87 I. Introduction Les comptes monétaires jouent un rôle particulier dans l’analyse...

87 I. Introduction Les comptes monétaires jouent un rôle particulier dans l’analyse...



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I. Introduction


Les comptes monétaires jouent un rôle particulier
dans l’analyse macroéconomique, pour deux raisons :


• Dans une économie de marché moderne, la
presque totalité des transactions, tant réelles
que financières, se règlent au moyen de la
monnaie. De plus, ce moyen généralisé de
règlement n’est plus aujourd’hui qu’une
créance émise par un type particulier
d’intermédiaires financiers, les banques, dont
la fonction spécifique est l’administration du
système des paiements. Les bilans des banques
reflètent donc le résultat de ces paiements
entre secteurs.


• Les statistiques monétaires aident les autorités
à suivre de près l’évolution économique car
elles sont en général disponibles dans de brefs
délais et sont fiables.


Les comptes monétaires sont particulièrement
importants dans le cadre des programmes
d’ajustement appuyés par les ressources du FMI, car
certains agrégats monétaires sont souvent utilisés
comme critères de réalisation dans ces programmes.
Bien que le FMI utilise une grande diversité
d’instruments et d’approches selon les besoins
propres à la situation spécifique de chaque pays, le
lien entre l’évolution des agrégats monétaires et
celle de la balance des paiements est un élément
central du cadre théorique qui sous-tend ces
programmes. Une bonne compréhension des
comptes monétaires est donc indispensable pour
procéder au type d’analyse monétaire sur lequel
reposent les programmes d’ajustement appuyés par
le FMI. En particulier, le bilan consolidé du système
bancaire, connu sous l’appellation de situation
monétaire
, permet d’évaluer l’impact de l’évolution
de la monnaie et du crédit sur l’économie.1


II. Rôle et structure du système financier


Tout agent économique dont les dépenses en
biens et services excèdent les recettes provenant de
son revenu et du produit de la vente d’actifs réels
est, par définition, un agent économique en déficit.
Ce déficit ne peut exister que s’il est financé. Le
système financier est composé de l’ensemble des
marchés, des mécanismes et des institutions qui
permettent aux agents de financer leur déficit au
moyen des surplus d’autres agents. Si l’agent en
surplus finance sans intermédiaire l’agent en déficit,
la transaction est une transaction de financement
direct.
Si, par contre, le financement se fait grâce à
l’intervention d’un intermédiaire spécialisé, il y a
financement indirect. Dans ce cas, l’intermédiaire
mobilise des surplus financiers en émettant ses
propres engagements envers les agents en surplus et
utilise les ressources ainsi obtenues pour financer les
déficits d’autres agents. Cet intermédiaire spécialisé
est ce que l’on appelle un intermédiaire financier. On
dit alors qu’il y a intermédiation financière.


Pour financer leur déficit, les agents peuvent
émettre des titres tels que des obligations ou des
actions, des bons, des hypothèques et d’autres types
d’engagements. Ils peuvent aussi vendre des actifs
financiers antérieurement acquis ou utiliser les
fonds provenant du remboursement d’une créance
qui vient à échéance. Les agents en surplus peuvent
acquérir ces créances directement des agents en
déficit ou ils peuvent préférer acquérir des créances
sur les intermédiaires financiers, tels que, par
exemple, les dépôts bancaires, les dépôts d’épargne,
les polices d’assurance-vie, les droits à pension ou
les parts dans un fonds commun de placement.


L’intermédiation financière, dans une situation
où il y a concurrence libre, est effectuée pour trois
raisons principales. Premièrement, les
intermédiaires financiers opèrent une transformation
des caractéristiques
des actifs financiers créés dans
une économie, en particulier de leur échéance. En
effet, pour canaliser les ressources des agents
économiques en surplus vers les agents en déficit,
les intermédiaires financiers émettent des actifs


5 Les comptes monétaires
CHAPITRE


1Pour les aspects méthodologiques, cf. FMI, Guide des
statistiques monétaires et bancaires.
Pour les données par pays, cf.
FMI, Statistiques financières internationales (SFI).




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financiers dont les caractéristiques sont recherchées
par les agents en surplus et acquièrent des actifs
dont les caractéristiques conviennent aux agents en
déficit. Deuxièmement, le volume des ressources
centralisées par les intermédiaires financiers leur
permet de réduire les risques grâce à une diversification
de portefeuille
que les agents en surplus auraient de la
difficulté à réaliser individuellement.
Troisièmement, la concentration des ressources par
les intermédiaires financiers leur permet de réaliser
des économies d’échelle dans la collecte de
l’information et le suivi des agents économiques en
déficit. Cette réduction du coût de l’information sur les
débiteurs et leurs activités permet non seulement un
meilleur contrôle du risque, mais aussi une meilleure
allocation des ressources financières vers les emplois
les plus rentables.


La grande diversité des besoins et des préférences
des agents en déficit et des agents en surplus a
donné lieu dans les économies développées à la
formation de plusieurs types d’intermédiaires
financiers différents. Le secteur financier se
compose donc du système bancaire, d’institutions
financières non bancaires—compagnies d’assurance,
caisses de retraite, fonds communs de placement de
différentes sortes—et, dans de nombreux pays, d’un
éventail d’intermédiaires financiers informels qui
jouent souvent un rôle important.


A l’intérieur du secteur financier, il est
conceptuellement utile de faire une distinction
entre les intermédiaires financiers dont les
engagements circulent comme moyens de paiement
et qui composent le système bancaire, et tous les
autres intermédiaires financiers. Il existe en effet
une différence fondamentale entre la façon dont ces
deux types d’intermédiaires financiers émettent
leurs engagements. Les intermédiaires financiers
autres que les banques émettent leurs engagements
(par exemple une police d’assurance-vie) en
échange d’un paiement en monnaie. Leur capacité
de mobiliser des ressources dépend donc de la
quantité de monnaie en circulation et du désir du
public de convertir une part de ses encaisses en
d’autres actifs financiers et de la disponibilité de ces
actifs. En revanche, les banques émettent leurs
engagements (les dépôts) en acceptant en échange
un titre d’endettement d’un emprunteur ou tout
autre actif et non spécifiquement en échange d’un
paiement en monnaie : par exemple, une banque
crée un dépôt en créditant un compte ouvert au
nom d’un emprunteur. Vu la nature particulière de
l’activité des banques dans le système financier et le
rôle que jouent les engagements du système
bancaire non seulement dans les décisions de
dépenses mais aussi dans la capacité du public
d’acquérir des actifs financiers émis par d’autres
intermédiaires financiers, il est utile de présenter


séparément le bilan intégré du système bancaire,
appelé situation monétaire dans les Statistiques
financières internationales
2 et les documents du FMI.
La situation monétaire fournit à l’économiste le
principal cadre comptable nécessaire à l’analyse de
la masse monétaire et de ses contreparties.


Parmi les intermédiaires financiers qui composent
le système bancaire, on distingue généralement,
d’une part, les autorités monétaires et, d’autre part, les
banques de dépôt.3 Ces deux catégories d’organismes
monétaires émettent chacune de la monnaie
détenue par le public, soit sous forme de billets de
banque, soit sous forme d’avoirs en compte
transférables par chèques ou virements entre les
banques de dépôts et entre celles-ci et le public.
Cependant, les engagements des autorités
monétaires jouent dans le système des paiements
contemporain un rôle particulier : ils servent de
moyens de règlement des soldes interbancaires
résultant des transferts de fonds entre comptes dans
différentes banques, suite aux instructions de
paiements données par le public. En conséquence, la
capacité des banques de dépôt d’assurer la liquidité
de leur dépôts, c’est-à-dire leur convertibilité
inconditionnelle en un dépôt émis par une autre
banque ou toute autre forme de moyens de
paiement, dépend de l’existence d’une certaine
quantité d’engagements des autorités monétaires
disponibles à cet effet : les billets de banque émis par
la banque centrale ou le Trésor et les avoirs à vue à
la banque centrale détenus par les autres
intermédiaires financiers et, parfois, par le public.
Ces engagements des autorités monétaires
constituent ce qu’on appelle la base monétaire. Le
bilan intégré des autorités monétaires est l’instrument
qui permet à l’économiste d’analyser la base
monétaire et ses contreparties. La définition de la
base monétaire et l’examen du bilan intégré des
autorités monétaires sont présentés dans la
Section IV ci-après.


Il est possible, en principe, de considérer le
secteur financier comme un tout et de dresser le
bilan consolidé de l’ensemble des intermédiaires
financiers, c’est-à-dire la situation financière. Dans ce
chapitre, toutefois, l’accent est mis sur le système
bancaire plutôt que sur le secteur financier dans son
ensemble, car les études empiriques ont montré que
les engagements monétaires du secteur bancaire ont
une influence prépondérante sur la dépense globale
de l’économie en termes nominaux, l’inflation et la


88


5 LES COMPTES MONÉTAIRES


2Statistiques financières internationales est une publication
mensuelle du FMI, qui présente des statistiques
macroéconomiques, et en particulier des statistiques monétaires
et bancaires pour chaque pays membre du FMI.


3Encore appelées banques créatrices de monnaie, ou par
extension, bien que ce soit moins précis, banques commerciales.




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89


Autorités monétaires


balance des paiements. De surcroît, dans les pays où
les marchés financiers ne sont guère développés, le
système bancaire détient en général l’essentiel des
avoirs et des engagements financiers de l’économie,
même si, comme il a été dit plus haut, le secteur
financier informel joue parfois un rôle non
négligeable dans l’intermédiation financière. Enfin,
comme mentionné au début de ce chapitre, les
données relatives au secteur monétaire sont en
général fiables et rapidement disponibles, ce qui fait
d’elles un outil précieux pour l’analyse économique.
La situation financière, par contre, n’est disponible
que pour un nombre très limité de pays. Le
graphique 5.1 illustre la structure du système
financier et les trois niveaux d’agrégation utilisés
pour l’analyse.


III. Principes comptables des statistiques
monétaires


Cette section passe en revue les principes
comptables propres aux comptes monétaires,
principes qui peuvent s’écarter parfois des
conventions en vigueur pour les autres comptes
macroéconomiques.


Données en termes de stocks ou de flux? Les
statistiques monétaires reposent sur des bilans.
Elles se présentent donc sous forme d’encours ou de
stocks, c’est-à-dire qu’elles enregistrent l’encours
des avoirs et des engagements à un instant donné,
plutôt que les transactions intervenues pendant
une période spécifique ou entre deux instants
donnés (données en termes de flux). Les variations
de stocks peuvent résulter d’un flux de transactions
intervenues au cours d’une certaine période, mais
aussi d’ajustements de valeur (cf. infra “monnaie
de libellé”).


Enregistrement sur la base des règlements ou des
droits constatés?
Les statistiques monétaires sont
présentées en principe sur la base des règlements (base
caisse)
, c’est-à-dire que les transactions doivent être
enregistrées au moment où l’obligation est réglée
plutôt qu’au moment où elle est contractée. Dans de
nombreux pays, néanmoins, les données du secteur
bancaire sont enregistrées sur la base des droits
constatés, car les bilans du système bancaire qui
sous-tendent ces statistiques sont établis
conformément aux règles de la comptabilité privée.
Cependant, la plupart des transactions bancaires se
faisant directement en numéraire, cette distinction
a le plus souvent peu d’importance. Les principales
différences entre les deux approches concernent le
traitement des intérêts à payer ou à recevoir (c’est-
à-dire dus mais non payés), les intérêts


comptabilisés d’avance (les intérêts correspondant à
la partie déjà écoulée de la durée d’un prêt, alors que
l’intérêt n’est pas encore dû aux termes du contrat),
les arriérés en souffrance et leur passage par pertes et
profits, et la fraction non libérée du capital social.
Dans la mesure du possible, les ajustements
nécessaires sont faits pour pouvoir établir la
situation monétaire sur la base des règlements.


Monnaie de libellé. Les comptes monétaires sont
exprimés en monnaie nationale. Tous les postes
libellés en monnaie étrangère
sont convertis en
monnaie nationale. Etant donné que les agrégats du
bilan sont des stocks, le taux de change utilisé pour
la conversion est le taux en vigueur à la date de
l’établissement du bilan.


Consolidation. La consolidation consiste à inscrire
sur une base nette l’ensemble des transactions entre
les entités dont les comptes sont présentés
conjointement. L’établissement de la situation
monétaire
suppose une double consolidation. Dans
un premier temps, les bilans de toutes les banques
créatrices de monnaie sont agrégés en un compte
consolidé des banques créatrices de monnaie; les
postes du bilan d’une banque représentant des dettes
envers d’autres banques ou des créances sur d’autres
banques sont ainsi calculés sur une base nette. Dans
un deuxième temps, les bilans des autorités
monétaires sont consolidés avec ceux des banques
créatrices de monnaie, ce qui donne la situation
monétaire.


IV. Autorités monétaires


1. Définition et rôle des autorités monétaires


Le concept d’autorités monétaires est fonctionnel
plutôt qu’institutionnel. Ce sont les autorités
monétaires qui émettent la monnaie légale,
détiennent les réserves de change du pays,
empruntent pour les besoins de la balance des
paiements, font office de banquier de l’Etat, assurent
la surveillance du système monétaire et jouent le
rôle de prêteur en dernier ressort auprès du système
bancaire. Dans la plupart des pays, ces fonctions
sont assumées par la banque centrale. Dans un
certain nombre de pays, cependant, c’est le Trésor
qui frappe la monnaie. Dans un petit nombre de cas,
il existe un fonds de stabilisation des changes
contrôlé par le Trésor qui détient les réserves
officielles de change. Le cas échéant, donc, les
comptes de ces différents organismes publics sont
regroupés avec ceux de la banque centrale afin de
présenter la totalité des fonctions des autorités
monétaires en une entité comptable unique.




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L’une des fonctions des autorités monétaires
consiste, ainsi qu’il a été dit précédemment, à
jouer le rôle de prêteur en dernier ressort vis-à-vis
du système bancaire. Il s’agit là d’une mission
importante lorsqu’une insuffisance générale de
liquidité dans l’économie entrave le déroulement
du processus de règlement des transactions. Il
convient toutefois de noter que la fonction de
prêteur en dernier ressort n’implique pas qu’il soit
de la responsabilité de la banque centrale de
renflouer les établissements bancaires insolvables
ou de dédommager leurs créanciers.


L’analyse du bilan des autorités monétaires
occupe une place centrale dans l’analyse
monétaire car la base monétaire, c’est-à-dire les
engagements liquides des autorités monétaires
(monnaie fiduciaire plus dépôts liquides à la
banque centrale), est utilisée par les banques pour
assurer la liquidité de leurs propres engagements
monétaires.4 Le contrôle du volume de la base
monétaire est le principal moyen dont les
autorités disposent pour contrôler la masse
monétaire. Etant donné que la banque centrale
crée la monnaie centrale chaque fois qu’elle
acquiert des actifs et qu’elle les paie en créant des
engagements, l’analyse de son bilan est essentiel à
la compréhension du processus de création
monétaire.5


2. Bilan des autorités monétaires


Les divers avoirs et engagements recensés dans le
bilan des autorités monétaires peuvent être classés
en un nombre restreint d’agrégats particulièrement
utiles à l’analyse économique. Cette présentation
analytique du bilan est résumée dans le tableau 5.1.
Les caractéristiques essentielles des postes
répertoriés dans ce bilan sont examinées ci-après. A
la fin de ce chapitre, le tableau 5.2 présente le bilan
des autorités monétaires tunisiennes.


Les avoirs extérieurs nets (AEN*)6 correspondent à
la valeur en monnaie nationale des réserves
internationales officielles nettes (à l’actif : or,
devises, position de réserve au FMI et avoirs en
DTS; au passif : engagements à court terme des
autorités monétaires envers les non-résidents—à
savoir les dépôts des banques centrales étrangères,
les mécanismes de swap mis en place, les
découverts—et certaines dettes extérieures à moyen
et à long termes telles que l’utilisation des crédits du
FMI); ils comprennent aussi parfois d’autres avoirs
et engagements extérieurs des autorités monétaires
non inclus dans la définition des réserves officielles.
C’est ainsi que, dans certains pays, ils incluent des
avoirs extérieurs détenus par les autorités
monétaires qui ne sont pas librement utilisables
pour faire face à un besoin de balance des paiements
(c’est-à-dire qui ne sont pas recensés parmi les
réserves internationales officielles nettes), tels que
les avoirs en monnaies étrangères non convertibles
ou les créances au titre d’accords bilatéraux de


90


5 LES COMPTES MONÉTAIRES


4La base monétaire est aussi appelée monnaie centrale.
5Même la création de monnaie “par la planche à billets”, c’est-


à-dire l’émission de billets de banque pour payer les dépenses de
l’Etat, représente l’émission de créances sur les autorités
monétaires (les billets) en contrepartie d’une créance sur l’Etat
(“avance au gouvernement”) inscrite à l’actif du bilan des
autorités monétaires.


6L’astérisque signale que l’agrégat apparaît au bilan des
autorités monétaires, par opposition à l’agrégat correspondant de
la situation monétaire.




5 5

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paiement. La définition des avoirs extérieurs nets
est donc plus large que celle des réserves
internationales officielles nettes.


Les créances nettes sur l’Etat (CNE*)
correspondent aux prêts à l’Etat et aux titres publics
détenus par les autorités monétaires. Les créances
sur l’Etat sont enregistrées nettes des dépôts de ce
dernier et ce pour deux raisons. Premièrement, on
s’intéresse à l’impact financier global de l’ensemble
des opérations de l’Etat. Ceci est d’autant plus
justifié que l’Etat dispose d’un privilège régalien qui
lui permet de faire appel aux avances de la banque
centrale pour financer les dépenses publiques.
Deuxièmement, à l’inverse du secteur privé qui
regroupe un grand nombre d’agents dont certains
sont excédentaires et d’autres déficitaires, l’Etat
constitue une entité unique, dont la position nette
est pertinente pour l’analyse économique.


Les créances sur les banques créatrices de monnaie
(CBCM*) incluent tous les crédits directs aux
banques créatrices de monnaie ainsi que les effets
réescomptés par elles auprès de la banque centrale.7


Les créances sur les autres secteurs économiques
(secteur privé)
(CSP*) regroupent les créances des
autorités monétaires sur tous les résidents autres que
l’Etat ou les banques créatrices de monnaie. Les
créances des autorités monétaires sur les intermédiaires
financiers autres que les banques créatrices de monnaie
sont classées sous cette rubrique.


La base monétaire (BM) est le principal engagement
des autorités monétaires et joue, comme on l’a vu
précédemment, un rôle central dans la politique
monétaire. Les composantes de la base monétaire sont
les billets et pièces (qu’ils soient détenus par les
banques, on parle dans ce cas d’encaisses des banques
(EB), ou en dehors des banques, et il s’agit alors de la
circulation fiduciaire hors banques (MF)), ainsi que les
dépôts des établissements bancaires et non bancaires
auprès des autorités monétaires. Elle exclut les dépôts de
l’Etat et des non-résidents auprès des autorités
monétaires qui sont calculés sur une base nette en
combinaison avec, respectivement, les créances sur
l’Etat et les avoirs extérieurs. Les dépôts des autres
secteurs intérieurs (particuliers ou entreprises, tels que
certains intermédiaires financiers autres que les banques
créatrices de monnaie) auprès des autorités monétaires
sont pris en compte. Les dépôts du secteur intérieur non
bancaire sont en général peu importants.


Les autres postes nets (APN*) constituent une
catégorie résiduelle et sont enregistrés le plus souvent


sur une base nette.8 Ils couvrent les comptes de
capital, y compris les réserves (au passif), les sièges et
autres bâtiments des banques (à l’actif), les
ajustements de valeur de la position extérieure nette
résultant, par exemple, des fluctuations des taux de
change, ainsi que tout autre poste non classé par
ailleurs. On peut y inclure, par exemple, les
engagements extérieurs à long terme qui ne sont pas
considérés comme étant de nature monétaire (tels
que les prêts au développement accordés par des
bailleurs de fonds extérieurs bilatéraux ou
multilatéraux à la banque centrale afin que celle-ci
les rétrocède pour financer des projets de
développement) ou les fonds publics prêtés à la
banque centrale à des fins similaires. Les
engagements de ce type ne doivent donc pas être
inscrits parmi les avoirs extérieurs nets, ni parmi les
créances nettes sur l’Etat. On notera une convention
importante : dans le bilan analytique des autorités
monétaires, l’allocation de DTS est traitée à l’actif
comme un accroissement des avoirs extérieurs et au
passif comme un accroissement de capital au niveau
des autres postes nets. Il en résulte qu’une allocation
de DTS entraîne un accroissement des avoirs
extérieurs nets des autorités monétaires, car les DTS
alloués sont enregistrés comme des avoirs extérieurs
alors qu’ils ne sont pas considérés comme un
engagement extérieur (cf. encadré 5.1).


Etant donné les principes de la comptabilité en
partie double, qui veut que les avoirs soient égaux
aux engagements, les variations de la base
monétaire (BM) ont pour contreparties les
changements à l’actif du bilan des autorités
monétaires. A titre d’exemple, un excédent global
de la balance des paiements accroît les réserves
internationales nettes des autorités monétaires et,
s’il n’est pas compensé par l’évolution du crédit
intérieur ou des autres postes nets, accroît la base
monétaire. De même, si les autorités monétaires
suscitent un accroissement net de leurs avoirs
intérieurs en achetant des titres publics ou en
consentant des prêts aux banques créatrices de
monnaie, l’accroissement de ces avoirs, s’il n’est pas
compensé par une diminution des avoirs extérieurs
nets ou un accroissement des autres postes nets,
entraîne une augmentation de la base monétaire.


Le bilan des autorités monétaires peut être résumé
par l’identité suivante :


BM AEN* + CNE* + CBCM* + CSP* (5.1)
APN*.


91


Autorités monétaires


7On notera que ce traitement des opérations réescompte, classées
pour les besoins de l’analyse comme prêts de la banque centrale aux
banques en dépit du transfert de propriété auquel elles donnent lieu,
implique que le montant équivalent apparaît toujours à l’actif du
bilan consolidé des banques créatrices de monnaie et trouve sa
contre-valeur au passif en un engagement envers la banque centrale.


8En général, les autres postes nets sont présentés du côté des
engagements, comme dans le tableau 5.1. Toutefois, certains
pays les font figurer du côté des avoirs.




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Exprimée en termes de flux (variations de stocks),
l’identité 5.1 peut être reformulée comme suit :


BM ≡ ∆ AEN* + ∆ CNE* + ∆ CBCM* (5.2)
+ ∆ CSP* – ∆ APN*.


En divisant les deux termes de l’équation 5.2 par
la valeur de la base monétaire de la période
précédente (BMt–1), le taux de croissance de la base
monétaire peut être exprimé en termes de
contributions respectives de ses contreparties :


(5.3)


L’identité 5.3 peut être reformulée de manière à
exprimer aussi le taux de croissance de la base
monétaire en tant que moyenne pondérée des taux
de croissance de ses contreparties :


V. Banques créatrices de monnaie


1. Définition et rôle des banques créatrices de
monnaie


Les banques créatrices de monnaie sont des
intermédiaires financiers dont les engagements se
présentent principalement sous forme de dépôts
transférables par chèques ou utilisables d’une autre
manière pour effectuer des paiements. La
définition met donc en valeur le rôle de ces
banques en tant que créatrices de monnaie sous
forme de dépôts. Elle indique aussi que la ligne de
démarcation entre les institutions financières
considérées comme banques créatrices de monnaie
et celles qui ne le sont pas est dans une certaine
mesure arbitraire, puisqu’elle s’appuie sur
l’importance relative des dépôts transférables dans
l’ensemble de leurs engagements.


Comme tous les intermédiaires financiers, les
banques créatrices de monnaie ont pour principale
fonction économique d’assurer l’intermédiation
financière entre épargnants et investisseurs. Pour
s’acquitter de cette fonction, ces banques
transforment aussi les échéances des actifs
financiers. Les banques créatrices de monnaie
jouent un rôle spécial dans le mécanisme de
transmission monétaire parce que, contrairement à
ce qui se passe avec les autres institutions
financières, leurs engagements sous forme de dépôts
servent de moyens de paiement, en ce sens qu’ils
peuvent être utilisés pour régler les obligations du
déposant. Les banques créatrices de monnaie sont
les seules à avoir la particularité, lorsqu’elles
consentent un prêt, de pouvoir émettre leurs
propres engagements en échange d’une créance sur
les emprunteurs. Le comportement des banques
créatrices de monnaie, en particulier leur politique
en ce qui concerne la collecte des dépôts et l’octroi
des prêts, a une incidence considérable sur la masse
monétaire et la liquidité. Comme on le verra ci-
après, leur comportement est une composante
importante du processus de transmission de la
politique monétaire des autorités monétaires vers le
public.


Les banques acceptent l’obligation de convertir
en espèces ou en dépôts auprès d’autres banques
leurs engagements sous forme de dépôts. Les
dépôts à vue peuvent être convertis en espèces
immédiatement, les dépôts à terme et les autres
dépôts, moins liquides, ne peuvent l’être qu’après
des périodes convenues. Comme il est peu


∆ B Mt
B Mt− 1



∆ AEN t


*


AEN t− 1
*


×
AEN t− 1


*


B Mt− 1


+ ∆ CNE t
*


CNE t− 1
*


× CNE t− 1
*


B Mt− 1
+ ∆ CBCM t


*


CBCM t− 1
*


× CBCM t− 1
*


B Mt− 1


+ ∆ CSPt
*


CSPt− 1
*


× CSPt− 1
*


B Mt− 1


∆ APN t
*


APN t− 1
*


× APN t− 1
*


B Mt− 1
.


∆ B Mt
B Mt− 1


= ∆ AEN t
*


B Mt− 1
+ ∆ CNE t


*


B Mt− 1
+ ∆ CBCM t


*


B Mt− 1


+ ∆ CSPt
*


B Mt− 1
− ∆ APN t


*


B Mt− 1
.


92


5 LES COMPTES MONÉTAIRES


Encadré 5.1.
Transactions avec le FMI


Toutes les transactions entre un pays et le FMI
sont enregistrées au bilan des autorités monétaires de
ce pays. La position de réserve au FMI ainsi que les
DTS détenus par le pays sont inscrits à l’actif du
bilan, alors que l’utilisation des ressources du FMI est
enregistrée au passif. En conséquence, le paiement en
devises de sa quote-part à la souscription au FMI par
un pays membre ne change pas le montant des avoirs
extérieurs nets des autorités monétaires : la réduction
de leurs avoirs en devises est compensée par une
augmentation équivalente de la position de réserve
du pays au FMI. De même, le tirage dans une tranche
de crédit laisse inchangés les avoirs extérieurs nets :
l’augmentation des engagements envers le FMI est
compensée par une augmentation des réserves en
devises. Par contre, une allocation de DTS se traduit
par une augmentation des avoirs extérieurs nets. En
effet, les avoirs en DTS sont comptabilisés parmi les
avoirs extérieurs, mais leur contrepartie—l’allocation
de DTS—est comptabilisée dans le compte de capital
(elle est donc incluse dans les autres postes nets).


(5.4)




7 7

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probable que tous les déposants décident de
convertir ou de transférer la totalité de leurs
dépôts en même temps, les banques estiment être
en mesure de faire face à leurs engagements même
si les réserves qu’elles détiennent sous forme de
dépôts auprès des autorités monétaires ne
représentent qu’une fraction de leurs propres
engagements. Le montant total des réserves
détenues par les banques inclut également les
réserves obligatoires que les autorités monétaires
peuvent imposer aux banques dans le cadre de leur
politique monétaire. Les réserves détenues par les
banques en plus de ces réserves obligatoires sont
appelées réserves excédentaires. Ce système est
souvent qualifié de système de réserves
fractionnaires.
Les banques de dépôts ne couvrant
qu’une fraction de leurs engagements monétaires
par des réserves, une expansion ou une
contraction de leurs engagements peut représenter
un multiple de la variation de leurs réserves. Le
rôle des réserves bancaires dans le processus d’offre
de monnaie est donc crucial et la demande de
réserves par les banques joue un rôle important
dans la détermination de la base monétaire et de
la masse monétaire (cf. encadré 5.2).


2. Bilan des banques créatrices de monnaie


Un résumé analytique du bilan des banques
créatrices de monnaie est présenté dans le tableau
5.3 à la fin de ce chapitre. Les principales
caractéristiques des postes de ce bilan analytique
résumé des banques créatrices de monnaie sont
examinées ci-après. Le tableau 5.4 présente le bilan
consolidé des banques commerciales tunisiennes.


Les avoirs extérieurs nets regroupent les créances
des banques sur les non-résidents, nettes de leurs
engagements envers eux (tels que les dépôts des
non-résidents), quelle que soit la monnaie dans
laquelle elles sont libellées. En règle générale, les
banques créatrices de monnaie détiennent des
avoirs extérieurs parce qu’elles jouent un rôle très
actif dans le financement du commerce extérieur.
Inclure ou non ces avoirs dans les réserves
officielles nettes du pays est affaire de jugement et
dépend principalement de la mesure dans laquelle
les autorités monétaires maîtrisent leur
utilisation.9


Les réserves comprennent à la fois les encaisses
des banques et leurs créances sur les autorités
monétaires sous forme de dépôts. Ces réserves
permettent aux banques de respecter les


coefficients de réserves obligatoires lorsqu’ils
existent, de régler les soldes interbancaires et de
répondre aux demandes de conversion des dépôts
en espèces.


Le crédit intérieur inclut les créances sur l’Etat,
nettes des dépôts de l’Etat auprès du système
bancaire, et les créances sur les autres résidents.
On notera que, dans la présentation utilisée pour
les Statistiques financières internationales, les effets
présentés au réescompte de la banque centrale par
les banques continuent par convention de figurer
au poste crédit intérieur de leur bilan en dépit du
changement de propriété.


Les dépôts figurant au passif du bilan représentent
les créances liquides sur les établissements bancaires
détenus par des résidents autres que l’Etat et les
autorités monétaires. Une distinction est faite entre
les dépôts à vue en monnaie nationale, qui incluent
toutes les créances sur les banques susceptibles
d’être utilisées directement comme instruments de
paiement (outre les dépôts transférables par
chèques, il peut s’agir par exemple d’instruments
tels que les chèques de voyage émis par les
banques), les dépôts d’épargne et les dépôts à terme
libellés en monnaie nationale ainsi que les dépôts
en devises.


Les engagements envers les autorités monétaires
représentent le crédit consenti aux banques par les
autorités monétaires, y compris sous forme de
refinancement via le guichet de réescompte. Cet
agrégat est identique aux créances sur les banques


93


Banques créatrices de monnaie


Encadré 5.2.
Le multiplicateur monétaire


Le rapport de la masse monétaire aux engagements
des autorités monétaires qui constituent la base
monétaire s’appelle le multiplicateur monétaire. Ce
concept est particulièrement utile pour la conduite
de la politique monétaire si le multiplicateur est
stable, ou du moins prévisible, puisqu’il établit alors
un lien entre les mouvements de la masse monétaire
telle qu’elle est créée par l’ensemble du système
bancaire, d’une part, et la base monétaire, telle
qu’elle apparaît au bilan des autorités monétaires,
d’autre part.


La stabilité du multiplicateur monétaire dépend
principalement :


• de la stabilité de la part de ses encaisses que le
public désire détenir sous forme de monnaie
fiduciaire;


• de la stabilité de la proportion que les banques
désirent maintenir entre leurs engagements
monétaires et leurs réserves; et


• de la liberté dont jouissent les banques de
prêter les réserves dont elles souhaitent se
défaire.


9Cf. chapitre 3.




8 8

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créatrices de monnaie enregistrées au bilan des
autorités monétaires (cf. tableau 5.1. supra).10


Les autres engagements moins liquides incluent les
engagements à long terme des banques, tels que les
obligations et les autres titres qu’elles émettent et
qui n’ont pas un caractère monétaire.


Les autres postes nets regroupent les comptes de
capital des bilans, les comptes de provisions, ainsi
que les autres postes non classés ailleurs.


VI. Situation monétaire


La situation monétaire correspond au bilan
consolidé de l’ensemble du secteur bancaire : elle
consolide les bilans des banques créatrices de
monnaie (consolidés entre eux) avec celui des
autorités monétaires. Son objet est de présenter les
données sur l’évolution de la monnaie et du crédit
dans la totalité du système bancaire afin de
permettre aux autorités de suivre cette évolution et
de réorienter au besoin la politique monétaire. A la
fin du chapitre, le tableau 5.5 présente la structure
analytique de la situation monétaire, et le tableau
5.6 présente la situation monétaire de la Tunisie
pour la période 1988–91.


1. Stock monétaire nominal


Au passif de la situation monétaire figure le stock
de monnaie créé par le système bancaire.11 Au sens
strict la masse monétaire se compose de la monnaie
fiduciaire
(billets et pièces en circulation) (MF), plus
les dépôts à vue auprès du secteur bancaire (DV).
C’est à cette masse monétaire au sens strict que la
notation M1 fait référence dans les études
économiques.


Monnaie au Monnaie Dépôts
sens strict
= fiduciaire + à vue
(M1) (MF) (DV).


Une définition plus large de la masse monétaire
inclut en outre la quasi-monnaie (QM), c’est-à-dire


les dépôts à terme et les dépôts d’épargne auprès du
système bancaire.12 Ce concept monétaire — M2 —
recouvre les principaux engagements du système
bancaire présentés dans le tableau 5.3.


Monnaie Monnaie Quasi-
au sens large
= au sens strict + monnaie
(M2) (M1) (QM),


ou


M2 = MF + DV + QM. (5.5)


La contrainte de bilan du système bancaire
suppose que la masse monétaire au sens large
(M2) est identique à la somme de ses
contreparties, à savoir des avoirs extérieurs nets
(AEN) évalués en monnaie nationale et du crédit
intérieur (CIR) moins les autres postes nets
(APN). Nous avons donc, pour le système
bancaire, dans son ensemble :


M2 = AEN + CIR APN, (5.6)


ou, en termes de variations :


M2 = ∆ AEN + ∆ CIR – ∆ APN. (5.7)


L’encadré 5.3 présente les notations usuelles
concernant la masse monétaire.


2. Avoirs extérieurs nets


Les avoirs extérieurs nets du système bancaire se
composent des avoirs extérieurs nets des autorités
monétaires et des banques créatrices de monnaie,
tels qu’ils ressortent de leurs bilans respectifs (cf.
tableaux 5.1 et 5.2). Ces avoirs sont
essentiellement l’or, les réserves de change, les
dépôts des banques auprès de leurs correspondants
étrangers et, le cas échéant, les créances résultant
de prêts ou avances à des non-résidents. A chaque
opération extérieure du système bancaire
correspond une inscription dans la balance des
paiements, soit au compte de capital, soit en
financement du solde global. Par conséquent, la
variation des réserves internationales (en excluant
leurs réévaluations) dans la situation monétaire
correspond à la variation des réserves dans la
balance des paiements.13


94


5 LES COMPTES MONÉTAIRES


10Toutefois, dans la pratique, en raison de décalages
comptables ces montants peuvent différer légèrement dans les
bilans.


11La monnaie est définie ici comme un moyen de paiement
largement accepté. La monnaie remplit aussi d’autres fonctions :
comme tous les actifs, elle constitue une réserve de valeur et,
étant donné qu’elle représente le moyen de paiement
généralement accepté, elle est aussi utilisée comme unité de
compte.


12On y ajoute souvent les dépôts en devises des résidents.
13L’ajustement de valeur correspondant est donné par


l’équation (5.8) infra.




9 9

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95


Situation monétaire


3. Crédit intérieur


Le crédit intérieur (CIR) est le solde consolidé
du crédit intérieur des autorités monétaires et des
banques créatrices de monnaies. Il se subdivise
habituellement en crédit net à l’Etat et crédit au
secteur privé. Le crédit à l’Etat apparaît net des
dépôts de celui-ci, ce qui permet de mesurer
l’incidence des opérations de l’ensemble des
administrations publiques sur la liquidité de
l’économie, comme expliqué plus haut.


4. Autres postes nets


Dans la situation monétaire, les autres postes
nets comptabilisent le solde consolidé des autres
postes nets des autorités monétaires et celui des
banques créatrices de monnaie. Ce poste recouvre
l’ensemble des éléments non classés ailleurs
(autres éléments de l’actif et du passif, tels que
immobilisations et capital). On y inclut aussi un
ajustement de valeur qui reflète (1) l’effet de la
variation des taux de change entre la fin de la
période précédente et la fin de la période
courante, et (2) la différence entre le taux de
change moyen auquel les devises sont entrées dans
les comptes durant la période considérée et le taux
en fin de période utilisé pour l’établissement des
bilans. L’ajustement de valeur peut être indiqué
par la formule suivante :


Vajt AENDt–1 (TCFt TCFt–1) (5.8)
+ ∆ AENDt (TCFt – TCMt),


de sorte que :


AENt = AENt–1 + ∆ AENDt × TCMt + Vajt , (5.9)


où :


Vajt : ajustement de valeur du stock des
avoirs extérieurs nets pour la période t;


AENt : encours des avoirs extérieurs nets,
en monnaie nationale à la fin de la
période t;


AENDt : encours des avoirs extérieurs nets,
exprimé en devises, à la fin de la
période t;


AENDt : variation des avoirs extérieurs nets,
exprimée en devises, durant la
période t (autrement dit, flux
des avoirs extérieurs nets
enregistrés à la balance des
paiements);


TCFt : taux de change en fin de période t;


TCMt : taux de change moyen de la
période t.


Encadré 5.3.
Agrégats monétaires : BM, M1, M2, M3, M4, ou L?


Si M1 et M2 sont parmi les définitions de la masse
monétaire les plus utilisées, un grand nombre
d’institutions financières non bancaires émettent
aujourd’hui, dans de nombreux pays, une gamme
croissante d’avoirs porteurs d’intérêt, qui sont transférables
par chèques et servent donc de moyen d’échange (les
dépôts des fonds communs de placement monétaire, par
exemple). Ces innovations financières tendent à estomper
la distinction entre actifs monétaires et leurs proches
substituts, et ont ouvert le débat sur la distinction entre les
avoirs financiers qui font partie de la masse monétaire et
ceux qui en sont exclus. Dans cette gamme d’actifs
financiers qui va de la monnaie aux actifs offrant de
meilleurs rendements mais une moindre liquidité, la
distinction doit s’opérer de manière à inclure les créances
liquides—c’est-à-dire utilisables directement et sans
restrictions pour effectuer des paiements—et à exclure
toutes les autres. Ceci signifie, toutefois, qu’il n’existe pas
un ensemble unique d’actifs formant toujours et partout la
masse monétaire et que les définitions actuelles de la
monnaie sont susceptibles de changer dans l’avenir. Il est


donc possible de définir un grand nombre d’agrégats
monétaires, selon les avoirs liquides que l’on y inclut.


Bien que les définitions précises varient d’un pays à
l’autre, M3 correspond en général à M2 augmentée des
certificats de dépôt et des accords de rachat de titres;
quant à M4, elle recouvre M3 plus les dépôts des fonds
communs de placement monétaires et d’autres
institutions financières non bancaires. Un concept
supplémentaire de liquidité (L) est défini parfois, qui
complète M4 par d’autres actifs financiers moins
liquides tels que les bons du Trésor et les autres
obligations d’Etat. Le choix de l’une ou l’autre de ces
définitions de la masse monétaire pour les besoins de la
politique monétaire et du suivi de la situation
monétaire dépend de la stabilité et de la prévisibilité
de la relation entre l’agrégat monétaire et la demande
globale nominale dans l’économie, ainsi que du degré
de contrôle des autorités sur l’agrégat monétaire en
question. Enfin, plus récemment, l’habitude a été prise
d’ajouter un terme BM pour designer la base
monétaire.




10 10

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5. Croissance de la masse monétaire et ses
contreparties


En procédant de la même manière que pour les
comptes des autorités monétaires (équations 5.1 à
5.4), on peut décomposer la croissance de M2 entre
les contributions respectives de ses contreparties ou
l’exprimer en tant que moyenne pondérée des taux
de croissance de ses contreparties :


M2 ≡ ∆ AEN + ∆ CNE + ∆ CSP – APN, (5.10)


(5.11)


et finalement :


(5.12)


où les stocks sont les stocks de début de période
(c’est-à-dire, des stocks mesurés à la fin de la
période précédente). (Voir aussi encadré 5.4).


VII. Exercices et thèmes de réflexion


Exercices


A. A partir des tableaux 5.2 et 5.4 établir la
situation monétaire de la Tunisie à fin 1992
(tableau 5.6). Remarquer les difficultés
introduites par les incohérences observées
entre les données du bilan des autorités
monétaires et celles du bilan consolidé des
banques créatrices de monnaie, ainsi que les
“arrondis” qui résultent en un écart entre la
somme des passifs et des actifs.


B. A partir de ces résultats, en particulier des
variations annuelles en pourcentage de la
masse monétaire de début de période,
commenter l’évolution des agrégats monétaires
en Tunisie pendant la période 1988–92.


Thèmes de réflexion


A. Analyse des comptes monétaires de la Tunisie


1. Commenter la définition et l’intérêt
analytique du concept de base monétaire
figurant au tableau 5.4. Comparer les taux
de croissance de la base monétaire (BM),
de la monnaie (M1) et de la monnaie et
quasi-monnaie (M2) pendant la période
1988–92. Commenter l’évolution
respective de la base monétaire et de la
masse monétaire de la Tunisie pendant
cette période.


2. Calculer le multiplicateur monétaire pour la
Tunisie en 1992.


B. Enregistrement de transactions monétaires
spécifiques


1. Les statistiques monétaires sont généralement
présentées selon trois niveaux d’agrégation.
Quels sont les objectifs analytiques de chacun
de ces niveaux?


∆ M 2t
M 2t− 1


≡ ∆ AEN t
AEN t− 1


× AEN t− 1
M 2t− 1


+
∆ CNE t
CNE t− 1


×
CNE t− 1
M 2t− 1


+ ∆ CSPt
CSPt− 1


× CSPt− 1
M 2t− 1


+
∆ APN t
APN t− 1


×
APN t− 1
M 2t− 1


.


∆ M 2t
M 2t− 1


≡ ∆ AEN t
M 2t− 1


+ ∆ CNE t
M 2t− 1


+ ∆ CSPt
M 2t− 1



∆ APNt
M 2t− 1


,


96


5 LES COMPTES MONÉTAIRES


Encadré 5.4.
Croissance des encaisses réelles


Le taux de croissance de la masse monétaire
nominale telle qu’elle apparaît dans la situation
monétaire peut être comparé au taux d’inflation pour
mesurer l’évolution du pouvoir d’achat que
représentent les encaisses monétaires du public.
Ainsi, si l’on mesure le pouvoir d’achat de la masse
monétaire (appelé le stock d’encaisses réelles) en
déflatant la masse monétaire nominale par le niveau
général des prix, on peut écrire :


masse monétaire nominale
encaisses réelles
= ——————————— .


niveau général des prix


Par extension, le taux de croissance de la masse
monétaire réelle (ρ ) est égal à la différence entre le
taux de croissance de la masse monétaire nominale
(µ ) et taux d’inflation (π ), déflaté par le taux
d’inflation :


ρ = (µ – π )/ (1 + π )


Exemple : si, au cours d’une année, la masse
monétaire nominale augmente par exemple de 20 %
et le niveau des prix de 10 %, la masse monétaire
réelle a augmenté de 9 % (en effet ρ =
(0,20 – 0,10)/(1 + 0,10) = 0,09 = 9 %).




11 11

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97


Exercices et thèmes de réflexion


2. Quels sont les principaux problèmes que pose
l’application du critère de dépôts transférables
par chèques qui distingue les banques créatrices
de monnaie des institutions financières non
monétaires? Comment cette distinction peut-elle
affecter certains agrégats monétaires?


3. Comment les dépôts en devises détenus par les
résidents et les non-résidents sont-ils
enregistrés dans les comptes monétaires?


4. Comment sont enregistrés dans les comptes
monétaires les achats et rachats au FMI?


5. Comment la situation monétaire enregistre-t-
elle le crédit à l’Etat? Quelle en est la
justification?


6. Expliquer le concept de base monétaire et
discuter comment les autorités monétaires
peuvent influencer la croissance de la base
monétaire. Commenter cette affirmation :
“Le contrôle de la base monétaire est pour
une banque centrale le moyen le plus
efficace d’influencer la masse monétaire”.
Justifier la réponse.




12 12

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98


5 LES COMPTES MONÉTAIRES


Tableau 5.2.
Tunisie : Avoirs et engagements de la banque centrale, 1986–92
(En millions de dinars; fin de période)


1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992


Avoirs extérieurs 177 366 754 844 633 679 877
Créances sur l’Etat 62 71 49 54 64 95 117
Créances sur les banques


de développement 12 12 22 27 51 89 841
Créances sur les banques créatrices


de monnaie 971 832 799 946 855 1.037 986
Créances sur le secteur privé


non bancaire 157 179 0 0 0 0 0


Avoirs = engagements 1.380 1.460 1.623 1.870 1.603 1.900 2.064


Base monétaire (BM) 747 806 1.118 1.361 1.145 1.264 1.355
Circulation fiduciaire hors banques 651 705 800 875 1.005 1.104 1.156
Monnaie fiduciaire dans


les banques 18 24 31 28 44 43 40
Dépôts des banques 17 1 283 455 89 89 134
Créances des banques de


développement et des autres
institutions financières 58 75 3 2 6 27 242


Dépôts des entités non financières 4 2 2 1 2 2 2


Engagements extérieurs 140 221 250 259 148 243 301
Dépôts et avoirs en monnaie de l’Etat 87 72 119 139 119 164 71
Fonds de contrepartie 46 72 79 94 66 70 64
Allocations de DTS 20 20 20 20 20 43 45
Comptes de capital 250 245 38 44 49 49 54
Autres postes (net) 90 24 0 –46 57 68 174


Source : Base de données et estimations de l’Institut du FMI.
1Dont crédit à l’économie : 39 millions de dinars.
2Dont créances des banques de développement : 20 millions de dinars.


Tableau 5.1.
Bilan analytique des autorités monétaires1


Avoirs Engagements


Avoirs extérieurs nets (AEN*) Base monétaire (BM)
Avoirs extérieurs Billets et pièces
Moins : Engagements extérieurs Dans les banques (EB)


Hors banques (MF)
Crédit intérieur (CIR*) Dépôts des banques créatrices


Créances nettes sur l’Etat (CNE*) de monnaie
Créances sur les banques Dépôts d’agents économiques


créatrices de monnaie (CBCM*) non monétaires
Créances sur les autres


secteurs économiques (CSP*) Autres postes nets (APN*)
Fonds propres et autres engagements
Moins : Immobilisations et autres avoirs


1L’astérisque signale que l’agrégat apparaît au bilan des autorités monétaires, par opposition à l’agrégat correspondant de la situation monétaire.




13 13

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99


Exercices et thèmes de réflexion


Tableau 5.3.
Bilan des banques créatrices de monnaie


Avoirs Engagements


Avoirs extérieurs nets Dépôts
Avoirs extérieurs Dépôts à vue
Moins : Engagements extérieurs Dépôts à termes et dépôts d’épargne


Dépôts en devises
Réserves


Réserves obligatoires Engagements envers les autorités
Réserves excédentaires monétaires


Crédit intérieur Autres engagements moins liquides
Créances nettes sur l’Etat
Créances sur les autres Autres postes nets


secteurs économiques Fonds propres et autres engagements
Moins : Immobilisations et autres avoirs


Tableau 5.4.
Tunisie : Avoirs et engagements des banques créatrices de monnaie, 1988–92
(En millions de dinars; fin de période)


1988 1989 1990 1991 1992


Réserves 346 459 118 130 129
Encaisses 31 28 44 43 40
A la banque centrale 316 431 74 88 89


Avoirs extérieurs 353 411 505 514 505
Créances sur l’Etat 653 715 762 793 535


Bons d’équipement 644 664 729 668 324
Bons du Trésor ... 47 30 119 159
Emprunts nationaux ... ... ... ... 49
Autres 8 3 4 6 4


Créances sur l’économie 3.996 4.810 5.301 5.847 6.760
Crédit financé sur ressources ordinaires 3.381 4.121 4.543 4.950 5.720
Crédit financé sur ressources spéciales 472 547 618 698 784
Portefeuille d’actions 143 141 140 199 256


Avoirs = engagements 5.347 6.394 6.686 7.285 7.930


Dépôts à vue 1.557 1.557 1.537 1.401 1.516
Banques de développement 18 35 5 7 10
Entreprises non financières et ménages 1.539 1.522 1.532 1.394 1.506


Engagements quasi monétaires 1.960 2.383 2.571 2.845 3.102
Banques de développement 64 73 108 78 77
Entreprises non financières et ménages 1.896 2.310 2.463 2.767 3.024


Dépôts à terme 584 681 614 601 664
Certificats de dépôts 129 192 185 90 54
Dépôts d’épargne spéciaux 1.080 1.301 1.512 1.766 2.041
Autres dépôts d’épargne 12 18 29 44 30
Dépôts en devises ou en dinars convertibles 1 0 0 1 0
Autres 91 119 124 266 236


Engagements monétaires à long terme 4 254 321 351 388
Engagements extérieurs 324 328 378 425 534
Ressources spéciales 463 571 668 736 785


Emprunts extérieurs à long terme 187 201 253 329 ...
Fonds de contrepartie 17 3 3 3 ...
Fonds publics affectés aux prêts 259 367 412 405 ...


Concours de la banque centrale 808 937 848 1.021 978
Comptes de capital 411 530 592 710 885
Autres postes nets –181 –166 –228 –204 –257


Source : Base de données et estimations de l’Institut du FMI.
Information extra-comptable : les dépôts des ménages aux Comptes chèques postaux (CCP) se sont élevés en 1992 à 157 millions de dinars.




14 14

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100


5 LES COMPTES MONÉTAIRES


Tableau 5.5.
Situation monétaire


Avoirs Engagements


Avoirs extérieurs nets (AEN) Monnaie au sens large (M2)
Monnaie au sens strict (M1)


Monnaie fiduciaire (MF)
Crédit intérieur (CIR) Dépôts à vue (DV)


Créances nettes sur l’Etat (CNE) Quasi-monnaie (QM)
Créances sur le secteur privé (CSP) Dépôts à terme et dépôts


d’épargne
Dépôts en devises


Autres postes nets (APN)




15 15

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101


Exercices et thèmes de réflexion


Tableau 5.6.
Tunisie : Situation monétaire, 1988–92


19881 1989 1990 1991 19922


(En millions de dinars; fin de période)


Avoirs extérieurs nets 542 668 612 526
Avoirs extérieurs ... 1.254 1.138 1.193
Engagements extérieurs ... –586 –526 –667


Crédit intérieur 5.188 5.563 6.143 6.741
Crédit net à l’Etat 677 722 808 853


Banque centrale –70 –85 –55 –68
Banques créatrices de monnaie 652 715 762 793
Contrepartie des dépôts aux CCP 95 92 100 128


Crédit à l’économie 4.512 4.841 5.335 5.888
Banque centrale 13 31 34 41
Banques créatrices de monnaie 4.499 4.810 5.301 5.847


Monnaie et quasi-monnaie (M2) 4.422 4.910 5.220 5.507
Monnaie (M1) 2.460 2.527 2.649 2.640


Circulation fiduciaire 800 875 1.005 1.104
Dépôts à vue 1.660 1.652 1.644 1.536


Institutions financières ... 37 11 12
Entreprises non financières et ménages ... 1.615 1.633 1.524


Quasi-monnaie (QM) 1.962 2.383 2.571 2.867
Institutions financières ... 73 108 100
Entreprises non financières et ménages ... 2.310 2.463 2.767


Dépôts à long terme 226 254 321 351


Autres postes nets 1.082 1.067 1.214 1.410
Ressources spéciales ... 664 734 806
Comptes de capital ... 574 640 759
Autres ... –172 –160 –155


(Variation annuelle en pourcentage de la monnaie
et quasi-monnaie en début de période)


Avoirs extérieurs nets ... 2,8 –1,1 –1,6
Crédit intérieur ... 8,5 11,8 11,5


Crédit net à l’Etat ... 1,0 1,8 0,9
Crédit à l’économie ... 7,4 10,1 10,6


Monnaie et quasi-monnaie (M2) ... 11,0 6,3 5,5
Monnaie (M1) ... 1,5 2,5 –0,2
Quasi-monnaie (QM) ... 9,5 3,8 5,7


Dépôts à long terme ... 0,6 1,4 0,6
Autres postes nets ... –0,3 3,0 3,8


(Variation annuelle en pourcentage, sauf indications contraires)


Pour mémoire :


PIB nominal 8,6 11,2 13,8 11,0 14,2
PIB réel 0,1 3,7 7,6 3,9 8,0
Déflateur du PIB 8,5 7,2 5,7 6,8 5,8
Indice des prix à la consommation 7,2 7,7 6,5 7,8 5,5
Vitesse de circulation (PIB/M2) 2,0 2,0 2,1 2,2
Multiplicateur monétaire (M2/Base monétaire) 4,0 3,6 4,6 4,4


Source : Base de données et estimations de l’Institut du FMI.
1Les données de l’année 1988 ont été ajustées rétroactivement pour tenir compte de la fusion en 1989 d’une banque de développement et d’une


banque créatrice de monnaie, ainsi que de la conversion d’une banque de crédit immobilier en une banque créatrice de monnaie. Pour cette raison,
les bilans de la banque centrale et des banques créatrices de monnaie ne sont pas directement comparables à la situation monétaire de 1988.


2Cette colonne devra être complétée dans le cadre de l’exercice proposé à la fin du chapitre.




16 16

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