contrairement à ce qui en est
traditionnellement attendu, une politique de financement du secteur informel facilitant l’acc s
au cr dit d’unit s de production déjà existantes aurait un impact direct nul ou négligeable sur
l’emploi.

Que se passerait en cas de réduction de la demande ?


A priori, les UPI ne songent pas abandonner leur activité malgré les contraintes actuelles
qu’elles rencontrent. Seules 16,6% pensent à une telle alternative en cas de réduction de la
demande.

Tableau 36: Stratégies en cas de réduction de la demande (en % des UPI)
Stratégies
Industries
Commerce
Services
total
Réduction du bénéfice
31,7
30,6
29,7
30,7
Diversification des activités
27,1
34,5
20,3
29,5
Recherche un autre emploi
18,0
16,3
15,5
16,6
Réduction du nombre de salariés
3,3
1,2
1,8
1,9
Réduction des salaires
1,2
0,2
1,8
0,8
Autres
18,7
17,3
31,0
20,6
Total
100,0
100,0
100,0
100,0
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

La principale voie de solution envisageable par les UPI en cas de réduction de la demande est
l’ajustement de leur marge de b n fice. Pr s du tiers d’entre elles contracterait leurs marges
pour faire face à une baisse éventuelle de leurs débouchés. Ce poste est d’ailleurs la seule
marge de man uvre interne l’UPI sur laquelle nombre de producteurs peuvent agir,
notamment ceux qui se trouvent en situation d’auto emploi.

La diversification de leurs activités est la seconde stratégie envisagée par les entrepreneurs
informels en cas de difficultés. Cette solution est presque autant envisagée que la réduction de
la marge de man uvre. Cela est un signal assez fort pour avouer l’impuissance des UPI
devant un tel scénario. Si 30,7% pensent pouvoir réduire leur marge de bénéfice, 29,7%
envisagent d’entreprendre indirectement une autre activit . Si on ajoute ce taux ceux qui
l’avouent directement, nous obtenons plus de 46% qui risquent de d laisser leurs activit s
actuelles. Ce taux est d’ailleurs approcher des 45% d’UPI qui avaient d clar que leur UPI
risque de disparaître pour des raisons de manque de clientèle (tableau 32).


51

La contraction de la masse salariale (soit en réduisant les salaires, soit en débauchant) ne
constitue pas une solution potentielle, même pour celles qui emploient des salariés. Cela peut
être expliqué par la faiblesse du poids de ce poste dans les comptes des unités informelles.

Une tendance l’optimisme malgr tout

Finalement et malgré les difficultés de la situation économique, les producteurs informels
restent optimistes puisque plus de 80% d’entre eux consid rent qu’il existe un avenir pour
leur propre unit de production. Cette vision positive de l’avenir est une fonction croissante de
la taille de l’unit de production (qu’elle soit mesur e en terme d’emploi, de chiffre d’affaires
ou encore de type de local). Mais même sur les segments les plus précaires du secteur
informel (auto emploi, activités non localisées ou peu rémunératrices), plus de trois quart des
chefs d’ tablissement croient en leur chance. En terme de branches, la situation diffère peu
d’une branche une autre ; m me si, les transporteurs et les chefs d’entreprises de service
semblent un peu moins optimistes.

Tableau 37: Perspectives d'avenir des chefs d'unités de production informelles en % des UPI
Désir voir ses enfants
Désir voir ses
Branches
UPI à un avenir
continuer

UPI à un avenir enfants continuer
Industries
84,4
74,7
STATUT


-Confection
86,4
80,7
-Patron
91,8
85,1
-Autres industries et agroalimentaires
81,3
67,7
-Travailleur
81,9
70,3
-BTP
86,2
75,6
SEXE


Commerce
82,7
70,4
-Masculin
87,0
77,3
-Gros et détail
92,6
80,8
-Féminin
79,5
67,3
-Hors magasin + carburant
80,6
68,2
AGE


Services
80,5
70,2
-Moins de 25 ans
81,0
68,6
-Restauration
86,6
73,3
-25 - 45 ans
84,1
72,2
-Réparation
90,2
76,8
-Plus de 45 ans
79,6
72,0
-Transport
78,6
68,8
ANCIENNETE


-Autres services
77,3
68,3
-1 à 3 ans
86,8
72,2
Total
82,7
71,6
-Plus de 3 ans
81,8
72,7
Source : Enquête 1-2-3, phase , nov. 2001.

Le jugement positif sur l’avenir de l’ tablissement d passe la simple intuition que le secteur
informel sera amené à jouer un rôle économique de premier plan au cours des prochaines
années, notamment dans les secteurs de production. En effet, 71,6% des chefs d’unit s de
production informelles souhaitent voir leurs enfants reprendre leur activit s’ils le d siraient.
Le secteur informel est donc bien associ un mode d’insertion sociale et conomique
valorisant aujourd’hui dans la capitale.


52


METHODOLOGIE

L’enqu te sur le secteur informel s’inscrit dans le cadre plus large de l’enqu te 1-2-3. Elle procède par la méthode des
enquêtes dites en trois phases. Dans la première phase, un échantillon de 2409 ménages a été constitué suivant un plan de
sondage à deux degrés : le premier degr consistant tirer les 125 Section d’ num ration (SE) sur les 956 que compte la ville
de Bamako o on a effectu l’enqu te, tandis qu’un chantillon de m nages est tir au second degr (tirage al atoire
systématique). Les SE ont t choisies partir des SE utilis es lors du Recensement G n ral de la Population et de l’Habitat
de 1998 et englob es dans la limite de l’agglom ration de Bamako.

Un questionnaire sur l’activit de tous les membres de 10 ans et plus des m nages s lectionn s a permis d’identifier
l’ensemble des actifs occup s dirigeants une unit de production informelle (UPI), que ce soit dans leur emploi principal ou
dans un emploi secondaire. La seconde phase a donc consisté à réaliser une enquête sp cifique aupr s de ces chefs d’unit s
informelles sur les conditions de production et les résultats économiques de leurs établissements. Compte tenu des problèmes
sp cifiques de l’agriculture urbaine, les unit s de production dans les branches primaires ont été exclues du champ de
l’enqu te.

Cette technique est la seule qui permet d’obtenir un v ritable chantillon repr sentatif de l’ensemble des unit s de production
informelles, quel que soit leur type de localisation (dans un atelier ou une boutique, à domicile, sur la voie publique, etc.). En
outre, elle pr sente l’avantage de pouvoir combiner l’approche m nage et l’approche tablissement, en appariant les
informations collectées au cours de la première et de la seconde phase. Cette caractéristique est particulièrement
appr ciable, compte tenu de l’imbrication troite entre unit s de production et unit s de consommation qui caract rise le
secteur informel.

Les opérations de collecte ont eu lieu sur le terrain entre novembre et décembre 2001. Les mois de janvier et février ont été
consacr s la saisie des donn es, tandis que l’apurement des fichiers et l’analyse des r sultats ont t r alis s entre janvier et
août 2003. Ce retard est imputable en grande partie aux travaux effectués sur les données de la premières phase qui se sont
poursuivis jusqu’en fin d cembre 2002

En définitive 995 unités de production informelles non agricoles ont été dénombrées dans la phase 2. On a adopté un plan de
sondage stratifié à probabilités inégales selon les deux critères suivants : branche d’activit et statut du chef d’unit de
production. A l’int rieur de chacune des 18 strates ainsi constitu es, on a effectu des tirages al atoires syst matiques. Les
probabilit s de tirage ont t d termin es en fonction de l’importance num rique et de l’int r t conomique de chaque strate.
L’ chantillon initial comprenait 1098 unit s de production informelles non agricoles. Enfin, compte tenu des disparitions, des
changements d’activit entre la phase1 et la phase 2, ainsi que des refus de répondre et après quelques remplacements
internes à chaque strate, le fichier d finitif de l’enqu te comprend 995 unit s de production informelles constituant un
échantillon représentatif du secteur informel non agricole.

QUELQUES CONCEPTS ET INDICATEURS

Unité de production : unité élémentaire, mobilisant des facteurs de production (travail, capital) pour générer une production
et une valeur ajout e au sens de la comptabilit nationale. L’unit de production se confond avec l’ tablissement lorsque
l’activit s’exerce dans un lieu physique sp cifiquement con u cet effet (boutique, atelier, choppe). Elle sera assimil e à un
pseudo- tablissement lorsqu’il n’existe pas de lieu (activit domicile, activit ambulante). Par exemple, une couturi re
travaillant seule à domicile et confectionnant des vêtements pour ses clients est assimilée à une unité de production de la
branche confection. De la même façon, un vendeur de cigarettes au détail sur la voie publique est associé à une unité de
production de la branche commerce.

Secteur informel : ensemble des unit s de production d pourvues de num ro d’identification fiscale et/ou de comptabilit
écrite officielle.

Quelques concepts de comptabilité nationale :

Production : chiffre d’affaires + produits finis consomm s par les m nages de l’UPI+ variation de stocks de produits finis -
co t des produits achet s et revendus en l’ tat.
La production n’est sensiblement diff rente du chiffre d’affaires que pour le commerce.

Valeur ajoutée : production - consommations intermédiaires.

Exc dent Brut d’Exploitation : valeur ajoutée (masse salariale + impôts indirects, nets de subvention).
Dans le cas du secteur informel, l’EBE est un revenu mixte qui r mun re aussi bien le travail de l’entrepreneur individuel
que le capital avancé.

Taux de marge : EBE/VA. Cependant, dans le cas des activités commerciales, les marges peuvent être définies comme la
diff rence entre le chiffre d’affaires et le coût des produits achet s et revendus en l’ tat. On peut alors calculer un taux de
marge commerciale [ marge/ coût des produits achet s en l’ tat pour revente], diff rent du taux de marge au sens de la
comptabilité nationale
.

53



Liste du personnel de terrain




1
Abdoul Karim Diawara
Superviseur
2
Isidore Camara
Superviseur
3
Mamadou Bagayoko
Superviseur
4
Moussa Coulibaly
Superviseur
5
Yacouba Traoré
Superviseur
6
Abdoulaye Samaké
Enquêteur
7
Abdramane Traoré
Enquêteur
8
Alassane Tamboura
Enquêteur
9
Ali Sadou Cissé
Enquêteur
10
Mlle Djeneba Diarra
Enquêteur
11
Mlle Fatoumata Samaké
Enquêteur
12
Mlle Halima Agaly Maiga
Enquêteur
13
Issa Dagnon
Enquêteur
14
Kissima Dicko
Enquêteur
15
Mamadou Togola
Enquêteur
16
Mme Konaté Nana Touré
Enquêteur
17
Moussa Koné
Enquêteur
18
Moussa Sako
Enquêteur
19
Ousmane Tamboura
Enquêteur
20
Mlle Rhokia Coulibaly
Enquêteur
21
Sallah Konimpo
Enquêteur
22
Souleymane Traoré
Enquêteur
23
Tahirou Gagni Kanté
Enquêteur
24
Mme Tata Haidara
Enquêteur
25
MlleYouma Traoré
Enquêteur


54

TABLE DES MATIERES

-
Avant propos









3
-
Liste du personnel d’encadrement de l’Enqu te





4
-
Synthèse des résultats de la phase 2 sur le secteur informel




6

I Ŕ LES CONDITIONS D’ACTIVITE DU SECTEUR INFORMEL




8
-
Une légère prédilection pour les activités commerciales




-
Des conditions d’exercice précaires







-
Démographie des unités de production







II Ŕ MAIN D’ŒUVRE ET EMPLOIS DANS LE SECTEUR INFORMEL


14
-
La prédominance écrasante des micro-unit s et l’auto-emploi




-
Une main d’ uvre non prot g e







-
Temps de travail et rémunérations







-
Caractéristiques socio-démographiques des actifs du secteur informel



-
Dynamique de cr ation d’emploi








III- CAPITAL, INVESTISSEMENT T FINANCEMENT




22
-
Financement du capital informel







-
Investissement dans le secteur informel






-
Emprunt dans le secteur informel








IV Ŕ PRODUCTION, INSERTION ET CONCURRENCE




27
-
Le poids du secteur informel







-
La structure de la production et des coûts






-
Les performances économiques







-
Hétérogénéité interne au secteur informel






-
Une faible saisonnalité des activités du secteur informel




-
L’insertion du secteur informel dans le syst me productif




-
Concurrence et formation des prix








V- LE SECTEUR INFORMEL ET L’ETAT






37
-
Le secteur informel et les registres administratifs





-
Les raisons du non enregistrement







-
Si le secteur informel ne va pas l’Etat, l’Etat ne va pas non plus au secteur informel

-
Faut-il formaliser l’informel ?







-
Un pessimisme sur les capacit s de l’Etat appuyer le secteur informel




VI- LES STRATEGIES D’ADAPTATION DU SECTEUR INFORMEL



44
-
Des bénéfices généralement stables avec une tendance à la hausse



-
Qui s’accompagne d’un maintien de la client le





-
Et d’un d placement de la demande vers le secteur informel




-
Les UPI s’adaptent: la recherche de nouveaux clients et de fournisseurs moins chers


VII- PROBLEMES ET PERSPECTIVES






48
-
La faiblesse des débouchés







-
Menace l’existence m me des unit s de production informelles



-
Les aides souhaitées








-
Perspectives










METHODOLOGIE, CONCEPTS ET INDICATEURS





53

LISTE DU PERSONNEL DE TERRAIN






54



55