2004 Re pè re s # 30 , © O CD E 20 06 CENTRE DE DÉVELOPPEMENT DE L’OCDE Les...

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CENTRE DE DÉVELOPPEMENT DE L’OCDE


Les opinions exprimées dans cet exposé sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de l’OCDE,
du Centre de développement ou de leurs pays membres


www.oecd.org/dev/reperes


Repères n° 30
octobre 2006


Le secteur du coton au Mali : réaliser
son potentiel de croissance


par Claudia Behrendt


Un continent à mobilité réduite…


♦ Le Mali a tout à gagner de la suppression des subventions aux exportations de coton dans les pays développés.
♦ Les producteurs maliens doivent impérativement renforcer leurs capacités de gestion, d’organisation et de


négociation pour profiter des échanges.


♦ La compétitivité du secteur cotonnier passe par le développement des infrastructures et des investissements dans
la recherche et le développement (R-D).


Le Mali est le deuxième producteur de coton de l’Afrique
subsaharienne, après le Burkina Faso. Un quart de la
population malienne vit directement de sa culture et le
secteur représente près de 8 pour cent du revenu national
du pays. Un producteur type du Sud du pays cultive deux à
trois hectares de terres (contre 500 hectares pour une
exploitation américaine moyenne) et n’a, en général, qu’un
seul acheteur. Cette activité est la p incipale source de revenu
pour ces agriculteurs, qui doivent assurer leur nourriture et
leur logement, leurs dépenses médicales et les frais de
scolarité de leurs enfants. Le prix du coton est donc
directement lié à l’accès à l’éducation et aux soins médicaux.


La suppression des subventions aux exportations de coton
dans les pays développés augmentera les cours
internationaux et, ce faisant, les recettes à l’exportation du
Mali. Ce pays est – avec le Bénin, le Burkina Faso et le
Tchad – l’un des quatre auteurs ouest africains de l’initiative
sectorielle en faveur du coton à l’Organisation mondiale du
commerce (OMC), appelé communément C4. Dans le cadre
des négociations actuelles de l’OMC – le programme de Doha
pour le développement – les C4 militent pour la suppression
de ces subventions dans les pays du Nord, car elles favorisent
la surproduction de coton, à l’origine de la baisse des cours
internationaux, et réduisent ce faisant les recettes à
l’exportation de pays dépendants du coton, comme le Mali.
Un rapport de 2004 de l’Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO) estimait que la


Suppression des subventions
aux exportations de coton
et ajustement national


suppress ion de ces subvent ions f in 2006
– conformément aux termes de la déclaration ministérielle
de l’OMC à Hong Kong – entraînerait une augmentation
des prix du coton de 2 à 35 pour cent. Ces estimations
sont cependant fragilisées par la montée en puissance de
la Chine. La suspension temporaire des négociations de
Doha, en juillet 2006, complique encore la situation.


Alors que les subventions aux exportations de coton ont
entraîné un effondrement des cours ces dix dernières années
(Figure 1), la production malienne de coton graine a
pratiquement triplé. Suite à la crise du secteur coton en
1999/2000, jusqu’en 2004 l’entreprise nationale Compagnie
malienne pour le développement du textile (CMDT) a versé
des subventions aux producteurs maliens de coton, ce qui a
augmenté le prix payé aux producteurs.


Source : OCDE/BAfD (2006), Perspectives économiques en Afrique.


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Production de coton graine Prix au producteur
Prix mondial ajusté


Figure 1. Production et prix du coton au Mali




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No. 14


www.oecd.org/dev/reperes Repères, n° 30, octobre 2006


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Ces subventions ayant encore aggravé les pertes de la CMDT,
un nouveau mécanisme de fixation des prix a été introduit
en mai 2005 dans le cadre de la réforme actuelle du secteur
cotonnier. Le prix d’achat est désormais fonction des cours
mondiaux et non plus des coûts de production. Résultat, le
prix de base versé aux producteurs a chuté de 24 pour cent
en 2005/06.


Après avoir introduit ce nouveau mécanisme de fixation des
prix, les autorités maliennes envisagent de privatiser la CMDT
en 2008. A l’heure actuelle, cette société jouit d’un monopole
pour l’achat de coton au Mali et est responsable de toute la
chaîne, de la production, du marketing et du conseil à la
formation des producteurs, sans compter la santé et
l’éducation. En 2008, la CMDT sera divisée en quatre filiales.
Pour chacune d’entre elles, 61 pour cent des parts seront
vendues à des sociétés privées, 20 pour cent à l’Union
Nationale des Sociétés Coopératives des Producteurs de
Coton du Mali (UNCPC), 2 pour cent au personnel de la
CMDT et 17 pour cent continueront d’être détenues par l’État.
Chaque société bénéficiera de droits d’achat exclusifs sur
une région donnée et devra fournir aux producteurs les
intrants ainsi qu’un support technique. Cependant, la capacité
d’investissement de l’UNCPC devra être assurée afin que
cette dernière puisse acheter 20 pour cent des parts de
chaque filiale de la CMDT.


La compétitivité du secteur passe par le renforcement des
capacités de gestion et de négociation des producteurs
maliens de coton. Ceux-ci sont en général mal informés des
cours internationaux. Cette méconnaissance, et leurs
capacités restreintes de coordination, les rendent dépendants
de la CMDT et de sa politique de fixation des prix. Pour
mieux informer les producteurs locaux et leur donner voix
au chapitre dans l’élaboration des politiques, trois solutions
sont envisageables : i) améliorer la communication, grâce
aux radios rurales ; ii) améliorer l’accès à la téléphonie mobile,
grâce au microcrédit (à l’instar des “telephone ladies”, au
Bangladesh) et iii) développer les forums locaux. Mais les
connaissances des producteurs en pratiques d'organisation
et gestion des risques doivent aussi être consolidées.


Investir dans les infrastructures et la R-D


Les lecteurs sont invités à citer ou reproduire les informations des
Repères du Centre de développement de l’OCDE dans leurs propres
publications. En échange, le Centre demande les remerciements de
rigueur ainsi qu’un exemplaire de la publication. Le texte intégral des
Repères et d’autres informations sur le Centre de développement et
ses travaux sont disponibles sur : www.oecd.org/dev


Centre de développement de l'OCDE
2, rue André-Pascal,


75775 Paris Cedex 16, France
Tél : 33 (0)1 45.24.82.00
Fax : 33 (0)1 44.30.61.49


mél : dev.contact@oecd.org


Pour approfondir la question :


OCDE/Centre de développement (2006), “Aid for Trade and Agro-based
Private Sector Development in Africa: Lessons from Mali and
Senegal”, Note pays Mali, Paris.


OCDE/Banque africaine de développement (2006), « Études pays :
Mali », Perspectives économiques en Afrique, 2005/06, Paris.


OCDE/Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (2006), Objectif
Développement. Le coton en Afrique de l’Ouest : un enjeu
économique et social, Paris.


Pour aider le Mali à réduire les coûts, garantir une diffusion
plus efficace des produits agricoles sur les marchés et
développer ses capacités commerciales, il faut améliorer ses
infrastructures de transport et d’énergie. Au-delà de
l’entretien des routes et voies de chemin de fer existantes,
des investissements doivent être consacrés à la construction
de nouvelles infrastructures et à la recherche de nouvelles
ressources de carburant.


En outre, le secteur doit bénéficier de davantage de R-D, en
particulier aux niveaux de plantation, de cueillette et de
séchage – sans parler des pratiques de gestion des parasites.
Grâce à la qualité de son coton et à des coûts de production
(intrants et main-d’œuvre) relativement faibles par rapport
aux producteurs du Nord, le Mali bénéficie d’un avantage
comparatif. En revanche, son avantage concurrentiel face
aux nouveaux producteurs d’Asie et d’Amérique latine
s’érode. Le manque d’investissement en R-D rend la situation
périlleuse.


L’économie du Mali, peu diversifiée, est désormais à la merci
d’un marché international du coton déséquilibré, de prix
mondiaux interdisant toute marge et d’acheteurs uniques.
Il faut de toute urgence donner aux producteurs maliens
les outils et la formation nécessaires pour qu’ils puissent
tirer parti des échanges – et non les subir.


Renforcer les capacités des producteurs
maliens


Il paraît également crucial de former les cadres de l’UNCPC
aux arcanes de la négociation avec les institutions financières
et les fournisseurs. Comme la privatisation de la CMDT va


transférer de nouvelles responsabilités à l’UNCPC, il faut
s’assurer que cette dernière maîtrise bien la gestion des
intrants et des services. Pour ce faire, le Gouvernement a
notamment lancé en 1999, avec le soutien de la France, le
projet PASE (Programme d’amélioration des systèmes
d’exploitation en zone cotonnière).