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Deuxième partie : Projections sectorielles et programmation... |
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Deuxième partie : Projections sectorielles et
programmation financière
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I. Evolution du secteur réel en Tunisie :
Les grandes tendances de la période
1970–921
1. Evolution de la situation économique et
financière avant les réformes
Pendant la période 1970–80, l’économie
tunisienne s’est développée rapidement à un taux
annuel moyen de 7,4 %, et les autorités ont pu
maintenir à la fois la stabilité financière à l’intérieur
et une position solide de balance des paiements.
La croissance de l’économie tunisienne s’est
accompagnée d’une intensification du rôle de
l’Etat : augmentation de la part des dépenses
publiques dans le PIB, développement du secteur
des entreprises publiques qui a fini par dominer
plusieurs branches d’activité, mise en place d’un
système généralisé de contrôles et de diverses
incitations ayant pour objet d’orienter
l’investissement privé. La concurrence étant limitée
sur le marché intérieur, la plupart des prix étaient
réglementés en vue de protéger le consommateur.
A partir de 1981, la situation économique et
financière de la Tunisie s’est nettement dégradée.
Par suite d’une baisse tendancielle de la production
de pétrole, du fléchissement de la production
minière et manufacturière et de l’effet sur les
secteurs agricole et agro-industriel de mauvaises
conditions climatiques récurrentes, l’activité
économique s’est ralentie, le taux de croissance
annuel s’établissant en moyenne à 3,3 % au cours
de la période 1981–86. En même temps, les
déséquilibres intérieurs et extérieurs se sont
sensiblement aggravés sous l’effet d’une politique
financière expansionniste, ainsi que du recul des
termes de l’échange (fortement dépendants des prix
mondiaux du pétrole). Les autorités ont réagi à ces
pressions en intensifiant le contrôle des prix, les
restrictions à l’importation et la réglementation des
investissements, ce qui a abouti à une rigidité
croissante du système économique et à des
distorsions de plus en plus aigues.
Au cours des années 1981–84, les autorités ont
laissé la demande intérieure s’accroître à un taux
dépassant nettement le taux de croissance du PIB.
Alors qu’en 1981, l’accélération de la demande était
due essentiellement à une augmentation de
l’investissement, en 1982–84 elle est venue
entièrement de la consommation, alimentée par la
forte majoration de la masse salariale dans
l’économie et par d’importants transferts de l’Etat
aux entreprises et aux ménages. En conséquence,
entre 1980 et 1984, l’épargne intérieure brute est
tombée de 24,0 % du PIB à 20,3 %.
2. Réformes structurelles
a. Objectifs et stratégie
Le programme ambitieux de réformes
structurelles que le gouvernement a lancé en 1986
visait à améliorer l’allocation des ressources en
passant rapidement à une économie de marché,
tout en favorisant la croissance par une stratégie
axée sur l’exportation étant donné l’étroitesse du
marché intérieur. Afin de porter la compétitivité
au niveau nécessaire pour que cette stratégie
réussisse, les autorités ont cherché à renforcer la
productivité globale par une intensification de la
concurrence, tout en encourageant la mobilisation
des ressources et leur orientation vers
l’investissement productif. Les principaux
éléments du programme de réformes étaient les
suivants : libéralisation des prix et des échanges,
des taux d’intérêt et de l’investissement,
rationalisation des incitations à l’investissement et
réforme du secteur des entreprises publiques.
b. Libéralisation des prix
Les prix de la grande majorité des produits
étaient réglementés en 1986 en Tunisie, à
7
127
Projections de l’offre, de la demande
et des prix
CHAPITRE
1Cf. Nsouli et al. (1993).
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l’exception de la plupart des produits agricoles dits
non sensibles.
Dans le cadre de la réforme, les prix au
producteur agricole ont été libéralisés les premiers.
Pour les produits encore réglementés au début de
1986, notamment les céréales, les pouvoirs publics
ont régulièrement relevé les prix au producteur dans
des proportions qui dépassaient l’inflation, de façon
à encourager la production intérieure. L’objectif
visé, qui était d’assurer pour les céréales la parité
avec le prix mondial des importations (fret et droit
minimum d’importation de 15 % inclus), a été
atteint en 1988.
La Tunisie a ensuite amorcé la libéralisation des
prix à la production dans le secteur manufacturier,
avec pour objectif de libéraliser avant 1991 tous les
prix à la production dans le secteur industriel, sauf
pour certains produits jugés stratégiques ou sensibles
(produits pétroliers, services d’utilité publique,
huiles comestibles et dérivés des céréales). Pendant
une première phase de libéralisation rapide des
importations (de septembre 1986 au début de
1988), le contrôle des prix à la production dans le
secteur manufacturier a été aboli pour des biens
représentant quelque 55 % de la production
manufacturière. Après un ralentissement de l’effort
en 1989–91, l’adoption de la législation sur la
concurrence et la distribution et les progrès
accomplis dans l’élimination des contrôles de
l’investissement ont permis d’accélérer à nouveau le
processus de libéralisation des prix à la production
du secteur manufacturier. Au début de 1993, les prix
avaient été libéralisés pour des biens représentant
87 % de la production de biens manufacturés.
Au milieu de 1988, la libéralisation des prix avait
été étendue au stade de la distribution, où les
marges étaient réglementées. La libéralisation, plus
lente que prévue, s’est accélérée à la fin de 1991.
Ainsi, au début de 1993, les contrôles applicables
aux marges de distribution avaient été supprimés
pour des biens représentant plus de 75 % de la
production, contre 30 % en 1991.
La nouvelle loi sur la concurrence, entrée en
vigueur au début de 1992, visait à renforcer celle-ci
en luttant contre les pratiques restrictives et en
favorisant une transparence totale des conditions
régissant les opérations commerciales. Tout en
posant le principe de la détermination des prix par
le libre jeu des mécanismes du marché, la loi
continue néanmoins de prévoir la possibilité de
réglementer les prix des produits essentiels et
d’intervenir en cas de concurrence insuffisante. La
loi sur le commerce intérieur, adoptée au milieu de
1991, a aboli l’obligation d’obtenir une autorisation
préalable pour le commerce de gros ou de détail,
facilitant ainsi l’entrée de nouveaux opérateurs sur
le marché.
Parmi les facteurs influant sur le système des
prix en Tunisie figurait l’octroi de subventions
pour un grand nombre de biens de consommation,
ainsi que pour certains intrants agricoles. Cette
politique visait à freiner la hausse du coût de la
vie et à protéger les groupes les plus vulnérables de
la population tout en garantissant une
rémunération suffisante au secteur agricole.
Cependant, compte tenu de leur coût budgétaire
(plus de 4 % du PIB en 1984) et de leur impact sur
l’affectation des ressources, le gouvernement a
décidé de limiter progressivement les subventions
aux biens de consommation socialement très
sensibles, principalement les produits dérivés des
céréales et les huiles comestibles. Une réforme
introduite en 1990 visait à améliorer le ciblage des
bénéficiaires des subventions (les groupes sociaux
vulnérables) et à réduire le coût administratif des
programmes de subvention. Sous l’effet de ces
mesures, les dépenses au titre des subventions ont
diminué à partir de 1990 et sont tombées à 1,8 %
du PIB en 1992.
c. Réforme des entreprises publiques
Le secteur des entreprises publiques, qui a
joué un rôle capital dans le développement
économique de la Tunisie au milieu des années
80, représentait une part significative (entre un
quart et un tiers) de l’emploi, du PIB et de
l’investissement. La réforme de ce secteur était
considérée comme un élément important de la
restructuration globale de l’économie tunisienne.
En 1985, le secteur des entreprises publiques
comptait quelque 550 unités. Pendant la première
moitié des années 80, la situation financière
globale de ce secteur s’est dégradée, aussi son
endettement a-t-il augmenté, de même que l’aide
budgétaire de l’Etat.
Afin de réduire la charge que représentaient
les entreprises publiques pour le budget de l’Etat,
réduire l’absorption des ressources financières
intérieures et extérieures, et d’améliorer
l’affectation globale des ressources dans
l’économie, le gouvernement a décidé en 1986
de lancer une vaste réforme de ce secteur en
transférant la direction d’un nombre élevé
d’entreprises à des actionnaires privés ou en
appliquant une politique de désengagement de
l’Etat par la privatisation. La réforme visait
également à améliorer la situation des entreprises
qui devaient rester sous la tutelle de l’Etat en les
restructurant ou en clarifiant leurs relations avec
l’Etat.
Une nouvelle loi sur les entreprises publiques,
adoptée au début de 1989, a fait passer de 33 % à
128
7 ■ PROJECTIONS DE L’OFFRE, DE LA DEMANDE ET DES PRIX
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50 % le niveau minimum du capital que l’Etat
devait posséder pour qu’une entreprise puisse être
qualifiée de publique. Le nombre des entreprises
publiques répondant à cette définition se chiffrait à
quelque 200, dont 150 environ produisaient des
biens et des services commercialisables.
Au cours de la première phase, le programme de
privatisation a été axé essentiellement sur les
petites et moyennes entreprises. Au début de 1993,
quelque 40 entreprises publiques avaient déjà été
privatisées (par voie de vente d’actifs dans 28 cas
et de vente d’actions dans les autres). En ce qui
concerne les entreprises qui devaient rester dans le
secteur public, des contrats-programme étaient en
place à la fin de 1992 pour sept d’entre elles qui
appartenaient aux secteurs des transports, de
l’énergie, des mines et du bâtiment. En outre, une
étude complète et détaillée a été préparée sur la
restructuration du principal conglomérat de
l’industrie chimique.
La seconde phase du processus de privatisation,
amorcée au début de 1993, a été axée cette fois sur
les grandes entreprises rentables, à privatiser par la
vente de leur capital.
d. Libéralisation de l’investissement et
rationalisation des incitations
Dès les années 70, l’Etat tunisien a exercé une
influence croissante sur l’investissement et, dans le
cadre du Sixième plan de développement
(1981–86), le secteur public a pris en charge
quelque 55 % de la formation brute de capital fixe.
En outre, afin d’orienter l’investissement vers des
activités spécifiques, la majeure partie de
l’investissement privé devait être approuvée par
l’Etat. En 1986, le gouvernement a décidé de
libéraliser l’investissement et de rationaliser les
incitations à l’investissement.
En vertu du texte révisé du code des
investissements industriels (1987), une obligation
d’enregistrement a remplacé l’approbation
préalable dans le cas des investissements réalisés
sans l’apport d’incitations particulières. Les
formalités ont été considérablement simplifiées et
les concessions accordées par le code des
investissements ont été réduites et mieux ciblées.
Les incitations restantes sont offertes surtout aux
industries exportatrices tout en tenant compte
d’autres critères tels que le développement régional
et, dans une moindre mesure, la contribution aux
transferts de technologie et à l’intégration
industrielle. Les années suivantes, les codes des
investissements afférents aux secteurs de
l’agriculture, de la pêche et du tourisme ont été
révisés dans le même esprit.
e. Libéralisation des échanges
En ce qui concerne le secteur extérieur de
l’économie tunisienne, les mesures de contrôle se
caractérisaient par des droits de douane à
l’importation élevés dont les taux s’étalaient sur un
vaste barème et par des restrictions quantitatives
généralisées à l’importation. Ces mesures, qui
avaient été durcies en 1984–85, période pendant
laquelle de fortes pressions s’exerçaient sur la
balance des paiements, ont intensifié les distorsions
qui faussaient l’allocation des ressources et sapé la
compétitivité de l’économie, tout en détournant la
production des exportations. En vue de renforcer
l’orientation vers l’extérieur de l’économie, la
Tunisie a adopté en 1986 un important programme
de libéralisation des importations. On s’attendait à
ce que cette libéralisation réduise sensiblement les
coûts, facilitant ainsi un accroissement des
exportations, et expose davantage les industries
locales à la concurrence internationale.
Le programme de libéralisation visait à réduire
progressivement les restrictions quantitatives et à
abaisser et rationaliser les droits d’importation. Au
début du programme en 1986, les importations
libres ne représentaient que quelque 18 % des
importations totales (abstraction faite des
importations financées sur ressources extérieures).
En outre, les droits d’importation allaient de 5 à
236 %, le taux moyen étant de 36 % et l’écart-type
de 26 %. L’objectif initial des autorités était de
libéraliser avant la fin de 1991 toutes les
importations à l’exception des articles de luxe, tout
en parvenant à un taux de protection effective assez
uniforme de l’ordre de 25 %. La libéralisation devait
se faire en deux phases : au cours de la première
phase (1986–88), les restrictions frappant les
importations de matières premières, de produits
semi-finis, de pièces détachées et de biens
d’équipement devaient être levées; pendant la
seconde phase (1988–91), les biens de
consommation devaient être libérés. En ce qui
concerne les droits de douane, la majeure partie de
la réforme (réduction des droits maximum et
compression du barème) devait être mise en oeuvre
au cours de la période 1987–88.
Après les progrès rapides enregistrés pendant la
première phase, la libéralisation s’est quelque peu
ralentie à compter de 1988, les autorités s’efforçant
de renforcer les moyens dont disposaient les
industries nationales pour s’ajuster à une
concurrence internationale intensifiée. Les
restrictions quantitatives ont été levées en
septembre 1989 et octobre 1990 pour de nouvelles
catégories de biens (matières premières, produits
intermédiaires, biens d’équipement et biens de
consommation, notamment), de sorte que le ratio
129
Evolution du secteur réel en Tunisie : Les grandes tendances de la période 1970–92
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importations libérées/importations totales est passé
à 70 %. Cependant, comme la libéralisation portait
essentiellement jusqu’alors sur les matières
premières, les biens intermédiaires ou d’équipement
et les biens finis non fabriqués localement, 26 %
seulement de la production était assujettie à la
concurrence des importations à la fin de 1990.
La poursuite du processus de libéralisation se
heurtait à des obstacles qui résultaient de l’ordre dans
lequel les réformes étaient mises en place. Conjuguée
à la forte baisse des droits de douane à l’importation
déjà réalisée, l’élimination des restrictions
quantitatives a eu pour effet de réduire sensiblement
et brusquement la protection accordée aux industries
concernées. En outre, la suppression auparavant des
restrictions sur les importations d’intrants a élargi la
protection effective accordée à la production de biens
finals. Cela étant, afin de donner aux producteurs
nationaux davantage de temps pour s’adapter à la
concurrence internationale, les pouvoirs publics ont
prévu, dans le cadre de la loi de finances de 1991,
d’appliquer provisoirement des droits compensateurs
dont les taux vont de 10 à 30 % à une catégorie
limitée de produits finis ou semi-finis, ces droits
devant être éliminés progressivement sur une période
de trois ans. En 1992 et en 1993, la liste de ces
produits a été élargie après plusieurs séries de mesures
de libéralisation des importations, tandis que la
plupart des taux adoptés précédemment ont été
abaissés. Compte tenu des restrictions quantitatives
éliminées en 1991–93, le ratio des importations
libérées est passé à 87 % et la production intérieure
soumise à la concurrence des importations à quelque
60 %. Si aucune modification générale n’a été
apportée au niveau et à la structure des droits
d’importation, la structure des droits de douane a été
rationalisée à plusieurs reprises en vue d’harmoniser
les niveaux de protection effective aux différents
stades de la production, l’objectif étant de compléter
la suppression des restrictions quantitatives. Dans le
cadre du collectif budgétaire adopté en mars 1991
pour faire face à la crise du Moyen-Orient, un
prélèvement conjoncturel représentant 5 % des
droits et taxes acquittés sur les importations a été
prévu pour accroître les recettes. Ce prélèvement a
été par la suite conservé dans les lois de finances de
1992 et de 1993.
3. Les résultats
a. La croissance et ses déterminants
En raison des effets positifs de la mise en oeuvre
du programme de réforme structurelle et
d’ajustement, la croissance économique de la
Tunisie s’est nettement accélérée au cours de la
période 1987–92, le taux d’expansion annuel moyen
ayant atteint 5,0 %, contre 2,8 % pendant la
période 1982–86 (cf. tableau 7.1). Cette
accélération a pu être observée dans la plupart des
grands secteurs de l’économie. Entre les périodes
1982–86 et 1987–92, la contribution des secteurs de
l’agriculture, de la pêche et des industries
alimentaires à la croissance est passée en moyenne
de 0,3 % du PIB à 1,2 %, et celle des secteurs non
agricoles, de 2,5 % à 3,8 %. Parmi les secteurs non
agricoles, celui des services a enregistré la plus forte
augmentation, sa contribution au PIB étant passée
en moyenne de 1,5 % à 2,3 %, tandis que celle du
secteur manufacturier est passée de 0,6 % en
moyenne en 1982–86, à 0,8 % pendant la période
1987–92.
Si, pendant les années 1987–88, la contribution
la plus élevée a été celle des services sous l’effet de
la reprise du tourisme et de la vigoureuse expansion
du commerce attribuable en partie à la réouverture
de la frontière avec la Libye, en 1989–90 la forte
expansion du secteur manufacturier et du bâtiment
et des travaux publics a compensé le ralentissement
de l’activité du secteur des services.
Au cours de la période 1987–92, les résultats
économiques ont continué de subir des variations
annuelles importantes dues à la sensibilité de la
production agricole aux changements climatiques
(le PIB réel a marqué le pas en 1988 sous l’effet
d’une grave sécheresse, alors qu’il avait augmenté de
6,7 % en 1987; sa croissance a repris en 1990,
atteignant 7,6 %, par suite de l’amélioration des
conditions météorologiques). Les résultats
contrastés de la période 1991–92 reflètent les effets
de la crise du Moyen-Orient et de la reprise
ultérieure.
La composition sectorielle du PIB s’est modifiée.
La contribution du secteur agricole au PIB est
passée de 16,4 % en 1982–86, à 17,2 % en 1987–92.
Cette évolution était attribuable à des conditions
climatiques dans l’ensemble plus favorables, ainsi
qu’à diverses mesures prises en vue de restructurer et
stimuler le secteur (renforcement des services de
vulgarisation, relèvement des prix au producteur et
élargissement du rôle du secteur privé, notamment).
La contribution du secteur manufacturier est passée
quant à elle de 9,0 % du PIB en 1981–86, à 11,5 %
en 1987–92, essentiellement en raison de la forte
expansion des secteurs des textiles, du vêtement et
du cuir. Par ailleurs, la part des services a augmenté
sur la même période, passant de 43,2 % à 45,9 %, du
fait que le taux de croissance a été supérieur à la
moyenne pour toutes les composantes (transports,
télécommunications et commerce en particulier).
Les secteurs dont la contribution au PIB s’est
réduite sont notamment ceux des industries
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7 ■ PROJECTIONS DE L’OFFRE, DE LA DEMANDE ET DES PRIX
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extractives, du pétrole, du bâtiment et des travaux
publics. Pour le seul secteur des hydrocarbures, la
contribution au PIB est tombée de 9,6 % en
1981–86, à 6,4 % en 1987–92.
b. Investissement et épargne
Le ratio investissement/PIB, qui était élevé au
début des années 80, est revenu à un niveau plus
modeste (cf. tableau 7.2). Ce recul tient à une
contraction de la formation brute de capital fixe
hors administration centrale. Celle-ci a régressé
régulièrement, tombant de 24,9 % du PIB en 1981 à
14,2 % en 1988. Cette baisse s’est inversée par la
suite, l’investissement du secteur privé réagissant
positivement à l’amélioration de l’environnement
macroéconomique et de la structure des incitations.
Par ailleurs, les entreprises publiques ont intensifié
leurs investissements grâce à l’allégement des
contraintes de financement extérieur. Après un
ralentissement temporaire de l’investissement au
début de la crise du Moyen-Orient, le ratio
investissement/PIB du secteur public hors
administrations publiques s’est redressé pour
atteindre 21,1 % en 1992. Dans l’intervalle, comme
pendant la première moitié des années 80, le ratio
investissement/PIB de l’administration centrale a
fluctué autour d’un niveau moyen de l’ordre de 5 %.
Au cours de la même période, le rendement de
l’investissement dans l’économie a augmenté par
suite de la diminution des distorsions qui faussaient
la structure des prix relatifs et de l’amélioration de
la qualité du programme d’investissement de l’Etat.
En conséquence, le coefficient marginal du capital2
a suivi une tendance à la baisse après 1987.
Au cours de la période 1986–92, le ratio épargne
intérieure brute/PIB est passé de 16,2 à 20,4 %,
mais, en moyenne, il est resté inférieur de 2 points
environ à son niveau de la première moitié des
années 80, essentiellement à cause de la diminution
des recettes pétrolières. La progression de l’épargne
intérieure est due à l’amélioration spectaculaire
enregistrée par l’épargne des secteurs hors
administration centrale, qui est passée de 5,9 % à
14,7 % du PIB à la suite de la mise en oeuvre des
mesures d’ajustement macroéconomique et
structurel. Cette amélioration a été relativement
ininterrompue, malgré les fluctuations annuelles de
l’épargne privée, liées à celles du revenu disponible
causées par les variations de la production agricole
et des termes de l’échange. En revanche, l’épargne
de l’Etat ne s’est pas accrue en raison du déclin
des recettes pétrolières, de l’abaissement et de la
rationalisation des droits de douane, des difficultés
rencontrées dans l’ajustement des finances
publiques en 1988 et 1989, des effets de la
sécheresse, du gonflement des dépenses au titre
des subventions à la consommation, lui-même lié
au niveau élevé des prix mondiaux des céréales, et
de l’impact de la crise du Moyen-Orient. A cela est
venue s’ajouter l’augmentation des paiements
d’intérêts au titre de la dette publique, l’Etat
ayant eu de plus en plus recours au financement
non bancaire assorti de taux fixés en fonction
du marché.
L’augmentation du taux d’épargne nationale
(de 5,9 % du PIB entre 1986 et 1992) a été plus
importante que celle du taux d’épargne intérieure.
Cette évolution s’explique par les transferts privés
considérables qui ont suivi les fortes incitations
créées par les ajustements du taux de change et le
niveau élevé des taux d’intérêt réels en Tunisie,
ainsi que par le recul du ratio paiements d’intérêts
sur la dette extérieure/PIB sous l’effet de la
politique prudente de gestion de la dette extérieure
appliquée par les autorités et de la baisse générale
des taux d’intérêt sur les marchés financiers
internationaux.
c. Inflation
Les résultats de la Tunisie en matière d’inflation
se sont améliorés au cours de la période 1986–92. Le
taux d’inflation annuel mesuré par l’indice des prix
à la consommation (IPC) a diminué, tombant de
9,6 % en moyenne pendant la première moitié des
années 80 à 7,0 % au cours des années 1986–92 (cf.
tableau 7.3). Bien que légèrement supérieur au taux
annuel moyen de 4,1 % qu’ont enregistré les
partenaires commerciaux de la Tunisie pendant la
période 1986–92, ce taux est resté très inférieur au
taux annuel moyen de 55 % observé dans les pays
en développement au cours des années 1986–91.
Cette amélioration des résultats, qui tient à la
lutte menée par les autorités contre l’inflation, a pu
être réalisée malgré les effets défavorables de la
sécheresse sur l’offre en 1986, 1988 et 1989, la forte
dépréciation du taux de change effectif nominal du
dinar (en 1986–87 en particulier), la réduction des
subventions à la consommation et la libéralisation
substantielle des prix intérieurs (les produits dont
les prix ont été libérés sont passés de 5 % de la
production totale à la fin de 1985 à 87 % à la fin de
1992). La politique financière prudente poursuivie
par les autorités et la libéralisation des importations
ont contribué de façon capitale à limiter l’effet de
ces facteurs sur les prix.
131
Evolution du secteur réel en Tunisie : Les grandes tendances de la période 1970–92
2Il s’agit du rapport entre l’investissement brut réel (Ir) au
cours d’une période donnée et la variation du PIB réel (Y) au
cours de la même période (ou parfois au cours de la période
suivante) dont la formule est : (Ir/Y)/(∆ Y/Y).
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Pendant la période 1986–91, le taux de
variation annuel de l’IPC a fluctué entre 6,2 % et
8,2 %, avant de tomber à 5,5 % en 1992. Une
analyse de l’évolution de l’IPC au cours de cette
période permet de formuler trois observations. En
premier lieu, le taux de variation annuel de la
composante importations de l’indice a été plus
élevé que celui de la composante intérieure.
Depuis 1987, première année pleine de la mise en
oeuvre du programme de réformes, l’accroissement
de la composante intérieure de l’indice est
demeuré dans une fourchette comprise entre 6 %
et 7 %, sauf en 1991, année où les droits de
consommation et certains tarifs publics ont été
majorés, les subventions à la consommation
réduites, les importations comprimées pour
atténuer l’impact de la crise du Moyen-Orient et
les traitements et salaires sensiblement relevés.3 En
deuxième lieu, ces augmentations de l’IPC n’ont
dépassé celles de la composante importations que
pour trois années : en 1991, à cause des facteurs
susmentionnés, et en 1986 et 1992, à cause du fort
ralentissement de la hausse des prix des
importations. Enfin, les années où l’inflation a
diminué en Tunisie (1986, 1988, 1990 et 1992)
ont coïncidé avec celles où la hausse des prix des
importations s’est fortement ralentie.
En 1992, les tensions inflationnistes se sont
nettement atténuées, en raison de l’effet positif de la
libéralisation de l’économie, de la relative stabilité
des prix des importations, de la situation favorable
de l’offre, attribuable à la bonne production
agricole, et de la poursuite d’une politique
financière prudente. En conséquence, la hausse des
prix s’est ralentie pendant l’année et, à la fin de
1992, le taux d’inflation était tombé à 5,5 %, soit le
niveau le plus bas des quinze années précédentes.
II. Projection de la capacité, de l’offre et
de la demande
1. Cohérence des projections
Le niveau de la production réalisé pendant une
période donnée dépend à la fois de la capacité de
production disponible, de l’offre effective des
producteurs et de la dépense (intérieure et
extérieure) qui détermine la production pouvant
être écoulée. Les projections de la production
doivent donc être compatibles à la fois avec celles
du niveau de la capacité de production, de l’offre et
de la demande globales.
Par ailleurs, au niveau global, les projections
relatives à l’évolution de ces agrégats doivent être
compatibles avec les projections retenues pour les
différents secteurs d’activité. Sur un plan pratique,
cette cohérence peut être assurée de deux manières.
La première consiste à effectuer des projections au
niveau sectoriel et à agréger les résultats pour
obtenir une projection globale. La seconde consiste
à calculer, au moyen de projections, la production
globale et à la ventiler selon les différents secteurs,
ce qui peut nécessiter plusieurs itérations. Dans les
deux cas, il convient de s’assurer que la production
prévue par les projections ne dépasse ni la capacité
de production disponible, ni la demande globale que
l’on aura projetées par ailleurs.
2. Projection de la capacité de production et de
l’offre globale
a. Principaux déterminants
La production réalisée au cours d’une période ne
peut, en général, excéder la capacité de production
disponible au cours de la même période. Toutefois,
au cours de périodes courtes, la production peut
temporairement dépasser la capacité de
production. Par capacité de production, on entend
la production maximale réalisable à un moment
donné, compte tenu des facteurs de production
normalement disponibles. Cependant, la notion de
capacité de production ne reflète pas de simples
contraintes physiques : elle tient également
compte de facteurs tels que l’entretien de l’appareil
productif qui font que les capacités physiques ne
peuvent être durablement utilisées à 100 % ou au-
delà; de plus, la capacité de production peut
s’accroître à moyen terme sous l’effet de gains de
productivité4, même sans augmentation de la
quantité physique de facteurs de production
disponibles. En pratique, la capacité de production
ou production potentielle n’est pas directement
observable. Elle peut cependant être approchée à
partir de la production effective, observée, et d’une
estimation du taux d’utilisation de la capacité de
production.
132
7 ■ PROJECTIONS DE L’OFFRE, DE LA DEMANDE ET DES PRIX
3Après avoir augmenté de 14,5 % seulement au cours de la
période 1987–90, le coût unitaire de main-d’oeuvre dans le
secteur non agricole s’est accru de 10 % en 1991.
4Par gain de productivité, on entend un accroissement de la
production en volume, pour un niveau donné du volume des
facteurs de production. Les déterminants de la productivité
comprennent le niveau et la qualité de l’éducation, le niveau de
savoir-faire, le niveau des cadres, le niveau d’efficacité des
institutions financières et publiques, et le niveau de
développement des infrastructures.
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9 9 |
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Les principaux facteurs qui déterminent la
capacité de production sont :
• la quantité et la qualité de la main-d’oeuvre
disponible;
• le stock de capital fixe et son âge moyen;
• le savoir-faire technologique disponible; et
• les conditions climatiques, particulièrement
dans un pays où l’agriculture a un poids
important (et ce d’autant plus que les cultures
irriguées sont peu développées).
De plus, certains facteurs spécifiques (épuisement
d’une ressource non renouvelable, goulet
d’étranglement lié par exemple à une insuffisance
des infrastructures de transport) qui jouent un rôle
important dans des secteurs clés d’une économie
peuvent eux aussi influer sensiblement sur la
capacité de production globale.
Pour estimer l’évolution dans le temps de la
capacité de production, on doit donc tenir compte
surtout de l’accroissement des facteurs de
production, ainsi que de celui de la productivité
globale de ces facteurs.5 Celle-ci dépend non
seulement de l’évolution de la technologie, mais
aussi de la manière dont s’effectue l’allocation des
ressources. C’est à ce niveau notamment que les
projections de la capacité de production doivent
tenir compte de l’appréciation que l’on peut porter
sur les politiques structurelles menées par un pays.
En effet, si celles-ci donnent lieu à d’importantes
distorsions susceptibles de fausser l’allocation des
ressources, la productivité des facteurs de production
sera amoindrie. En sens inverse, la mise en oeuvre de
mesures visant à réduire les distorsions permet de
stimuler la croissance de la capacité de production
par une meilleure allocation des ressources entre
secteurs d’activité et une meilleure combinaison des
facteurs de production. La prise en compte de ces
éléments repose souvent sur un jugement qualitatif,
car leur quantification nécessiterait l’établissement
d’un modèle détaillé de l’économie permettant de
décrire et de prédire comment ces ressources sont
réparties entre diverses activités.
Toute projection du PIB devra également prendre
en compte l’évolution de facteurs spécifiques
influant sur les secteurs les plus importants de
l’économie. Il peut s’avérer utile d’établir des
projections sectorielles pour s’assurer que la
projection globale est réaliste. A titre d’exemple, les
conditions climatiques revêtent une grande
importance dans les estimations de la production
agricole mais sont par nature difficiles à prévoir et
l’on en est réduit à supposer que des conditions
moyennes prévaudront durant la période de
projection. Par ailleurs, l’accroissement rapide de la
production d’un secteur ne va pas sans le
développement de certains autres secteurs (par
exemple, celui du transport qui doit pouvoir faire
face au surcroît de production attendu dans d’autres
secteurs). Il est donc utile de s’assurer de la
cohérence des projections sectorielles et de leur
concordance avec les projections globales.
L’offre des producteurs dépend non seulement de
la disponibilité des facteurs de production, mais
également d’autres éléments qui peuvent encourager
les producteurs à limiter leur production. Les
producteurs peuvent en effet limiter volontairement
leur production et laisser des facteurs de production
inemployés s’ils ne sont pas en mesure de les utiliser
de façon rentable. A titre d’exemple, certaines
activités peuvent cesser d’être rentables à la suite
d’une forte hausse des prix de l’énergie. Dans ce cas,
il pourra se produire un ralentissement de la
croissance ou même une récession sous l’effet du
choc affectant les conditions de l’offre. De même, la
capacité de production d’un pays peut rester
faiblement utilisée en raison d’une surévaluation de
la monnaie nationale qui nuit à la rentabilité des
secteurs exposés à la concurrence internationale
(que ce soit à l’exportation ou sur le marché
intérieur). Dans ce cas, une dévaluation ou une
dépréciation réelle peut rétablir la rentabilité de ces
secteurs et engendrer rapidement une augmentation
de l’offre, dans la limite de la capacité de production
existante, sans qu’il y ait pour autant nécessité
d’augmenter cette capacité.
b. Méthodes de projection
Parmi les méthodes de projection, on distingue
deux grandes catégories : celles reposant sur
l’analyse des tendances passées de la variable à
projeter et celles fondées sur l’analyse des relations
entre la variable à projeter et ses principaux
déterminants.
Dans la pratique, la projection de variables se
heurte à de nombreux obstacles méthodologiques et
empiriques. La médiocrité des données, leur
insuffisance, voire leur absence, notamment dans les
pays en développement, ne sont souvent pas le
moindre des problèmes auxquels se trouvent
confrontés les économistes chargés d’effectuer des
projections. C’est ce qui explique sans doute le
133
Projection de la capacité, de l’offre et de la demande
5Par productivité globale des facteurs, on entend la mesure
d’un accroissement du volume de la production rapportée à
l’accroissement du volume de l’ensemble des facteurs entrant
dans le processus de production. Ce concept a été défini pour
éviter des difficultés de mesure du rôle respectif des différents
facteurs de production entrant dans le processus de production.
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10 10 |
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recours fréquent à des méthodes simplifiées :
l’utilisation de théories économiques ou de
méthodes statistiques sophistiquées conduit à une
impasse quand les données nécessaires ne sont pas
disponibles; d’où la tendance à ne retenir que les
théories les plus robustes et les mieux établies et à
remplacer l’estimation économétrique des
paramètres par une estimation fondée sur le
jugement et la connaissance de l’analyste.
(1) Analyse des tendances passées
Si l’on s’intéresse par exemple à l’évolution du
PIB, on peut en estimer le taux de progression au
cours d’une période de référence donnée et poser
comme hypothèse que ce taux se maintiendra dans
le futur. Une variante consiste à appliquer cette
méthode à chacun des principaux secteurs et à faire
la somme des prévisions sectorielles.
Pour calculer le taux de croissance moyen pour une
période passée, il convient tout d’abord de choisir la
période de référence. On a alors le choix entre les
méthodes suivantes :
La méthode la plus simple consiste à calculer un
taux de croissance composé r, tel que :
Yt = Y0 . (1 + r)t, (7.1)
où :
Y0 : PIB à prix constants de l’année 0;
Yt : PIB à prix constants de l’année t;
t : indice de temps, c’est-à-dire 1, 2, . . . ;
r : taux de croissance de Y.
On peut aussi procéder à une régression semi-
logarithmique par rapport au temps. Il s’agit d’une
variante de la méthode précédente, qui consiste à
ajuster une équation de régression, sachant que ln
est le logarithme naturel, de la forme suivante :
ln(Yt) = a + b.t (7.2)
dans laquelle la valeur estimée du coefficient b
s’interprète comme le taux de croissance moyen au
cours de la période utilisée dans la régression.
On peut affiner la méthode d’extrapolation des
tendances passées en prenant en compte le
caractère cyclique de la variable à projeter. Ainsi,
lorsque l’on cherche à établir les projections de la
capacité de production (ou production potentielle)
on doit tenir compte du fait que celle-ci n’est pas
directement observable.
La méthode de la tendance exprimée par les pics
consiste à identifier dans le passé les pics de
production, c’est-à-dire les années où la production
est supérieure à son niveau des années antérieures et
postérieures, et à supposer que ceux-ci représentent
une bonne approximation de la production
potentielle. On peut alors extrapoler la production
potentielle sur la base du taux de croissance moyen
constaté entre pics successifs. Plus précisément, on
peut calculer la taux de croissance composé entre
les deux derniers pics observés et appliquer ce taux
de progression à la valeur du dernier pic. Le résultat
obtenu constitue une évaluation de la production
potentielle future.
(2) Modélisation des relations entre la variable à
projeter et ses principaux déterminants
Cette approche consiste à faire appel à la théorie
économique pour identifier les principales variables
ayant une influence sur la variable que l’on cherche
à calculer. Cette démarche aboutit à la formulation
d’un modèle reflétant les mécanismes économiques
sous-jacents. Les méthodes de régression permettent
de tester la validité de ce modèle et d’en estimer les
paramètres.
Les outils conceptuels nécessaires à
l’établissement de projections concernant la
capacité de production sont ceux de la théorie de la
croissance économique. Ils reposent sur la notion de
fonction de production agrégée (f), qui relie la
capacité de production (y) aux facteurs (capital K et
travail LT) disponibles :
y = f (K, LT). (7.3)
Cette équation peut être transformée de manière
à exprimer le taux de croissance de y sachant que dy
représente la différentielle de y et δ y/δ K représente
la dérivée partielle de y par rapport à K :
dy = δ y/δ K . dK + δ y/δ LT . dLT, (7.4)
dy/y = δ y/δ K . dK/y + δ y/δ LT . dLT/y , (7.5)
dy/y = δ y/δ K . dK/y + (δ y/δ LT . LT/y) dLT/LT , (7.6)
où d est le symbole utilisé pour indiquer une variation
infinitésimale de la variable à laquelle il s’applique et
δ y/δ x (x pouvant être K ou LT dans le cas présent)
représente la dérivée partielle de y par rapport à x.
On remarque que dK/y n’est autre que la part de
l’investissement (net) dans le PIB, soit IN/y, et que
δ y/δ K, que l’on exprimera par a1, est proche de
l’inverse du coefficient marginal de capital
(investissement brut/variation du PIB).
Si l’on part de l’hypothèse habituelle que le
travail est rémunéré à sa productivité marginale,
δ y/δ LT est égal à w/P, où w est le taux de salaire
134
7 ■ PROJECTIONS DE L’OFFRE, DE LA DEMANDE ET DES PRIX
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nominal et P
–
le niveau général des prix. L’expression
(δ y/δ LT . LT/y) devient alors wLT/P
–
y, soit le ratio
masse salariale/PIB (à supposer que la production
soit assurée à pleine capacité). Les analyses
empiriques tendent à indiquer que ce ratio reste
relativement stable, ce qui justifierait
l’approximation consistant à le remplacer par un
coefficient a2 (où a2 = δ y/δ LT . LT/y).
On peut donc écrire :
dy/y = a1 . (IN/y) + a2 . dLT/LT . (7.7)
Le taux de croissance de la capacité de production
est donc fonction du taux d’investissement ainsi que
du taux de croissance de la main-d’oeuvre. Le
coefficient marginal de capital a1 reflète à la fois la
manière dont les ressources sont allouées et
l’efficience avec laquelle les ressources allouées à
chaque activité sont utilisées. Ce coefficient est donc
modifié par les politiques économiques structurelles.
On pose souvent comme hypothèse que, à politique
inchangée, il y a stabilité à moyen terme de ce
coefficient, qui constitue une mesure synthétique de
la qualité de la combinaison des facteurs de
production. Les réformes économiques mises en
oeuvre par de nombreux pays ont en général pour
objectif de permettre une meilleure utilisation des
ressources et donc une augmentation du coefficient a1
(un accroissement donné du PIB peut être obtenu
avec une augmentation moindre du stock de capital).
3. Projection de la demande globale
a. Le rôle de la demande globale
Pour préciser ce rôle, il est nécessaire de
distinguer deux cas.
Le premier correspond à une situation où la
capacité de production est pleinement employée et
la croissance de la production exige soit un
accroissement de cette capacité, soit un
accroissement de la productivité. La projection de la
demande globale a alors pour principal intérêt de
permettre de s’assurer de la cohérence des
hypothèses retenues, compte tenu des informations
disponibles sur le comportement des agents
économiques. Plus précisément, la croissance de la
production (déterminée par l’offre) doit être
compatible, tant du point de vue comptable que du
point de vue du comportement des agents
économiques, avec le rythme d’investissement,
d’une part, et avec la croissance de la demande
intérieure et extérieure, d’autre part.
Le second cas est celui où la capacité de
production est sous-employée. C’est alors la demande
qui tend à déterminer la production. Cependant, la
production influe à son tour sur le revenu
disponible, lequel est l’un des principaux
déterminants de la consommation privée, donc de
l’une des composantes les plus importantes de la
demande. C’est cette relation circulaire qui donne
naissance au concept de multiplicateur de la théorie
keynésienne. Les modèles macroéconométriques
utilisés dans les pays industrialisés pour
l’établissement de simulations et de projections sont
le plus souvent élaborés selon un schéma inspiré par
l’approche keynésienne et utilisent donc un
multiplicateur de ce type pour déterminer le niveau
de la production (moyennant des raffinements
dépendant de la complexité des interactions prises
en compte).
b. Les composantes de la demande globale
La demande globale des ménages, des
entreprises, des administrations et du reste du
monde comprend la consommation finale, la
formation brute de capital (y compris les variations
de stocks) et les exportations. Cependant, une
partie de cette demande est satisfaite par des
importations. La demande globale adressée aux
producteurs nationaux est donc égale à la somme
de la consommation finale, de l’investissement et
des exportations, nettes des importations, de biens
et services.
L’évolution de la demande globale dépend du
comportement des agents économiques, lui-même
influencé par un certain nombre de facteurs
exogènes (tels que les termes de l’échange) ainsi que
par l’orientation de la politique économique,
notamment des politiques budgétaire, monétaire et
de taux de change.
Ainsi, la politique budgétaire a un effet direct sur
la demande du secteur public et un effet indirect sur
le revenu disponible et, partant, sur la demande du
secteur privé. De plus, cet effet dépend également
de la manière dont le déficit public est financé. De
même, la politique monétaire peut avoir un effet sur
la demande du secteur privé par le biais des
modifications des taux d’intérêt ou de l’offre de
crédit. Enfin, la politique de taux de change a un
effet sur les prix relatifs et donc sur le solde des
échanges extérieurs de biens et services.
Pour projeter la demande globale, on doit
considérer à tour de rôle chacune de ses composantes.
Certaines d’entre elles (consommation et
investissement des administrations) peuvent, pour
l’essentiel, être considérées comme connues si l’on
dispose du budget de l’Etat. Les autres composantes
pourront être calculées sur la base des résultats d’une
analyse économique et statistique du comportement
135
Projection de la capacité, de l’offre et de la demande
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des agents économiques et d’hypothèses sur
l’orientation de la politique économique et l’évolution
de l’environnement économique international. Les
projections des dépenses publiques ainsi que celles des
échanges extérieurs proviendront des projections
sectorielles des finances publiques et de la balance des
paiements, sujets qui sont traités dans des chapitres
ultérieurs. Les projections de la demande globale ne
pourront donc pas être finalisées de façon
indépendante et il faudra procéder à des itérations
successives avec les autres secteurs pour s’assurer que
les projections de la demande globale concordent
avec celles qui ressortent des comptes de finances
publiques et de la balance des paiements.
L’équilibre entre ressources et emplois (ou encore
entre offre et demande) de biens et de services
s’exprime par l’équation suivante :6
PIB = Cp + Ip + Cg + Ig + X – M , (7.8)
dans laquelle :
PIB : produit intérieur brut;
Cp : consommation finale privée;
Ip : investissement brut privé;
Cg : consommation finale des administrations
publiques;
Ig : investissement brut des administrations
publiques;
X : exportations de biens et services non
facteurs;7
M : importations de biens et services non
facteurs.8
Dans la plupart des pays, les dépenses privées (de
consommation et d’investissement) représentent une
partie importante de la demande globale et du PIB et
jouent par conséquent un rôle crucial dans la
détermination et dans les fluctuations du niveau
d’activité économique.
c. Principaux déterminants et méthodes de
projection
Dans l’établissement des projections des
principales composantes de la demande globale,
notamment la consommation et l’investissement
privés, on fait généralement appel à la théorie
économique pour sélectionner les variables
explicatives pertinentes. Des méthodes statistiques
sont utilisées, lorsque les données nécessaires sont
disponibles, pour tester les modèles, parfois
concurrents, proposés par la théorie et estimer les
paramètres numériques. Lorsque l’on ne dispose pas
d’un nombre suffisant d’observations pour utiliser
des méthodes de régression, on se contente parfois
de conserver les ratios obtenus pour les périodes
passées jugées représentatives.
(1) Déterminants de la consommation privée
L’analyse de la consommation privée au niveau
macroéconomique trouve son origine dans les
travaux de Keynes et aboutit à la formulation d’une
fonction de consommation reliant celle-ci au
revenu disponible courant :
Crp = α + β .RNDrp, (7.9)
où :
Crp : consommation finale réelle du secteur
privé (ménages);
RNDrp : revenu disponible réel brut du secteur
privé (ménages).
avec :
α > 0; 0 < β < 1.
L’épargne réelle privée Srp est définie comme
suit :
Srp = RNDrp – Crp. (7.10)
En remplaçant Crp par son expression dans
l’équation précédente, on obtient :
Srp = RNDrp – (α + β .RNDrp) (7.11)
= (1 – β ).RNDrp – α .
Le coefficient α peut s’interpréter comme la
consommation incompressible, que les ménages
chercheraient à réaliser, même dans le cas extrême
où le revenu disponible deviendrait nul, en
prélevant sur leur patrimoine. Le coefficient β
représente la propension marginale à consommer,
qui mesure la variation de la consommation
résultant d’une augmentation d’une unité du revenu
disponible (∆ Crp/∆ RNDrp). Elle est à distinguer de
la propension moyenne à consommer, égale au ratio
consommation/revenu disponible, soit Crp/RNDrp
= β + α /RNDrp, qui diminue à mesure que RNDrp
136
7 ■ PROJECTIONS DE L’OFFRE, DE LA DEMANDE ET DES PRIX
6Cette identité est valable aussi bien à prix courants qu’à prix
constants.
7On rappelle qu’il s’agit des “biens et services” tels qu’ils sont
définis dans le Système de comptabilité nationale 1993 et dans
la cinquième édition du Manuel de la balance des paiements.
8Il s’agit des “biens et services” tels qu’ils sont définis dans le
Système de comptabilité nationale 1993 et dans la cinquième
édition du Manuel de la balance des paiements.
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13 13 |
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augmente. Cette formulation se traduit donc par un
taux d’épargne Srp/RNDrp = (1 – β ) – α /RNDrp qui
augmente en période d’expansion et fléchit en
période de récession. En outre, le revenu
augmentant au fil des ans, cette formulation conduit
à projeter une croissance à long terme du taux
d’épargne qui tendrait asymptotiquement vers 1 – β .
La formulation précédente a progressivement été
modifiée sur la base d’analyses empiriques de la
consommation et d’études théoriques sur le
comportement de consommation et d’épargne des
ménages. Les deux théories principales, celle du
cycle de vie et celle du revenu permanent, mettent
l’accent sur le caractère intertemporel des décisions
en matière de consommation et d’épargne. En effet,
une augmentation de la consommation présente se
fait au détriment de l’épargne et donc de la
consommation future.
Selon la théorie du cycle de vie, attribuable aux
économistes Modigliani, Brumberg et Ando, les
individus sont guidés dans leurs décisions par le
désir de répartir au mieux leur consommation sur la
durée totale de leur vie. Ils cherchent notamment à
maintenir un flux de consommation aussi uniforme
que possible, et notamment à s’assurer un certain
niveau de consommation pendant leur retraite. Ce
raisonnement conduit à faire dépendre la
consommation non seulement du revenu courant,
mais également des revenus futurs anticipés et de la
richesse accumulée. Les facteurs qui influent sur la
consommation au niveau macroéconomique sont
donc, par exemple, la structure démographique
(toutes choses étant égales par ailleurs, plus la
proportion de personne âgées est élevée, plus le taux
d’épargne est faible) ou la nature du système de
protection sociale (pensions).
Pour les applications pratiques, cette approche
conduit à retenir une fonction de consommation de
la forme suivante :
Crp = α .RNDrp + β .PATrp, (7.12)
dans laquelle :
PATrp : valeur réelle du patrimoine total du
secteur privé (ménages).
Le patrimoine comprend à la fois la richesse non
financière et financière accumulée et la valeur
actualisée des revenus du travail futurs anticipés.
La théorie du revenu permanent, attribuable à
Milton Friedman, est fondée elle aussi sur l’idée que
les ménages souhaitent avoir un profil de
consommation régulier, alors que leur revenu
fluctue dans le temps. Par conséquent, la
consommation est fonction non pas du revenu de la
période courante, mais du revenu moyen réel
attendu sur une période prolongée : d’où la notion
de revenu permanent. Plus précisément, celui-ci est
le flux annuel constant qu’une personne peut se
permettre de consommer jusqu’à la fin de son
existence, compte tenu de son patrimoine actuel et
de ses revenus futurs anticipés.
Pour traduire cette approche dans des applications
empiriques, il convient de préciser comment le
revenu permanent est déterminé. Friedman suppose
que les anticipations résultent d’un processus
adaptatif qui permet d’exprimer le revenu permanent
RNDPrpt sous la forme d’une moyenne pondérée des
valeurs passées du revenu observé RNDrpt, avec des
poids décroissant selon une progression géométrique.
On peut démontrer que ceci revient à utiliser une
équation de la forme suivante :
Crpt = β 1.RNDPrpt + β 2.Crpt–1, (7.13)
où :
Crpt–1 : consommation réelle privée de la
période précédente.
Le coefficient β 1 est la propension marginale à
consommer à court terme. La propension marginale
à consommer à long terme (tenant compte des effets
décalés) est égale à β 1/(1 – β 2).
(2) Déterminants de l’investissement privé
(i) La demande d’investissement
Comme c’était le cas pour la consommation, le
comportement d’investissement fait l’objet d’une
analyse intertemporelle, car celui-ci est motivé par sa
rentabilité attendue. Un investissement ne sera réalisé
que si son taux de rendement attendu excède le coût
du capital. La demande d’investissement sera donc
d’autant plus faible que le taux d’intérêt est élevé.
Dans la pratique, les dépenses d’investissement
privé sont beaucoup plus volatiles que les dépenses
de consommation. Par ailleurs, la part du PIB
qu’elles représentent varie grandement d’un pays à
l’autre. Pour expliquer et projeter l’évolution de
l’investissement, les modèles utilisés sont le plus
souvent fondés sur le principe de l’accélérateur.
Selon la théorie de l’accélérateur simple, le stock
visé de capital privé en termes réels (Krpt*) dépend
du niveau attendu de la production réelle (Yt*), ce
que l’on peut exprimer par :
Krpt* = γ .Yt*, (7.14)
où γ représente le ratio capital/production, qui
dépend lui-même de variables telles que le coût du
137
Projection de la capacité, de l’offre et de la demande
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capital, mais que l’on peut considérer comme
relativement stable.
Si l’on suppose que le stock de capital est
maintenu en permanence au niveau voulu (si
Krpt = Krpt*), l’investissement net réel du secteur
privé INrp, qui est aussi la variation du stock de
capital, peut être déterminé comme suit :
INrpt = Krpt – Krpt–1 (7.15)
et l’investissement réel brut du secteur privé (qui
inclut la dépréciation du stock de capital existant)
est défini, en supposant que dep est le taux de
dépréciation, de la manière suivante :
Irpt = INrpt + dep.Krpt–1, (7.16)
Irpt = Krpt – Krpt–1 + dep.Krpt–1, (7.17)
Irpt = γ .Yt* – γ .Yt–1 + dep.Krpt–1, (7.18)
Irpt = γ .(Yt* – Yt–1) + dep.Krpt–1. (7.19)
Avec ce modèle, dit d’accélérateur simple, une
augmentation de l’investissement suppose une
accélération de la production. Un ralentissement ou
décélération de la production impliquerait une
baisse de l’investissement.
Etant donné le laps de temps nécessaire pour
décider, concevoir et mettre en place de nouveaux
investissements, il se produit un décalage dans
l’ajustement du capital effectif au niveau voulu. On
utilise un mécanisme d’ajustement partiel pour
modéliser le comportement d’investissement selon
le modèle de l’accélérateur flexible :
Krpt – Krpt–1 = σ .(Krpt* – Krpt–1), (7.20)
avec : 0 ≤ σ ≤ 1.
Le coefficient d’ajustement, σ , reflète le
comportement des investisseurs privés confrontés
notamment à des coûts d’ajustement.
Le modèle de l’accélérateur doit être complété
pour tenir compte du fait que le coût des facteurs de
production influe généralement sur le ratio
capital/production, le capital et le travail étant dans
une certaine mesure interchangeables. Ceci conduit
à faire figurer ces coûts parmi les déterminants de
l’investissement.
(ii) Investissement privé dans les pays en
développement
En raison de facteurs institutionnels et structurels
tels que l’absence de marchés de capitaux bien
développés, du rôle relativement important des
pouvoirs publics dans la formation de capital, des
distorsions qu’entraînent les contraintes de devises
et d’autres imperfections du marché, les modèles
usuels de demande d’investissement, qu’ils soient
fondés sur le principe de l’accélérateur ou sur un
processus d’optimisation intertemporelle, sont
souvent d’une utilité limitée.9 Les études portant sur
les pays en développement ont en effet souligné que
le principal facteur limitatif de l’investissement
privé est l’accès aux financements plutôt que leur
coût.10 Cette situation s’explique notamment par le
fait que les taux d’intérêt réels sont souvent
maintenus à des niveaux inférieurs aux taux qui
équilibreraient le marché, décourageant ainsi
l’épargne financière.11 Elle est de plus fréquemment
aggravée par l’affectation des ressources financières
selon des critères administratifs. Par conséquent,
une hausse du taux d’intérêt réel est souvent
favorable à l’investissement (contrairement à ce qui
résulterait des théories fondées sur l’analyse de la
demande d’investissement, couramment utilisées
dans les pays industrialisés) dans la mesure où elle a
pour effet de mobiliser des ressources financières
supplémentaires pour financer l’investissement.
Le crédit bancaire, les apports de capitaux
étrangers et les bénéfices non distribués
représentent les principales sources de
financement de l’investissement privé. Par son
action sur le volume de crédit distribué, la
politique monétaire peut donc avoir un effet
direct sur le niveau de l’investissement. Enfin,
l’investissement public a un poids important dans
nombre de pays en développement et a de ce fait
une incidence toute particulière sur
l’investissement privé. Cependant,
l’investissement public influe sur l’investissement
privé par le biais de deux mécanismes distincts :
d’une part, une augmentation de l’investissement
public a un effet négatif sur l’investissement privé
dans la mesure où elle absorbe une part plus
grande des ressources financières limitées dont
dispose l’ensemble de l’économie (effet d’éviction
directe); d’autre part, certaines composantes de
l’investissement public, notamment les
infrastructures, facilitent et favorisent
l’investissement privé. L’effet global est
indéterminé a priori et ne peut donc être évalué
qu’à l’aide d’une analyse quantitative des données
disponibles.
138
7 ■ PROJECTIONS DE L’OFFRE, DE LA DEMANDE ET DES PRIX
9En outre, même dans les cas où l’analyse de la demande
d’investissement serait pertinente, les données sont souvent
quantitativement et qualitativement insuffisantes pour que l’on
puisse obtenir des résultats empiriques fiables.
10Cf. Blejer et Khan (1984).
11Cette situation est connue sous l’appellation de répression
financière.
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(iii) Projection de l’investissement privé
Pour projeter l’investissement privé, il faut tout
d’abord évaluer le rôle respectif de la demande
d’investissement des producteurs, fondée sur la
rentabilité qu’ils en attendent, et des contraintes
potentielles liées à l’insuffisance des financements
ou des infrastructures publiques. C’est ainsi que, si
l’on estime que la demande d’investissement pourra
être satisfaite, les projections du niveau de
l’investissement devront notamment tenir compte
des perspectives de croissance du niveau d’activité.
Si l’on estime au contraire qu’il existe d’importants
goulets d’étranglement (si, par exemple, les projets
potentiellement rentables existent mais que les
routes ou les infrastructures portuaires nécessaires à
l’écoulement des produits font défaut) ou que le
financement nécessaire ne pourra être mobilisé (si,
par exemple, le financement du déficit budgétaire
absorbe une part excessive du crédit disponible), ce
sont ces facteurs dont il faudra tenir compte, au
moins de manière qualitative, pour établir les
projections quant au niveau de l’investissement. En
outre, l’investissement privé, en particulier étranger,
est particulièrement sensible à la stabilité politique
du pays. Il conviendra en général12 de répercuter les
contraintes limitant l’investissement privé sur le
rythme de croissance de l’économie, dans la mesure
où celui-ci est en partie fonction de la croissance du
stock de capital.
A titre d’exemple, l’étude sur l’investissement
privé dans les pays en développement réalisée par
Blejer et Khan mentionnée dans la section
précédente met en jeu une approche permettant de
tenir compte simultanément des facteurs influant
sur la demande d’investissement (un mécanisme
d’accélérateur reliant le niveau souhaité de
l’investissement à la variation attendue de la
production, un effet d’éviction direct lié à un niveau
excessif de l’investissement public,13 ainsi qu’un
effet reflétant la situation conjoncturelle de
l’économie) et des contraintes liées à l’insuffisance
du crédit ou des investissements publics.14 Leur
modèle permet donc de tenir compte de l’effet sur
l’investissement des politiques monétaire et
budgétaire. Il comporte enfin un mécanisme
d’ajustement partiel de l’investissement effectif au
niveau d’investissement souhaité, celui-ci pouvant
être plus ou moins rapidement atteint, selon le
niveau de l’investissement public, le volume du
crédit au secteur privé et la situation conjoncturelle.
Les auteurs de l’étude retiennent une équation
réduite de la forme suivante :
FBCFrpt = b0.(Y – (1–dep)Yt–1) + b1.GAPt (7.21)
+ b2.∆ CIRrpKrpt + b3.FBCFrgt
+ b4.FBCFrpt–1,
dans laquelle :
FBCFrp : formation brute de capital fixe
réelle du secteur privé;
Y : PIB réel;
dep : taux de dépréciation du capital;
GAPt : écart du PIB réel par rapport à sa
valeur tendancielle;
∆ CIRrpKrpt : variation du crédit au secteur privé
en valeur réelle, plus entrées nettes
de capitaux privés en valeur réelle;
FBCFrg : formation brute de capital fixe
réelle du secteur des administrations
publiques.
On s’attend à ce que les coefficients b0
(accélérateur), b2 (contrainte financière) et b4
(ajustement progressif) soient positifs. En revanche,
le signe des coefficients b1 (effet cyclique) et b3
(investissement public) est indéterminé a priori.
Ainsi, b3 sera positif si la complémentarité entre
investissement public et privé l’emporte sur l’effet
d’éviction que le premier exerce sur le second.
(3) Consommation et investissement publics15
La consommation et l’investissement des
administrations publiques résultent en principe de
décisions autonomes de la part de ces
administrations. Ces décisions ne sont pas soumises
aux mêmes contraintes que celles des agents privés
et ne reposent pas sur les mêmes règles de
comportement économique. Ceci ne signifie pas
pour autant que les administrations fixent de
manière arbitraire le niveau de leur consommation
et de leurs investissements : elles ont des objectifs,
subissent des pressions et sont soumises à des
contraintes. A titre d’exemple, certaines dépenses
de fonctionnement et d’entretien découlent
d’investissements réalisés dans le passé et doivent
donc faire l’objet de projections qui cadrent avec les
dépenses d’équipement des périodes antérieures. De
même, dans un autre domaine, les dépenses
salariales effectuées au cours d’une période donnée
139
Projection de la capacité, de l’offre et de la demande
12Cependant, lorsque l’on part d’une situation où les capacités de
production ne sont pas pleinement utilisées, une croissance
soutenue du PIB n’est pas nécessairement incompatible avec un
tassement de l’investissement, du moins pendant un certain temps.
13Si le coefficient b3 est négatif dans l’équation (7.21).
14Si le coefficient b3 est positif dans l’équation (7.21). 15Cf. chapitre 9, Projection des finances publiques.
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16 16 |
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sont souvent la conséquence directe d’une politique
salariale définie auparavant et d’accords
contractuels antérieurs. Toutes ces considérations
doivent être prises en compte lorsqu’on effectue des
projections des dépenses de biens et services des
administrations publiques.
4. Articulation des projections de l’offre et de
la demande
On a passé en revue les principaux déterminants
de la consommation et de l’investissement privés et
formulé quelques observations sur les projections
relatives à la consommation et à l’investissement
publics. Si l’on y ajoute les projections des
exportations et des importations de biens et
services,16 on obtient des projections de la demande
globale de biens et services.
Il faut rapprocher les projections de la demande
globale et de ses composantes et les projections qui
ont trait à l’offre et à la capacité de production, de
manière à assurer entre ces variables une double
cohérence comptable et économique.
Du point de vue comptable, il convient de s’assurer
qu’il y a équilibre entre la production globale
calculée à partir de l’offre (par exemple par
sommation de projections sectorielles) et la
demande globale, et que l’identité comptable entre
les ressources et les emplois de biens et services est
vérifiée. Si l’on partait de l’hypothèse que la
production est déterminée par la demande, cette
identité serait automatiquement vérifiée, mais il
resterait à s’assurer que la production prévue par les
projections reste compatible avec la capacité de
production.
Du point de vue économique, il convient de
s’assurer que les projections retenues pour
l’investissement cadrent avec celles de la
croissance de la production. Par ailleurs, dans le
cas où des projections séparées sont faites pour la
demande et la production, il est rare que
l’équilibre entre ces deux variables soit atteint
spontanément. On est donc souvent conduit à
calculer par soustraction une composante de la
demande pour assurer l’équilibre comptable. A
titre d’exemple, si l’on décide de retenir les
projections faites pour la production,
l’investissement (public et privé), les
exportations, les importations et la consommation
publique, c’est la consommation privée qui servira
de variable résiduelle et qui sera calculée par
solde. Il faut alors s’assurer que celle-ci reste
compatible avec le comportement de
consommation et d’épargne du secteur privé
observé dans le passé.
III. Analyse et prévision du niveau général
des prix
Le niveau général des prix est traditionnellement
mesuré notamment par le déflateur du PIB et
l’indice des prix à la consommation (IPC). Le
déflateur du PIB est un indice synthétique mesurant
l’évolution du prix auquel le PIB est évalué. L’IPC
mesure de manière synthétique l’évolution des prix
à la consommation, qu’il s’agisse de produits
importés ou locaux.
1. Principaux déterminants du niveau général
des prix
Sur le marché d’un produit donné, le prix est
déterminé par l’interaction de l’offre et de la
demande, un excès de demande se traduisant par
une hausse du prix et inversement. Une telle hausse
peut cependant être empêchée ou retardée lorsque
les prix sont réglementés ou fixés, de manière
contractuelle ou coutumière, pour une certaine
durée. L’augmentation du prix sur un marché
particulier peut résulter d’une modification
structurelle de l’offre et de la demande sur ce
marché et n’implique en aucune manière une hausse
du niveau général des prix.
Une hausse du niveau général des prix reflète un
déséquilibre macroéconomique qui se manifeste sur
le marché des biens et services et sur le marché de la
monnaie. Lorsque la hausse du niveau général des
prix devient un processus continu, on est en
présence du phénomène d’inflation. Dans ce cas, le
déséquilibre initial persiste, soit que les causes de ce
déséquilibre perdurent, soit que la structure de
l’économie engendre une inertie qui tend à
prolonger les effets d’un choc initial.
Vue sous l’angle de l’équilibre du marché des
biens et services, une hausse du niveau général des
prix est le reflet d’un excès de la demande par
rapport à l’offre. Un tel déséquilibre peut provenir
d’un gonflement de la demande ou d’une
contraction de l’offre. Cependant, une
augmentation de la demande ne se traduit
normalement par une hausse des prix que lorsque
l’économie est proche du plein emploi (dans le cas
contraire, elle se traduit principalement par une
augmentation du niveau d’activité). Il est commode
de classer les facteurs expliquant l’évolution du
140
7 ■ PROJECTIONS DE L’OFFRE, DE LA DEMANDE ET DES PRIX
16Cf. chapitre 8, section 8.3, Projection de la balance des
paiements.
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17 17 |
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niveau général des prix en deux grandes catégories,
selon qu’ils agissent sur le niveau de la demande
globale ou sur les coûts de production et sur l’offre.
Parmi les principaux facteurs susceptibles d’affecter
la demande globale figurent la politique budgétaire et
la politique monétaire. En effet, une augmentation
des dépenses publiques ou une réduction de la
fiscalité contribuent à un accroissement de la
demande globale. Elles engendrent, de plus, une
aggravation du déficit budgétaire, dont le
financement implique fréquemment un
accroissement de la création monétaire. De manière
plus générale, une augmentation de l’offre de
monnaie provoque un gonflement des encaisses
réelles. Si celles-ci excèdent alors ce que les agents
économiques souhaitent détenir, ils réagissent en
augmentant leur demande de biens et services et
d’actifs financiers autres que la monnaie. Une
hausse du niveau général des prix ramène alors la
valeur réelle des encaisses monétaires au niveau
désiré par les agents économiques.
Dans une économie ouverte, sous un régime de
taux de change fixe, l’évolution du niveau général
des prix est en partie déterminée par celle des prix
internationaux, par le biais des prix des biens
susceptibles d’être échangés sur le marché mondial.
Cependant, la demande intérieure joue aussi un
rôle. Ainsi, des politiques budgétaire et monétaire
expansionnistes se traduiront par une augmentation
des prix des biens et services non échangeables17 et,
à terme, pourront éventuellement entraîner un
accroissement des importations et un épuisement
progressif des réserves de change. Ceci peut
provoquer une dévaluation de la monnaie qui
implique également un ajustement à la hausse de la
composante internationale des prix intérieurs. De
même, dans un régime de taux de change flexible,
des politiques monétaire et budgétaire trop
expansionnistes aboutissent à une dépréciation de la
monnaie qui s’accompagne d’une hausse du niveau
général des prix.
Des politiques économiques ayant pour effet de
stimuler la demande peuvent également exercer une
pression à la hausse sur les prix par leurs effets
sectoriels. Ainsi, si elles provoquent un excès de
demande pour certains produits, il en résultera une
hausse de leur prix. Les prix des autres produits,
peuvent eux aussi être entraînés à la hausse, si
l’augmentation des salaires et des autres coûts de
production dans les secteurs où la demande est
excédentaire s’étend à l’ensemble de l’économie.
Les facteurs agissant sur le niveau général des prix
à travers leur impact sur les coûts de production ou
sur l’offre peuvent affecter le volume de la
production de manière directe. Une mauvaise
récolte, par exemple liée à des conditions
climatiques défavorables, a un effet négatif sur
l’offre et se traduit en l’absence d’importations par
un renchérissement des produits affectés, ainsi que
de leurs substituts. Cet effet peut aussi se
transmettre en cascade à l’ensemble de l’économie
si la hausse initiale porte sur des biens de grande
consommation et entraîne une augmentation des
salaires nominaux pour compenser la hausse du
coût de la vie. Lorsqu’un choc extérieur se traduit
par une augmentation du coût de certains intrants
importés (par exemple des produits énergétiques)
les activités productives deviennent moins
rentables à un niveau donné des prix intérieurs, ce
qui se traduit par une contraction de l’offre et une
augmentation du niveau général des prix
(déplacement de la courbe de l’offre). Un
phénomène similaire se produit lorsque les coûts
salariaux s’accroissent plus rapidement que la
productivité sous la pression de mouvements
revendicatifs.
Lorsque les marchés ne sont pas suffisamment
concurrentiels, des pratiques monopolistiques ont
tendance à se développer, avec pour effet de
restreindre l’offre et, toutes choses étant égales par
ailleurs, d’accroître le niveau des prix. Diverses
rigidités structurelles, fréquemment observées dans
les pays en développement, amplifient également les
hausses de prix provoquées par une expansion de la
demande. On constate ainsi que l’offre est parfois
inélastique, c’est-à-dire qu’elle ne réagit que
faiblement et avec retard à une augmentation de la
demande ou des prix. Il en résulte que toute
augmentation de la demande se traduit par une
hausse des prix. Ces rigidités sont dues à des facteurs
tels que l’insuffisance des réserves de change ou
l’absence de certaines infrastructures, et sont
souvent le reflet de politiques structurelles ou
d’institutions inadaptées.
2. Quelques modèles usuels
a. Explication de l’inflation par la demande
excédentaire
Pour vérifier l’hypothèse selon laquelle l’inflation
tient au fait que la demande de biens et de services
progresse plus rapidement que la production, on
peut rechercher une relation empirique entre ces
variables. Cette approche est analogue à celle
utilisée pour la courbe de Phillips, qui repose sur la
constatation d’une relation négative entre le taux
de variation des salaires et le chômage. Le taux de
141
Analyse et prévision du niveau général des prix
17On entend par biens et services non échangeables ceux qui
sont susceptibles de faire l’objet de transactions sur le seul
marché intérieur.
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18 18 |
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chômage constitue d’ailleurs une mesure approchée
de l’écart entre production effective et production
de plein emploi. Une équation pouvant servir à
expliquer et prévoir le taux d’inflation peut être
définie de la manière suivante :
π t = (P
–
t – P
–
t–1)/P
–
t–1 = a0 + a1 GAPPt (7.22)
dans laquelle :
π : taux d’inflation;
P
–
: niveau général des prix;
GAPP : écart du PIB réel par rapport à sa
valeur tendancielle18 en pourcentage
du PIB réel;
a0 et a1 sont des paramètres.
Pour tenir compte également des anticipations
inflationnistes (mesurées à titre de simplification
par l’inflation de la période précédente), on peut
ajouter à l’équation (7.22) un terme
supplémentaire, ce qui donne l’équation suivante :
π t = b0 + b1GAPPt + b2π t–1 (7.23)
b. Explication de l’inflation par la croissance de
la masse monétaire
En situation d’équilibre à long terme, la
production demeure constamment sur un sentier de
croissance correspondant à son niveau potentiel, les
taux d’intérêt réels sont constants, et l’inflation est
pleinement anticipée. En pareil cas, le taux
d’inflation est égal au taux d’expansion de la masse
monétaire nominale moins le taux de croissance du
PIB réel, soit :
π = µ – r (7.24)
où :
µ : taux de croissance de la masse monétaire
nominale;
r : taux de croissance du PIB réel.
Bien que l’équilibre à long terme ne soit jamais
atteint, on pourra exprimer de façon approchée le
comportement moyen de l’économie sur une
période suffisamment longue par une relation de ce
type, à condition de tenir compte de la croissance
du PIB réel. Ceci conduit à retenir une équation du
type suivant :
π t = c0 + c1 µ t + c2 rt (7.25)
c0, c1 et c2 sont des paramètres (avec c2 négatif).
Dans une version modifiée tenant compte des
anticipations, l’équation se présente comme suit :
π t = d0 + d1 µ t + d2 rt + d3 (π t–1 – π t–2) (7.26)
où d0, d1, d2 et d3 sont des paramètres et le dernier
terme entre parenthèses est utilisé comme une
approximation des anticipations inflationnistes.
La mise en oeuvre empirique de ce type de
formulation nécessite généralement la prise en
compte d’effets dynamiques (décalages temporels,
modèles à correction d’erreur permettant de
distinguer les effets de court terme des effets de
long terme).
c. Théories composites faisant intervenir des
facteurs extérieurs
Certaines études empiriques se sont efforcées de
tenir également compte des facteurs extérieurs
(coûts des produits importés), afin d’expliquer le
processus inflationniste. On peut utiliser une
équation du type suivant :
(7.27)
dans laquelle :
GAPP : écart du PIB réel par rapport à sa valeur
tendancielle en pourcentage du PIB réel;
Pm : indice des prix à l’importation;
e0, e1, e2, e3 et e4 sont des paramètres.
L’utilisation d’une équation de ce type repose sur
l’idée que le niveau général des prix, mesuré par le
déflateur du PIB ou l’indice des prix à la
consommation, représente une moyenne pondérée
des prix étrangers exprimés en monnaie locale
(représentés ici par Pm) et des prix intérieurs (biens
et services non échangeables), ces derniers étant
eux-même influencés par l’orientation de la
politique monétaire et par le taux d’utilisation des
capacités de production. Par ailleurs, les études
empiriques ajoutent fréquemment un terme
représentant le taux d’inflation de la période
précédente. Ceci peut se justifier soit au nom d’une
π t = e0 + e1µ t + e2rt+ e3GAPPt+ e4
∆ Pm
Pm
t
142
7 ■ PROJECTIONS DE L’OFFRE, DE LA DEMANDE ET DES PRIX
18La valeur tendancielle s’obtient par la régression suivante :
ln(Y) = a0 + a1t ,
t étant indice de temps (1,2, . . .), et Y, le PIB réel.
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19 19 |
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inertie du phénomène inflationniste liée à des
phénomènes d’indexation, soit pour tenir compte
des anticipations inflationnistes, si l’on suppose de
plus que ces anticipations se forment selon un
processus adaptatif.
IV. Exercice
L’objet de l’exercice est d’établir des projections
des comptes nationaux de la Tunisie pour la période
1993–95. Pour cela il convient d’appliquer aux
données de la Tunisie les méthodes jugées les plus
appropriées, tout en formulant les hypothèses
nécessaires. On pourra se référer notamment aux
approches et aux méthodes présentées ci-dessus. Il
est important de noter les hypothèses et méthodes
de calcul retenues pour chacun des principaux
agrégats, de façon à faciliter les révisions ultérieures.
Les agrégats à projeter sont ceux figurant dans les
tableaux 7.4 et 7.5. Dans tous les cas, on exercera
un jugement critique sur les résultats obtenus.
La projection que l’on propose d’effectuer a
nécessairement un caractère provisoire. Dans la
mesure où elle suppose notamment la formulation
d’hypothèses sur l’évolution des échanges extérieurs
et sur les dépenses publiques, elle anticipe en effet
sur les projections qui seront effectuées par la suite
dans un bien plus grand détail sur les comptes
extérieurs et les comptes de finances publiques. Il se
peut également que les projections faites ici de
certaines variables ne cadrent pas avec les
hypothèses et projections qui seront établies
ultérieurement.
Il faudra donc revenir par la suite sur les chiffres
obtenus ici et, le cas échéant, faire plusieurs
itérations jusqu’à ce que l’ensemble des projections
soient cohérentes, tant du point de vue comptable
que de celui du comportement des agents
économiques.
Pour cet exercice sur le secteur réel—comme pour
ceux qui portent sur les autres secteurs dans les
chapitres suivants—on cherche à élaborer dans un
premier temps un scénario dit scénario de référence.
Il s’agit de projeter les agrégats de comptes
nationaux en partant de l’hypothèse que les
politiques macroéconomiques des autorités restent
inchangées. Les projections ainsi établies serviront
ensuite de base, dans le cadre de l’exercice de
programmation financière, à l’identification des
déséquilibres éventuels et à l’élaboration des
nouvelles politiques requises pour redresser ces
déséquilibres. L’appendice de ce chapitre précise ce
que l’on entend par scénario de référence.
Les hypothèses à utiliser dans le cadre de cet
exercice de projection sont précisées ci-après. En
matière de perspectives économiques pour 1993, les
autorités voient 1993 comme une année de
consolidation des bases sur lesquelles pourront
prendre appui, d’une part, une croissance
économique soutenue et, d’autre part, une
amélioration durable de la situation financière. Les
politiques mises en place visent une croissance
modérée du PIB réel en 1993, grâce à une expansion
rapide dans le secteur manufacturier et le secteur
des services qui viendrait plus que compenser le
recul de la production agricole après trois récoltes
consécutives exceptionnelles. L’objectif des
autorités en matière d’inflation (mesurée par
l’indice des prix à la consommation) est de réduire
celle-ci quelque peu, l’effet des nouvelles mesures de
libéralisation des prix étant compensé par
l’ouverture accrue de l’économie. Des importations
massives liées à la construction du gazoduc
transtunisien et des installations de gaz naturel à
Miskar sont prévues pour 1993. On s’attend à une
augmentation marginale des ratios épargne/PIB et
investissement/PIB, le ralentissement de la
croissance de l’investissement (hors projet gazoduc)
étant attribuable à la baisse envisagée de la
constitution des stocks. Le taux de croissance
démographique prévu pour 1993 est de 2,5 %. Les
autorités n’ont pas établi de perspectives pour les
années 1994 et 1995.
Dans le cadre de cet exercice, on pourra
discuter les points suivants. Dans quelle mesure
des politiques qui auraient pour effet de relancer
la demande peuvent-elles stimuler la croissance?
Discuter les implications à court terme et à
moyen/long terme. En quoi est-ce que les
déterminants de l’investissement sont différents
dans les pays en voie de développement et les
pays industrialisés? Discuter le rôle des différents
facteurs susceptibles de déterminer l’évolution de
l’inflation en général et dans le cas particulier de
la Tunisie.
143
Exercice
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20 20 |
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Appendice : Qu’est-ce qu’un scénario de
référence?
Définition
Un scénario de référence est un ensemble cohérent
de projections macroéconomiques sectorielles,
fondées sur des relations comptables et des relations
de comportement homogènes, et qui repose sur
l’hypothèse qu’il n’y aura pas de changement dans la
politique économique par rapport à la période
passée, ni dans les tendances ou dans les relations de
comportement.
Méthodologie
Pour établir des projections dans le cadre d’un
scénario de référence, on utilise les méthodes qui
conviennent le mieux pour chaque secteur d’un
pays donné, compte tenu de la disponibilité, de la
stabilité et de la continuité des données; les
méthodes d’établissement des projections peuvent
être identiques pour le scénario de référence et pour le
scénario de programme. Ce qui change
essentiellement entre les projections du scénario de
référence et celles du scénario de programme, ce sont
les hypothèses retenues, notamment en matière de
politique économique.
Hypothèses
A la base même du scénario de référence est l’idée
que les politiques et tendances demeurent inchangées,
ce qui fait intervenir un certain degré
d’appréciation. Dans le cadre du scénario de
référence, cela signifie que les projections :
• tiennent compte des effets attendus de : (1)
toutes les mesures qui ont déjà été mises en
oeuvre; (2) toutes les mesures au sujet
desquelles le gouvernement a pris une
décision officielle et dont on peut
raisonnablement penser qu’elles seront
effectivement mises en oeuvre et menées à
bien; (3) tous les engagements préalables pris
par les agents économiques, ou en leur faveur,
et qui arrivent à échéance; et (4) la poursuite
des tendances économiques passées qui se
dégagent des résultats économiques globaux;
• excluent les effets de toutes les nouvelles
mesures, en particulier de celles qui visent à
assurer la réalisation de nouveaux objectifs
économiques—lesquelles seront incorporées
dans le scénario de programme;
• tiennent compte des projections établies dans
les rapports des organismes internationaux
(FMI et Banque mondiale, etc . . .) pour les
prix des produits de base sur les marchés
internationaux, les taux de change et
d’inflation des pays industrialisés et l’évolution
de la production et de la demande chez les
partenaires commerciaux.19
Exemples
1. Mesures qui ont déjà été mises en oeuvre : la
politique actuelle des autorités dans le
domaine monétaire et en matière de taux
d’intérêt; la politique relative aux taux de
change (taux nominal, taux réel, monnaie de
rattachement); la législation fiscale
existante; la politique de dépenses,
notamment la politique salariale; la politique
des prix; la politique commerciale; les
restrictions de change et de commerce, etc.
2. Décisions prises et susceptibles d’être appliquées :
ajustement des salaires et des avantages
sociaux; modification de la structure des taux
d’intérêt; ajustement discrétionnaire du taux
de change; mesures structurelles (par exemple,
privatisation de sociétés sélectionnées ou
liquidation d’institutions financières en
faillite). Cependant, le scénario de référence
ne tiendra pas compte des intentions si elles
sont jugées économiquement irréalistes ou
politiquement irréalisables, ou si elles sont
formulées d’une manière trop vague pour être
crédibles. En d’autres termes, si le
gouvernement n’a pas la volonté ou la
capacité politiques d’appliquer une mesure
annoncée, celle-ci ne sera pas prise en compte
dans le scénario de référence.
3. Engagements préalables : service de la dette
intérieure et extérieure prévu à l’échéancier;
phases ultérieures de grands projets
d’investissement; engagements au titre de
l’aide extérieure; etc.
4. Tendances économiques passées : résultats du
secteur réel extrapolés à partir des résultats
passés; comportement en matière d’épargne
et d’investissement; élasticité-prix; etc.
144
7 ■ PROJECTIONS DE L’OFFRE, DE LA DEMANDE ET DES PRIX
19Le FMI établit régulièrement des prévisions de prix
internationaux des produits de façon spécifique pour chaque
pays membre (cf. chapitre 8, section 8.3. Projection de la
balance des paiements).
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145
Qu’est-ce qu’un scénario de référence?
Tableau 7.1.
Tunisie : Ventilation sectorielle de la croissance du PIB réel, 1982–92
(Variation annuelle en pourcentage)
1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992
Agriculture et pêche –10,3 2,5 12,9 17,3 –12,2 20,5 –25,8 5,7 27,7 14,7 5,8
Industries extractives –7,1 19,3 –5,3 –14,0 25,3 6,8 1,0 7,2 –6,7 0,1 –1,1
Hydrocarbures, électricité et eau –3,1 7,8 0,3 –0,2 –1,4 –3,3 –0,3 1,0 –5,9 11,3 0,8
Dont : hydrocarbures (–4,5) (7,6) (–0,9) (–1,6) (–2,7) (–5,0) (–1,6) (0,6) (–8,4) (13,3) (–0,3)
Industries manufacturières 2,8 8,3 6,7 5,1 4,8 4,4 6,5 6,0 11,1 4,1 8,0
Industries alimentaires –7,4 3,7 18,6 –0,5 4,7 1,8 4,2 –6,1 15,0 6,3 14,4
Industries manufacturières, hors
industries alimentaires 6,1 9,5 3,5 6,9 4,8 5,2 7,2 9,3 10,2 3,5 6,5
Matériaux de construction
et verre 1,3 15,6 2,1 10,8 1,1 4,9 8,0 7,2 7,8 1,5 4,3
Industries mécanique
et électrique 8,9 8,9 7,5 5,5 0,4 –0,5 4,1 7,4 9,6 3,8 3,9
Industries chimique et
du caoutchouc 6,0 12,3 –0,3 6,7 14,9 8,4 12,6 3,8 4,6 2,9 4,8
Textiles, vêtement et cuir 4,0 4,3 0,4 4,3 5,6 7,6 8,0 13,5 14,9 4,0 8,3
Bois, papier et autres 13,3 10,6 9,5 8,3 4,2 5,2 5,1 7,4 6,1 4,8 7,8
Bâtiment et travaux publics 2,1 –0,6 6,1 –3,1 –13,2 –4,8 –4,6 11,9 15,3 1,0 8,6
Services 2,4 3,8 5,1 5,0 1,4 6,4 8,0 2,7 3,3 0,0 10,1
Transports et télécommunications 0,4 3,8 9,6 4,4 –3,2 9,8 6,4 5,0 3,7 1,8 12,5
Tourisme –9,5 –6,8 –0,2 22,3 –0,7 37,2 11,6 –2,8 –0,8 –29,6 53,9
Commerce et autres services 3,5 4,5 5,6 3,1 2,8 3,5 10,2 2,5 3,7 2,1 7,5
Traitements et salaires des agents
de l’Etat 5,2 5,8 3,8 4,7 1,2 2,5 3,2 4,0 3,8 4,6 4,2
Impôts indirects moins subventions –0,5 4,7 5,7 3,3 0,8 6,7 0,1 1,9 8,1 2,1 8,5
PIB (à prix constants du marché) –0,5 4,7 5,8 5,2 –1,1 6,7 0,1 3,7 7,6 3,9 8,0
PIB (à prix constants du marché),
agriculture, pêche et industries
alimentaires exclues 1,5 5,0 4,3 3,4 0,7 4,5 5,1 3,8 4,5 1,9 8,2
Source : Base de données et estimations de l’Institut du FMI.
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7 ■ PROJECTIONS DE L’OFFRE, DE LA DEMANDE ET DES PRIX
Tableau 7.2.
Tunisie : Solde épargne-investissement, 1981–92
(En pourcentage du PIB)
1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992
Consommation 76,1 78,9 79,3 79,7 79,5 83,8 80,4 80,2 81,4 80,9 81,6 79,6
Administration centrale 13,1 14,2 16,1 13,9 13,2 13,2 12,4 11,5 12,0 11,3 11,8 11,4
Hors administration centrale 63,1 64,7 63,3 65,8 66,4 70,6 68,0 68,7 69,4 69,5 69,7 68,2
Epargne intérieure brute 23,9 21,1 20,7 20,3 20,5 16,2 19,6 19,8 18,6 19,1 18,4 20,4
Administration centrale 11,3 9,0 6,7 10,2 9,9 10,3 7,9 7,7 4,9 6,1 4,7 5,7
Hors administration centrale 12,6 12,1 14,0 10,1 10,6 5,9 11,7 12,0 13,7 13,0 13,7 14,7
Revenus nets provenant de l’étranger 0,8 1,1 1,2 0,8 –1,0 –0,7 0,0 0,6 0,7 1,9 0,4 1,0
Administration centrale –1,2 –1,5 –1,6 –1,9 –2,2 –2,5 –2,3 –2,4 –2,1 –2,1 –2,1 –1,7
Hors administration centrale 2,0 2,6 2,8 2,7 1,2 1,8 2,3 3,0 2,8 4,0 2,5 2,7
Epargne nationale brute 24,6 22,2 21,8 21,1 19,5 15,5 19,6 20,4 19,3 21,1 18,9 21,4
Administration centrale 10,1 7,5 5,0 8,2 7,7 7,8 5,6 5,3 2,8 4,0 2,6 3,9
Hors administration centrale 14,6 14,7 16,8 12,8 11,8 7,7 14,0 15,0 16,6 17,0 16,2 17,5
Investissement 32,3 31,6 29,3 32,0 26,6 23,5 20,6 19,4 22,6 26,4 23,3 27,3
Formation brute de capital fixe 31,0 34,0 31,8 30,8 26,8 24,0 20,3 19,3 20,7 22,9 22,4 25,1
Variation des stocks 1,3 –2,4 –2,5 1,2 –0,2 –0,5 0,3 0,1 1,9 3,5 0,9 2,3
Administration centrale 6,1 6,8 4,5 5,1 4,6 5,6 4,0 5,2 4,2 4,5 5,7 4,0
Hors administration centrale 26,2 24,8 24,8 26,9 22,1 17,9 16,6 14,2 18,4 21,8 17,5 23,3
Dont : formation brute
de capital fixe (24,9) (27,2) (27,3) (25,7) (22,3) (18,4) (16,2) (14,2) (16,5) (18,4) (16,6) (21,1)
Solde épargne-investissement –7,7 –9,4 –7,4 –10,9 –7,1 –8,0 –1,0 1,0 –3,3 –5,3 –4,4 –6,0
Administration centrale 4,0 0,7 0,5 3,1 3,1 2,2 1,6 0,1 –1,4 –0,5 –3,1 –0,1
Hors administration centrale –11,7 –10,1 –8,0 –14,0 –10,3 –10,2 –2,6 0,8 –1,8 –4,8 –1,3 –5,9
Exportations de biens et de services
non compris les revenus
des facteurs 41,4 36,9 35,4 33,9 32,7 30,8 35,0 41,9 44,0 41,8 38,6 38,0
Importations de biens et de services
non compris les revenus
des facteurs 49,8 47,4 44,0 45,5 38,8 38,0 36,0 41,5 48,0 49,0 43,5 45,0
Déficit de ressources –8,5 –10,5 –8,6 –11,7 –6,1 –7,3 –1,0 0,4 –3,9 –7,2 –4,8 –7,0
Revenu net provenant de l’étranger 0,8 1,1 1,2 0,8 –1,0 –0,7 0,0 0,6 0,7 1,9 0,4 1,0
Solde des transactions courantes –7,7 –9,4 –7,4 –10,9 –7,1 –8,0 –1,0 1,0 –3,3 –5,3 –4,4 –6,0
Pour mémoire :
Transferts de capitaux publics et
prêts nets 6,6 6,3 8,9 9,2 7,8 6,8 5,9 4,9 4,0 3,9 2,5 2,8
Source : Base de données et estimations de l’Institut du FMI.
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147
Qu’est-ce qu’un scénario de référence?
Tableau 7.3.
Tunisie : Evolution des prix, 1981–92
(Variation annuelle en pourcentage)
1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992
Déflateur du PIB 11,2 16,0 9,3 7,3 4,9 2,6 6,7 8,5 7,2 5,7 6,8 5,8
Indice des prix à la consommation (IPC) 8,9 13,7 9,0 8,6 7,6 6,2 8,2 7,2 7,7 6,5 7,8 5,5
Composante intérieure de l’IPC ... 16,9 8,7 7,4 7,2 7,7 6,9 6,9 6,2 6,5 8,0 6,7
Prix des importations ... 3,9 10,1 12,8 8,6 1,2 12,7 7,9 12,6 6,7 7,1 2,0
IPC des partenaires commerciaux1 12,7 11,0 8,8 7,5 6,2 3,6 3,3 3,6 4,8 4,8 4,7 3,9
Source : Base de données et estimations de l’Institut du FMI.
1Pondéré en fonction des échanges non pétroliers et du tourisme dans 16 pays partenaires ou concurrents.
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7 ■ PROJECTIONS DE L’OFFRE, DE LA DEMANDE ET DES PRIX
Tableau 7.4.
Tunisie : Ventilation sectorielle du PIB, 1988–95
(En millions de dinars à prix constants de 1990; sauf indications contraires)
1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995
Projections
Secteur primaire 2.132,0 2.214,3 2.500,0 2.826,0 2.937,9
Agriculture et pêche 1.175,0 1.243,0 1.587,0 1.820,0 1.925,6
Industries extractives 93,3 100,0 93,3 93,4 92,4
Hydrocarbures, électricité et eau 862,7 871,3 819,7 912,6 919,9
Dont : Hydrocarbures (711,7) (716,2) (655,8) (743,3) (741,2)
Industries manufacturières 1.393,7 1.477,4 1.641,2 1.708,1 1.845,6
Industries alimentaires 297,0 279,0 320,8 341,0 390,0
Industries manufacturières
hors industries alimentaires 1.096,7 1.198,4 1.320,4 1.367,1 1.455,6
Matériaux de construction
et verre 213,9 229,3 247,1 250,8 261,5
Industries mécanique
et électrique 188,8 202,8 222,3 230,7 239,6
Industrie chimique et
du caoutchouc 94,4 98,0 102,5 105,5 110,6
Textiles, vêtement et cuir 396,8 450,4 517,4 538,0 582,9
Bois, papier et autres 202,8 217,9 231,1 242,1 261,0
Bâtiment et travaux publics 418,5 468,2 540,0 545,5 592,4
Services 4.757,8 4.886,1 5.047,8 5.047,4 5.555,7
Transports et télécommunications 611,9 642,7 666,5 678,7 763,2
Tourisme 448,1 435,5 432,0 304,0 468,0
Commerce et autres services 2.486,8 2.547,9 2.641,3 2.696,7 2.899,5
Services des administrations
publiques 1.211,0 1.260,0 1.308,0 1.368,0 1.425,0
PIB aux coûts des facteurs 8.701,0 9.046,0 9.729,0 10.127,0 10.931,6
Impôts indirects moins subventions 1.145,0 1.167,0 1.261,0 1.287,0 1.396,0
PIB aux prix du marché 9.846,0 10.213,0 10.990,0 11.414,0 12.327,6
Pour mémoire :
Déflateur du PIB (indice base
1990 = 100) 88,2 94,6 100,0 106,8 113,0
Croissance annuelle
(en pourcentage) ... 7,2 5,7 6,8 5,8
Indice des prix à la consommation
(indice base 1990 = 100) 87,2 93,9 100,0 107,8 113,8
Croissance annuelle
(en pourcentage) ... 7,7 6,5 7,8 5,5
PIB nominal (en millions de dinars) 8.685 9.661 10.990 12.194 13.928
Source : Base de données et estimations de l’Institut du FMI.
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149
Qu’est-ce qu’un scénario de référence?
Tableau 7.5.
Tunisie : Emplois et ressources, 1988–95
1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995
Projections
(En millions de dinars à prix courants)
Consommation finale 6.969,0 7.860,0 8.887,0 9.947,0 11.087,0
Secteur privé1 5.970,0 6.703,0 7.642,2 8.503,2 9.496,7
Administration centrale 999,0 1.157,0 1.244,8 1.443,8 1.590,3
Formation brute de capital fixe 1.680,0 2.000,0 2.515,0 2.727,0 3.492,4
Secteur privé1 1.232,0 1.597,0 2.016,6 2.030.0 2.932,4
Administration centrale 448,0 403,0 498,4 697,0 560,0
Variation des stocks 5,0 182,0 381,3 109,5 314,1
Demande intérieure 8.654,0 10.042,0 11.783,3 12.783,5 14.893,5
Excédent (+)/Déficit (–)
de ressources 31,0 –381,0 –793,3 –589,5 –965,5
Exportation de biens et
services, non compris les
revenus des facteurs 3.639,0 4.254,0 4.591,9 4.710,9 5.291,4
Importation de biens et
services, non compris les
revenus des facteurs 3.608,0 4.634,0 5.385,2 5.300,4 6.256,9
PIB aux prix du marché 8.685,0 9.661,0 10.990,0 12.194,0 13.928,0
Revenu net des facteurs et
transferts nets provenant de l’étranger 52,0 66,0 213,1 54,2 136,2
PNB aux prix du marché 8.737,0 9.727,0 11.203,1 12.248,2 14.064,2
(En pourcentage du PIB)
Pour mémoire :
Investissement brut 19,4 22,6 26,4 23,3 27,3
Epargne intérieure brute 19,8 18,6 19,1 18,4 20,4
Epargne nationale brute 20,4 19,3 21,1 18,9 21,4
Solde épargne-investissement 1,0 –3,3 –5,3 –4,4 –6,0
Secteur privé 0,8 –1,8 –4,8 –1,3 –5,9
Administration centrale 0,1 –1,4 –0,5 –3,1 –0,1
Source : Base de données et estimations de l’Institut du FMI.
1Comprend tous les agents économiques autres que l’administration centrale.
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