Enquête 1-2-3 secteur informel 2001 - Resultat_ ph1

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PROJET PARSTAT/UEMOA

VOLET EMPLOI ET SECTEUR INFORMEL EN MILIEU URBAIN

Financé par la Commission européenne

et

Réalisé avec l'appui technique d'AFRISTAT et de DIAL


PREFACE

L'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) poursuit entre autres objectifs celui "d'assurer la convergence des politiques économiques des Etats membres par l'institution d'une surveillance multilatérale". Pour réaliser cet objectif, il est impératif de disposer de statistiques harmonisées et fiables. Or depuis le début des années 80, les systèmes statistiques nationaux (SSN) souffrent de plusieurs maux dont la faiblesse et l'irrégularité dans la production des statistiques de base du fait des faibles moyens matériels et humains dont ils disposent.

Pour remédier à cette situation, la Commission de l'UEMOA a initié pour ses Etats membres le Programme régional d'appui statistique à la surveillance multilatérale (PARSTAT). Ce programme comprend plusieurs volets dont le volet « secteur informel et emploi en milieu urbain » qui consiste en la réalisation d'enquêtes sur l'emploi et le secteur informel dans la principale agglomération de sept des huit pays de l'UEMOA, la Guinée Bissau n'étant pas concernée par ce volet du programme.

En finançant cette première enquête sur l'emploi et le secteur informel dans ces agglomérations, l'Union Européenne a montré une fois de plus sa disponibilité à aider nos Etats à une meilleure connaissance statistique de leurs réalités socio-économiques, condition nécessaire à l'élaboration de politiques de développement pertinentes. C'est pourquoi nous lui témoignons toute notre gratitude et lui adressons nos vifs remerciements.

Nos remerciements s'adressent également à AFRISTAT et à DIAL dont les experts n'ont pas ménagé leurs efforts en apportant une assistance technique à l'équipe nationale dans toutes les phases des travaux, et plus particulièrement pour la rédaction de ce rapport.

Par la même occasion, nous tenons à féliciter les enquêteurs et les superviseurs nationaux qui ont travaillé dans des conditions parfois difficiles.

Enfin, tous nos sincères remerciements s'adressent à la population de Bamako pour sa disponibilité. Nous espérons que ces instants offerts gratuitement contribueront, à travers l'utilisation des résultats de ce travail, à œuvrer dans le sens des objectifs assignés à l'enquête.

Le Ministre de l'Economie et des Finances

Dr Mariamantia Diarra

Chevalier de l'Ordre National

AVANT-PROPOS

Pourquoi une enquête sur le secteur informel et l'emploi ?

Dans les pays en développement, l'emploi est au cœur des politiques économiques. Pour répondre à ce besoin d'orientation des politiques, il faut disposer de statistiques fiables sur l'emploi. Par ailleurs, la majorité des emplois en milieu urbain étant concentrés dans le secteur informel non agricole, ce pan de l'activité économique mérite d'être mieux connu si l'on veut mettre en œuvre des stratégies efficaces de réduction de la pauvreté. Malheureusement dans la sous-région, les dispositifs de suivi de l'emploi et du secteur informel sont quasi inexistants. De plus, les rares enquêtes menées dans ces domaines reposent sur des concepts et des méthodologies différents d'un pays à l'autre. Quant aux conditions de vie des ménages, il n'y a pas de réel suivi puisque les enquêtes sont irrégulières et les méthodologies changeantes.

Les objectifs de ce volet du PARSTAT visent à apporter des débuts de solutions à ces problèmes. L'enquête devrait permettre :

  • d'améliorer les capacités de collecte et d'analyse des INS sur les questions relatives à l'emploi, au secteur informel et aux conditions de vie des ménages ;

  • de disposer d'informations fiables et comparables, d'abord, sur l'emploi en milieu urbain, ensuite, sur les principales caractéristiques du secteur informel et enfin, sur la consommation des ménages et la pauvreté.

En vue de cerner à la fois les dimensions de l'emploi et de la pauvreté, la méthodologie d'enquête de type 1-2-3 a été retenue. Il s'agit d'un dispositif de trois enquêtes emboîtées, touchant des unités statistiques différentes : individus, unités de production informelles et ménages. La première phase de ce dispositif est une enquête sur l'emploi, le chômage et les conditions d'activité des membres des ménages. La seconde phase consiste à réaliser une enquête spécifique auprès des chefs des unités de production informelles sur leurs conditions d'activité, leurs performances économiques, le mode d'insertion dans le tissu productif et leurs perspectives. Enfin, la troisième phase est une enquête sur la consommation des ménages. Elle vise à estimer le niveau de vie des ménages, à mesurer le poids des secteurs formel et informel dans leurs consommations, et à analyser les déterminants du choix des différents lieux d'achat. Il est à noter que pour ce qui est spécifiquement du secteur informel, la force majeure de cette méthode réside dans le fait qu'elle permet de répondre à deux préoccupations essentielles :

  • satisfaire aux critères standards de représentativité statistique du secteur informel ;

  • décrire de manière exhaustive le mode d'insertion du secteur informel dans le tissu économique, aussi bien en amont (l'offre) qu'en aval (la demande).

La Réussite de l'opération et les perspectives

La première phase a été réalisée entre octobre et novembre 2001 et la seconde phase entre décembre 2001 et janvier 2002. La troisième phase devrait avoir lieu en août 2002. Le présent document donne une première analyse des résultats de la première phase de l'enquête 1-2-3. Il porte sur les caractéristiques de l'emploi, du chômage et des conditions d'activité dans la ville de Bamako. Les indicateurs et les différents concepts utilisés sont adaptés aux critères et normes internationaux. Le canevas d'analyse est harmonisé au niveau de tous les Etats membres de l'UEMOA afin d'assurer la comparabilité ultérieure des résultats.

L'enquête 1-2-3 a été réalisée par la Direction Nationale de la Statistique et de l'Informatique avec la collaboration de l'Observatoire de l'emploi et de la formation (OEF) de l'ANPE. Sa réalisation a été rendue possible grâce à l'appui technique de l'Observatoire Economique et Statistique d'Afrique Subsaharienne (AFRISTAT) et du Centre français de recherche en économie du développement (DIAL). La publication de ces premiers résultats en moins d'un an est le témoignage des efforts soutenus consentis par les uns et les autres.

Dans le souci d'assurer la pérennité de l'opération et de pouvoir disposer d'un personnel maîtrisant entièrement la méthodologie, la supervision des travaux, le traitement des données et l'analyse ont été réalisés par les cadres de la DNSI. Ces premiers résultats couvrent les besoins des administrations, de la société civile et des partenaires au développement. Des analyses plus approfondies vont suivre dans les prochains mois.

Le Directeur National de la

Statistique et de l'Informatique

Mme Sidibé Fatoumata Dicko

Chevalier de l'Ordre National

Liste des cadres de l'Enquête emploi 2001

A Bamako

  1. Coordination administrative :

    • Mme Sidibé Fatoumata DickoDirecteur National DNSI ;

    • Seydou Moussa TraoréDirecteur National Adjoint DNSI ;

    • Alikaou DiarraChef Division Comptabilité Nationale, DNSI.

  1. Coordination technique :

  • Mahmoud Ali SakoCoordinateur technique de l'Enquête, DNSI ;

    • Guediouma TangaraInformaticien de l'Enquête, DNSI ;

    • Julien SidibéSuperviseur général de la collecte, OEF ;

    • Fodé DiarraAssistant informaticien, DNSI ;

    • Seydou DialloAssistant informaticien, DNSI.

  1. Appui technique

  • Freeman Amegashie AFRISTAT

  • Prosper Backiny-Yetna AFRISTAT

  • Pierre Beziz AFRISTAT

  • Eloi Ouedraogo AFRISTAT

  • Paul-Henri Wirrankoski AFRISTAT

Adresse: Direction Nationale de la Statistique et de l'Informatique (DNSI)

BP : 12, Bamako, Mali.

Tel: (223) 222 24 55; 222 48 73.

Fax: (223) 222 71 45

TABLE DES MATIERES

INDEX DES GRAPHIQUES ET DES TABLEAUX

INDEX DES GRAPHIQUES

  • Graphique 1 : La pyramide des âges 5

  • Graphique 2 : Niveau scolaire par classe d'âge 7

  • Graphique 3 : Taux d'activité par sexe et par âge 9

  • Graphique 4 : Taux de chômage par sexe et par âge12

  • Graphique 5 : Répartition des actifs occupés par âge et par type d'emplois 16

  • Graphique 6 : Dynamique de la création brute d'emploi par secteur institutionnel 18

  • Graphique 7 : Distribution des revenus de l'emploi principal par secteur institutionnel21

INDEX DES TABLEAUX

  • Tableau 1 : Type de ménages suivant le sexe du chef de ménage8

  • Tableau 2 : Taux d'activité par sexe et par âge10

  • Tableau 3 : Taux de chômage par sexe et par âge13

  • Tableau 4 : Caractéristiques des chômeurs et durée du chômage13

  • Tableau 5 : Prétentions salariales et salaire de réservation des chômeurs15

  • Tableau 6 : Structure des emplois par secteur institutionnel17

  • Tableau 7 : Caractéristiques de l' emploi principal par secteur institutionnel24

  • Tableau 8 : Caractéristiques de l'emploi principal par secteur institutionnel

et catégories socioprofessionnelle20

  • Tableau 9 : Taux de bénéficiaires de prestations par secteur institutionnel22

  • Tableau 10 : Distribution des différentes catégories de ménages23

  • Tableau 11 : Principales caractéristiques des chefs de ménages par type de ménage24

  • Tableau 12 : Principales caractéristiques des membres secondaires par

types de ménage25

  • Tableau 13 : Revenus d'activité des ménages par unité de consommation26

  • Tableau 14 : Origine du revenu d'activité des ménages par type de ménage27

  • Tableau 15 : Principaux éléments de confort de l'habitat discriminant

les catégories de ménages27

  • Tableau 16 : Principaux éléments d'équipement discrimination

les catégories de ménages28

  • Tableau 17 : Mode d'occupation des logements par catégorie de ménages29

  • Tableau 18 : Nombre moyen d'années d'étude du père et de ses enfants

selon la génération et le sexe30

  • Tableau 19 : Table de mobilité scolaire31

  • Tableau 20 : Table de mobilité intergénérationnelle suivant la branche d'activité32

  • Tableau 21 : Table de mobilité intergénérationnelle suivant la catégorie

  • socioprofessionnelle 32

  • Tableau 22 : Emploi désiré par les jeunes et création d'emploi 33

RESUME

L'enquête emploi réalisée en octobre/novembre 2001 dans le cadre du programme régional PARSTAT révèle les principales caractéristiques du marché du travail à Bamako.

A l'instar des grandes villes africaines, la population de la capitale malienne est une population essentiellement jeune à forte dynamique migratoire. Une personne sur deux a moins de 21 ans et deux sur trois sont des migrants.

Cette population est relativement instruite par rapport à celle du reste du pays ; en effet six personnes sur dix ont fréquenté une école avec une amélioration appréciable sur longue période.

La jeunesse de la population a pour corollaire une forte pression sur le marché du travail. La population de 10 ans et plus est estimée à près de 785 000 personnes dont un peu plus de la moitié sont des actifs au sens du Bureau International du Travail (BIT). Si on se restreint à la population de 15 ans et plus (limite d'âge recommandée par le BIT), ce sont plutôt six personnes sur dix qui se présentent sur le marché du travail. Si en plus on prend en compte les personnes qui ne se présentent pas directement sur le marché pour des raisons diverses dont le découragement notamment, le taux d'activité s'élève à 64%25.

Pour le BIT, est chômeur toute personne sans emploi, à la recherche d'un emploi et disponible pour travailler. Selon cette définition, le taux de chômage pour les personnes de 10 ans et plus serait relativement faible, 7,1%25. Cependant, cette définition peut-être assouplie pour tenir plus compte de la réalité des villes africaines où les canaux formels de recherche de l'emploi ne sont pas très développées. Dans ce cas on compte également comme chômeurs les travailleurs découragés, c'est à dire les personnes sans emploi et disponibles pour travailler, même si elles ne recherchent pas activement un emploi. Avec cette approche, c'est 12,5%25 de la population active de Bamako qui est au chômage, soit près de 53 000 individus.

Le taux de chômage est particulièrement élevé parmi les jeunes, mais le chômage affecte indifféremment les personnes sans instruction et les diplômés. Il s'agit essentiellement d'un chômage de première insertion dans la mesure où deux chômeurs sur trois sont des individus n'ayant jamais travaillé. Le chômage est donc plus l'effet du gel des embauches dans l'administration et de la faible demande de travail du secteur privé que de compressions du personnel. De plus, il s'agit d'un chômage de très longue durée durant près de trois ans en moyenne.

Les difficultés du marché du travail à Bamako transparaissent également à travers la structure des emplois. Globalement on peut considérer trois pôles d'activité.

D'abord le secteur informel (y compris le personnel de maison) est le plus important employeur puisqu'il occupe huit sur dix des 369 000 actifs occupés de cette ville. Or, les emplois dans ce secteur sont fortement précaires. Seule une personne sur quinze dispose d'un contrat de travail. C'est d'ailleurs dans ce secteur que les revenus d'activité sont les plus faibles. La fragilité des femmes par rapport au marché du travail apparaît également ici dans la mesure où c'est dans ce secteur où qu'elles exercent en plus grand nombre (plus de la moitié des emplois dans le secteur informel sont des emplois féminins).

Ensuite le secteur public (administration et entreprises) qui emploie 10%25 des actifs occupés. Ce secteur est extrêmement sélectif et il emploie pour l'essentiel des individus avec un niveau d'instruction élevé. Les emplois y sont stables avec une ancienneté moyenne dans l'emploi supérieure à 11 ans. Les revenus y sont également parmi les plus importants.

Le secteur privé formel emploie un peu plus de personnes que le secteur public. Les emplois dans ce secteur sont caractérisés par une polarisation avec d'une part, des emplois de cadres et patrons, minoritaires et plutôt bien rémunérés et d'autre part, les autres catégories de personnel relativement mal rémunérées. Le niveau de qualification y est moins élevé que dans le public.

Outre le chômage dont on a fait mention précédemment, d'autres formes de sous-emploi permettent d'appréhender les déséquilibres du marché du travail. Le sous-emploi visible, qui est définit comme la proportion de personnes qui travaillent moins de 35 heures contre leur gré, affecte 23%25 des actifs occupés. Le sous-emploi invisible, qui est définit comme la proportion de personnes qui travaillent à plein temps et qui gagnent moins que le salaire minimum, touche quant à lui près d'un actif occupé sur deux. Ainsi, même si le chômage ne semble pas être un problème fondamental du marché du travail à Bamako, il s'avère que les différentes formes de sous-emploi (chômage, sous-emplois visibles et invisibles) affectent près de huit actifs occupés sur dix. On peut affirmer que le sous-emploi du facteur travail apparaît comme le principal problème que rencontre le marché du travail, et par conséquent la principale contrainte de l'économie malienne. 

Ce sous-emploi massif a des répercussions négatives sur les conditions de vie des ménages. Si on opère une typologie des ménages en quatre classes (« ménages publics », « ménages privés formels », « ménages privés informels », « ménages d'inactifs et chômeurs ») en fonction du secteur institutionnel du chef, l'échelle des revenus par tête au sein des ménages s'élève de seulement 7 000 Fcfa pour les « ménages d'inactifs et chômeurs » à 32 000 Fcfa pour les « ménages privés informels ».

L'autre difficulté du marché du travail à Bamako est le désajustement entre les emplois désirés par les jeunes en position d'entrer sur ce marché et les possibilités réelles. Ces jeunes désirent généralement des emplois de cadres dans le secteur public, alors que le marché offre essentiellement des emplois indépendants.

En définitive, l'enquête emploi 2001 restitue l'image d'un marché du travail profondément en difficulté avec un sous-emploi massif et une inadéquation entre la demande et l'offre de travail.


I. LA SITUATION SOCIO-DEMOGRAPHIQUE

Caractéristiques de la population

L'agglomération de Bamako compte près de 1 143 000 personnes au dernier trimestre 2001. La population de la ville administrative au sens strict est estimée à 1 082 000 individus. Cette population compte autant d'hommes que de femmes.

La distribution par âge de cette population présente les caractéristiques classiques de la population des villes des pays en développement, avec une prépondérance des jeunes. L'âge moyen est de 21 ans. Les femmes avec une moyenne d'âge de 20,4 ans sont en moyenne plus jeunes que les hommes dont l'âge moyen se situe à 21,7 ans. Plus de la moitié de la population (58,6%25) a au plus 20 ans et seulement 3,4%25 des habitants de la capitale ont plus de 60 ans. Il en résulte que la majorité de la population de Bamako est d'âge scolaire.

Graphique 1 : La pyramide des âges

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Source : Enquête Emploi 2001

Dynamique migratoire et religion.

Toutes les ethnies du Mali se retrouvent dans la capitale du pays. Les Bambara sont majoritaires et représentent un tiers des habitants (34%25). On trouve ensuite les Peuhl (17%25), les Malinké (14%25) et les Sarakolé/Soninké (10%25). L'ensemble de toutes les autres ethnies représentent moins du quart de la population.

Bamako est loin d'être une ville cosmopolite puisque 98,5%25 de la population de la capitale est de nationalité malienne. Les ressortissants des autres pays proviennent essentiellement des pays de l'UEMOA.

En 2001, le tiers des habitants de Bamako étaient des migrants, à égalité entre les hommes et les femmes. La migration à Bamako s'avère être un phénomène essentiellement interne car plus de quatre migrants sur cinq viennent de l'intérieur du pays. Le reste, les migrants en provenance d'un pays étranger, résidaient antérieurement dans leur majorité soit en Côte d'Ivoire (34%25), soit en France (12%25), soit encore dans un autre pays d'Afrique subsaharienne.

Les deux raisons les plus avancées pour émigrer vers Bamako sont d'abord le désir de rejoindre leur famille (54%25 des migrants) et ensuite la recherche d'emploi est la seconde raison qui motive la migration (28%25 des migrants). Cependant, ces raisons dépendent quelque peu du sexe. Parmi les migrants de sexe féminin, la dimension de regroupement familial prime nettement dans la mesure où trois migrantes de sexe féminin sur quatre la mettent en avant. A contrario, près d'un individu de sexe masculin sur deux émigre surtout pour rechercher un emploi.

Au regard du diaspora malienne en Côte d'Ivoire et en France, il n'est pas surprenant que ces deux pays fournissent la proportion la plus importante de migrants de retour au Mali. L'on peut toutefois se demander si certains évènements n'ont pas contribuer à amplifier le phénomène dans la période récente. Il s'agit notamment des troubles politiques survenues en Côte d'Ivoire entre décembre 1999 et octobre 2001 et le problème des « sans-papiers  de l'église St Bernard »  à Paris en Août 1996. Un examen de la date d'arrivée des migrants montre que près de six sur dix de ceux en provenance de la Côte d'Ivoire se sont installés à Bamako au cours des deux dernières années ; de même près de un sur deux de ceux en provenance de la France sont à Bamako depuis moins de 5 ans. Il y aurait quelques présomptions tendant à montrer que les évènements précédents auraient accélérés les migrations retour. Toutefois, les raisons avancées par les individus pour justifier le retour au Mali (trois de ces migrants sur quatre affirment revenir pour rejoindre la famille), ne permettent pas de confirmer cette hypothèse. En fait, la question n'était pas spécifiquement formulée pour permettre de cerner ce phénomène. Par ailleurs, la forte mobilité de la population malienne impose d'observer une certaine prudence dans une telle analyse .

Il est reconnu que les maliens pratiquent dans leur immense majorité la religion musulmane. Les résultats de l'enquête le confirme (96,2%25 des habitants de Bamako déclarent pratiquer cette religion).

Scolarité

Sur l'ensemble de la population en âge théorique de fréquenter l'école primaire (6 ans et plus), 59,4%25 l'ont fait ou le font effectivement. La proportion des personnes non instruites diminue des générations les plus jeunes aux plus anciennes. Ainsi, le pourcentage de personnes n'ayant pas été à l'école est de 39%25 pour les 6-9 ans, 42%25 pour les 15-49 ans pour atteindre 70%25 pour les personnes de 50 ans et plus. Il est à noter une faible scolarisation dans la tranche d'âge 6-9 ans par rapport à celle des 10-14 ans. Cela s'explique par l'inscription tardive des enfants à l'école. Dans la tranche d'âge de 6-9 ans, 60%25 estiment être encore trop jeunes pour aller à l'école .

L'évolution des performances en matière de scolarisation laisse clairement apparaître trois sous-périodes. La première sous-période est l'époque coloniale. Entre les générations nées au début des années 20 et celles qui sont venues au monde dans les années 1956-1961, on a enregistré un gain de quelques 35 points d'amélioration des taux de scolarisation. La deuxième sous-période est celle qui a juste suivie les indépendances. De la génération de 1956-1961 à celle de 1971-1976, on note une stagnation des taux de scolarisation, peu de progrès sont accomplis durant cette période. La dernière sous-période est celle des générations plus récentes, c'est à dire celles des périodes nées à partir de 1971-1976. Pendant cette troisième sous-période, on enregistre quelque 25 points d'amélioration des taux de scolarisation. Deux questions spécifiques mériteraient d'être creusée dans des études spécifiques relatives à la demande d'éducation : en premier lieu celle des déterminants des évolutions ci-dessus et en second lieu, celle de savoir si ces performances enregistrées sur longue période en matière de fréquentation scolaire sont allées de pair avec une amélioration de la qualité de l'enseignement.

La non-scolarisation d'une fraction non négligeable des enfants à Bamako est étroitement liée à la pauvreté des ménages. Dans la tranche d'âge 10-14 ans, un enfant sur cinq ne va pas à l'école pour des raisons financières. Cette proportion dépasse même un sur quatre parmi les jeunes filles de la même tranche d'âge.

Le nombre moyen d'années d'études des personnes ayant été ou étant encore à l'école est de 6,6 ans, ce qui correspond au niveau de fin d'étude primaire. Les hommes accomplissent en moyenne une année d'étude de plus que les femmes. L'évolution de la durée de la scolarité sur longue période est plutôt mitigée. On peut analyser cette durée en se limitant aux personnes de plus de 20 ans dont on est sûr que la majorité d'entre elles ont arrêté leurs études. Quand on passe des personnes de plus de 65 ans à celles qui ont entre 45 et 55 ans, il y a un gain de 1,4 an en terme de nombre d'années d'études réussies. De la génération précédente à celle des 30-34 ans, il y a un recul de 2,4 années. Ensuite, on note une amélioration depuis cette dernière génération par rapport à celle des 20-24 ans. Le système scolaire du pays semble par conséquent être caractérisée par des phases d'embellie et des phases de récessions, à l'image des cycles économiques.

La faiblesse du nombre moyen d'années d'étude réussies est liée au taux de déperdition élevé du système éducatif malien. Quand on considère l'ensemble des personnes de six ans et plus qui ne vont plus à l'école, un sur quatre abandonne pour raison d'échec scolaire. L'échec scolaire apparaît d'ailleurs comme la principale raison de déscolarisation des jeunes files, elles affectent trois d'entre elles sur dix. La deuxième raison du retrait des jeunes filles de l'école est liée à la contraction de grossesse et ceci concerne une fille sur cinq.

La ville de Bamako est caractérisée par une prépondérance de l'éducation publique. parmi ceux qui ont fréquenté l'école, 88%25 ont suivi ou suivent des études dans une école publique. Toutefois, l'école privée semble de plus en plus présente notamment dans la période récente. En effet, si pour les individus de plus de 40 ans, 5%25 seulement ont fréquenté une école privée, ce pourcentage avoisine les 15%25 pour les moins de 40 ans, atteignant même 25%25 pour les 6-9 ans. L'école privée est souvent signe d'une plus grande efficacité quand l'école publique fait face à des difficultés. Par conséquent, cette place de plus en plus importante de l'école publique à Bamako pourrait être corrélée aux difficultés croissantes qu'a connu l'école ces dix dernières années et sur une plus longue période aux difficultés d'adapter les infrastructures publiques à l'évolution démographique.

Graphique 2 : Niveau scolaire par classe d'âge

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Source : Enquête Emploi 2001, Bamako.

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Source : Enquête Emploi 2001, Bamako

Malgré la pratique répandue de l'islam au Mali, la fréquentation de l'école coranique est relativement peu élevée (37%25). La tendance de cette fréquentation semble d'ailleurs en baisse. Parmi les individus de moins de 50 ans, 39%25 ont fréquenté ce type d'établissement contre 43%25 pour la génération des 50 ans et plus.

En matière d'alphabétisation, la moitié des individus de 10 ans et plus savent lire et écrire le français. Ce pourcentage atteint 55%25 si on se restreint à la population de 15-24 ans. Les écarts importants demeurent entre les hommes et les femmes ; le taux d'alphabétisation des hommes de 15 ans et plus est de 56%25 contre 38%25 pour les femmes de la même tranche d'âge.

Typologie des ménages

Un ménage ordinaire est défini comme un ensemble de personnes vivant sous le même toit, mettant leurs ressources en commun pour subvenir aux besoins du ménage, prenant leurs repas ensemble et reconnaissant l'autorité d'une même personne comme chef de ménage. La taille moyenne de ces ménages ordinaires de l'agglomération de Bamako est de 6 personnes et la moitié d'entre eux est composée de cinq personnes au plus.

Le modèle d'organisation familiale prédominant est celui du couple avec enfants ; quatre ménages sur dix à Bamako sont ainsi constitués. Le second type de ménage est la famille élargie (un ménage sur trois), organisation où on trouve soit les familles polygamiques vivant sous le même toit, soit les deux parents, leurs enfants et d'autres personnes apparentées ou non au chef de ménage. Il est important de signaler que ces résultats ne prennent pas en compte les liens de parenté éventuels entre des personnes vivant dans la même concession, sans nécessairement être membres d'un même ménage au sens de la définition précédente. De même la dimension polygamique n'est pas complètement prise en compte dans la classification précédente. En effet, certains ménages classés comme ménages nucléaires au sens strict ne le seraient plus si le chef de ménage, qui est en réalité polygame mais loge avec une des épouses, logeait dans la même habitation que toutes ces épouses Il apparaît donc qu'en s'intéressant plutôt à la concession et en prenant entièrement en compte le phénomène de la polygamie, le modèle de la famille élargie serait peut-être le mode d'organisation dominant.

Tableau 1 : Type de ménages suivant le sexe du chef

Sexe

Une seule personnel

Couple sans enfants

Couple avec enfants

Nucléaire mono parental

Mono parental élargi

Elargi

Total

Homme

9,1

5,7

46,9

0,7

0,2

37,3

100,0

Femme

17,2

0,2

41,7

32,1

8,8

100,0

Total

9,9

5,2

42,3

4,7

3,3

34,6

100,0

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako

L'homme est généralement le chef de ménage au Mali (90,2%25). C'est en l'absence de celui-ci (ménage unipersonnel, ménages monoparentaux, famille polygamique dont le mari vit ailleurs) que la femme est le chef de ménage. Les coutumes et les traditions expliquent cette situation. Par ailleurs, malgré la prédominance des ménages monogames, un ménage sur cinq est polygame.

II. L'ACTIVITE

Le taux d'activité

Le taux d'activité est la proportion de personnes qui se présentent sur le marché du travail (soit qu'ils exercent un emploi, soit qu'ils en cherchent un) par rapport à l'ensemble de la population en âge de travailler. Si on définit la population en âge de travailler comme l'ensemble des personnes de dix ans et plus, soit près de 785 000 personnes, le taux d'activité au sens strict du BIT est de 52,4%25 à Bamako. Ce taux passe à 59%25 si l'on restreint la population potentiellement active aux personnes de 15 ans et plus. Ces taux masquent les disparités entre sexe et entre les individus selon leur statut dans le ménage.

Le taux d'activité est de 59,3%25 chez les hommes contre 45,6%25 chez les femmes. Les taux d'activité des hommes sont toujours supérieurs à ceux des femmes quelque soit la tranche d'âge. Les femmes compensent la faiblesse de leurs activités économiques par l'exercice d'activités domestiques et diverses œuvres bénévoles. Ces dernières y consacrent en moyenne 17 heures par semaine contre moins de 2 heures pour les hommes.

Les profils des taux d'activité masculins et féminins sont cependant identiques. Ils sont faibles pour les plus jeunes qui sont encore dans le système scolaire. Ils croissent jusqu'à atteindre leur maximum à l'âge de 30 ans, restent pratiquement constants jusqu'à 45 ans avant d'amorcer une décrue. Il est important de relever qu'un enfant sur dix de la tranche d'âge de 10 à 14 ans et près de deux sur cinq de la tranche d'âge de 15 à 19 ans se présentent déjà sur le marché du travail. Ces enfants qui, soit ne sont jamais allés à l'école, soit en sont sortis trop tôt ne pourront prétendre qu'à des emplois précaires, incapables de les mettre à l'abri de la pauvreté.

Quand on considère la position de l'individu dans le ménage, il apparaît que les chefs de ménage enregistrent les taux d'activité les plus élevés (84,7%25), suivies des conjointes (58,8%25). Les enfants et les ascendants (pères et mères) ont pratiquement le même niveau de taux d'activité (28,5%25 et 29,1%25). Le niveau élevé de ces taux parmi les chefs de ménages s'explique par le lien étroit qui existe entre d'une part le fait d'être à même de subvenir à ses besoins en se présentant sur le marché du travail et d'autre part, fonder son propre ménage. Ainsi, peu d'enfants travaillent en demeurant chez leurs parents. Même ceux qui résident dans la même concession forment généralement un ménage à part.

Le taux de dépendance établit à un moment donné le rapport entre le nombre de personnes en âge de travailler, qui sont sans emploi (chômeurs et inactifs) et le nombre de personnes détenant effectivement un emploi. Si on considère la population de 15 ans et plus, le taux de dépendance se situe à 0,81. En d'autres termes, un actif occupé a en charge 0,81 personne en âge de travailler, sans évidemment y inclure les enfants, c'est à dire les personnes de moins de 15 ans. Sur l'ensemble de la population, il apparaît que 2,1 personnes dépendent d'un actif occupé.

Encadré 1

Dans le cadre de cette étude, la population en âge de travailler est l'ensemble des personnes de 10 ans et plus.

Les actifs sont les personnes en âge de travailler qui ont soit un emploi (actifs occupés), soit sans emploi (chômeurs).

Une personne est considérée comme ayant un emploi si elle a travaillé au moins une heure, contre une rémunération en espèces ou en nature pendant les sept jours précédents l'enquête. Ainsi, les travaux domestiques pour compte propre ne sont pas considérés comme emploi. Par contre les domestiques rémunérés sont bien pris en compte dans le champ des emplois.

Les chômeurs au sens du Bureau International du Travail (BIT) sont des personnes sans emploi, à la recherche d'un emploi et disponibles pour travailler.

Les chômeurs au sens large sont composés d'une part des chômeurs au sens strict du BIT et d'autre part, des personnes sans emploi et disponibles pour travailler, même si elles ne recherchent plus activement un emploi (ce sont les chômeurs ou travailleurs découragés) .

Les inactifs sont les individus qui ne sont ni actifs occupés, ni chômeurs.

Le taux d'activité mesure la proportion de personnes en âge de travailler qui se présentent sur le marché du travail. Il est égal à la somme des actifs occupés et des chômeurs rapportés à la population en âge de travailler.

Le taux de chômage mesure la proportion de personnes qui se présentent sur le marché du travail et qui ne trouvent pas d'emploi. Il est égal au nombre de chômeurs rapporté à la population active.

Graphique 3 : Taux d'activité par sexe et âge

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Source : Enquête Emploi 2001, Bamako

Tableau 2 : Taux d'activité par sexe et par âge

Sexe

10-29 ans

30-49 ans

50 ans et +

Total

Homme

40,1

96,4

62,4

59,3

Femme

36,0

67,6

41,3

45,6

Total

38,0

81,8

53,5

52,4

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako

Tableau 2bis : Taux d'activité des chefs de ménage par âge

Sexe du chef de ménage

10-29 ans

30-49 ans

50 ans et plus

Total

Hommes

92,7

97,7

63,8

87,5

Femmes

59,4

72,3

41,1

59,6

Total

88,2

95,5

61,1

84,7

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako

Qui sont les inactifs ?

Dans la population de 10 ans et plus, on dénombre 363 000 inactifs à Bamako dont 25 000 sont en fait des travailleurs découragés.

Les inactifs sont constitués essentiellement de jeunes scolaires et de femmes au foyer. Trois inactifs sur cinq sont des jeunes en cours de scolarité et un sur cinq est une femme au foyer. Les invalides et les malades (7,1%25) et les retraités (3,3%25) constituent le reste des inactifs.

Sept inactifs sur dix choisissent ce statut parce qu'ils considèrent q'ils ne sont pas en âge de travailler ou n'ont pas besoin de travailler pour vivre. Il s'agit généralement de jeunes scolaires. Deux inactifs sur dix aimeraient cependant se présenter sur le marché du travail, mais ils jugent leur qualification trop faible pour obtenir un emploi. Dans ces conditions, une embellie sur le marché du travail exercerait des pressions à la hausse sur les taux d'activité et aggraverait le chômage.

La solidarité familiale joue pleinement pour aider les inactifs à subvenir à leurs besoins. Plus de neuf inactifs sur dix sont pris en charge par d'autres personnes, généralement par des membres de leur famille.

III. LE CHOMAGE

Le taux de chômage est un indicateur de tension sur le marché du travail qui marque le déséquilibre entre offre et demande d'emploi. Le taux de chômage au sens strict du BIT s'élève à 7,1%25. Ce taux atteint 12,5%25 quand le chômage est élargit aux travailleurs découragés. Le chômage affecte différemment les individus selon leur position dans le ménage. Le taux de chômage des chefs de ménage, principaux pourvoyeurs de revenus est de 3,3%25 alors qu'il est plus important pour les membres secondaires du ménage, 7,8%25 pour les conjointes et 12,7%25 pour les enfants. Si chômage affecte de manière identique les hommes et les femmes, le taux de chômage varie sensiblement en fonction de l'âge.

Profils des taux de chômage

Ce sont les jeunes actifs (15-30 ans) qui enregistrent les plus grandes difficultés à s'insérer sur le marché du travail. Avant l'âge de 15 ans, le chômage est faible dans la mesure où ces enfants exercent plutôt de petits métiers requérant peu de compétences et peu de barrières à l'entrée. Le chômage devient très faible après 35 ans. Au delà de 50 ans, le chômage féminin devient pratiquement inexistant. A cet âge, les femmes ont tendance à accepter n'importe quel emploi ou alors à se retirer purement et simplement du marché du travail.

Tableau 3 : Taux de chômage (au sens du BIT) par sexe et par âge

10-29 ans

30-49 ans

50 ans et plus

Total

Hommes

12,0

4,1

3,4

7,1

Femmes

9,4

5,3

1,9

7,0

Total

10,7

4,6

2,9

7,1

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako

Graphique 4 : Taux de chômage par sexe et par âge

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Source : Enquête Emploi 2001, Bamako

Qui sont les chômeurs ?

On dénombre environ 28 000 personnes qui sont au chômage à Bamako au sens strict du BIT. Quand on prend en compte les travailleurs découragés, le nombre de chômeurs atteint 53 000 personnes. Parmi les chômeurs au sens strict du BIT, 56%25 sont des hommes. Le chômage touchent essentiellement les jeunes puisque l'âge moyen des chômeurs est de 28,7 ans et la moitié d'entre eux ont moins de 26 ans.

Pour ce qui est de l'éducation, près de deux chômeurs sur trois ont été à l'école. Le niveau scolaire des individus au chômage est en moyenne plus élevé que celui des actifs occupés ; 45,5%25 des chômeurs sont allés au delà du primaire (contre un tiers des actifs occupés), et 6,7%25 ont au moins atteint un niveau d'enseignement supérieur.

Les difficultés d'insertion sur le marché du travail transparaissent particulièrement à travers deux catégories de chômeurs ; ceux ayant une formation technique et ceux ayant un niveau d'étude supérieur. Ces deux catégories représentent près d'un chômeur sur quatre.

Les primo-demandeurs

Les primo-demandeurs sont les personnes qui sont à la recherche d'un premier emploi. Cette catégorie compte environ 16 000 personnes dont 53%25 sont des hommes. Les chômeurs de première insertion représentent presque les deux tiers des chômeurs. Ils se caractérisent par leur relative  jeunesse, car près de huit sur dix ont moins de 30 ans et leur moyenne d'âge est de 25,9 ans.

Les primo-demandeurs sont les plus instruits ; les deux tiers ont été à l'école et ils ont un niveau d'étude moyen de 6,1 ans. Si l'on restreint à ceux ayant fréquenté l'école, la durée moyenne d'étude des primo demandeurs atteint 9,7 ans ; plus de la moitié ont atteint le niveau du lycée (55,7%25) et 13,6%25 ont eu une formation de niveau supérieur.

Les difficultés d'insertion sur le marché du travail apparaissent à travers la durée moyenne du chômage, trois ans en moyenne et deux primo-demandeurs sur trois sont au chômage depuis plus d'un an.

Les anciens actifs occupés

Les anciens actifs occupés sont au nombre d'environ 12 000 personnes dans la capitale. Cette population regroupe le plus souvent des hommes (61%25). Près d'un ancien actif occupé sur deux (47,3%25) a perdu son emploi involontairement. Il s'agit généralement de victimes de fermeture ou de restructuration d'entreprise et des compressions de personnel. Cependant plus de la moitié des anciens actifs occupés ont démissionné volontairement soit parce qu'ils étaient insatisfaits de l'emploi qu'ils occupaient, soit pour d'autres raisons d'ordre personnel.

La durée moyenne du chômage de ces personnes est également assez longue puisqu'elle est de deux ans et sept mois. Plus de la moitié des anciens actifs occupés sont au chômage de plus d'un an. Eu égard à la psychologie de ces personnes, ce chiffre doit être interprété plus comme la durée pendant laquelle les chômeurs n'ont pas eu accès à un « véritable » emploi, que comme la véritable durée du chômage, pendant laquelle les intéressés n'auraient pas exercé la moindre activité, même la plus marginale.

Cependant, même si les chiffres relatifs à la durée moyenne du chômage doivent être pris avec réserve, ils n'en constituent pas moins un indicateur de l'extrême difficulté des chômeurs à s'insérer et/ou à se réinsérer sur le marché du travail. Ce constat est confirmé par l'importance du chômage de longue durée. Malgré leur expérience, les anciens occupés éprouvent les mêmes difficultés à s'insérer sur le marché du travail que les primo demandeurs.

Tableau 4 : Caractéristiques des chômeurs et durée du chômage

Type chômeur

Sexe

Effectif

Répartition (%25)

Age moyen (année)

Année d'étude (année)

Durée moyenne du chômage (mois)

%25 chômeur de plus d'un an (%25)

Primo-demandeurs

Homme

8518

30,86

25,2

7,7

30

72,1

Femme

7424

26,90

26,6

4,2

42

61,2

Ancien occupé

Homme

7068

25,61

34,0

5,4

26

48,1

Femme

4592

16,64

29,5

4,7

39

66,4

Total

27602

100,00

28,7

5,7

34

62,1

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako

Le mode de recherche d'emploi

Pour l'immense majorité des chômeurs, la recherche d'un emploi s'effectue sur une base individuelle, soit à travers la mobilisation des réseaux de solidarités familiales (72%25), soit en prospectant directement auprès des employeurs (14%25). Moins d'un chômeur sur dix a recours aux annonces des médias (journaux, radio, etc.), et le recours aux agences de placement qu'ils soient officiel ou privés est inexistant. Les modes de prospection sont identiques que l'on soit un ancien actif occupé ou un chômeur de première insertion.

La faiblesse de l'utilisation des Services de Placement s'explique principalement par la méconnaissance de ces institutions. Les deux tiers des chômeurs ne connaissent en effet ni l'agence nationale pour la promotion de l'emploi (ANPE), ni aucun service privé de placement. Pour le tiers restant, l'essentiel de ces chômeurs pensent que cette agence ne leur serait d'aucune utilité dans l'obtention d'un emploi. Il se pose alors une véritable question sur l'adéquation des missions de cette structure par rapport aux réalités du marché du travail dans le contexte malien.

Le type d'emploi recherché

Quatre chômeurs sur dix recherchent un emploi salarié. La même proportion cherche à s'insérer à son propre compte. Les chômeurs à la recherche d'un emploi salarié justifient leur choix principalement par la sécurité de l'emploi et du salaire. Ceux à la recherche d'un emploi indépendant sont motivés par l'espoir d'un niveau de rémunération élevé. Notons enfin, que près d'un chômeur sur cinq est prêt à exercer n'importe quel type d'emploi pour sortir de cette situation.

Le tiers des demandeurs d'emploi désire travailler dans des micro-entreprises. La Fonction Publique et les entreprises publiques attirent près d'un chômeur sur cinq tandis que un sur six est attiré par une grande entreprise privée. Il est intéressant de relever enfin que plus d'un quart des chômeurs est indifférent au type d'entreprise qui l'embaucherait. Cette flexibilité est encore plus importante quand on s'intéresse à la branche d'activité puisque 45%25 des chômeurs en sont indifférents.

Prétentions salariales des chômeurs

Le revenu désiré moyen est d'environ 78 000 Fcfa par mois (59 000 Fcfa par les primo-demandeurs, 103 000 Fcfa par les anciens occupés). Cependant, sept chômeurs sur dix se déclarent prêts à réviser leurs prétentions salariales si le chômage se prolonge. Finalement, le revenu minimal acceptable est de 70 000 Fcfa par mois. Ce niveau de rémunération est supérieur aux revenus pratiqués sur le marché du travail, ce qui pourrait expliquer en partie les difficultés d'insertion.

Tableau 5 : Prétentions salariales et salaire de réservation des chômeurs

Catégorie chômeurs

Sexe

Prétentions salariales (en milliers de FCFA)

Acceptent de réviser leurs prétentions salariales (%25)

Salaire de réservation (en millier de FCFA)

Horaires hebdomadaires désirés (heures par semaine)

Primo-demandeurs

Homme

68

74,6

53

43,3

Femme

48

48,8

42

33,4

Ancien occupé

Homme

142

77,3

133

49,6

Femme

46

77,2

34

38,8

Total

78

68,9

70

41,5

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako

IV. STRUCTURE ET DYNAMIQUE DES EMPLOIS

Structure des emplois

Avec un taux d'activité de 52%25, la ville de Bamako  compte quelques 369 000 actifs occupés. Le taux de salarisation, qui est un indicateur du degré de formalisation des relations de travail, est de 28%25. Ce taux varie en fonction du secteur institutionnel et du niveau de qualification. Il est bien sûr plus élevé dans le secteur formel public (100%25), privé formel (62,6%25) et dans les entreprises associatives (73,6%25). Il est très faible dans l'informel (13,6%25). Le taux de salarisation varie aussi par sexe. Il est de 34,6%25 chez les hommes contre 19,4%25 chez les femmes. En réalité, près de sept salariés sur dix sont des hommes.

Plus de trois travailleurs sur quatre exercent un emploi dans le secteur informel. Mais on peut distinguer néanmoins quelques particularités selon l'âge. L'âge moyen des travailleurs est de 33,8 ans. Les moins de 20 ans sont majoritairement des travailleurs dépendants de l'informel. Ce statut devient marginal à partir de 30 ans. De fait, il semble être un tremplin pour un emploi indépendant ou salarié.

La répartition par secteur institutionnel des emplois est un bon indicateur synthétique de la structure du marché du travail. On distingue cinq secteurs : les administrations publiques, le secteur para-public, le secteur privé formel, le secteur informel et enfin le secteur social (structures associatives).

Les emplois publics (Administrations et entreprises) comptent un actif sur dix. Il s'agit d'un secteur très sélectif, le recrutement dans l'administration se faisant généralement par voie de concours. C'est dans ce secteur que le niveau d'étude est le plus élevé. En effet, le nombre moyen d'année d'étude réussie y est de 11,4 ans. De plus, plus d'une personne sur trois a un niveau d'étude supérieur. La conséquence en est un niveau de qualification élevé. Les emplois publics représentent plus du tiers des emplois salariés et plus de la moitié des emplois qualifiés, 67%25 des cadres supérieurs et 63%25 des cadres moyens y travaillent. C'est encore dans ce secteur que l'âge moyen est le plus élevé (41 ans), résultat associé à une très forte stabilité des emplois (10,8 ans en moyenne). Il apparaît qu'avec cet âge moyen on peut parler d'un vieillissement du personnel de la Fonction publique, résultat de la politique de recrutement restrictive en cours depuis de nombreuses années pour les besoins de l'ajustement structurel. Par ailleurs, les emplois publics sont naturellement concentrés dans des branches non marchandes. L'emploi industriel représente environ 30%25 des emplois dans les entreprises publiques.

Les emplois du secteur privé formel. Ce secteur emploie un peu plus d'une personne sur dix. Ces emplois sont relativement moins qualifiés et moins stables que ceux du secteur publics. Ils sont essentiellement concentrés dans les services (pour la moitié d'entre eux), l'autre moitié étant également répartie entre l'industrie et le commerce.

Graphique 5 : Répartition des actifs occupés par âge et par type d'emplois

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Source : Enquête Emploi 2001, Bamako

Les emplois du secteur informel. Le secteur informel demeure de loin le principal pourvoyeur d'emplois à Bamako. Il emploie près de huit personnes sur dix (en comptant aussi le personnel de maison). Ces emplois se concentrent dans des établissements de petite taille ; 91,2%25 des emplois proviennent d'unités de production de moins de 6 personnes. Ceci se traduit par le taux de salarisation le plus faible de l'ensemble des secteurs institutionnels avec 13,2%25. Ce taux fléchit même à 8,5%25 si l'on exclut du secteur informel les emplois domestiques. La précarité des emplois dans le secteur informel apparaît aussi à travers leur lieu de travail. Six emplois informels sur dix s'exercent sur la voie publique et le tiers à domicile. Environ huit emplois informels sur dix sont des emplois indépendants, essentiellement des travailleurs pour compte propre.

Quand on considère la branche d'activité, on note une prépondérance du commerce et dans une moindre mesure des services. Par ailleurs, Le secteur informel est également celui où la présence féminine est relativement la plus importante (plus d'un emploi sur deux est féminin) et où la qualification est la plus faible. 57%25 des travailleurs de ce secteur n'ont jamais été à l'école et 21%25 n'ont que le niveau de l'enseignement primaire. Sur un autre registre, on a souvent avancé l'hypothèse selon laquelle le développement du secteur informel dans les grandes agglomérations des pays en développement était le fait de migrants peu formés qui arrivaient difficilement à s'insérer sur le marché du travail formel. Cette hypothèse n'est pas confirmée dans la mesure où le secteur informel n'emploie pas plus de migrants que les autres secteurs. Mais la chose pourrait être creusée un peu plus en s'intéressant à la date d'arrivée des migrants. Le secteur informel joue un rôle fondamental dans la satisfaction des besoins des ménages. Neuf emplois sur dix des services aux ménages et des emplois commerciaux et la quasi-totalité des emplois de restauration relèvent de l'informel.

Tableau 6a : Structure des emplois par secteur institutionnel

Secteur institutionnel

Effectif

Répartition %25

Age moyen (années)

Proportion de femmes %25

Proportion de migrants %25

Années d'études réussies

Ancienneté dans l'emploi (années)

Administration publique

27 675

7,5

42,4

28,3

57,3

11,9

10,8

Entreprises publiques

9 248

2,5

41,7

26,4

53,0

9,7

11,1

Entreprises privée formelles

39 926

10,8

34,2

13,4

53,2

6,4

6,9

Entreprises privée informelles

287 862

78,1

32,1

50,8

54,8

2,8

6,9

Entreprises associatives

4 007

1,1

35,3

20,6

46,8

7,1

6,0

Total

368 718

100,0

33,4

44,1

54,7

4,1

7,3

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako.

Tableau 6b : Structure des emplois (principal) par secteur d'activité

Secteur institutionnel

Secteur primaire

Industrie

Commerce

Services aux ménages

Autres services

Total

Administration publique

-

-

-

-

100,0

100,0

Entreprises publiques

0,3

29,9

3,4

9,0

57,5

100,0

Entreprises privée formelles

1,5

26,2

26,1

10,3

35,9

100,0

Entreprises privée informelles

3,2

21,0

50,1

18,9

6,8

100,0

Entreprises associatives

4,5

4,2

12,3

16,2

62,7

100,0

Total

2,7

20,0

42,1

16,3

18,8

100,0

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako

Dynamique des emplois sur longue période

La date de prise de l'emploi actuel permet de comprendre la dynamique de création des emplois sur le marché du travail. Le temps moyen passé dans l'emploi actuel par les actifs de Bamako est de 7,3 ans. Mais la situation des différents secteurs institutionnels est contrastée. C'est dans le secteur public que la longévité est maximale et atteint 11 ans. Dans les secteurs privés formel et informel, la durée de l'emploi actuel est inférieure à 7 ans. Le tiers des travailleurs de l'informel exerce leur emploi actuel depuis moins de trois ans.

Il apparaît sur le graphique 6 que la création nette d'emploi, à l'exception du secteur informel, est en baisse dans tous les secteurs, particulièrement dans le secteur public. La politique d'ajustement structurel caractérisée par une forte restriction des recrutements dans l'Administration Publique, accompagnée de mesures vigoureuses de restructuration des entreprises publiques s'est faite sentir à partir de 1984 sur la dynamique de l'emploi dans le secteur public.

Le secteur informel est le secteur le plus dynamique en matière de création d'emplois à Bamako. En 2000-2001, près de neuf emplois créés sur dix des emplois l'ont été dans le secteur informel.

Graphique 6 : Dynamique de la création brute d'emplois par secteur institutionnel

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Source : Enquête Emploi 2001, Bamako.

La pluri-activité

Souvent mise en avant, la pluri-activité est considérée comme une stratégie des ménages et des individus pour accroître ou compenser leur revenu en période de récession. 7,2%25 des actifs occupés à Bamako déclarent avoir exercé un emploi secondaire dans la semaine de référence et 11,5%25 au cours de l'année écoulée. Ils exercent dans leur immense majorité une seule activité secondaire (86%25).

Les emplois secondaires ont le même profil que les emplois principaux. Près de la moitié des emplois secondaires sont exercés dans le commerce et près du tiers dans les services. Ces emplois secondaires sont dans leur quasi-totalité des emplois informels.

V. REVENUS DU TRAVAIL ET CONDITIONS D'ACTIVITE

D'une manière générale, le niveau des revenus du travail est faible à Bamako. Le revenu mensuel moyen dans l'activité principale est de 53 000 Fcfa et la moitié des travailleurs gagnent moins de 30 000 Fcfa par mois. Deux salariés sur cinq perçoivent moins de 22 000 Fcfa par mois (salaire minimum) à Bamako et 13%25 seulement gagnent plus de 88 000 Fcfa par mois .

Les revenus perçus et les conditions de travail renseignent sur la qualité des emplois des différents secteurs institutionnels. Or en la matière, tout oppose le secteur formel (administration, entreprises publiques, privées formelles et associatives) au secteur informel.

Les revenus du travail dans l'emploi principal

Tableau 7 :Caractéristiques de l'emploi principal par secteur institutionnel

Secteur institutionnel

Tous actifs

Travailleurs dépendants

Horaires hebdoma-daires

Revenu mensuels (milliers de FCFA)

%25 avec bulletin de paie

%25 avec contrat

%25 travailleurs permanents

Moyenne

Médiane

Horaire

Administration publique

40,8

86,9

70,0,0

0,62

94,4

87,4

98,7

Entreprises publiques

45,9

102,8

76,0

0,59

90,3

88,3

95,2

Entreprises privée formelles

50,7

110,9

50,2

0,58

47,4

44,0

92,2

Entreprises privée informelles

45,4

36,9

20,4

0,245

5,7

6,9

68,6

Entreprises associatives

45,3

84,9

51,5

0,53

56,6

61,8

93,8

Total

45,6

53,1

30,4

0,32

39,9

38,3

82,4

Source : Enquête Emploi 2001.

Dans le secteur public où l'ancienneté moyenne des salariés est la plus élevée, les revenus sont également parmi les plus élevés . Le revenu moyen mensuel est beaucoup plus important dans les entreprises publiques que dans l'administration, 103 000 Fcfa contre 87 000 Fcfa . Deux travailleurs sur cinq gagnent plus de 100 000 Fcfa par mois dans les entreprises publiques contre moins de un sur trois dans l'Administration. Par ailleurs, Ce secteur se différencie des autres par la quasi-absence du sous-emploi salarial ; en effet, 2%25 seulement des travailleurs gagnent moins que le salaire minimum.

Dans les entreprises formelles et le secteur social, les revenus moyens mensuels sont respectivement de 111 000 Fcfa et 85 000 Fcfa. Un travailleur sur dix a un salaire inférieur au salaire minimum.

Si les revenus moyens sont plus élevés dans le secteur privé formel, la dispersion y est également grande. De fait quand on s'intéresse à l'ensemble de la distribution des revenus, l'avantage est plutôt au secteur public. En effet dans ce dernier secteur, un salarié sur deux gagne plus de 76 000 Fcfa dans une entreprise publique et 70 000 Fcfa dans l'administration ; ce revenu médian est de 50 000 Fcfa dans le privé formel. Le graphique 7 qui retrace la distribution des revenus montre d'ailleurs que dans le secteur public, les revenus sont concentrés entre 35 000 Fcfa et 150 000 Fcfa (quatre salariés de ce secteur sur cinq sont dans cet intervalle) alors que dans le secteur privé, près de trois salariés sur quatre gagnent moins de 70 000 Fcfa ; même si ce secteur détient la proportion la plus importante de travailleurs ayant un revenu mensuel supérieur à 300 000 Fcfa. Cet avantage salarial en faveur du public s'explique essentiellement par la structure des emplois dans les deux secteurs. Dans le public, près de trois emplois sur quatre sont des emplois de cadres (moyens et supérieurs), alors qu'ils ne représentent qu'un cinquième dans le secteur privé formel. En outre, les écarts de salaires sont très importants dans le secteur privé formel entre d'une part les cadres et d'autre part les autres catégories de personnel alors que dans le public, les écarts sont relativement moins importants.

Enfin, le secteur privé informel, qui concentre près de quatre emplois sur cinq, a le revenu moyen mensuel le plus faible, 37 000 Fcfa , c'est à dire le tiers du revenu moyen dans le secteur privé formel. Si ce revenu moyen dans le secteur informel est supérieur au salaire mensuel minimum en vigueur (22 000 Fcfa), c'est le fait de quelques privilégiés. En effet, la moitié des travailleurs de ce secteur gagnent moins que le salaire minimum. La situation des employés de maison, avec un revenu mensuel moyen de 13 000 Fcfa, est encore plus précaire.

Si on s'intéresse aux revenus horaires moyens, l'échelle change quelque peu. Le secteur public devance alors le secteur privé (formel et informel). A titre d'illustration, le revenu moyen horaire dans l'administration publique est 2,6 fois plus élevé que dans le privé informel.

Tableau 8 : Caractéristiques de l'emploi principal selon le secteur institutionnel et la CSP

Secteur institutionnel

Effectif

Répartition %25

Ancienneté (année)

Horaires hebdomadaires

Revenu mensuel (milliers de FCFA)

Moyen

Médian

Secteur public

Cadres

26543

7,2

11,1

40,2

103,7

80,0

Employés, ouvriers

8417

2,3

11,1

45,2

63,0

59,2

Manœuvres et autres

1962

0,5

8,0

54,2

37,0

33,2

Secteur privé formel

Cadres et Patrons

19110

5,2

8,3

47,5

188,5

75,0

Employés, ouvriers

14250

3,9

6,0

51,6

53,0

45,0

Manœuvres et autres

10574

2,9

5,0

54,9

26,3

28,8

Secteur privé informel

Indépendant

224559

60,9

8,0

43,7

41,4

30,0

Employés, ouvriers

13346

3,6

5,5

53,2

34,9

32,7

Manœuvres et autres

49957

13,5

2,6

50,2

17,5

20,0

Total

368718

100

7,3

45,6

53,1

30,4

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako.

Il est également intéressant d'analyser la structure des revenus par catégorie socioprofessionnelle.

Les cadres supérieurs gagnent respectivement 189 000 Fcfa et 104 000 Fcfa par mois dans les secteurs privé et public. Une fois de plus si les salaires moyens sont favorables au secteur privé, la distribution des salaires est plutôt favorable au public où un cadre sur deux gagne plus de 80 000 Fcfa contre 75 000 Fcfa dans le privé. Il est d'ailleurs important de relever que si le revenu moyen des cadres du secteur privé est plus élevé que celui des cadres du secteur public, c'est plutôt le fait des patrons (non salariés). En effet, ces patrons font un tiers de l'effectif de la catégorie « cadres et patrons »  du secteur privé formel. Si on les ôte du groupe, le revenu moyen mensuel des cadres du privé au sens strict s'établit à 96 000 Fcfa, et est donc inférieur à celui des cadres du public.

Les salaires des employés et ouvriers du public se situent à 61%25 du salaire moyen des cadres de ce secteur et ceux du privé à 28%25 seulement du salaire moyen des cadres de leur secteur.

La situation est tout aussi contrastée parmi le groupe des manœuvres, apprentis et aides familiaux. Dans ce groupe, le niveau de revenu moyen est à 36%25 du revenu d'un cadre si l'intéressé travaille dans le public et à 14%25 seulement si c'est dans le secteur privé formel. Un manœuvre du public gagne 37%25 de plus qu'un manœuvre du privé formel et plus du double d'un manœuvre ou aide familial du secteur informel. D'ailleurs dans ces calculs, les écarts auraient été encore plus importants en défaveur du secteur informel si l'on avait intégré les quelque 15 000 aides familiaux et apprentis sans aucune rémunération

Les travailleurs indépendants (travailleurs pour compte propre et patrons) du secteur informel ont également des niveaux de rémunération faibles, beaucoup plus d'ailleurs du fait des travailleurs pour compte propre. Avec un niveau de revenu mensuel moyen de 41 000 Fcfa, ils gagnent moins que les employés et ouvriers (secteurs public et privé formel). En fait, plus de la moitié des travailleurs pour compte propre gagnent moins de 22 000 Fcfa par mois ; on peut réellement parler d'activités pour la survie.

Graphique 7 :Distribution des revenus de l'emploi principal par secteur institutionnel

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Source : Enquête Emploi 2001, Bamako.

Horaires de travail et sous-emploi

Dans cette étude, Il a été retenu comme horaire normal de travail la tranche 35-48 heures, non seulement en fonction de l'horaire normal de travail dans la sous région, mais aussi pour des raisons de comparabilité entre les différents secteurs institutionnels qui n'ont pas les mêmes exigences horaires. Un salarié du secteur formel (public ou privé) sur deux a un horaire « normal ». Ce rapport est de trois sur dix pour les travailleurs informels.

Tableau 9 : Taux de bénéficiaires de prestations par secteur institutionnel en 2001

Secteur institutionnel

Sécurité sociale

Service médical

Congés payés

Participation aux bénéfices

Primes de fin d'année

Autres primes

Avantages en nature

Secteur public

Cadres

49,2

8,3

68,6

2,8

9,6

12,0

1,8

Employés, ouvriers

44,5

4,6

56,9

1,8

12,5

2,8

1,8

Manœuvres et autres

31,6

0,0

28,1

0,0

0,0

0,0

4,3

Secteur privé formel

Cadres et Patrons

43,2

2,5

36,9

3,5

12,8

4,7

3,6

Employés, ouvriers

19,1

2,7

22,2

0,2

4,3

4,4

0,0

Manœuvres et autres

4,0

0,5

6,4

0,0

1,3

4,0

1,9

Secteur privé informel

Employés, ouvriers

5,9

0,0

5,0

0,3

2,5

0,4

1,1

Manœuvres et autres

0,1

0,4

0,1

0,0

0,1

0,0

0,4

Total

7,3

0,9

8,4

1,0

1,7

1,5

0,4

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako. Les travailleurs dépendants sont les salariés, les apprentis et les aides familiaux.

Le volume horaire de travail permet de quantifier l'importance du sous-emploi visible. Ainsi, l'ensemble de ceux qui travaillent moins de 35 heures à leur corps défendant représentent 23,2%25. Près de la moitié (46%25) de ceux qui déclarent travailler moins de 35 heures, l'expliquent par la baisse du travail suite à la mauvaise conjoncture.

L'existence d'horaires de travail excessivement élevés peut aussi être synonyme de sous-emploi, lorsque cette charge horaire est rendue nécessaire par une productivité du travail anormalement faible. On qualifie cette forme de sous-emploi de « sous-emploi invisible ». Le sous emploi invisible peut être estimé également par le niveau des revenus individuels. Il a été retenu comme indicateur de sous-emploi invisible le pourcentage d'actifs occupés gagnant moins que le salaire minimum. Cela correspond à un taux de sous-emploi invisible de 41,2%25 de la main d'œuvre si l'on ne tient pas compte des travailleurs non rémunérés ; ce taux monte à 48%25 si l'on compte également ces personnes non rémunérées. Encore une fois, c'est dans le secteur informel que cette manifestation du désajustement entre offre et demande de travail est la plus flagrante, avec plus d'une personne sur deux en situation de sous-emploi invisible.

Si maintenant on agrège les différentes composantes du sous-emploi (chômage, sous-emploi visible et sous-emploi invisible) pour obtenir un indicateur synthétique de sous-emploi, on obtient un taux de sous-emploi global de la main d'œuvre de 78,9%25, soit 291 000 personnes environ.

Ainsi, avec près de 8 personnes sur 10 sous-employées à Bamako, on peut dire que le sous-emploi du facteur travail apparaît comme le principal problème que rencontre le marché du travail, et par conséquent la principale contrainte de l'économie malienne. 

Conditions de travail et prestations des travailleurs dépendants

Comme le montre le tableau 7, plus de huit emplois sur dix sont des emplois permanents. Les emplois permanents restent très majoritaires même dans le secteur privé (formel et informel) où plus de 75%25 des emplois sont classés comme tel, malgré la présence d'une catégorie de main d'œuvre qu'on aurait pu juger comme « occasionnelle » (aides familiaux ou apprentis).

Les types de relations de travail sont également très diversifiées selon les secteurs, près de neuf travailleurs sur dix sont détenteurs de contrats de travail et de bulletin de paie dans l'Administration, alors que plus de la moitié n'en dispose pas dans le secteur privé formel. Dans le secteur privé informel, la contractualisation est exceptionnelle puisqu'elle ne touche qu'un travailleur dépendant sur quinze alors que un sur vingt possède un bulletin de paie.

VI. INSERTION DES MENAGES SUR LE MARCHE DU TRAVAIL

Dans les chapitres précédents, nous avons traité les données relatives au marché du travail en considérant les individus comme unité de base. Or, il est clair qu'un certain nombre de décisions individuelles (décision de poursuivre des études, de se porter sur le marché du travail, choix du secteur d'activité, etc.) sont prises, au moins en partie, à l'échelle des ménages. L'objectif de ce chapitre est donc d'étudier le mode d'insertion des ménages, pris comme entité spécifique sur le marché du travail.

Elaboration d'une typologie des ménages

Au vu des objectifs de l'enquête, Il a été élaboré une typologie des ménages. Il se dégage ainsi quatre classes de ménages, suivant le secteur institutionnel d'activité du chef de ménage :

  • les ménages dont le chef exerce son emploi principal dans le secteur public ;

  • les ménages dont le chef exerce son emploi principal dans le secteur privé formel ;

  • les ménages dont le chef exerce son emploi principal dans le secteur informel ;

  • les ménages dont le chef est soit inactif, soit chômeur.

Tableau 10 :Distribution des différentes catégories de ménages

%25

Type de ménages

Total

Public

Privé formel

Privé informel

Chômeur inactif

Répartition des ménages

13,5

14,8

49,6

22,0

100,0

Répartition de la population de 10 ans et plus

13,0

10,8

47,7

28,5

100,0

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako.

Cette typologie fonctionnelle ne se fonde pas directement sur le montant des revenus perçus, mais sur l'origine sectorielle de ces revenus. Il s'agit donc d'une typologie opérationnelle pour la conduite de la politique économique, notamment en matière de distribution des revenus et de création d'emplois. On trouve dans le tableau 10 la répartition des ménages par catégorie dans l'échantillon de l'enquête emploi 2001.

La répartition des ménages correspond à la répartition des emplois pour les seuls chefs de ménage. La répartition de la population de 10 ans et plus (hors domestiques et visiteurs) classe les individus suivant les mêmes critères de situation sur le marché du travail.

Les deux classes de ménages les plus nombreuses sont celles dont le chef est employé dans le secteur informel (que nous qualifierons de « ménages informels ») et celle dont le chef est inactif ou chômeur. Elles réunissent à elles plus de sept ménages sur dix.

Insertion des ménages sur le marché du travail

Dans les chapitres précédents, la structure du marché du travail a été appréhendée à partir de la classification par secteur institutionnel. L'analyse de la sous-population des chefs de ménages permet d'hiérarchiser les emplois suivant le secteur institutionnel. En fait les emplois sont organisés autour de deux pôles qui s'opposent fortement : les emplois publics et les emplois informels.

C'est dans le secteur public que se concentrent les emplois les plus qualifiés, les mieux protégés (stabilité, contrat, prestations sociales) et les mieux rémunérés. A l'autre extrémité, les emplois informels apparaissent comme l'image en négatif du cliché précédent. Entre ces deux pôles se trouvent les ménages du secteur privé formel et celui des chômeurs/inactifs. Le secteur privé formel procure à ses membres des emplois dont les caractéristiques sont proches de ceux du secteur public. Quant aux chefs de ménages chômeurs ou inactifs, leur premier point commun, c'est d'être dépourvu d'emploi.

Ces différents modes d'insertion sur le marché du travail se traduisent par des différences sensibles des caractéristiques socio-démographiques des chefs de ménage. Ainsi, les chefs de ménage chômeurs ou inactifs, montrent une plus grande « fragilité », avec une forte proportion de femmes.

Les différences d'âge entre chefs de ménage inactifs et chômeurs sont révélatrices de l'existence de deux sous-ensembles de ménages que nous avons dû agréger pour des raisons de taille d'échantillon. Finalement cette dernière classe de ménages doit plutôt être considérée comme un résidu, qui tire son unité de l'absence de revenu du chef de ménage. Malgré tout, ce problème est limité par le fait que le taux de chômage des chefs de ménage est très faible, et que par conséquent l'immense majorité d'entre eux sont plutôt inactifs.

Tableau 11 : Principales caractéristiques des chefs de ménage par type de ménages

 

Type de ménages

Total

Public

Privé formel

Privé informel

Chômeur inactif

Caractéristiques démographiques

%25 de femmes

4,7

1,2

9,3

19,3

9,8

Age moyen

44,3

39,5

41,2

51,8

43,7

Nombre moyen d'années d'études

11,4

6,7

2,6

4,4

4,7

Caractéristiques des emplois

%25 de cadres

75,0

23,7

1,7

0,0

14,6

%25 d'actifs ayant un contrat

89,3

42,9

3,6

0,0

20,3

Revenus mensuels (en milliers de FCFA)

Revenu moyen dans l'emploi principal

97

145

64

0

84

Revenu médian dans l'emploi principal

76

60

34

0

51

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako.

La forte polarisation des chefs de ménage en fonction du secteur institutionnel de l'emploi ne suffit pas à valider une typologie portant sur les ménages plutôt que sur les individus. Nous allons montrer que le secteur institutionnel de l'emploi principal du chef de ménage est un indicateur des types d'emplois occupés par les autres membres du ménage, qui souligne dans une certaine mesure une certaine forme de « reproduction » sociale.

En effet, les membres secondaires des ménages sont le plus souvent salariés quand le chef de ménage l'est lui-même. Et avec ce statut, c'est parmi les ménages dont le chef travaille dans le secteur formel (public et privé) que les revenus des membres secondaires sont les plus élevés. Ainsi, bénéficiant globalement de niveaux d'éducation plus élevés, la main-d'œuvre familiale des « ménages privés formels » et celle des « ménages publics » gagnent respectivement 76%25 et 60%25 de plus que celle des « ménages informels ». Sans chercher à faire une interprétation détaillée de tous les mécanismes en jeu, on peut mentionner comme facteurs explicatifs, l'importance du contexte familial dans l'acquisition des connaissances, ainsi que le poids des relations personnelles dans l'obtention d'un emploi sur le marché du travail.

Tableau 12 : Principales caractéristiques des membres secondaires par type de ménages

 

Type de ménages

Total

Public

Privé formel

Privé informel

Chômeur inactif

Caractéristiques des membres secondaires

Nombre d'années d'étude (conjoint)

6,0

4,2

1,6

2,4

2,8

Nombre d'années d'étude (enfants de 15 ans et +)

9,3

7,2

5,1

6,9

6,6

Taux d'activité des membres secondaires au sens strict BIT

33,5

32,8

45,1

42,8

41,2

Taux d'activité des membres secondaires au sens large

37,7

39,0

49,0

46,1

45,2

Taux de chômage des membres secondaires au sens strict BIT

10,0

13,6

8,9

10,7

10,0

Taux de chômage des membres secondaires au sens large

20,0

27,3,2

16,2

17,1

18,1

Taux de salarisation des membres secondaires

40,44,

26,4

9,5

18,9

17,7

Revenu moyen des membres secondaires (1000 FCFA) (provenant de l'emploi principal)

39

44

25

30

30

Répartition de la main-d'œuvre secondaire

Secteur public

22,9

9,2

1,6

5,1

6,0

Secteur privé formel

13,5

12,3

5,4

10,4

8,5

Secteur informel

63,6

78,5

93,0

84,4

85,5

Total

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako.

Il faut cependant se garder d'une vision trop mécaniste de la réussite professionnelle, comme l'atteste par exemple le niveau des taux de chômage des membres secondaires par type de ménage. D'ailleurs le taux de chômage est plus bas chez les membres secondaires des ménages informels. Cela pourrait être lié aux facilités de placement que ces chefs de ménages ont à insérer leurs membres secondaires dans le circuit de l'informel. Ces surplus d'emplois secondaires doivent être de toute évidence des emplois marginaux ( sous emplois invisibles) eu égard aux revenus liés à ces activités (tableau 12). Cela pourrait également être le fait d'une exigence d'emplois plus décents de la part des membres secondaires des « ménages publics » et « privés formels ». Ces derniers exigent des salaires minima respectifs de 47 000 et 45 000 Fcfa contre 34 000 Fcfa pour les membres secondaires des « ménages formels ». Notons enfin que l'informalisation n'épargne aucun secteur. Plus de six sur dix des membres secondaires occupés des « ménages publics » exercent dans le secteur informel. Le taux est encore plus élevé dans les autres secteurs.

Finalement, la typologie proposée permet de discriminer le revenu total des ménages, aussi bien en ce qui concerne son niveau que son origine. Or ces deux dimensions constituent des facteurs déterminants des modes de consommation.

Une fois additionnées, toutes les sources de revenu d'activité (emplois principaux et secondaires du chef de ménage et des membres secondaires), la hiérarchie des montants de revenus mensuels s'égrène logiquement de 179 000 Fcfa pour les « ménages privés formels » à 45 000 Fcfa pour les « ménages chômeurs/inactifs ». Lorsqu'on tient compte de la taille différentielle des ménages, les revenus restent plus élevés dans les «ménages formels», qu'on mesure cette taille en nombre total d'individus ou en nombre d'unités de consommation (UC).

Tableau 13 :Revenus d'activité des ménages par unité de consommation

En millier de FCFA par mois

Type de ménages

Total

Public

Privé formel

Privé informel

Chômeur inactif

Revenu total moyen du ménage

140

179

92

45

100

Taille moyenne du ménage

6,7

5,6

5,6

6,5

5,9

Revenu moyen par tête

21

32

16

7

17

Revenu moyen par UC

27

42

21

9

22

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako ;.

Le classement par secteur institutionnel révèle l'importance du secteur informel comme principale source de revenu des ménages. Si la quasi totalité du revenu des « ménages informels » provient du secteur informel lui-même, il contribue également pour environ 10%25 au revenu des « ménages publics » et des « ménages formels ».

Au niveau agrégé, il apparaît que plus de la moitié des revenus des ménages de la capitale provient du secteur informel.

Tableau 14 : Origine du revenu d'activité des ménages par type de ménages

%25 Origine du revenu

Type de ménages

Total

Public

Privé formel

Privé informel

Chômeur inactif

Secteur public

82,9

3,2

1,6

11,6

17,8

Secteur privé formel

4,9

87,8

2,2

15,1

25,8

Secteur informel

12,2

9,0

96,2

73,3

56,6

Total

100

100

100

100

100

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako .

VII. CARACTERISTIQUES DE L'HABITAT PAR TYPE DE MENAGES

Les caractéristiques de l'habitat comme éléments de patrimoine des ménages témoignet du niveau des conditions de vie de la population de la capitale. Le type dominant de construction à Bamako est la « concession » avec des murs en ciment pour deux tiers et un tiers en banco ou d'autres matériaux locaux. Seul un ménage sur quatre dispose d'une chasse d'eau. Plus important encore, plus de six ménages à Bamako sur dix ne sont pas raccordés au réseau électrique et plus d'un tiers ne disposent pas de l'eau courante.

Par ailleurs, le taux d'équipement est faible. Moins d'un ménage sur six disposent d'une voiture, et moins d'un sur dix d'un téléphone fixe. Par rapport aux nouvelles technologies, l'usage du téléphone portable est moins d'un ménage sur vingt alors que celui des ordinateurs est inexistant. Notons toutefois que huit ménages sur dix possèdent une radio, un ménage sur deux un téléviseur et un ménage sur cinq un réfrigérateur.

Tableau 15: Principaux éléments de l'habitat discriminant les catégories de ménages

%25

Type de ménages

Total

Public

Privé formel

Privé informel

Chômeur inactif

Mur en dur

75,0

75,5

54,8

60,6

61,6

Accès à l'électricité

63,8

55,3

28,4

43,0

39,8

Accès à l'eau courante

68,3

68,4

59,3

61,8

62,3

Aisance avec chasse eau privée (interne +externe)

21,6

20,2

8,5

11,2

12,5

Aisance avec chasse eau privée ou collective

33,1

36,2

22,7

24,1

26,3

Type de logement (concession)

64,5

62,2

71,1

69,9

68,7

Combustible utilisé (charbon)

54,6

52,4

51,7

44,9

50,9

Nombre moyen de pièces

4,0

3,3

2,7

3,7

3,2

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako .

Les conditions d'habitation discriminent les catégories de ménages.

La comparaison des conditions d'habitation suivant la typologie de ménages présentée au chapitre précédent est une occasion d'en tester la validité. Le test est positif, dans la mesure où des différences significatives apparaissent. Les quatre classes de ménages se regroupent autour de deux pôles, les «  ménages publics », « privés formels » et « inactifs/chômeurs » d'une part, et les « ménages informels » de l'autre. Les premiers étant les mieux pourvus en éléments de confort du logement. L'opposition entre « ménages publics » et « ménages informels » est assez marquée.

L'accès à un certain nombre de services publics de base comme l'électricité et l'eau courante à l'intérieur du logement différencie fortement les catégories de ménages. Par exemple, alors que près de sept « ménages publics » sur dix utilisent l'électricité comme principal mode d'éclairage, cette proportion tombe à un peu moins de trois « ménages informels » sur dix. En ce qui concerne l'adduction d'eau, les écarts sont moins importants peut-être à cause du coût relativement faible de l'eau et par l'absence de réseau d'adduction d'eau dans certains nouveaux quartiers périphériques, habités essentiellement par les nantis.

Quant aux autres éléments de confort, les écarts deviennent plus importants quand le coût de l'équipement est relativement élevé. Ainsi, neuf « ménages publics » sur dix possèdent une radio contre huit sur dix pour les « ménages informels ». Par contre, la part des propriétaires de voiture ou de réfrigérateur est 3 à 4 fois plus élevée dans la première catégorie de ménages que dans la seconde.

Tableau 16: Principaux éléments d'équipement discriminant les catégories

de ménages

Equipements

Type de ménages

Total

Public

Privé formel

Privé informel

Chômeur inactif

Voiture

30,8

27,8

8,6

10,1

14,7

Moto

48,4

38,4

27,6

21,3

30,8

Vélo

25,0

20,6

20,3

15,1

20,0

Radio

91,9

89,5

80,3

82,0

83,5

TV

76,8

60,6

36,0

45,9

46,9

HI-FI

17,0

15,2

3,4

5,3

7,3

Magnéto

28,3

27,8

8,3

9,0

14,0

Réfrigérateur

39,0

33,3

11,2

20,8

19,9

Cuisinière

15,9

19,6

4,4

6,4

8,5

Climatiseur

8,9

9,5

1,2

2,2

3,6

Ventilateur

51,3

44,1

17,0

25,8

27,2

Machine à coudre

10,1

8,2

3,6

4,4

5,3

Téléphone fixe

16,0

14,7

4,3

10,6

8,5

Téléphone portable

8,6

10,8

2,7

1,1

4,4

Ordinateur

2,6

3,8

0,6

0,8

1,4

Maison en location

8,7

7,0

4,5

7,5

6,0

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako .

Ces résultats tendent à prouver l'existence d'une véritable différenciation sociale des ménages, qui dépasse la simple hétérogénéité des niveaux de rémunération individuelle. En effet, l'existence des différences significatives de revenus du travail à un moment donné n'est pas à priori incompatible avec de faibles écarts des niveaux de « revenu permanent ». 

Par ailleurs, la mobilité professionnelle au cours du cycle de vie, notamment entre secteurs formel et informel, pourrait venir brouiller le profil du revenu individuel inter-temporel. Enfin, le ménage, pouvant présenter plusieurs personnes sur le marché du travail et dont le revenu est d'origine composite, est une autre source de compensation des inégalités individuelles. En fait, tous ces facteurs ne suffisent pas à égaliser les revenus permanents, et sans doute encore moins les patrimoines, entre les quatre classes de ménages.

Un accès limité à la propriété

Si plus de 46%25 des ménages sont propriétaires de logement, seulement 27,5%25 détiennent un titre foncier. A la suite de la propriété, la location est l'autre mode d'occupation dominant. Quatre ménages sur dix sont en location à Bamako. Enfin, près d'un ménage sur dix est logé par la famille ou des amis. Cette situation qui est un indicateur de précarité en d'autres endroits est un signe de solidarité dans la société malienne puisque toutes les catégories de ménage en bénéficient. Globalement, les modalités d'accès au logement varient peu en fonction du type de ménage. Quant on les compare aux autres catégories, les « ménages d'inactifs et chômeurs » sont le plus souvent propriétaires ou logés gratuitement. De plus quand ils sont propriétaires, une proportion importante détienne un titre de propriété. A contrario, les trois autres catégories de ménages sont soit propriétaires, soit locataires. Peu de ménages sont logés par l'employeur. Cependant, il est intéressant de relever que les ménages publics sont autant à être logés par l'employeur que les ménages informels (2,7%25). Cela s'explique par le fait que certains travailleurs informels dorment sur leur lieu de travail. Il devient alors difficile de distinguer « les véritables logés gratuits » des gardiens.

Tableau 17: Mode d'occupation des logements par catégorie de ménages

%25

Type de ménages

Total

Public

Privé formel

Privé informel

Chômeur inactif

Propriété avec titre foncier

28,3

26,7

24,0

37,9

27,5

Propriété sans titre foncier

20,1

19,3

17,1

23,3

19,0

Location

40,6

44,3

43,2

25,3

39,7

Logé par l'employeur

2,9

2,3

2,7

1,2

2,4

Logé gratuitement par tiers

7,6

6,9

11,5

10,3

10,1

Location vente

0,5

0,4

1,7

0,6

Autres modes d'occupations

0,5

1,1

0,3

0,7

TOTAL

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako

VIII. TRAJECTOIRES ET PERSPECTIVES

L'enquête emploi 2001 permet d'aller au-delà de l'identification de la structure actuelle du marché du travail, aussi bien dans un sens rétrospectif que prospectif. En particulier, elle donne des éléments pour quantifier les caractéristiques de la mobilité sociale inter-générationnelle, ainsi que le degré d'adéquation entre emplois exercés et types d'emplois désirés.

La mobilité sociale entre générations

La question de la mobilité entre générations se situe au cœur de la problématique économique et sociale, puisque c'est à travers elle que l'on peut juger de l'efficacité réelle d'un des principes fondateurs des sociétés modernes : celui de l'égalité des chances et du mérite.

En interrogeant sur leur père l'ensemble des individus de 15 ans et plus présents dans l'enquête emploi 2001 à Bamako, on dispose d'éléments de réponse à cette question de la dynamique sociale. Nous aborderons ici cette question sous deux angles, l'éducation et l'emploi.

La mobilité scolaire

Dans le chapitre I, le graphique 2 mettait en évidence une baisse constante des personnes non instruites au cours du temps. En élargissant le diagnostic sur une plus longue période, puisque certains pères sont nés au début du siècle, on constate une nette amélioration en matière de scolarisation. Ainsi, les habitants de la capitale jouissent en moyenne de plus de 2,5 ans d'étude que leur père . Si on exclut la classe des 15-29 ans, dont une partie fréquente encore l'école, on constate que leurs enfants on fait presque 3 ans d'étude plus que leur père. On retrouve ici (comme dans le chapitre I) des inégalités entre garçons et filles, les écarts entre fils/père étant plus importants que les écarts fille/père.

Environ quatre bamakois de 15 ans et plus sur dix ont fait plus d'étude que leur père (38%25) et plus de quatre sur dix (46,1%25) ont au moins le niveau d'éducation de leur père. En fait seulement 15,8%25 des individus ont un niveau d'étude inférieur à celui de leur père.

Tableau 18 : Nombre moyen d'années d'étude du père et de ses enfants selon la génération et le sexe

Age des enfants

Père

Fils

Père

Fille

Père

Enfant

15-29 ans

2,9

6,2

2,3

4,1

2,6

5,0

30-44 ans

1,6

5,7

2,8

3,5

1,8

4,7

45-59 ans

1,2

5,6

1,5

2,9

1,3

4,4

60 ans et plus

1,0

2,7

0,5

1,0

0,8

2,0

Total

1,9

5,7

2,0

3,6

2,0

4,6

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako .

Tableau 18 bis :Nombre moyen d'années d'études du père et de ses enfants selon la migration

Age des enfants

Père

Enfant natif de la capitale

Père

Enfant migrant

Père

Enfant

15-29 ans

3,1

5,8

2,0

3,7

2,6

5,0

30-44 ans

2,5

5,7

1,3

3,7

1,8

4,6

45-59 ans

2,0

5,6

1,1

3,9

1,3

4,4

60 ans et plus

1,5

2,9

0,6

1,8

0,8

2,0

Total

2,7

5,7

1,4

3,6

2,0

4,6

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako..

Le niveau d'éducation des enfants est lié à leur lieu de naissance. En effet, les natifs sont plus instruits que les migrants et l'écart entre père et fils est plus marqué chez les migrants que chez les natifs. Cela semble lié à l'arrivée de beaucoup de ruraux analphabètes qui s'installent à Bamako, dont les enfants ont plus de chance d'aller à l'école.

Quand on considère la mobilité scolaire, le tableau 19 met en évidence la corrélation positive existant entre d'une part le niveau d'instruction du père et d'autre part l'accès à l'école et le niveau d'instruction de leurs enfants. Ainsi, six enfants sur dix dont le père n'a pas été à l'école n'y sont pas allés non plus et cette proportion baisse constamment quand le niveau d'étude du père s'élève. Par ailleurs, pour les enfants dont le père a un niveau universitaire, la moitié d'entre eux a le niveau du secondaire et plus d'un quart a aussi un niveau universitaire. A l'opposé, 13%25 seulement des enfants dont le père n'a pas été à l'école ont un niveau secondaire et 6%25 ont un niveau universitaire.

Tableau 19 :Table de mobilité scolaire

Père

Enfant

Au moins autant que leur père

Nombre d'année en plus

Pas école

Fondamental 1

Fondamental 2

Secondaire

Universitaire

Total

Pas école

62,2

14,9

10,4

6,5

6,1

100

99,9

3,3

Fond 1

39,2

22,1

13,5

13,0

12,2

100

49,5

5,2

Fond 2

18,4

21,7

24,8

24,1

11,0

100

43,4

1,5

Secondaire

10,7

23,4

22,9

26,5

16,6

100

33,8

0,6

Universitaire

11,8

17,4

19,9

22,9

27,9

100

5,5

0,1

Total

52,5

16,7

12,3

9,7

8,8

100

77,0

3,4

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako.

La mobilité professionnelle

L'étude de la mobilité sociale consiste à quantifier et comprendre les mécanismes de transmission du statut social d'une génération à la suivante. Elle se fonde sur les tables de mobilité sociale qui peuvent être relatives à la branche d'activité, la catégorie socioprofessionnelle, etc.

Tableau 20 :Table de mobilité intergénérationnelle suivant la branche d'activité

Branche du père

Branche d'activité

Agriculture

Industrie

Commerce

Service

Total

Agriculture

4,8

19,4

41,1

34,7

100,0

Industrie

2,0

38,3

36,7

23,1

100,0

Commerce

1,7

19,5

56,5

22,3

100,0

Service

1,3

21,3

32,4

44,9

100,0

Total

2,9

21,2

41,0

34,9

100,0

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako.

La structure des emplois selon la branche d'activité connaît une certaine évolution entre la génération des pères et celle de leurs enfants. Pour les pères, l'agriculture (avec quatre emplois sur dix) et les services (avec un emploi sur trois) sont prédominants. Pour les enfants, si les services conservent leur deuxième place dans des proportions quasi-identiques, le commerce (avec quatre emplois sur dix) se substitue à l'agriculture qui n'est pratiquée que par moins de 3%25 des enfants. De fait, il y a une certaine déformation des emplois selon la branche d'activité puisque seulement trois enfants sur dix exercent dans la même branche que leur père.

C'est par contre au niveau de la catégorie socioprofessionnelle et du secteur institutionnel qu'on note une forte inertie entre les générations des parents et celles des enfants puisque plus de six personnes sur dix se retrouvent dans la même catégorie socioprofessionnelle que leur père. Les résultats mettent en évidence la difficulté qu'ont les parents issues des couches défavorisées de la population à permettre à leurs enfants de se hisser à des niveaux élevés de la hiérarchie sociale. Ainsi, la probabilité pour un enfant de cadre d'être lui même cadre est de 31%25 ; par contre cette même probabilité n'est plus que de 9%25 et 7%25 respectivement pour les employés qualifiés et non qualifiés. Ce phénomène peut être vu au travers d'une autre statistique. Les enfants dont les pères exercent dans l'administration publique ont une probabilité de plus de 43%25 de travailler soit dans l'administration, soit dans une entreprise formelle, cette probabilité est inférieure à 20%25 quand le père a un emploi dans le secteur informel. En d'autres termes, les enfants des parents travaillant dans le secteur informel ont plus de huit chances sur dix d'y travailler également.

En théorie, cela ne devrait pas être le cas puisque l'école offre une égalité de chances à tous. Toutefois, l'analyse de la mobilité scolaire que l'on a examiné ci-dessus montre bien que l'école est plus fréquentée par les enfants de parents ayant eux-mêmes un bon niveau d'instruction. De plus même si l'école était fréquentée uniformément par tous, la question de l'égalité des chances ne serait toujours pas tranchée. En effet, le type d'école (privée ou publique), l'encadrement à domicile et bien d'autres facteurs entrent en jeu et tendent tous à favoriser les enfants issus de couches favorisées.

Tableau 21 :Table de mobilité intergénérationnelle suivant la catégorie socioprofessionnelle

CSP du père

Catégorie socioprofessionnelle

Cadre

Employé, ouvrier qualifié

Salarié non qualifié

Non salarié

Total

Cadre

31,2

10,1

10,5

48,2

100

Employé, ouvrier qualifié

8,9

10,3

10,1

70,7

100

Salarié non qualifié

7,4

5,6

15,4

71,6

100

Non salarié

6,8

4,8

11,9

76,5

100

Total

10,7

6,0

11,8

71,5

100

Source : Enquête Emploi 2001, Bamako

Le type d'emplois désiré par les jeunes générations

Le degré de satisfaction des actifs occupés pour l'emploi qu'ils exercent ou le type d'emplois recherchés par les chômeurs ou espérés par les inactifs qui veulent s'insérer sur le marché du travail mérite une attention particulière, compte tenu de l'importance fondamentale des anticipations des agents sur la dynamique économique globale. Plus spécifiquement, la nature des désajustements entre emplois proposés et emplois désirés donne une mesure des rigidités potentielles sur le marché du travail, pouvant jouer sur le taux d'activité, le chômage ou les rémunérations. Nous centrerons nos analyses sur les jeunes de 15 à 24 ans, dans la mesure où cette génération constitue la frange la plus importante de ceux qui viennent d'entrer ou vont entrer sur le marché du travail au cours des toutes prochaines années.

L'agglomération de Bamako compte environ 230 000 jeunes de 15-24 ans. Parmi eux, 97 000 sont en activité dont un peu plus de 10 000 sont au chômage. Le taux de chômage chez ces jeunes est de 10,8%25 au sens strict BIT. Si on y intégrait les travailleurs découragés, on aurait quelque 107 000 jeunes en activité et le taux de chômage (au sens large) serait de près de 20%25. Ce niveau est supérieur de plus de trois points à la moyenne nationale pour l'indicateur du BIT et de sept point au sens large.

Chez ceux qui ont un emploi, plus de la moitié (55,6%25) se déclarent satisfaits du poste qu'ils occupent et n'en rechercheront pas d'autre dans un avenir proche. En revanche, environ quatre jeunes travailleurs sur dix désirent obtenir un nouvel emploi, soit en changeant d'entreprise, soit par des mécanismes de promotion interne au sein de l'établissement dans lequel ils travaillent.

Le fort niveau d'insatisfaction par rapport à l'emploi exercé décroît avec l'âge. On peut voir dans ce phénomène l'effet « normal » du cycle de vie, où l'expérience professionnelle et l'ancienneté dans l'emploi doivent permettre aux jeunes d'accéder à des emplois de meilleure qualité.

Tableau 22 :Emploi désiré par les jeunes et création d'emploi  

CSP du père

Secteur institutionnel

Administration

Entreprise publique

Secteur privé formel

Secteur informel

Total

Emploi désiré par les jeunes

32,8

6,0

15,8

45,5

100

Emplois créés en 2000-2001

3,5

1,4

9,8

85,3

100

Catégorie socioprofessionnelle

 

Cadre supérieur

Cadre moyen

Ouvrier qualifié

Ouvrier non qualifié

Manœuvre

Patron

Compte propre

Autre non salarié

Total

Emploi désiré par les jeunes

22,1

19,8

5,7

2,6

2,7

10,0

36,9

0,2

100,0

Emplois créés en 2000-2001

2,7

3,5

4,0

6,4

16,1

3,3

51,4

12,4

100,0

Source: Enquête Emploi 2001, Bamako. Les "jeunes" sont les personnes âgées de 15 à 24 ans qui désirent s'insérer sur le marché du travail ou changer d'emploi.

Lorsqu'on interroge les jeunes sur leurs projets professionnels, on note un désajustement entre leurs préférences et les opportunités réelles d'emplois. Le secteur public (administration et entreprises publiques), qui n'a créé que 5%25 des emplois en 2000-2001 attire le tiers des jeunes chômeurs. Parallèlement, le secteur informel, principal pourvoyeur d'emplois en 2000-2001 avec 85,3%25 des emplois créés, attire moins de la moitié des jeunes.

L'analyse en terme de catégorie socioprofessionnelle confirme « l'irréalisme » des jeunes. 22,1%25 des jeunes de 15-24 ans se voient cadres, alors que moins de 3%25 des postes offerts par le marché sont des postes de cadres. Parallèlement, près de 5%25 seulement des jeunes désirent être ouvriers non qualifiés ou manœuvres alors que ces deux catégories représentent plus de 20%25 des opportunités d'emplois.

METHODOLOGIE

L'enquête 1-2-3 est un dispositif de trois enquêtes ayant pour objectif d'appréhender l'activité économique des membres des ménages, les activités informelles et la consommation et les conditions de vie des ménages. La première phase de cette enquête, l'enquête emploi qui fait l'objet du présent rapport, s'est assigné comme objectif :

  • de fournir les principaux indicateurs pour décrire la situation des individus et des ménages sur le marché du travail ;

  • de servir d'enquête filtre pour les phases 2 et 3 (activités informelles et consommation et conditions de vie des ménages).

Plan de sondage

Les expériences antérieures ont conduit à retenir un échantillon de 2 500 ménages « représentatif » de la population de l'agglomération de Bamako. Le premier élément du plan de sondage a été la délimitation du champ de l'enquête.

Sur le plan géographique, c'est la ville économique qui est retenue. Il s'agit de la "ville administrative" et des petites localités qui y sont directement rattachées et avec lesquelles il y a des échanges économiques fréquents.  Pour ce faire, un minimum de travaux cartographiques ont été nécessaires. Par ailleurs, les ménages de diplomates, de travailleurs non maliens des organisations internationales et les ménages collectifs (casernes, internats, etc.) sont exclus du champ de l'enquête.

Le plan de sondage consiste en un sondage stratifié à deux degrés. Les strates sont les six communes de la ville de Bamako. Les petites localités environnantes (dites localités péri-urbaines) mentionnées ci-dessus sont rattachées à la commune la plus proche (celle à laquelle elles sont connexes).

Au premier degré, il a été retenu de tirer 125 sections d'énumération (SE) proportionnellement à leur taille (en nombre de ménages) au RGPH de 1998. Ces sections d'énumération sont des unités aréolaires de 200 ménages environ. Elles ont été délimitées lors du RGPH de 1998. Il est à noter que l'essentiel de ces SE périurbaines se trouvent en commune 1 (quartiers de Dialakorodji, Sangarébougou, Saranbougou et Titibougou)  et en commune 5 (où 10 SE ont été retenues). Il s'agit des SE de Kalabankoro. Quatre SE ont également été retenues en commune 4 et en commune 6 (villages de Kalabancoro et de Sanankoro).

Ainsi la base de sondage retenue pour l'enquête 1-2-3 se présente comme suit :

Localité

SE Bamako

SE péri-urbaine

Nombre SE Total

commune 1

244

23

267

commune 2

105

0

105

commune 3

74

0

74

commune 4

170

3

173

commune 5

161

10

171

commune 6

202

1

203

Total

956

37

993

Pour ce qui est du tirage au premier degré, il a été retenu de tirer au moins 20 SE par commune, ce qui correspond à 400 ménages. Les 5 SE restant ont été reparties entre les communes les plus peuplées. Le nombre de SE tirées par commune se présente comme suit :

Localité

Nombre SE

Nombre de ménage à enquêter par commune

Nombre total de ménage du RGPH_98

Nombre SE à tirer

commune 1

267

440

31 420

22

commune 2

105

400

14 265

20

commune 3

74

400

13 481

20

commune 4

173

400

24 271

20

commune 5

171

420

28 717

21

commune 6

203

440

30 389

22

Total

993

2500

142 543

125

La base de sondage a été mise à jour à l'aide d'un dénombrement exhaustif des SE tirées au premier degré. Au second degré, 20 ménages ont été tirées dans chaque SE par sondage aléatoire simple. Après l'enquête, 2 409 questionnaires ménages ont finalement été validées.

Les questionnaires

Le questionnaire est constitué de deux formulaires, une fiche-ménage où sont collectées l'ensemble des caractéristiques socio-démographiques de chaque membre du ménage, les conditions d'habitat et l'équipement en biens durables ; et un questionnaire individuel pour chaque individu de 10 ans et plus. Le questionnaire individuel est composé de 6 modules, permettant de caractériser la situation de chaque individu vis-à-vis du marché du travail. Ils se succèdent dans l'ordre suivant :

  • le module activité décompose la population en âge de travailler en trois catégories : actif occupé, chômeur, inactif ;

  • le module emploi principal fournit les principales caractéristiques liées à cet emploi ; 

  • le module emploi secondaire donne les mêmes informations pour le plus important des emplois exercés simultanément avec l'emploi principal, ainsi que le nombre total d'emplois secondaires;

  • le module chômage fournit des informations sur la durée du chômage, le type d'emploi recherché et le mode de recherche, les prétentions salariales, etc. ;

  • le module trajectoire et perspectives décrit le premier emploi exercé (trajectoire professionnelle), la situation d'activité du père de l'enquêté lorsque l'enquêté avait 15 ans (trajectoire sociale) et son désir éventuel de changer d'emploi (raison, type d'emploi désiré) ;

  • le module revenu hors emploi permet de saisir les revenus de l'individu autres que les revenus d'activité.

LISTE DES SUPERVISEURS

1

Tahirou Gagni Kanté

2

Isidore Camara

3

Moussa Coulibaly

4

Souleymane Traoré

5

Abdoul Karim Diawara

6

Kissima Dicko

7

Ali Sadou Cissé

8

Mamadou Bagayoko

9

Abdrahamane Traoré

10

Yacouba Traoré

LISTE DES ENQUETEURS

LISTE DES ENQUETEURS (suite)

1

ABDOULAYE SAMAKE

26

MAMADOU TOGOLA

2

ALASANE TAMBOURA

27

MARIAM MOULAYE DIARRA

3

ALAYE SANGARE

28

Mme DOUMBIA FANTA SIDIBE

4

ALIMA AGHALI MAIGA

29

Mme FOFANA FANTA GOUNDOUROU

5

AMADOU N'DIAYE

30

Mme SIDIBE SEINABOU CISSE

6

AWOYE DICKO

31

Mme TRAORE YAYIDE D. DOLO

7

BABA SIDIBE

32

MOHAMED SYLLA

8

BADARA ALI KONE

33

MORY TRAORE

9

BARO DIARRA

34

MOUSSA KONE

10

BORGO DITE YAYI TOURE

35

MOUSSA SAKO

11

DAOUDA ONGOIBA

36

MOUSSOKORO TRAORE

12

DIAMINATOU COULIBALY

37

NOUHOUN DIARRA

13

DJENEBA DIARRA

38

OUSMANE TAMBOURA

14

DJENEBA SANOGO

39

RHOKIA COULIBALY

15

DRISSA DIAKITE

40

ROKIA MAGASSA

16

FABLAN DOUMBIA

41

SALAH KONIMPO

17

FATIM HAIDARA

42

SANATA THIERO

18

FATOUMATA SAMAKE

43

SEYDOU TANGARA

19

FOUSSEINI SOUMANO

44

SIDIKI PIERRE TRAORE

20

ISSA DAGNON

45

SOULEYMANE SALL

21

KOROTOUMOU KONE

46

TATA HAIDARA

22

MAHAMAR SIKABAR

47

YOUMA TRAORE

23

MAIMOUNA COULIBALY

48

YOUSSOUF ABACAR

24

MAKY TRAORE

49

YOUSSOUF SANOGO

25

MAMADOU KONE

50

ZANKE DIARRA

L'agglomération de Bamako, au sens de cette enquête est définie comme la ville administrative, les six communes du district, auxquelles ont été ajoutées quelques zones périphériques contiguës (voir la partie Méthodologie à la fin du présent rapport).

Définition des catégories de ménage : les ménages nucléaires monoparentaux comprennent un des parents (le père ou la mère) et leurs enfants. Les ménages monoparentaux élargies comptent un des parents (le père ou la mère), leurs enfants et d'autres personnes apparentées ou non au chef de ménage. Les ménages élargis comprennent soit les familles de polygames (quand une personne vit avec plusieurs de ses épouses sous le même toit), soit les deux conjoints, leurs enfants et d'autres personnes apparentées ou non au chef de ménage. La présence de domestiques n'interfère pas sur ces définitions.

Il n' y a pas d'homme conjoint.

Les prétentions salariales correspondent au montant du revenu désiré, déclaré spontanément par les chômeurs, pour l'emploi qu'ils recherchent. Le salaire de réservation est le niveau de revenu minimum en deçà duquel les chômeurs déclarent ne pas vouloir descendre.

Branches : le secteur primaire comprend l'agriculture, élevage, pêche, sylviculture. L'industrie comprend les industries manufacturières et extractives et les BTP. Le commerce comprend le commerce de gros et de détail. Les services aux ménages comprennent les services de réparation, les hôtels et restaurants, les activités de récréation, touristiques et les services domestiques. Les autres services comprennent les services aux collectivités, les services aux entreprises, les banques et les services financiers, télécommunication et transport.

Par rapport au tableau précédent, le secteur public regroupe l'administration et les entreprises publiques, et le secteur privé formel les entreprises privées formelles et associatives

Les membres secondaires du ménage sont tous ceux qui ne sont pas chef de ménage. On a enlevé aussi du champ tous les visiteurs et domestiques.

Revenus provenant des activités principales + secondaire. Le champ couvre l'ensemble de la population sauf les domestiques et les visiteurs. L'échelle de consommation : 0,5 pour les individus de moins de 15 ans, 1 pour les autres

Le nombre d'année d'études correspond au nombre d'années théoriques nécessaires pour atteindre la dernière classe fréquentée

La colonne « au moins autant que leur père » correspond au %25 de jeunes de 15 à 24 ans qui ont effectué un nombre d'années d'études supérieur ou égal à leur père. L'amélioration du niveau d'étude d'une génération à l'autre est sous-estimé car un certain nombre de jeunes n'ont pas encore terminé leur scolarité.

Le tableau porte sur les actifs de 15 ans et plus dont on connaît la branche d'activité du père (lorsque la personne avait elle même 15 ans),

43

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