MANUEL D'ENQUETE MODULE : DIFFERENTES DIMENSIONS DE LA PAUVRETE
MANUEL D'ENQUETE

MODULE : DIFFERENTES DIMENSIONS DE LA PAUVRETE


Objectifs de ce module :
(voir schéma en annexe)

Le principal objectif de ce module est de recueillir la perception des ménages de leurs
conditions de vie, et d’avoir leur point de vue global sur les politiques ou stratégies mises en
oeuvre. Par rapport l’approche classique qui consiste demander le niveau de revenu ou de
consommation des m nages, il s’agit ici de connaître leur propre appr ciation (appr ciation
subjective) de leur niveau de bien-être.

On reconnaît aujourd’hui que la pauvret est un ph nom ne multiples dimensions (elle a
de multiples facettes et se présente sous diverses formes). Les différentes dimensions
possibles de la pauvreté sont ainsi explorées :
 La perception générale (subjective) de ses conditions de vie (question P1)
 A partir des biens (items) qui sont estimés par les ménages comme nécessaires
(question P2) pour vivre convenablement, on mesure la satisfaction des besoins
minimum vitaux (question P3),
 La pauvreté relative : comment se situent les ménages en termes de niveau de vie par
rapport à ceux qui les entourent (les autres ménages de la ville ) (question P4)
 La pauvreté subjective en termes de difficultés financières.
o Pour cela, on demande aux ménages de donner ce qu’ils consid rent comme
seuil minimum (montant minimum : une estimation subjective) pour vivre dans
des conditions d centes, convenables (question P5), un montant que l’on
comparera par la suite avec leur revenu (ou consommation) effective.
o On demande également leur appréciation (subjective) de leur situation
financière (question P6)
 Le degr de vuln rabilit des m nages mesur par l’instabilit des revenus d’une part
(question P7), et par l’ volution du revenu au cours de l’ann e d’autre part (question
P8).
 Le capital social : degr d’insertion/d’int gration ou d’exclusion de la soci t ; degré
de participation ou de marginalisation dans la société (question P9, P10 et P11). Ainsi,
on peut estimer que les personnes exclues/marginalisées socialement sont celles qui ne
font pas partie d'association ou de réseaux, celles qui ne bénéficient pas de l'entraide,
celles qui ne suivent pas les informations.
 L’ins curit (question P12)

La dernière série de questions (P13 à P17) porte plus spécifiquement sur les stratégies de lutte
contre la pauvret . Il s’agit de savoir :
- comment ils définissent principalement la pauvreté (question P13)
- le caractère prioritaire ou non de la lutte contre la pauvreté (question P14)
- le niveau d’information sur le processus d’ laboration de la strat gie de lutte contre la
pauvreté (SLCP)
- la participation ou non des ménages au processus
- l’appr ciation des m nages sur les politiques mises en oeuvre.



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Instructions préalables :

Attention ! il ne faut pas oublier de noter en haut de la page qui est la personne dans
le ménage qui a répondu à ce module (numéro identifiant à gauche : num ro d’ordre
deux positions en se référant à la fiche ménage ; nom ou prénom à droite).

Choix de la personne qui répond à ce module : Il faut que ce soit la personne qui gère
ou qui connaît bien le budget du ménage. A priori, il s'agit du chef de ménage ou bien
(ou à défaut) son conjoint.

De manière générale, les parties grisées ne doivent pas être remplies par les enquêteurs
(sauf pour le numéro identifiant de la personne enquêtée et son nom en haut à la
première ligne). Ces parties grisées (à droite des deux colonnes du questionnaire) sont
réservées à la codification effectuée par les superviseurs après vérification. Les
enquêteurs doivent :
o entourer le chiffre devant la modalit correspondant la r ponse de l’enqu t
(la modalité choisie) pour les questions à une seule réponse
o noter dans chacune des cases correspondantes le chiffre correspondant à la
réponse pour les questions où plusieurs réponses sont demandées (sur
différents items).

Les questionnaires doivent tre remplis au crayon de bois. L’enqu teur doit faire
attention en remplissant les questionnaires :
o Ecrire clairement et distinctement les chiffres ou mots
o Entourer les chiffres en faisant attention de ne pas déborder sur les cases ou
questions autour ni sur les parties grisées


Toujours insister pour avoir des réponses pour toutes les questions, même s'ils
répondent "je ne sais pas". Il s'agit d'avoir leur perception, même si elle n'est pas juste.
Ils doivent bien avoir un avis même si leur opinion est vague.

En dernier recours, si après avoir vraiment insisté, l’enqu t est incapable ou ne veut
absolument pas donner de réponse, l’enquêteur doit écrire « Ne sait pas » ou « Ne
veut pas répondre »
à côté des questions ou cases (avec éventuellement une remarque
ou explication) pour montrer qu’il a insist (et rassur , mis en confiance) la personne
enquêtée. Ce sera au superviseur qui vérifie et corrige les questionnaires de
codifier 9 ou 99 ou 999
(en fonction du nombre de cases) pour les « ne sait pas » ou
« ne veut pas répondre » dans la partie grisée.
Remarque : un questionnaire qui comporte beaucoup de « Ne sait pas » ou un grand nombre
de questionnaires pour un même enquêteur comportant de « Ne sait pas » pourrait vouloir dire
que l’enqu teur n’a pas fait correctement son travail : soit il n’insiste pas assez, soit il passe
trop rapidement sur les questions, soit il ne sait pas rassurer et mettre en confiance les
personnes enquêtées. Le superviseur peut ainsi intervenir et faire une remarque l’enqu teur
pour mieux le sensibiliser ou lui donner un avertissement.

Lorsque l’enqu teur doit traduire et/ou expliquer les questions, il est d s fois
n cessaire qu’il se r f re (et donne ventuellement des exemples/précisions) compte
tenu des réalités locales.
Exemple : voir plus loin pour la question P15 sur le DSRP, donner le nom utilisé pour
désigner ce document dans le pays.

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Quelques précisions utiles sur certaines questions

En principe, les modalités de réponses à chaque question sont exposées explicitement (et de
façon claire) dans le questionnaire. Nous donnons toutefois ici quelques précisions
supplémentaires pour certaines questions où des explications semblent utiles.

Question P1 : Explication des quatre modalités de réponses (un peu différents de la simple
notion de riche, moyen et pauvre un peu vague et réducteur) :
1. Vous vivez bien : le m nage ne connaît pas de probl mes, n’a pas se plaindre
2. Ca va à peu près : ça va, mais ça peut être mieux, il y a des petits domaines
d’insatisfaction mais qui sont d’une certaine mani re mineurs (vie moyenne).
3. Ca va mais il faut faire attention : il y a une notion de vulnérabilité. Le ménage
échappe tout juste à des difficultés majeures (à la frontière) et peut basculer
rapidement dans les difficultés suite à un petit changement (du contexte, de
l’environnement socio-économique).
4. Vous vivez difficilement : pas de doute, conditions de vie difficiles.
On demande la « perception » (subjective) de l’enqu t sur les conditions de vie de son
ménage.

Question P2 : Bien pr ciser la personne enqu t e qu’il s’agit de savoir, pour chaque item,
s’il fait partie des besoins minimum (vitaux) pour avoir une condition de vie correcte
(décente, convenable). Pour chaque item, remplir les cases soit par le chiffre 1 (si l’enqu t
juge l’item vraiment indispensable), soit par le chiffre 2 (s’il l’estime plutôt nécessaire), soit
par le chiffre 3 (s’il juge que cet item n’est pas vraiment nécessaire : on peut s’en passer tout
en vivant dans des conditions décentes, convenables).
Item 1 : Prendre trois repas par jour tous les jours. Trois repas au moins : il s’agit en g n ral
du petit déjeuner, du déjeuner et du dîner. Mais le nom ou les horaires des repas (considérés
comme de vrais repas) peuvent varier selon les habitudes du ménage.
Item 5 :
Un bon repas les jours de fête ou jour/occasions exceptionnels. Il s’agit par exemple
du dimanche ou du vendredi (ou le jour férié de la semaine selon les religions), ou lors des
cérémonies, etc.
Item 21 : Pouvoir envoyer les enfants à l’école. Il faut préciser ici que la question est générale
et ne concerne pas le contexte spécifique du ménage : Que le m nage ait ou n’ait pas
d’enfants en ge d’aller l’ cole, on leur demande de manière générale s’ils consid rent que
« pouvoir envoyer les enfants l’ cole quand ils sont en ge d’ tre scolaris s » fait partie des
besoins minimum d’un m nage.
Item 26 : Ne pas avoir trop d’enfants (maîtrise de la fécondité) La question porte en fait ici
sur la possibilit de maîtriser la f condit (c’est-à-dire pouvoir limiter le nombre d’enfants si
on le souhaite : Ne pas avoir trop d’enfants par rapport au nombre d’enfants que le couple
souhaite avoir). En d’autres termes, est-ce que c’est n cessaire de pouvoir maîtriser la
fécondité pour un ménage ?

Question P3 : Bien expliquer à la personne enquêtée que la question de la satisfaction ici ne
se mesure pas dans l'absolu. Même des ménages riches peuvent souhaiter consommer toujours
plus qu'il ne consomme. Il s'agit de savoir si par rapport à un niveau de référence (qui est le
niveau de consommation minimum pour avoir une vie jugée décente, convenable),
le
ménage s'estime satisfait ou non.

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Remarques : Si le ménage ne consomme pas un produit par choix (parce qu’ils ne veulent pas
en consommer, ou ce n’est pas dans leurs habitudes), et non par contrainte (financi re ou
autre), le m nage peut dire qu’il est satisfait de sa consommation (nulle) de ce produit.
- On peut prendre l’exemple d’un végétarien. Il ne consomme pas de viande. Mais
comme il ne souhaite pas en consommer plus (il n’y a pas de manque), il peut tre
considéré comme « satisfait » de sa consommation de viande.
- De même pour l’item 18 : aide aux parents en difficulté : si l’enquêté estime que ses
parents ne sont pas en difficult et/ou que ces derniers n’ont pas besoin d’ tre aid s, le
« besoin minimum » n’existe pas (est donc nul), le m nage peut tre consid r comme
« satisfait » en la matière.
- Pour l’item 16 : éducation des enfants : On parle ici de la scolarité allant du primaire
aux tudes sup rieures. Si le m nage n’a pas d’enfants ou n’a plus d’enfants sa
charge en ge d’ tre scolaris depuis un certain temps (on peut dire depuis plus de
deux ans), le m nage n’a plus de besoin en termes d’ ducation des enfants. Comme il
n’y a pas de besoin satisfaire (il n’y a pas de manque), le m nage peut tre consid r
comme « satisfait » de l’ ducation des enfants.

Question P4 : Les ménages doivent essayer de situer leur niveau de vie par rapport aux autres
ménages de la ville. Bien sûr, cela peut-être difficile, ils ne connaissent pas le niveau de vie de
tous les habitants de la ville, mais il s'agit de se situer par rapport à ce qu'ils connaissent ou ce
qu'ils voient dans les rues. Il s’agit d’une opinion (perception) subjective. Une opinion
(perception) peut être juste ou fausse dans la réalité (objectivement).

Question P5 : Ici encore, il s'agit d'avoir non pas le niveau de revenu souhaité par le ménage
dans l'absolu, mais le montant minimum nécessaire pour que l'ensemble des membres du
ménage ait une vie qu'il peut juger décente, convenable.
Bien préciser que ce n'est pas un
montant par tête mais total pour tout le ménage.

Question P7 : C'est aux enquêtés de juger de la stabilité ou non de leur revenu car ça dépend
des montants. En principe, ils doivent pouvoir juger eux-mêmes (jugement subjectif). Mais à
titre de repère, globalement, on peut juger très instables les revenus qui peuvent varier
(baisser) de plus de 20% environ d'un mois à l'autre. Ils sont à peu près stables si les revenus
ne varient pas beaucoup (dans une fourchette raisonnable, de plus ou moins 20% au
maximum). Les revenus sont jugés stables lorsque les variations sont très faibles et quasiment
imperceptibles par le ménage (pas de répercussions majeures sur le niveau habituel de la
consommation). Les revenus des fonctionnaires ou des personnes qui travaillent dans le
secteur privé formel (avec un contrat) sont des revenus stables par exemple.

Question P8 : Ne pas oublier de répondre pour les deux cas : pour le ménage lui-même d'une
part (A), et en g n ral pour les m nages de la ville (B). L’objectif est de savoir si, dans le cas
d’une d gradation (ou d’une am lioration), si cela r sulte d’une conjoncture défavorable (ou
favorable) affectant tout le monde, ou si l’ volution est sp cifique au m nage enqu t .

Questions P9 et P10 : Il faut avoir des réponses pour chaque type d'associations ou de
relations (pas de cases vides)

Question P11 : Cette question, sur le fait de suivre ou non les informations, concerne la
personne enqu t e uniquement (et non l’ensemble des membres du m nage).


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Question P12 : il s'agit de mesurer le niveau de l'insécurité au cours de l'année écoulée.
L’objectif est d’appr cier le contexte actuel, et non celui d’il y a trois ou quatre ans.
Ne pas oublier de répondre aux trois questions : A personnellement ; B un membre du
ménage ; C une personne du quartier, du voisinage.

Question P13 : Il faut avoir des réponses pour chaque proposition : oui ou non (pas de cases
vides).

Question P14 : La lutte contre la pauvret est aujourd’hui consid r e comme une priorit par
les gouvernements et les bailleurs de fonds (organismes internationaux), et est placée au
centre des stratégies de développement. Il s’agit ici de demander l’opinion de l’enqu t : est-
ce qu’il estime que a doit tre ou non une priorit pour le pays ? Ou est-ce qu’il consid re
que c’est un axe (un objectif) secondaire et que d’autres questions doivent tre r gl es de
façon plus urgente.

Question P15 : Le Document de Stratégies de Réduction de la Pauvreté ou DSRP est le nom
générique
au niveau international du document-cadre qui définit les objectifs précis, les axes
et les mesures à mettre en oeuvre dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. Les stratégies
ont différents noms selon les pays
: Stratégies de Lutte Contre la Pauvreté (SLCP) ; ou
« cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) ; ou autres.
Le processus d’ laboration de cette strat gie et du document suppose un approfondissement
des connaissances sur la situation du pays en mati re de pauvret , la d finition d’objectifs
pr cis et de mesures pr cises pour les atteindre. Dans ce cadre, on insiste aujourd’hui sur la
n cessit d’impliquer et notamment d’informer la population (notion de transparence) sur les
diff rentes tapes du processus. On demande ainsi l’enqu t s’il est au courant de ce
processus en cours dans le pays et si en m me temps, il estime que les informations qu’il a sur
ce processus sont suffisantes.

Question P16 : Toujours dans le cadre du processus d’ laboration des Strat gies de Lutte
Contre la Pauvret (ou SLCP), on insiste galement aujourd’hui sur la n cessit de faire
participer la population (notion de processus participatif). La participation peut prendre
plusieurs formes :
- consultation de l’avis de la population ou de certains acteurs-clés de la société (sous
forme d’enqu te sp cifique sur le th me de la pauvret ou d’interview de groupe)
- information-débat pour définir les politiques : objectifs, mesures précises, etc. (atelier,
séminaire, conférence-débat, réunions)
On demande l’enqu t s’il a particip d’une mani re ou d’une autre ce processus (s’il a t
consulté, enquêté au cours des dernières années sur le thème de la pauvreté ; s’il a t invit
des ateliers / séminaires ou réunions sur ce thème).

Question P17 : On demande la perception globale de la personne enqu t e (qui n’a pas
besoin forc ment de connaître tr s pr cis ment le contenu des politiques). S’il estime que les
politiques mises en oeuvre actuellement (au cours des deux dernières années par exemple)
contribuent à réduire la pauvreté, avec des objectifs et des mesures claires et bien adaptées,
entourer 1. S’il estime qu’elles contribuent un peu, mais avec des mesures et des résultats qui
ne sont pas très convaincants, entourer 2.
Si non (ou s’il pense que rien n’a t fait), entourer 3.


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SCHEMA SUR LES OBJECTIFS DES MODULES QUALITATIFS
Différentes dimensions de la pauvreté
Gouvernance
Démocratie


:


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Variable macro-économique
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Caractéristiques des
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conditions de vie
En
ménages, des entreprises
POINT DE VUE DES
MENAGES
Différentes dimensions
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de la pauvreté
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Stratégie de lutte contre la
ua
pauvreté
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le
du

DEMOCRATIE
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M

(Régime politique)
GOUVERNANCE
+
Fonctionnement des institutions
Système de valeurs
Rôle de l’Etat
de la société

Source : ROUBAUD (2001)



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