Besoins et satisfaction en matière de justice au Mali 2018 Problèmes juridiques dans la...

Besoins et satisfaction en matière de justice au Mali 2018 Problèmes juridiques dans la...



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Besoins et satisfaction
en matière de justice


au Mali
2018


Problèmes juridiques dans la vie quotidienne




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2


Il est remarquable que de nos jours, nous soyons capables
de fabriquer des aspirateurs faciles à utiliser. Mais, selon
nous, à HiiL, la justice nécessite une attention plus urgente.


Nous sommes comme des rebelles sympathiques,
passionnés d’impacts sociaux. Notre objectif est de donner
à 150 millions de personnes les moyens de prévenir ou de
résoudre leurs problèmes de justice les plus urgents d’ici
2030. Pourquoi ?


Parce que, chaque année, 1 milliard de personnes sont
confrontées à un nouveau problème de justice. Le véritable
scandale, c´est que plus de 70% de ces personnes ne
trouvent pas de solution satisfaisante. 30% d´entre elles ne
se sentent même pas assez autonomes pour entreprendre
des actions. Tout cela a un impact considérable sur leurs vies
et sur la société : allant de la violence, aux relations brisées
et aux conflits d´affaires.


Bref, la justice ne répond pas aux besoins des justiciables
dans les moments les plus difficiles.


Le problème est que nous utilisons encore les modèles
développés au cours des siècles passés. Ce qui fait que le
processus pour obtenir justice est aujourd’hui trop lent, trop
difficile et très coûteux.


Nous croyons sincèrement qu´une justice de base pour tous
est possible. Grâce aux données et à la technologie, nous co-
créons une justice de grande qualité en fonction des besoins
des populations du monde actuel.


Chez nous, à HiiL, nous appelons cela une justice facile
d´accès. Une justice abordable, accessible et facile à
comprendre. Bref, une justice qui fonctionne bien.




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3 3BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Table des matières


Table of contents
Executive summary .......................................................................................................................4


Purpose of the study .................................................................................................................. 10


Research methodology ................................................................................................................ 16


Legal problems of refugees .........................................................................................................22


Access to legal information and advice ....................................................................................... 34


Dispute resolution ...................................................................................................................... 67


Trust and legal empowerment ...................................................................................................... 91


Legal problems of young people ................................................................................................ 103


Legal problems of women ...........................................................................................................121


Family Justice .......................................................................................................................... 139


Employment ............................................................................................................................. 169


Refugees .................................................................................................................................. 193


Conclusions et Recommandations ............................................................................................. 216


update
Résumé analytique ...................................................................................................... 5


Introduction ................................................................................................................ 18


Problèmes de justice au Mali en 2018 ...................................................................... 38


Parcours de justice ..................................................................................................... 58


Accès à la justice pour les problèmes fonciers ..................................................... 100


Accès à la justice pour les femmes ......................................................................... 124


Accès à la justice pour les jeunes Maliens .... .... .... .... 148


La confiance dans le système judiciaire et l´autonomisation juridique ............ 170


Perceptions et expériences de la corruption ........................................................ 182


La justice transitionnelle ........................................................................................... 198


Conclusions et Recommandations ........................................................................... 234


Avertissement


Ce rapport est un document évolutif et sujet à révision. Chaque
fois que le rapport est révisé, il sera affiché à www.hiil.org/projects.
Cette version du rapport a été généré le 11 mars 2019


Cette recherche a été financée
par l’Ambassade du Royaume
des Pays-Bas à Bamako et le
Ministère de la Justice du Mali.




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4 5BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Résumé analytiqueL´histoire d´Oumar


J´ai acheté 2 parcelles avec un propriétaire de terre dans une banlieue de
Bamako. Après payement, les documents de vente ont été dûment signés
par moi-même, le vendeur et un témoin. Pendant que j´attendais que les
titres de propriété officiels me soient délivrés, j´ai donné de l´argent au
témoin pour creuser 2 puits sur chacune des parcelles. Malheureusement,
il n´en creusa qu´un seul. Par conséquent, quand les titres de propriété
sont arrivés, une seule parcelle m´a été attribuée. Il s´est trouvé que mon
deuxième lot a été vendu à quelqu´un d´autre par le beau-frère même du
propriétaire. Mon témoin également étant brusquement décédé, il ne restait
rien prouvant que j´étais le propriétaire de la deuxième parcelle. Quand je
me suis plaint auprès du vendeur, celui-ci m´a répondu tout simplement que
je devrais me contenter de la parcelle que j´avais.


Je voulais trouver une solution au problème. Pour ce faire, je suis allé voir
quatre fois l´ancien chef de village et deux fois le nouveau, après le décès
du premier. Sans succès. Je ne suis pas allé directement à la justice ou à la
police. Par contre, j´ai contacté la gendarmerie par hasard parce que mon
voisin actuel m´y avait convoqué pour une autre affaire. Le gendarme avait
alors convoqué le propriétaire qui m´a vendu la parcelle. Ce dernier a alors
confirmé devant le gendarme m´avoir bien vendu deux parcelles. Malgré sa
confession, la gendarmerie n´a rien pu faire pour m´aider.


Je n´avais pas voulu convoquer le propriétaire dès le début à la police ou
devant les tribunaux parce qu´au Mali, il est très mal vu de convoquer
quelqu´un à la justice, sauf s´il n´y a pas d´autre choix. À la fin, j´ai dû
contacter Demeso il y a deux ans pour entamer une procédure judiciaire.
Mais je reste très discret là-dessus et n´en parle à personne. Ladite
procédure suit son cours, discrètement. Les problèmes fonciers sont très
fréquents au Mali. La justice est lente et compliquée. Donc les problèmes
demeurent non résolus. J´ai même entendu parler de cas où les plaignants
ont été obligés d´abandonner les poursuites parce que leurs chances de
gagner étaient minces, sinon inexistantes.


En 2014, HiiL a mené au Mali la
première enquête sur les besoins et
la satisfaction en matière de justice
(JNS) afin de mieux comprendre les
besoins des citoyens ordinaires ainsi
que leur chemin vers la justice. Quatre
ans plus tard (2018), nous avons mené
une deuxième enquête avec nos
partenaires DemeSo, le ministère de la
Justice du Mali et GISSE.


Lors de cette deuxième enquête, qui a
été appuyée par l’ambassade des Pays-
Bas à Bamako, nous avons interviewé 8
307 personnes dans les 10 régions et le
district de Bamako.


Les données identifient les domaines
d’innovation et fournissent
également les éléments de base d’un
programme fondé sur des données
factuelles permettant aux acteurs de
l´administration judiciaire de prendre
des décisions judicieuses.


37%
32%


Avez-vous fait l’expérience d´un ou
plusieurs problèmes juridiques au cours
des quatre dernières années 2014-2018?


Top sources of legal information a d
advice


2018 2014


88%
84%


87%
70%


47%
48%


Avez-vous cherché des informations
et des conseils juridiques?


Avez-vous pris des mesures pour
résoudre votre problème juridique?


Problème complètement
ou partiellement résolu




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6 7BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


37% des personnes à qui nous avons parlé en
2018 affirment avoir eu
un problème de justice1.
Cela représente une
augmentation de 5% par
rapport à la première
enquête réalisée en 2014.
Cette augmentation,
plutôt que d´être
considérée comme une
régression, indique plutôt
une potentielle activité
économique accrue ou une
prise de conscience des
citoyens par rapport à la
justice.


88% des personnes ont cherché des informations et des
conseils. Cette proportion
est à peu près la même
qu’en 2014.


1 Aussi bien dans la première (2014) que dans la
deuxième enquête (2018), nous interrogeons les
Maliens par rapport à leurs expériences pendant
leurs parcours judiciaires au cours des quatre
précédentes années.


87% prennent des mesures pour résoudre leur problème de
justice, une amélioration
par rapport à 2014.


47% sont capables de résoudre, totalement
ou partiellement, leur
problème.


53% sont incapables de résoudre leur problème. Autrement
dit, soit ils ont abandonné,
soit leur problème est
toujours en cours.


LES PROBLÈMES LES PLUS GRAVES


• Comme en 2014, la plupart des
problèmes concernent le foncier, le
crime/délit et la famille.


• Les problèmes fonciers ont souvent
trait à l’accaparement et l’utilisation
des terres ainsi qu´aux conflits
liés aux limites des parcelles avec
les voisins et la famille. Quant aux
crimes/délits, ils ont principalement
trait au vol. Les problèmes
familiaux, eux, sont liés au divorce,
à la séparation et aux questions
d’héritage.


• Tandis que les problèmes fonciers
sont plus fréquents chez les


hommes, ce sont les problèmes
familiaux qui dominent chez les
femmes.


• Géographiquement parlant, la
plupart des problèmes à Mopti,
Sikasso et Ségou concernent
des problèmes fonciers ;
particulièrement des problèmes
fonciers agricoles selon les experts.
À Bamako, Kidal et Ménaka, la
plupart des problèmes sont liés aux
crimes/délits. Tombouctou et Gao
se caractérisent par les problèmes
familiaux.


27%
25%


Les problèmes les plus graves


2018


2014


15%
12%


11%
13%


9%
9%


7%
10%


7%
7%


5%
3%


Accidents et blessures
personnelles


Foncier


Crime/délit


Famille


Argent


Emploi


Voisins




6 6

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8 9BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


COMMENT LE PROBLÈME A-T-IL AFFECTÉ VOTRE VIE ?


• Près de 45% des personnes
interrogées affirment que le
problème a eu un (très) grand
impact sur leur vie (un grand impact
pour 33% et un très grand impact
pour 12%). Par rapport à 2014,
cela représente une augmentation
prononcée de 16%.


• L'impact est encore plus important
pour les personnes les plus
démunies et pour celles confrontées
à des problèmes de justice liés aux
crimes/délits et aux problèmes
familiaux.


• Près de neuf Maliens sur 10 tentent
de résoudre leur problème de
justice (87%). Par rapport à 2014 (où
on avait 76%), malgré le nombre
croissant de problèmes de justice,
un plus grand nombre de Maliens
prend des mesures pour résoudre
leurs problèmes.


PARCOURS DE JUSTICE DES MALIENS


• Ces derniers sont plus susceptibles
de chercher une solution quand il
s´agit de problèmes liés au foncier
et à la famille (environ 90%), et sont
moins enclins à agir pour le crime/
délit, (76%). Pourtant, ces taux sont
élevés quand on les compare à ceux
d´autres pays.


Comment le problème a-t-il affecté votre vie?


2014 23%1% 19% 27% 5% 24%


12%33%24%20%9%2%


Refuse de répondre M´a à peine affecté Un tout petit peu


Modérément Beaucoup L´effet négatif était grave


2018
13%


Parcours de justice des Maliens


87%


24%


76%


20142018




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10 11BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


• Les tribunaux et la police sont
considérés comme des mécanismes
de règlement de différends utiles.
Néanmoins, nous avons remarqué
qu’il n’existe pas de mécanismes de
règlement de litiges individuels qui
puissent aider un grand nombre de
personnes et qui soient également
jugés très utiles. Par conséquent,
nous identifions ce domaine comme
un espace d’innovation potentiel
dans le paysage de la justice au Mali.


• Les chefs traditionnels, les leaders
religieux et les tribunaux coutumiers
s’adressent tous à des petits
groupes de personnes. Toutefois,
pris ensemble comme le secteur
informel, ils permettent l´accès à la
justice à une partie importante de la
population.


• Pour ce qui est du potentiel
d’innovation, le fait que beaucoup
de gens préfèrent entamer des
négociations directement avec
l’autre partie offre une occasion
d´initiative individuelle pour
encourager les règlements
équitables entre les parties.


• Les Maliens utilisent différents
mécanismes de résolution de
conflits pour différents problèmes
de justice. Pour les problèmes
familiaux, ils s’adressent aux
tribunaux (33%), aux leaders
religieux (20%) et aux avocats (10%).
Pour les crimes/délits, ils vont à la
police (54%). Et pour les questions
liées au foncier, ils s’adressent aux
chefs de village (48%), aux tribunaux
(45%), aux maires (22%) et aux chefs
traditionnels (22%).


• Ceux qui ne cherchent pas de
solution agissent ainsi soit parce
qu’ils ne croient pas qu’ils peuvent
obtenir un résultat positif (24%), soit
parce qu´ils ne savent pas quoi faire
(14%).


J'ai pris m
oi - m


êm
e


une autre action


Voisin


M
em


bre de la fam
ille


Chef traditionnel Chef de village
/de fraction


M
aire


Police/gendarm
erie


0%


10%


20%


30%


40%


50%


60%


70%


80%


10%
20%


30%
40%


50%
60%


70%
80%


% Utile


%
U


tilisé


Tribunal form
el


J'ai contacté tout seul l'autre partie


Am
i/s


J'ai recueilli des preuvesJ'ai contacté des tém
oins


U
TILITÉ RELATIVE D


U
RÈGLEM


EN
T D


ES D
IFFÉREN


D
S




8 8

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12 13BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Une remarque sur les femmes au Mali


• Près de la moitié des personnes qui
prennent des mesures indique que
leur problème a été totalement ou
partiellement résolu. Pour les 53%
restants, soit le problème persiste,
soit il est abandonné.


• Bien que le pourcentage de
problèmes résolus complètement ou
partiellement soit resté relativement
stable entre les deux enquêtes,
moins de Maliens ont renoncé à
résoudre leurs problèmes en 2018.


• Le taux de résolution est le plus
élevé (63%) lorsque les chefs de
village sont engagés. Les tribunaux
ont le taux le plus élevé d’affaires
en cours (46%). Près de 22% des cas
soumis à la police n´ont pas trouvé
de solution.


• Près de 45% des personnes ayant
un problème familial ont pu trouver
une solution, tandis que 42% des
problèmes fonciers sont toujours en
cours et près de 32% des problèmes
liés au crime/délit restent non
résolus.


• Bien que la majorité des personnes


qui se sont adressées aux tribunaux
estime que cela leur a été utile,
elles continuent de penser que les
services doivent être améliorés,
en particulier quand on les
compare au secteur informel. Les
populations souhaitent que leurs
voix soient entendues et qu´elles
soient traitées avec respect. Elles
veulent des procédures plus claires,
des distributions plus justes et la
réparation de leurs dommages.


• De plus, les tribunaux (ainsi que
d’autres institutions formelles)
bénéficient de moins de confiance
que les institutions informelles. Près
de 55% des personnes interrogées
ne faisaient pas confiance aux
tribunaux maliens. En outre,
55% d´entre eux ne faisaient pas
confiance au système judiciaire
malien dans son ensemble.
Les procédures judiciaires sont
considérées comme longues,
compliquées et incompréhensibles.
La justice est également considérée
comme trop coûteuse, corrompue et
éloignée des citoyens.


PARCOURS DE JUSTICE DES MALIENS


Globalement, nos données ne font
ressortir aucun désavantage spécifique
auquel les femmes sont confrontées
dans le système judiciaire malien (par
rapport aux hommes). 1 Cela pourrait
être dû à des facteurs déterminants
comme le désir de politesse des
femmes ou leur crainte de dire la vérité
au cours de l’enquête. La manière
dont nous mesurons la justice pourrait
également avoir affecté les résultats
dans ce sens.


Nous reconnaissons que le genre est
une question transversale. La prise
en compte de la position particulière
et des besoins de justice des femmes


1 This could be the result of influencing factors
such as women wanting to be polite or being afraid
to tell the truth during the survey. The way in which
we measure justice is also likely to have affected the
results in this sense.


dans la société malienne est cruciale
pour la réconciliation et une paix
durable. Au Mali, les femmes sont
dans une position socio-économique
plus vulnérable que les hommes. Elles
ont moins de chance d´aller à l´école
ou d’être employées dans le secteur
formel. Près de la moitié (46%) d´entre
elles sont des femmes au foyer. Le fait
d´être confinées à la maison empêche
les femmes de participer activement au
marché du travail et à la vie active en
général.


En conséquence, bien que les femmes
ne soient pas nécessairement moins
susceptibles d’avoir des problèmes
juridiques, elles ont des problèmes
de justice différents. Par exemple,
les femmes ont beaucoup plus de
problèmes familiaux que les hommes,
tandis que les hommes ont beaucoup
plus de problèmes fonciers. Les
femmes éprouvent également plus
de colère et d’humiliation que les
hommes lorsqu’elles tentent de
résoudre leurs problèmes familiaux.
Les femmes doivent bénéficier de la
même protection que les hommes
par la loi. Toutefois, force est de
constater qu´au Mali, les femmes et les
hommes ne bénéficient pas du même
statut juridique malgré le fait que la
constitution prévoit des droits égaux. 2


2 Freedom House https://freedomhouse.org/report/
freedom-world/2018/mali


17%


10%


25%


13%


20142018


35%


37%


28%


35%
Complètement
En partie
En cours
Non




9 9

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14 15BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Le laboratoire de transformation de la
justice
Le laboratoire de transformation de la justice de HiiL peut
aider les acteurs de la justice à améliorer l’accès à des
solutions justes. Il s´agit d´une méthodologie, d´un processus
qui comporte trois étapes séquentielles :
1. La formation d´une coalition
2. L´élaboration d´une stratégie d’innovation dans le


domaine de la justice
3. L´offre d´une stratégie d’innovation dans le domaine de


la justice
La première étape consiste à identifier les dirigeants
désireux de répondre aux besoins les plus pressants du
pays. À travers un processus de convocation, ils forment le
groupe de base qui développera un programme fondé sur
des preuves pour l’innovation dans le domaine de la justice.
Le groupe et son programme deviendront alors les pierres
angulaires de la stratégie d’innovation en matière de justice,
qui aura des objectifs mesurables et des plans concrets pour
les réaliser.


Mise en place d´un centre (Hub)
d’innovation dans le domaine de la justice
au Mali
L´amélioration de l’accès à des solutions justes au Mali ne
se limite pas seulement au secteur de la justice formelle ou
au gouvernement. L´ innovation peut être initiée partout
où une idée appropriée vient à l´esprit de ceux qui en ont
besoin, ceux qui peuvent faire quelque chose par rapport à
ce besoin, et ceux qui peuvent financer ces efforts. Cela peut
être accéléré en mettant en place un centre d’innovation de
la justice. De plus, les solutions des entrepreneurs maliens
aux problèmes de justice pourraient être amplifiées. Il s´agit
là d´un phénomène qui se produit dans le monde entier, et
qui peut être reproduit au Mali.
Les innovations mises à l’échelle répondent aux besoins qui
se dégagent des données sur les besoins et la satisfaction
en matière de justice (foncier, crime/délit et famille) et
visent à apporter des améliorations concrètes et fondées
sur des preuves dans la vie des populations. Une attention
particulière doit être accordée aux “plateformes de
vulgarisation du droit” qui aideront les citoyens à obtenir les
informations juridiques appropriées, à trouver des conseils
d’experts et à prévenir ou résoudre leurs différends.


La voie à suivre




10 10

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16 17BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Continuer à surveiller le système judiciaire
du point de vue des citoyens
Les interventions découlant des deux recommandations
précédentes doivent être suivies afin de s’assurer qu’elles
résolvent les problèmes qu’elles prétendent résoudre, que
les décideurs et les professionnels tirent des enseignements
de ces activités qui, à leur tour, éclaireront davantage de
politiques à l’avenir. Cela ne peut se produire qu´à travers un
bon système de mesure mis en place et qui tienne compte,
de manière cohérente, du point de vue des usagers de la
justice.


Quelques exemples spécifiques montrant
ce qui peut être fait
1. Des parcours de justice inclusifs comprenant des chaînes


de justice hybrides
2. Les problèmes locaux exigent des solutions locales
3. Avoir à l’esprit la nature de l’économie locale
Au Mali, malgré le rôle important des tribunaux formels
dans le règlement des différends, de nombreux problèmes
sont traités par les prestataires informels de services en
matière de justice. Il est nécessaire de mettre en place des
intermédiaires capables de relier les silos des parcours de
justice qu´explorent chaque année des millions de Maliens.
Divers problèmes de justice se concentrent dans certains
domaines. Les habitants de Bamako sont souvent victimes
de crimes/délits, probablement en raison du caractère
urbain de ces phénomènes. Des problèmes de justice liés à
la terre se posent dans les zones essentiellement rurales :
Mopti, Ségou, Kayes, Koulikoro et Sikasso montrent une telle
tendance. A noter qu´ il n’y a pas d´approche unique pour
prévenir ou résoudre les problèmes de justice.
Au Mali, de nombreuses personnes dépendent de l’économie
informelle pour leur subsistance. L’innovation de la
Justice peut aider des millions de personnes à éviter les
problèmes de justice autour de l’imprévisibilité des échanges
économiques informelles, tout en rapprochant les avantages
sociaux plus près de ceux qui travaillent dans le secteur non
rémunéré, donnant ainsi un coup de pouce à leur qualité de
vie.




11 11

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18 19BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


1


Introduction
Méthodologie


L´approche de HiiL
Données démographiques


Introduction




12 12

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20 21BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Le ministère de la Justice du Mali
a chargé HiiL de mettre en œuvre
dans le pays, au printemps 2018, la
deuxième enquête du projet Besoins
et Satisfaction des Maliens en matière
de Justice (JNS en anglais). Quatre ans
après la première enquête, HiiL a de
nouveau travaillé avec l´organisation
juridique Deme So pour mener
l´enquête. Plus de 8 000 Maliens choisis
au hasard dans toutes les régions du
pays ont participé. GISSE a fourni une
expertise technique et ses chercheurs
ont mené des entretiens qualitatifs qui
donnent un visage humain aux chiffres.
Notre objectif commun était de
prendre un instantané des problèmes
juridiques auxquels les maliens sont
confrontés dans leur vie quotidienne,
tout en identifiant les sources qu’ils
utilisent pour obtenir des informations
et des conseils juridiques, la façon
dont ils tentent de résoudre leurs
problèmes et comment ils évaluent ces
mécanismes.
En outre, la commission technique
associée à ce projet a ajouté plusieurs
questions visant à mieux comprendre
la dimension transitoire de la justice,
compte-tenu de la situation sécuritaire
dans le pays et des efforts de
reconstruction.


Introduction


Par conséquent, le présent rapport
constitue la première occasion, dans la
série de JNS, de comparer des enquêtes
d’un même pays, non seulement sur
la justice au quotidien, mais aussi sur
les efforts de réconciliation, après
plusieurs interventions et événements
survenus au cours des quatre dernières
années.
En 2015, après la première enquête
de la JNS, le ministère de la Justice
du Mali a adopté un Programme
d´Urgence pour la réforme du secteur
de la justice. Nous pouvons voir,
dans le présent rapport, certaines
des améliorations basées sur sa mise
en œuvre. Néanmoins, plusieurs
problèmes demeurent un défi pour le
Mali, notamment la perception de la
corruption dans le secteur public, de
même que la sécurité dans le pays.
Le ministère s’est montré disposé à
mesurer et à évaluer leurs progrès,
en suivant des indicateurs permettant
d’améliorer les politiques publiques au
cours des prochaines années.


Méthodologie


Cette section fournit une vue
d'ensemble de la méthodologie
générale de Justice Needs and
Satisfaction (JNS), avec des détails
spécifiques sur la conception de
l'enquête au Mali. Nous commençons
par décrire l'approche de HiiL par
rapport aux besoins des citoyens (une
approche ascendante en matière de
justice). Nous expliquons pourquoi


la justice ascendante est importante.
Ensuite, nous expliquons les objectifs
spécifiques de la présente enquête, ce
que nous ne faisons pas et ce que nous
faisons, et comment nous le faisons.
Nous terminons ce chapitre en attirant
l´attention qu´il faut faire preuve de
prudence par rapport aux données, qui
ont leurs limites.




13 13

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22 23BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


L´approche de HiiL


• Mettre l'accent sur la justice dans
la vie des populations et essayer
de comprendre les expériences de
ces dernières en matière d'accès
à la justice. Plutôt que de suivre
seulement ce qui est dans les lois
ou dans les livres, nous traçons
des parcours de justice formels et
informels.


• Évaluer en détail l'équité des
résultats et des processus afin de
montrer clairement comment les
justiciables se sentent respectés et
entendus tout au long du processus
judiciaire.


• Permettre aux décideurs de se
focaliser sur la justice, quand
et où les citoyens en ont le plus
besoin. Ces derniers soulignent
les problèmes les plus pressants
pour eux. Il s´agit là d´une véritable
approche ascendante.


• Fournir des preuves solides à
l'appui de la programmation et de
l'élaboration de politiques dans les


domaines de la justice et de l´état de
droit.


• S'appuyer sur les connaissances
locales par rapport à ce qui
fonctionne le mieux (en identifiant
les points positifs).


• Informer les usagers et
l´administration de la justice sur
la qualité des services existants.
Permettre aux justiciables de savoir
où aller et quels services utiliser
tout en aidant l´administration de la
justice à améliorer ses services.


• Offrir une méthode rentable de
faire le suivi des progrès dans le
secteur de la justice. Une approche
standardisée et reproductible
conduit à des économies d’échelle,
à une réduction des coûts
opérationnels, à une efficacité
accrue, à une réduction du risque
opérationnel et à une analyse
comparative entre pays.


Pourquoi la justice ascendante est-elle
importante ?


Les Maliens connaissent de nombreux
besoins en matière de justice dans
leur vie quotidienne. Très peu de ces
problèmes sont soumis au système
de justice formel des tribunaux et des
juristes. Que les citoyens reçoivent ou
non des solutions justes et efficaces
par le biais de processus transparents
fait rarement partie du débat sur la
réforme de la justice et de ses priorités.
Le plus souvent, l’accent est mis
sur l’offre : comment les tribunaux,
les services du procureur, la police
et les autres institutions judiciaires
mobilisent des ressources, font face
à la demande et obtiennent des
résultats ?


Comprendre la demande de justice
est essentiel pour le secteur de la
justice. Premièrement, des solutions
plus efficaces et innovantes pourraient
être conçues et mises en œuvre si les
citoyens sont au centre de la réforme.
Deuxièmement, le changement
fonctionne mieux si les problèmes
sont considérés au niveau macro-
économique et s´il met en œuvre des
solutions permettant aux personnes
d’interagir avec les mécanismes de la
justice. Troisièmement, l’innovation


dans le domaine de la justice concerne
le réaménagement et l’amélioration
des parcours de la justice. Il s’agit
là d’un processus itératif qui, s’il est
mis en œuvre de façon optimale,
pourra rendre plus de justice au
peuple malien. En matière de
justice, il n´existe pas de problèmes
mineurs : chaque injustice évitée ou
résolue de façon juste contribue à
l’émancipation juridique des citoyens.
De plus, la justice et l’état de droit sont
positivement liés au développement
socio-économique.


1


INTRODUCTION




14 14

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24 25BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Comment mesurons-nous l’accès à la
justice ?


1


INTRODUCTION


Afin de comprendre l’accès à la
justice dans la vie quotidienne, nous
avons interrogé 8 307 Maliens sur
leurs expériences par rapport à leur
parcours judiciaire au cours des quatre
dernières années, c’est-à-dire entre
2014 et 2018.
Pour mesurer leurs besoins en matière
de justice, nous avons fait usage d´un
instrument de recherche spécialement
conçu à cet effet, à savoir l’outil
sur les Besoins et la Satisfaction en
matière de Justice. Le questionnaire
aborde le type de problème juridique
rencontré par les citoyens, les solutions
qu’ils obtiennent, la manière dont ils
recherchent des informations et des
conseils juridiques, les mécanismes
de résolution de litiges qu’ils utilisent
et leur expérience par rapport au
processus de résolution et ses
résultats. Ceci a été appliqué dans
15 pays et est donc accepté comme
une méthodologie standard. Dans le
cas présent, nous avons travaillé avec
une commission technique composée
de parties prenantes du ministère
de la Justice et d´experts statisticiens
Maliens, ce qui a conduit à l’ajout
de modules spéciaux permettant
de mesurer la victimisation, les
perceptions de la corruption et la
justice transitionnelle.


L’un des traits distinctifs de cet outil est
qu´il permet de mesurer le coût et la
qualité de la procédure de résolution
des litiges identifiés comme les plus
utiles par l’utilisateur. Vous trouverez
ci-dessous quelques exemples de ce
que nous demandons afin de mesurer
le coût et la qualité des procédures
judiciaires :
Dans quelle mesure (sur une échelle de
1 à 5)...
• Le processus vous a-t-il frustré ?
• Le processus vous a-t-il mis en


colère ?
• Avez-vous pu exprimer vos points


de vue et vos sentiments pendant
le processus de résolution des
conflits ?


• Les mêmes règles ont-elles été
appliquées de la même manière
à vous et à l’autre partie ou aux
autres parties ?


• Le processus de résolution
des litiges était-il basé sur des
informations précises ?


• Le juge a-t-il bien expliqué vos
droits et options au cours du
processus et s’est-il assuré que
vous les avez bien compris ?


• Et dans une question distincte :
• Combien de jours vous a-t-il fallu


pour résoudre le problème ?


Les populations utilisent des processus
formels et informels pour résoudre
leurs problèmes juridiques. Ceux-ci
s'appellent des parcours de justice. HiiL
quantifie ces parcours de justice en
interrogeant les répondants sur leurs
perceptions de trois dimensions : le


processus, les résultats et les coûts des
parcours. Les questions sont classées
par catégorie et affichées dans dix
indicateurs, faciles à comprendre, des
coûts et de la qualité de l'accès à la
justice.


4


Coûts de
la justice


Qualité de
la procédure


Qualité
du résultat


Voix & Neutralité


Respect


Clarté de
la procédure


Distribution
équitable


Réparation des
dommages


Résolution du
problème


Explication du
dénouement


Argent
drépensé


Temps
consacré


Stress &
Émotions


52 4 531




15 15

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26 27BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3. Qualité du résultat


Distribution équitable : La
distribution est équitable en
fonction des besoins, de l’équité
et des critères d’égalité.


Réparation des dommages
: indemnisation juste pour
les pertes financières, les
préjudices moraux et les
atteintes causées aux relations.


Résolution du problème : dans
quelle mesure le problème
est résolu et le résultat est
appliqué.


Explication des résultats : dans
quelle mesure les personnes
ont accès aux informations sur
les résultats.


2. Qualité de la procédure


Voix et neutralité : contrôle
du processus, contrôle de la
décision, neutralité, application
cohérente des règles.


Respect : Respect, politesse,
bonne communication.


Clarté de la procédure :
Explication précise et opportune
des procédures et des droits.


1. Coûts de la justice


L´argent dépensé pendant le
processus : coûts monétaires
pour les frais juridiques, les
déplacements, les conseillers.


Le temps consacré au
processus: le temps passé à
rechercher des informations,
des preuves, à assister à des
audiences, à voyager, etc.


Le stress et les émotions
négatives consécutifs au
processus.


1


INTRODUCTION Ce que nous avons fait
Nous avons utilisé une procédure
d’échantillonnage aléatoire complète à
plusieurs phases, qui donnait à chaque
adulte Malien une chance égale de
faire partie de l’échantillon. Nous avons
ensuite introduit des quotas pour le
genre, l’âge, les proportions rurales /
urbaines et la situation professionnelle.
8307 personnes ont été
échantillonnées pour des entretiens
en face-à-face. Notre partenaire Deme
So a mis à disposition des agents
enquêteurs et des superviseurs
expérimentés. HiiL les a formés à
l´utilisation de l’outil en mai 2018 et les
a déployés pour mener les enquêtes
dans les 10 régions et dans le district
de Bamako. Les agents enquêteurs
ont utilisé un appareil électronique
(tablette). Cela présente plusieurs
avantages :
• Le stockage automatique et


centralisé des entrevues réalisées
grâce au transfert instantané en
ligne là où cela est possible ou
aux transferts quotidiens dans les
régions éloignées.


• Le suivi des travaux en temps réel
sur le terrain.


• Le captage automatique des
coordonnées GPS.


• Les contrôles logiques intégrés
empêchant les erreurs de
séquence.


HiiL et le ministère de la Justice
du Mali ont organisé deux ateliers
de triangulation avec des experts
nationaux pour mieux comprendre
les données au cours de l’automne


2018. HiiL a présenté les résultats
préliminaires du rapport aux
participants, ce qui a été l’occasion
d’un dialogue autour des données. Ce
dialogue avec les parties prenantes
et les experts nationaux a permis
d’approfondir notre compréhension
de la fréquence et de la résolution des
problèmes juridiques.
Dans le but d’obtenir un compte rendu
plus détaillé de leurs expériences,
GISSE a mené des entrevues
qualitatives et des groupes de
discussion avec des usagers de la
justice - en particulier les groupes
les plus vulnérables et les acteurs
de l´administration de la justice.
Leurs histoires, avec leurs propres
mots, illustrent et fournissent des
clarifications appropriées sur les
données de l´enquête.
Le ministère malien de la justice a mis
en place une commission technique
composée d’experts de l’Institut
National de la Statistique (INSTAT),
de la cellule de planification et de
statistique du secteur de la justice
(CPS/SJ), de la DNAJ, de la DFM et d’un
consultant coordinateur de GISSE.
Le mandat de la commission était 1)
de veiller à l’application des critères
de qualité comme définis par la loi
régissant les statistiques publiques au
Mali, 2) de concevoir des indicateurs
pour la stratégie du ministère et, 3)
de réfléchir, conjointement, à des
recommandations et à des actions
concrètes à mener sur la base des
résultats des données.




16 16

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28 29BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


1


INTRODUCTION


Elaboration du questionnaire


HiiL a élaboré le questionnaire en
collaboration avec la commission
technique. L'outil standard de
satisfaction et des besoins en matière
de justice a été adapté et complété
avec des questions spécifiques sur
la réconciliation, la corruption et
les expériences de crime/délit. La
version finale du questionnaire a été
approuvée par la commission le 18
avril 2018.


Formation des agents
enquêteurs et enquête pilote


La formation des enquêteurs et des
superviseurs a eu lieu à Bamako en fin
avril 2018. Elle a été réalisée par HiiL,
DemeSo et GISSE. Au total, 70 agents
enquêteurs (dont 20 femmes) et 11
superviseurs (dont 5 femmes) ont été
formés. Les sujets suivants étaient à
l´ordre du jour :
• L´objectif de l'enquête
• La méthode d'enquête
• Comment expliquer ce qu´il faut


comprendre par problèmes de
justice ?


• L´harmonisation des questions de
l'enquête


• Comment utiliser les tablettes ?
Après la formation initiale, trois jours
ont été consacrés à une enquête pilote.
Le personnel de HiiL a analysé les
données et a fourni des commentaires
aux enquêteurs. Après quelques
modifications, le questionnaire
programmé a été finalisé le 10 mai.
Quant aux données de l´enquête
principale, elles ont été recueillies
entre le 11 mai et le 2 août 2018 par 65
enquêteurs.


Région Nombre
d´enquêteurs


Kayes 8


Koulikoro 10


Sikasso 11


Ségou 9


Mopti 9


Tombouctou 3


Gao 2


Kidal 3


Taoudéni 2


Ménaka 2


Bamako 6




17 17

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30 31BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Collecte des données


1


INTRODUCTION


Au total, 8 307 entretiens de qualité
suffisante ont été réalisés, soit 92%
de la cible initiale (9 000 entretiens).
De plus, 8,4% des entretiens ont
été menés sous surveillance des
superviseurs et nous avons rappelé
9% des répondants. Les entretiens ne
répondant pas aux critères suivants
ont dû être supprimés :
• La durée des entretiens doit être


supérieure à 20 minutes si le
répondant affirme avoir eu des
problèmes de justice


• Les coordonnées GPS doivent
être conformes avec le plan
d'échantillonnage des enquêteurs


Entretiens par région


0-301
301-700
700-1000
1000-1300
1300- 1600


Sentence de la CPI


Accord de cessez-le-feu
G


ouvernem
ent et rebelles


Accord de paix avec la
rébellion touarègue


Form
ation H


iiL:
D


euxièm
e vague


M
IN


U
SM


A déployée


D
ébut de l´intervention étrangère


D
ébut de la guerre contre les islam


istes
dans le N


ord


D
ébut de la rébellion Touareg


D
ébut du conflit dans le nord du M


ali


Attaque à Bam
ako


Form
ation H


iiL


D
ébut


enquête H
iiL


Fin enquête H
iiL


Prem
ière vague


D
ébut enquête


Fin enquête
D


euxièm
e vague


2019


Lancem
ent du rapport


JSN
M


ali lère vague
L’enquête de la CPI com


m
ence


2011
2012


2013
2014


2015
2016


2017
2018


jul
jan


jul
jan


jul
jan


jul
jan


jul
jan


jul
jan


jul
jan


jul
jan


jul
• Les enregistrements vocaux


aléatoires doivent être conformes
avec les informations recueillies


• Les problèmes de justice
correspondent aux définitions
fournies par HiiL


• Le nombre d'entretiens par jour et
par enquêteur ne doit pas être trop
élevé


La carte ci-dessous montre la
répartition des entretiens quantitatifs
par région.


Entretiens par région


0-301
301-700
700-1000
1000-1300
1300- 1600


CH
RO


N
O


LO
GIE D


ES ACTIVITÉS D
E H


IIL AU
M


ALI




18 18

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32 33BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


1


INTRODUCTION


Changements méthodologiques entre les
enquêtes


La recherche fait avancer lorsqu’elle
est améliorée. Nous avons donc révisé
notre méthodologie au cours des
quatre années de décalage entre les
enquêtes au Mali. Certains indicateurs
et dimensions ne sont donc pas
directement comparables d’une année
à l’autre. Par exemple, nous avons
revu la façon dont nous interrogions


les enquêtés sur les actions qu’ils
entreprennent pour résoudre leurs
problèmes. Par conséquent, les
données de 2014 et de 2018 ne sont
pas directement comparables, ce
qui nous a empêchés de mener des
enquêtes d’évaluation sur la manière
dont l’utilisation des institutions, par
exemple, a changé entre les enquêtes.


Mise en garde par rapport aux données
Malgré les efforts déployés pour
garantir une solide conception de
l´enquête comprenant des données
d’enquêtes quantitatives, des données
qualitatives d’entretiens avec les acteurs
de l´administration de la justice, des
entretiens et des séries de feedbacks
avec des experts nationaux, les
données présentent inévitablement
des lacunes, comme dans toute étude.
Une faible proportion des résultats
repose sur les réponses d’un nombre
limité de personnes, en particulier
lorsque la désagrégation dans les
sous-échantillons se rapproche de la fin
du parcours judiciaire, une résolution
ou lorsqu’une catégorie de problème
de faible prévalence est analysée en
profondeur. Pour avoir plus de détails
sur les expériences des usagers avec
des parcours de justice spécifiques, des
échantillons différents et plus élaborés
sont nécessaires, par exemple avec des
enquêtes spécifiques à un problème.
Les usagers ont tendance à sous-estimer
les problèmes juridiques spécifiques. Des
experts nationaux ont confirmé cette
situation, indiquant que cela pourrait être
le cas pour des conflits fonciers ou des
problèmes familiaux tels que la violence
domestique et d’autres violences basées
sur le genre. Les conflits familiaux, par
exemple, sont considérés comme un
sujet sensible, ce qui fait que les gens ont
tendance à ne pas demander justice en
dehors de la famille.
• Certaines personnes pourraient


ne pas signaler des problèmes à
cause de la honte et de la peur. Par


exemple, lorsque des personnes ont
passé du temps en prison ou ont
eu des problèmes avec les forces de
l´ordre.


• Les normes culturelles peuvent
empêcher les gens de rapporter peu
ou pas du tout les problèmes.


• Le niveau élevé d’insécurité dans le
pays n’a eu que peu d’effet sur les
enquêtes sur le terrain, en particulier
à Kidal.


• Nous n’avons pas inclus de sous-
échantillons de certains des
groupes les plus vulnérables, tels
que les personnes handicapées.
Nous reconnaissons qu’il s’agit de
membres importants de la société
malienne et espérons pouvoir
recueillir, à l’avenir, des données
sur leurs besoins en matière de
justice, par exemple en organisant
des entretiens avec des groupes de
discussion.


• Certaines zones n’ont pas pu être
couvertes, principalement en raison
du problème d´insécurité : Nara,
Niono, Macina, Djenné, Ténenkou,
Douentza et Koro, certaines parties
de Taoudéni, Kidal et Tombouctou.


• Il y a eu quelques difficultés pour
mener des entretiens dans les zones
habitées par des ethnies Soninké et
Peulh.


• Les entretiens ont eu lieu en partie
pendant la campagne officielle pour
l’élection présidentielle, ce qui a
ajouté à la méfiance à l’égard des
enquêteurs.




19 19

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34 35BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Données démographiques


1


INTRODUCTION


Échantillon:


8,307
adultes choisis au hasard


Interviewé entre
Mai et Juillet 2018


Répondants:


55% Hommes, 45% Femmes


L’âge moyen:


41
Taille moyenne des
ménages


12 personnes
Âge et nom de la catégorie Situation matrimoniale


Jeunes (18-24 ans) 16% Célibataire (jamais marié) 15%


Jeune adulte (25-39 ans) 29% Marié (polygame) 46%


Cinquantaine (40-64 ans) 35% Marié (monogame) 31%


Vieux (65 ans et plus) 20% Marié, mais séparé 1%


Revenu mensuel du ménage Divorcé 1%


Moins de 50 000 francs CFA 23% Veuve/veuf 5%


50 001 CFA - 100 000 CFA 26%


100 001 CFA - 150 000 CFA 17%


Plus de 150 000 FCFA 13%


OCCUPATION


45%


21%


15%


5%


Travailleur indépendant


Ménagère


Salarié


Étudiant


Occupation


4%


4%


3%


1%


1%Sans réponse


Temporairement au chômage


Incapable de travailler


À la retraite


Employeur


NIVEAU DE SCOLARISATION4


43%


18%


22%


17%


Analphabète


Primaire


Secondaire


Supérieur


Niveau de scolarisation


4 Aucun : analphabète / Bas: école primaire / Moyen: école secondaire et coranique / Elevé : Enseignement
professionnel et plus.


N’a pas accès à
l´Internet:


68%




20 20

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36 37BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


1


INTRODUCTION


Nos enquêteurs se sont rendus dans
les 10 régions et dans le district de
Bamako. Lors de l’élaboration du
plan d’échantillonnage basé sur
la distribution proportionnelle de
la population, certaines régions se
sont retrouvées avec un nombre
réduit d’observations - par exemple,
Kidal - avec environ 40 personnes à
interroger. Afin d’obtenir un pouvoir
statistique suffisant pour rendre les
déductions/conclusions valables
au niveau régional, nous avons dû
corriger le nombre d’observations
par région, en surreprésentant les
plus petites. Cela a toutefois des
conséquences statistiques. Par
conséquent, lors de l’analyse, nous
avons appliqué un coefficient de
correction pour donner à chaque zone
sa pondération réelle, en fonction de
la région et du statut urbain / rural.
Le tableau ci-dessous présente la
répartition de l’échantillon selon
les régions avant l’application des
pondérations de population. Les
répondants des milieux ruraux
représentent 62% de l’échantillon. Les
citadins représentent 38%.


4 La population urbaine est estimée à 42% de la
population totale (CIA World Factbook) https://www.
cia.gov/library/publications/the-world-factbook/
geos/ml.html


Région Entretiens Pourcentage


Bamako 1,059 13%


Kayes 1,173 14%


Koulikoro 1,053 13%


Sikasso 1,519 18%


Ségou 1,219 15%


Mopti 1,044 13%


Tombouctou 282 3%


Gao 303 4%


Kidal 170 2%


Taoudéni 154 2%


Ménaka 331 4%


La carte ci-dessus montre
l'emplacement d'environ 80% des
entretiens. La mauvaise connexion
internet a empêché les enquêteurs


de géo localiser leur emplacement au
moment de l'entretien dans les 20% de
cas restants.




21 21

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38 39BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


2


Augmentation des problèmes de justice
au Mali depuis 2014


Types de problèmes de justice
Les problèmes les plus fréquents


Les problèmes les plus graves
Conséquences des problèmes de justice


Problèmes de
justice au Mali


en 2018




22 22

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40 41BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Qu’est-ce qu’un problème
de justice ?


Il est important de savoir combien
de Maliens sont confrontés à des
problèmes juridiques, quelles mesures
ils prennent pour les résoudre et
jusqu´où ces mesures fonctionnent-
elles. Mais qu´est-ce exactement un
problème de justice ?
Nous définissons un problème de
justice comme un problème qui
survient dans la vie quotidienne - un
différend, un désaccord, un grief ou
la violation d'un droit - pour lequel
il existe une résolution dans la loi
(formelle ou informelle). Dans la


Augmentation des problèmes de
justice au Mali depuis 2014


La population malienne souffre
de problèmes juridiques qui sont
nombreux et variés. En 2018, 37% des
personnes interrogées ont déclaré
avoir été confrontées à un ou plusieurs


problèmes de justice au cours des
quatre dernières années. Cela signifie
qu'il y a eu une augmentation de 5 %
par rapport au nombre de problèmes
en 2014.


recherche sur les besoins en matière
de justice, le terme «événement
justiciable» est également utilisé. Le
règlement juridique peut se faire par
l’intermédiaire d’une tierce partie
- juge, procédure administrative,
arbitrage ou médiation, ou par voie
de négociation ou de rapprochement
entre les parties. Il n’est pas nécessaire
que le répondant connaisse ou
reconnaisse les aspects juridiques du
problème.


1,3 million de nouveaux problèmes chaque
année au Mali




23 23

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42 43BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


2


PROBLÈMES DE JUSTICE AU MALI EN 2018


63%


Avez-vous rencontré un ou plusieurs
problèmes de justice au cours des quatre dernières années
2014-2018?


37%


Oui Non


AVEZ-VOUS RENCONTRÉ UN OU PLUSIEURS
PROBLÈMES DE JUSTICE AU COURS DES
QUATRE DERNIÈRES ANNÉES 2014-2018 ?


Les hommes sont plus susceptibles
d´être confrontés à des problèmes
juridiques que les femmes (40% contre
33%).
Les personnes non scolarisées ont
la probabilité la plus faible d´être
confrontées à un problème (29%),
tandis que celles ayant un niveau de


95%Kidal


Fréquence des problèmes par région (2018)


5%


70%30%


46%54%


33%67%


32%68%


33%67%


31%69%


32%68%


30%70%


31%69%


21%79%Tombouctou


Bamako


Gao


Ménaka


Ségou


Kayes


Taoudéni


Koulikoro


Mopti


Sikasso


Non Oui


FRÉQUENCE DES PROBLÈMES PAR RÉGION (2018)


La répartition des problèmes juridiques
entre les régions varie clairement.
• La majorité des habitants de Kidal


et de Bamako ont connu au moins
un problème juridique au cours
des quatre dernières années. Les


habitants de Gao signalent des
problèmes à un taux plus élevé
que la moyenne nationale. Seules
les populations de Tombouctou
signalent les problèmes à un taux
inférieur à la moyenne.


scolarisation élevé ont la plus grande
chance de rencontrer un problème
de justice (55%). Les personnes ayant
un niveau de scolarisation élevé
sont peut-être plus en mesure de
reconnaître un problème de justice
lorsqu’elles y font face.




24 24

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44 45BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Comparaison internationale par rapport à la
fréquence des problèmes de justice (période
de 4 ans) :


Liban: 68%


Ouganda: 88%


Kenya: 63%


Ukraine: 53%


Pays-Bas : 55%


Tunisie: 41%


Mali: 37%


Nigéria: 73%


2


PROBLÈMES DE JUSTICE AU MALI EN 2018


Types de problèmes de
justice


Pour mieux organiser les différents problèmes juridiques rencontrés, nous les
classons dans les 14 catégories suivantes :


Problèmes
fonciers


Problèmes de
logement


Problèmes de
voisinage


Problèmes
d’emploi


Problèmes
familiaux


Violence
domestique


Problèmes de
protection


sociale


Problèmes
d’obtention


de documents
administratifs


Crimes/délits Problèmes de consommation
Accidents /


Blessures


Problèmes liés à
l’emprunt ou au


prêt d’argent


Problèmes liés
à la police


Problèmes liés
aux affaires




25 25

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46 47BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


2


PROBLÈMES DE JUSTICE AU MALI EN 2018


Les problèmes les plus
fréquents6


PROBLÈMES LES PLUS FRÉQUENTS


• Les problèmes familiaux
ont diminué de 10 points du
pourcentage 2014 et 2018.


• Les problèmes d’emploi ont diminué
de 5 points du pourcentage entre
2014 et 2018.


En 2014, les Maliens ont connu en
moyenne des problèmes dans deux


catégories. En d’autres termes, ils
ont rencontré plus de variétés de
problèmes. En 2018, ils n´étaient
confrontés qu´à des problèmes dans
1,2 catégorie, ce qui explique pourquoi
il y a une baisse dans la fréquence
des catégories de problèmes entre les
enquêtes.


6 Les pourcentages dans certains tableaux totalisent plus de 100%. Cela s’explique par le type de question
posée. Certaines questions étaient à réponses multiples, ce qui signifie que le répondant est autorisé à ne rien
choisir, ou à faire un ou plusieurs choix.


Les problèmes de justice diffèrent
selon les régions


Le foncier, la famille et les crimes/délits sont les catégories qui touchent le plus
grand nombre de personnes dans toutes les régions, avec quelques distinctions :


Dans cinq régions (Mopti, Ségou, Kayes, Koulikoro et
Sikasso), les problèmes fonciers constituent le type de
problèmes de justice le plus courant.


Dans trois régions (Bamako, Kidal et Ménaka), la catégorie
crimes/délits est la plus répandue.


Dans trois régions du nord (Tombouctou, Gao et Taoudéni),
la catégorie la plus courante concerne les problèmes
familiaux.


28%
26%


Problèmes les plus fréquents


2018


2014


17%
15%


16%
26%


12%
14%


12%
14%


10%
15%


Foncier


Crime/délit


Famille


Argent


Voisins


Emploi




26 26

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48 49BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


2


PROBLÈMES DE JUSTICE AU MALI EN 2018


Les problèmes
les plus graves


Pour ceux qui sont confrontés à plus
d'un problème de justice, nous leur
demandons de choisir le problème le
plus grave et qui a le plus d´impact sur


leur vie. La répartition des problèmes
les plus graves montre qu´ils
concernent le foncier, le crime/délit et
la famille.


LES PROBLÈMES LES PLUS GRAVES


27%
25%


Les problèmes les plus graves


2018


2014


15%
12%


11%
13%


9%
9%


7%
10%


7%
7%


5%
3%


Accidents et blessures
personnelles


Foncier


Crime/délit


Famille


Argent


Emploi


Voisins


• L'incidence des conflits fonciers
augmente considérablement
avec l'âge (de 9% chez les jeunes
à 40% chez les personnes âgées)
et diminue avec le niveau de
scolarisation (34% chez les
personnes non scolarisées et 16%
chez les personnes ayant un certain
niveau de scolarisation).


• Le niveau de crime/délit diminue
considérablement avec l'âge (de
24% chez les jeunes à 11% chez les
personnes âgées).


• Les conflits fonciers sont nettement
plus fréquents chez les hommes
(32%) que chez les femmes (18%).


• Les problèmes familiaux sont
nettement plus fréquents chez les
femmes (17%) que chez les hommes
(7%).


• Les problèmes spécifiques les
plus graves - c'est-à-dire, dissociés
des catégories présentées
précédemment - sont le vol
(12%), la propriété foncière (9%),
l'accaparement de terres (8%) et les
conflits avec les voisins au sujet des
limites des terres 7%).


Problème Cas par an


Foncier 336 000


Crime/délit 195 000


Famille 137 000


Argent 115 000


Emploi 91 000




27 27

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50 51BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


2


PROBLÈMES DE JUSTICE AU MALI EN 2018


Avec qui étiez-vous
en conflit ?


AVEC QUI ÉTIEZ-VOUS EN CONFLIT ?


23%


21%


14%


11%


Voisin


Membre de la famille


Autre


Ami


Avec qui étiez-vous en conit?


9%


7%


6%


6%Collègue


Refuse de répondre


Employeur


Autorité publique


Etranger


7%


• Quand ils ont des conflits, la plupart
des gens les ont avec des membres
de leur réseau personnel.


• Fait remarquable : dans les cas
d´un crime/délit sur trois, la partie
adverse appartient à un réseau
personnel (un voisin, un membre de


la famille ou un ami).
• Les chances d'avoir un membre de


la famille comme partie adverse
dans un conflit diminue avec
l'augmentation des revenus (27%
pour les échelons inférieurs, 14%
pour les plus riches).


Impact


COMMENT LE PROBLÈME A-T-IL AFFECTÉ VOTRE VIE ?
Comment le problème a-t-il affecté votre vie?


2018 9%2% 20% 24% 33% 12%


Refuse de répondre M´a à peine affecté Un tout petit peu


Modérément Beaucoup L´effet négatif était grave


• L'impact est le plus fort pour les
Maliens ayant très peu de revenu -
deux fois plus que pour les autres
groupes.


• Les personnes confrontées à des
problèmes familiaux, des problèmes
d’emploi et des crimes/délits sont les
plus touchées.




28 28

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52 53BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


2


PROBLÈMES DE JUSTICE AU MALI EN 2018


L´IMPACT EST LE PLUS FORT POUR LES
FAMILLES À FAIBLE REVENU


L´impact est le plus fort pour les familles à faible revenu


Plus de
150 000 FCFA


7%4% 23% 22% 35% 9%


Refuse de répondre M´a à peine affecté Un tout petit peu


Modérément Beaucoup L´effet négatif était grave


100 001 CFA –
– 150 000 FCFA


8%1% 27% 22% 33% 9%


50 001 CFA –
– 100 000 FCFA


10%1% 22% 25% 33% 10%


Moins de
50 000 FCFA


12%1% 16% 24% 30% 18%


L’impact des problèmes de justice
sur la vie quotidienne des personnes
s’exprime à travers de nombreux


mécanismes. Les conséquences vont
de la perte de revenu et de temps à la
violence physique et l’humiliation.


CONSÉQUENCES DES PROBLÈMES DE JUSTICE


Le plus souvent, les hommes perdent du temps et des
revenus (10% de différence).


Les femmes, quant à elles, souffrent plus de
l´humiliation et des problèmes liés aux relations (les
deux avec environ 5 % de différence).


La perte de revenu affecte le plus souvent les familles
à faible revenu : presque 2,5 fois plus souvent pour
les pauvres que pour les riches. En outre, les pauvres
signalent en moyenne 2,3 conséquences, tandis que les
riches n'en déclarent que 1,5.


Perte de revenu


Perte de temps


Humiliation


Problème avec


Perte d´emploi


Violence contre vous


Blessures personnelles


Stress lié à la maladie


Ne pas être à mesure


Vandalisme contre vous


Refuse de répondre


Sans conséquences


Conséquences des problèmes de justice


38%


38%


30%


18%


15%


15%


13%


4%


4%


3%


6%


9%


d´enregistrer un document
d´identité


les relations


Perte de revenu


Perte de temps


Humiliation


Problème avec


Perte d´emploi


Violence contre vous


Blessures personnelles


Stress lié à la maladie


Ne pas être à mesure


Vandalisme contre vous


Refuse de répondre


Sans conséquences


Conséquences des problèmes de justice


38%


38%


30%


18%


15%


15%


13%


4%


4%


3%


6%


9%


d´enregistrer un document
d´identité


les relations


Perte de revenu


Perte de temps


Humiliat on


Problème avec


Perte d´emploi


Violenc contre vous


Blessures personnelles


Stress lié à la m ladie


Ne pas être à mesure


Vand lisme contre vous


Refuse de répondre


Sans conséquenc s


Conséquences des problèmes de justice


38%


38%


30%


18%


15%


15%


13%


4%


4%


3%


6%


9%


d´enr gistrer un document
d´identité


les r lations




29 29

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54 55BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Volonté de payer pour la
résolution


2


PROBLÈMES DE JUSTICE AU MALI EN 2018


En 2018, nous avons également
mesuré combien les justiciables
seraient disposés à payer pour la
résolution de leur problème. Cette
section offre un aperçu du montant
d'argent que les Maliens sont prêts à
débourser pour les services juridiques.
En moyenne, le montant que les
justiciables sont prêts à payer pour
résoudre un problème de justice est


de 17 208 FCFA. À noter que pour la
moitié des personnes, le montant
qu´elles ont la volonté de payer est de
zéro CFA. Bien qu'il y ait généralement
une corrélation positive entre l'impact
négatif perçu des problèmes de justice
et la prédisposition à payer. Toutefois,
ceux qui déclarent le plus d´impact ne
sont pas les plus disposés à payer. La
volonté de payer varie et dépend du
type de problème.


Impact du problème de justice Moyenne de la VDP7 en CFA


Le problème m'a à peine affecté 4 296


Juste un petit peu 14 331


Modérément 16 103


Tout à fait 23 600


L'effet négatif était grave 17 893


7 Volonté de payer


Problèmes de justice les plus fréquents Moyenne de la VDP en FCFA


Foncier 22 338


Crime/délit 18 614


Famille 17 947


Emploi 14 540


Argent 12 315


Victimisation


Nous demandons aux enquêtés s’ils
ont été victimes de crimes/délits
spécifiques. La grande majorité des
Maliens n´en n’ont pas fait l´expérience


(un cas sur cinq). Le cambriolage était
le crime le plus répandu ces quatre
dernières années, en particulier dans
les zones urbaines.


AVEZ-VOUS ÉTÉ VICTIME D’UN CRIME/DÉLIT
AU COURS DES QUATRE DERNIÈRES ANNÉES ?


82%


13%
3% 2% 0%


Non Cambriolage Viol Agression Terrorisme


Avez-vous été victime 'un crime/délit au cours d s quatre dernières années?


Lorsque nous leur demandons s'ils
ont déclaré le crime/délit aux forces
de l'ordre, nous constatons une nette
distinction entre les habitants des
zones urbaines et rurales. Les citadins
déclarent les crimes/délits à la police
et l'écart par rapport aux habitants
des zones rurales dépasse les 40 %.


Une autre institution pertinente est
la gendarmerie, qui est préférée par
les habitants des zones rurales, mais
la différence en ce qui concerne la
déclaration des crimes à leur niveau
n'est pas aussi prononcée que pour la
police.




30 30

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56 57BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


2


PROBLÈMES DE JUSTICE AU MALI EN 2018
Avez- vous déclaré ce crime/délit aux forces de l´ordre ?


1%1%1%2%3%4%1%
10%10%


3%
16%


33%33%


23%


64%


Ba
rk


ha
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A


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s
M


al
ie


nn
es


Zone rurale Zone urbaine


20%


AVEZ- VOUS DÉCLARÉ CE CRIME/DÉLIT
AUX FORCES DE L´ORDRE ?


Par rapport à la question de savoir si
elles déclarent leurs problèmes aux
autres institutions compétentes, les
personnes vivant en ville ont tendance
à ne pas signaler les crimes/délits,
tandis que les habitants des zones
rurales préfèrent faire appel aux
autorités publiques locales.


AVEZ- VOUS DÉCLARÉ CE CRIME/DÉLIT
À L’UNE DES INSTANCES SUIVANTES ?


Avez- vous déclaré ce crime/délit à l'une des instances suivantes ?


3%4%
9%


16%13%
19%26%


62%


18%


56%


Au
th


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V
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,


Ju
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et
R


éc
on


ci
lia


tio
n


Zone rurale Zone urbaine


Conclusion


Le pourcentage de Maliens confrontés
à un ou plusieurs problèmes a
augmenté de 5% depuis 2014. Cela
signifie que près de 100 000 personnes
supplémentaires ont besoin de la
protection de la loi pour résoudre leurs
problèmes. Toutefois, le nombre de
problèmes par personne a diminué.
Plus de personnes ont un problème
juridique, mais moins de personnes
ont de multiples problèmes. Ce sont en
particuliers les problèmes de famille et
d’emploi qui ont diminué.


L’impact d’un problème de justice sur
la vie est plus fort chez les ménages
les plus démunis et les personnes
ayant des problèmes familiaux, des
problèmes d’emploi et celles qui ont
été victimes de crime/délit. Les pertes
de revenu et de temps ainsi que la
violence physique et l'humiliation sont
les conséquences les plus courantes
de ces problèmes de justice pour les
Maliens. Les personnes ayant des
problèmes dont l´impact est élevé ne
sont pas nécessairement pas celles qui
ont la plus grande volonté de payer
pour la résolution de leurs problèmes.




31 31

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58 59BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3
Parcours de justice


Informations, conseils juridiques
Résolution des conflits


Evaluation des parcours de justice




32 32

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60 61BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Informations, conseils
juridiques et résolution des


conflits


Lorsque des personnes sont
confrontées à un problème de justice,
elles entament ce que nous appelons
un parcours de justice. Le concept d'un
parcours de justice concède qu'il existe
de nombreuses étapes différentes
dans la résolution d’un problème. Le
plus souvent, ces étapes ne sont pas
linéaires. L’ensemble des mesures
prises pour résoudre le problème est
ce qu´on appelle parcours de justice.
La première chose que les gens font
habituellement est de demander des
informations et des conseils juridiques.
En cherchant des informations sur
une question, un problème juridique
devient plus gérable. L'étape suivante
consiste à s'engager dans la résolution
des conflits. Cela peut tout aussi bien
être le fait de parler directement
à l’autre partie que d´engager un
avocat. Il nous permet d'identifier les
différentes alternatives disponibles
pour résoudre un problème, de
savoir dans quelle mesure elles sont
accessibles et comment elles sont
utiles au cours du processus.
L’information juridique et le règlement


des litiges sont des étapes cruciales
du parcours de la justice. Dans ce
chapitre, nous cherchons à savoir à qui
les justiciables font appel et s´ils sont
capables de résoudre leurs problèmes.
Nous identifierons les obstacles
auxquels ils doivent faire face et voyons
s´il existe des groupes vulnérables.


Pays Recherche
d´informations et
de conseils


Kenya 75%


Nigéria 72%


Ouganda 65%


Tunisie 60%


Liban 58%


La plupart des Maliens
sollicitent des conseils


juridiques quand ils font face
à un problème de justice


AVEZ-VOUS CHERCHÉ DES INFORMATIONS
ET DES CONSEILS ?


12%


Avez-vous cherché des informations et des conseils?


88%


16%


84%


20142018


Oui Non


N= 2018N= 3255


La plupart des Maliens obtiennent des
informations et des conseils juridiques
face à un problème qui peut être résolu
par des moyens juridiques. Près de 9
personnes sur 10 le font. Cela signifie


que près de 1,1 million de Maliens
sollicitent des informations et des
conseils juridiques chaque année. La
proportion est pratiquement la même
qu'en 2014.




33 33

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62 63BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3


PARCOURS DE JUSTICE


INFORMATION ET CONSEILS JURIDIQUES
PAR RÉGION (2014-2018)


Pour ce qui est des différences
régionales en matière d’accès à
l’information et aux conseils juridiques,
les habitants de Sikasso et de
Ségou rapportent une amélioration
significative entre les deux enquêtes.
Que quelqu'un recherche ou non des
informations et des conseils juridiques
est influencé par le type de problème
juridique rencontré et le niveau
d'éducation de la personne:
• Pour les conflits fonciers, les


problèmes familiaux et les conflits
liés à l´emploi, les Maliens sont
plus susceptibles de demander
des informations et des conseils
juridiques (un peu plus de 90%).


• Pour ce qui est des accidents
et de l'obtention de pièces
administrative, les Maliens sont
un peu moins enclins à demander
des informations et des conseils
juridiques (environ 80%).


• Concernant les problèmes avec
la police, les Maliens sont moins
susceptibles de demander des
informations et des conseils
juridiques (65%).


• Les personnes ayant un niveau
de scolarisation plus élevé sont
légèrement plus enclines à
demander des informations et
des conseils juridiques que les
personnes ayant un niveau plus
bas. Les personnes ayant un niveau
supérieur sont, à 90%, les plus
susceptibles de le faire.


Les gens recherchent des informations
et des conseils juridiques auprès
de sources multiples : 2,6 sources
en moyenne. Ils sont les plus actifs
quand il s´agit de conflits fonciers (3.6
sources), tandis que pour les conflits
concernant l’argent (1,8) et la police
(1,8) les gens ont tendance à prendre
moins d´actions.
Les personnes ayant un niveau élevé
de scolarisation et / ou un revenu
plus élevé ont tendance à utiliser
moins de sources d’informations
juridiques en moyenne que les autres
groupes. Une explication possible de
ce comportement pourrait être que
ces personnes sont plus informées
et ciblent mieux leur recherche
d’informations et de conseils
juridiques.Non Oui


8% 92%Koulikoro 18
10% 90%Koulikoro 14
10% 90%Gao 18
12% 88%Gao 14


19% 81%Tombouctou 18
14% 86%Tombouctou 14


15% 85%Mopti 18
14% 86%Mopti 14


9% 91%Bamako 18
16% 84%Bamako 14


22% 78%Kayes 18
17% 83%Kayes 14


10% 90%Ségou 18
19% 81%Ségou 14


10% 90%Sikasso 18
20% 80%Sikasso 14


Legal information and advice by region (2014-2018)




34 34

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64 65BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3


PARCOURS DE JUSTICE


Sources d'informations et
de conseils juridiques


Le plus important n’est pas seulement
de savoir si les gens cherchent ou
non des informations et des conseils
juridiques. Il est aussi tout aussi
important de savoir où ils vont
chercher des conseils. Une personne
qui consulte un expert compétent


Réseau personnel Institutions


Ami Autorité publique centrale


Collègue Juriste


Voisin Parajuriste / clinique juridique


Famille ONG ou organisation de défense des
droits de l'homme


Leader religieux Police


Chef traditionnel Organisation d'aide juridique


Chef de village Centre d'accueil et d'orientation


Employeur Griot


Organisation communautaire / parti
politique


Tierce partie ad hoc - médiateur


Autre (à préciser) Autre (à préciser)


sur un différend familial spécifique,
obtiendra probablement des conseils
juridiques complètement différents
d´une personne qui demande à un
agent de police ou à un ami. Les
options suivantes, réparties par réseau
personnel et institutions, ont été
incluses dans l´enquête :


SOURCES D’INFORMATIONS ET DE CONSEILS JURIDIQUES


Réseau personnel Institutions


68%


96%


Les gens ont tendance à compter
plus sur les informations et conseils
juridiques de leur réseau personnel
que sur les institutions. Parmi ceux
qui recherchent des informations et
des conseils juridiques, presque tout
le monde utilise une personne de son
réseau personnel. Toutefois, il existe de
fortes différences entre les institutions.
Les personnes âgées, les personnes
ayant un niveau de revenu élevé et
celles ayant un niveau plus élevé de
scolarisation sont plus susceptibles de


consulter des sources institutionnelles
de conseils juridiques.
Le type de problème rencontré joue
également un rôle dans l´appel aux
institutions de conseil juridique. Pour
les conflits fonciers (74%) et les crimes/
délits (73%), les gens sont plus enclins
à consulter des institutions, tandis
que pour les questions liées à l'argent
(59%), ils sont moins enclins à le faire.




35 35

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66 67BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3


PARCOURS DE JUSTICE


RECOURS AUX INSTITUTIONS


0%


10%


20%


40%


60%


80%


100%


72%69%67%
58%


79%
75%


69%
59%


78%
72%68%


61%


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Scolarisa�on Revenu Age


Recours aux ins�tu�ons


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%


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10
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20
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30
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% Utile


%
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ca


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36 36

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68 69BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3


PARCOURS DE JUSTICE


Le tableau ci-dessus fournit deux
informations sous la forme de
pourcentages:
1. Le pourcentage de personnes


ayant recherché des informations
auprès d’une source spécifique, sur
l’axe horizontal;


2. Le pourcentage de personnes
ayant estimé que la source
spécifique leur a été le plus utile,
sur l’axe vertical.


Les lignes en pointillés représentent
les points de jonction (point
limite) éventuels pour évaluer les
performances de la source. A 33%,
la ligne verticale suppose que le fait
qu'une personne sur trois consulte une
source constitue une bonne ligne de
base pour évaluer l'accessibilité. A 50%,
la ligne horizontale suppose que le fait
qu´un usager sur deux identifie une
source comme la plus utile constitue


une bonne base pour évaluer l´utilité.
Lorsque des personnes recherchent
des conseils juridiques auprès de
leur réseau personnel pour résoudre
leurs problèmes, elles comptent sur
des personnes qui leur sont proches.
Les sources qu´on approche le plus
couramment sont les parents et les
amis. Pour obtenir des informations
juridiques et des conseils auprès
d’institutions, les gens s’adressent le
plus souvent aux autorités publiques
locales ou à la police.


• Les personnes riches sont trois fois
moins susceptibles de consulter un
chef traditionnel / de village que
les gens les plus démunis. D´autre
part, elles sont presque trois fois
plus enclines à demander conseil à
un juriste.


• Les personnes âgées sont plus
susceptibles de consulter aussi
bien les chefs que les juristes, et
les personnes ayant un niveau de
scolarisation élevé comptent moins
sur les chefs et plus sur les juristes.


• Les gens ont souvent tendance à
consulter les chefs traditionnels /
de village et les autorités publiques
locales lorsqu’ils sont confrontés à
un conflit foncier.


• Pour les conflits familiaux, les
Maliens ont souvent tendance à
consulter leurs parents et amis,
mais les chefs religieux jouent
également un rôle prépondérant.


• Après un crime/délit, les gens
recherchent le plus souvent des
informations et des conseils
auprès de leurs proches et de la
police.


• Il existe quelques différences
régionales dans la fréquence à
laquelle les personnes consultent
certains acteurs par rapport à la
moyenne nationale : les chefs de
village sont consultés à des taux
supérieurs à la moyenne à Mopti


(53%), Ségou (42%) et Sikasso
(35%). Les juristes sont plus
souvent consultés à Bamako (12%).


Lesquelles de ces sources de conseils
juridiques sont les plus utiles ?
Nous définissons l’utilité relative
comme le rapport entre le nombre
de personnes ayant contacté une
source d’informations et le nombre
de personnes ayant déclaré que cette
source était la plus utile. En d’autres
termes, il s´agit de l’axe vertical du
graphique.
Les parajuristes / cliniques juridiques
(68%) – ne sont pas représentés car
ils sont consultés par moins de 10%
des personnes interrogées, la police
(53%) et les juristes (52%) - également
non montrés - sont les sources les plus
utiles de conseils juridiques. Les chefs
de village (52%) et les parents sont
les sources les plus utiles du réseau
personnel (44%).
Les juristes et les para juridiques /
les cliniques juridiques ne sont pas
consultés très souvent par les usagers
qui sollicitent des conseils juridiques.
Toutefois, les personnes qui leur
font appel indiquent qu’ils sont très
utiles et fournissent une assistance
satisfaisante. Par conséquent, une
stratégie visant à améliorer l’accès à
l’information pourrait être d´accroître
la disponibilité et l’accessibilité des
parajuristes et cliniques juridiques.




37 37

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70 71BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3


PARCOURS DE JUSTICE


Obstacles à la recherche de
conseils juridiques


La plupart des gens indiquent soit
qu'ils ne croyaient tout simplement
pas que la recherche d'informations


Les sources d'informations juridiques
sur supports électroniques et imprimés
restent toujours pertinentes ; de nouvelles
opportunités pointent à l'horizon


OBSTACLES À LA RECHERCHE DE CONSEILS
JURIDIQUES


juridiques et de conseils les aiderait
ou qu'ils ne savaient pas où chercher.
Toutefois, un pourcentage élevé de
personnes a refusé de répondre à cette
question.


41%


39%


17%


5%


Refuse de répondre


Je ne pensais pas que le conseil aurait aidé


Je ne savais pas où chercher l´information


Je n´avais pas assez d´argent


Obstacles à la recherche de conseils juridiques


4%


2%


Je n´avais pas de temps


J´ai essayé, mais sans succès


SOURCES PUBLIQUES D´INFORMATIONSources publiques d´information


82%


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38 38

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72 73BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3


PARCOURS DE JUSTICE


Environ deux Maliens sur 10 cherchent
des informations juridiques de sources
publiques. La radio et la télévision
sont les plus utilisées. Toutefois,
l'utilisation de l'internet et des réseaux
sociaux est à la hausse. Cela est
particulièrement vrai pour les conflits
familiaux et ceux liés à l´emploi, de
même que pour les personnes les plus
instruites, les plus riches et les plus
jeunes. Si l'infrastructure numérique
se développe davantage au Mali, cela
peut offrir la possibilité de diffuser
des conseils juridiques par le biais
de nouveaux canaux très évolutifs/
extensibles et ouvrir des voies pour les
innovateurs juridiques.


La prochaine étape, après la recherche
d´informations et de conseils, consiste
à prendre des actions pour résoudre
le problème de justice. Les justiciables
recherchent généralement plusieurs
mécanismes de résolution et nous leur
demandons de les énumérer tous.
Puis nous nous focalisons sur celui
qu’ils considèrent comme le plus utile
pour résoudre leur problème. Cela
nous permet d´élaborer les différentes
alternatives sur lesquelles ils comptent
pour résoudre leur problème et d´aller
plus en profondeur dans celui qui est le
plus utile.


Neuf Maliens sur dix
tentent de résoudre leur


problème
La plupart des Maliens prennent
des actions afin de résoudre leurs
problèmes de justice. Sur environ
1,3 million de personnes qui sont
confrontés chaque année à des
problèmes de justice, 1,1 million
prennent des actions. Ceci est une
amélioration par rapport à 2014, quand


près de huit Maliens sur dix prenaient
des actions. Toutefois, il est important
de garder à l'esprit que chaque année,
200 000 personnes décident de ne pas
prendre d´action face à un problème de
justice. Nous discuterons des obstacles
rencontrés par ce groupe de personnes
plus tard dans le chapitre.


AVEZ-VOUS PRIS DES MESURES POUR RÉSOUDRE
VOTRE PROBLÈME DE JUSTICE ?


13%


Avez-vous pris des mesures pour résoudre votre problème
de justice?


87%


24%


76%


20142018


Oui Non


N= 2212N= 3255




39 39

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74 75BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3


PARCOURS DE JUSTICE


Comparés aux autres pays dans
lesquels nous avons fait des enquêtes,
les Maliens sont plus actifs pour tenter
de résoudre leurs problèmes de justice.


Pays Entrepris des actions


Kenya 81%


Tunisie 71%


Nigéria 71%


Liban 71%


Ouganda 62%


Le tableau ci-dessous montre que
les personnes qui recherchent des
informations et des conseils ont
presque trois fois plus de chances de
prendre des actions. Cela montre à
quel point l'accès aux informations et
aux conseils juridiques est important
pour l'ensemble du processus
judiciaire.


Action


Non Oui


In
fo


rm
at


io
ns



et


c
on


se
ils




Non 63% 37%


Oui 6% 94%


TAUX DE PRISE D’ACTION POUR LA
RÉSOLUTION DES LITIGES PAR RÉGION
(2014-2018)


Non Oui


8% 92%Koulikoro 18
19% 81%Koulikoro 14


13% 87%Gao 18
21% 79%Gao 14


33% 67%Tombouctou 18
34% 66%Tombouctou 14


13% 87%Mopti 18
39% 61%Mopti 14


13% 87%Bamako 18
23% 77%Bamako 14


26% 74%Kayes 18
19% 81%Kayes 14


8% 92%Ségou 18
21% 79%Ségou 14


8% 92%Sikasso 18
26% 74%Sikasso 14


Taux de prise d'action pour la résolution des litiges par
région (2014-2018)




40 40

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76 77BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3


PARCOURS DE JUSTICE


Il existe des différences régionales
dans le taux de prise d´action entre
les deux enquêtes : augmentation
significative à Mopti, Sikasso, Ségou et
Koulikoro et légère diminution à Kayes.
Le type de problème rencontré par
les personnes a une influence sur leur
décision d'agir :
• Les Maliens sont plus motivés à


prendre des mesures quand il s´agit
de problèmes concernant le foncier,
l'argent et la famille, plus de 90%.


• Face à un crime/délit, les gens sont
moins enclins à agir - 76%.


Tout comme c´était le cas avec la
recherche d´informations et de
conseils, prendre des actions pour
résoudre un problème juridique n’est
pas un choix binaire. Les gens agissent
de différentes manières et ont recours
à une multitude de mécanismes de
résolution de conflits. Nous divisons les
actions en trois catégories : les actions
individuelles, le réseau personnel et les
institutions.


Mécanismes de résolution des litiges inclus dans l'étude


Action individuelle Réseau personnel Institutions


Contact indépendant Ami (s) Tribunal officiel


Rassemblement de
preuves


Collègue (s) Tribunaux locaux) de
village


Contacter les témoins Voisin (s) Organisation d'aide
juridique


Autre Membre (s) de la famille Maire


Leader religieux Griot / autre membre de
caste


Chef traditionnel Police/gendarmerie


Chef de village / de
fraction


Juriste


Employeur Parajuriste


Organisation
communautaire/ parti
politique


Autorité publique
centrale


Autre Autorité publique locale


ONG nationales
ou locales et / ou
organisation de défense
des droits de l'homme


Autre




41 41

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78 79BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3


PARCOURS DE JUSTICE


Lorsqu´ils décident de prendre des
actions, les gens ont tendance,
également, soit de s’appuyer sur des
actions individuelles, soit d’approcher
quelqu´un de leur réseau personnel.
Environ huit Maliens sur dix qui
prennent des actions agissent de cette
façon. Les institutions sont moins
sollicitées, environ six personnes
sur 10 empruntent cette voie pour
résoudre leurs problèmes. Toutefois,
les personnes ayant un faible niveau de
revenu et / ou de scolarisation sont, à
15%, moins susceptibles de tenter de
résoudre leur problème par le biais des
institutions.
Les Maliens ne sont pas seulement très
motivés à prendre des actions quand
ils font face à un problème, ils utilisent
également des stratégies diverses.
En moyenne, les usagers essaient 3,4
façons différentes de résoudre leur
problème. Cette diversité pourrait être
un signe d’émancipation juridique.
Tout comme elle pourrait indiquer
que certaines personnes ont du mal
à trouver la bonne approche pour
résoudre leur problème. Toutefois,
les personnes ayant un niveau élevé
de scolarisation et / ou de revenu
prennent moins d’actions. Cela pourrait
impliquer que les groupes vulnérables
luttent plus pour trouver un moyen
efficace d´accéder à la justice.


Le nombre de voies dont font usage
les justiciables pour tenter de résoudre
leur problème varie également selon le
type de problème et la région. Pour les
conflits liés à l’emploi (2,7) et à l’argent
(2,6), les stratégies de résolution des
conflits sont moins nombreuses.
Cependant, pour les conflits fonciers,
les Maliens essaient en moyenne 4,7
voies différentes pour résoudre le
problème. Dans le tableau ci-dessous,
nous remarquons que les habitants de
Mopti appliquent le plus grand nombre
de stratégies de résolution des conflits
(6.3).


Région Nombre moyen d'actions


Mopti 6.3


Kidal 3.5


Tombouctou 3.5


Koulikoro 3.3


Ségou 3.0


Gao 3.0


Sikasso 3.0


Bamako 2.9


Ménaka 2.9


Kayes 2.6


Taoudéni 2.6



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20
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30
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40
%


50
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60
%


70
%


80
%


10
%


20
%


30
%


40
%


50
%


60
%


70
%


80
%


% Utile


%
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de


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m
oi


ns




42 42

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80 81BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3


PARCOURS DE JUSTICE


Le graphique ci-dessus fournit deux
informations en pourcentage :
1. Le pourcentage de personnes ayant


utilisé une voie spécifique pour
résoudre leur conflit, tel qu’il est
représenté sur l’axe horizontal.


2. Le pourcentage de personnes
ayant estimé que la voie spécifique
qu´elles ont utilisée a été le plus
utile, comme indiqué sur l’axe
vertical.


Les lignes en pointillés représentent
les points de jonction éventuels pour
évaluer les performances de la source.
La ligne verticale à 33% suppose qu’une
personne sur trois consultant une
source constitue une bonne base de
référence pour évaluer l’accessibilité.
À 50%, la ligne horizontale suppose
qu'un utilisateur sur deux identifiant
une source comme la plus utile
constitue une bonne base de référence
pour évaluer l'utilité.
Les Maliens sont assez actifs dans les
trois catégories d’actions. Ils essaient
de contacter l'autre partie, recherchent
des preuves, utilisent leurs amis et
leur famille et contactent le chef de
village. Les gens ont souvent recours
au secteur traditionnel, comme le
montrent des études antérieures.8 Ce
qui est particulièrement frappant au


8 Ursu, 2018. Entre idéaux et besoins : le droit
coutumier malien est-il incompatible avec les
normes internationales des droits de l’homme ?


Mali, toutefois, c´est la proportion de
personnes ayant recours aux tribunaux
et à la police. Trois personnes sur dix
indiquent avoir recours à un tribunal
officiel et deux sur dix s'adressent
à la police. Comparés aux études
antérieures de HiiL, ces chiffres sont
élevés et indiquent qu´il existe une
charge substantielle sur le système
judiciaire. En outre, comme dans
beaucoup d'autres pays que nous
avons étudiés, les gens comptent sur la
négociation directe avec l'autre partie,
une dimension quelque peu négligée
dans la littérature sur l'accès à la justice
au Mali.
Les méthodes utilisées par les
populations pour résoudre les
problèmes varient en fonction de l'âge,
du niveau de revenu, du niveau de
scolarisation et du type de problème :
• Les jeunes comptent davantage sur


leurs amis. Les personnes âgées ont
davantage recours aux tribunaux et
aux chefs de village.


• Les personnes à faible revenu sont
plus susceptibles de contacter des
témoins, de recueillir des preuves ou
de faire appel à des chefs de village.
Ceux qui ont des revenus plus élevés
sont plus susceptibles de contacter
directement l’autre partie, d’aller à la
police ou de faire appel à un avocat.


• Les personnes ayant un niveau
bas de scolarisation sont plus
susceptibles d'engager des chefs.
Les plus instruits ont plus tendance
à contacter directement l’autre
partie, à aller à la police ou à faire
appel à un avocat.


• En cas de conflits fonciers, les chefs
traditionnels (22%) et de villages
(48%), les maires (26%) et les
tribunaux formels (45%) jouent un
rôle important.


• Pour ce qui est des conflits liés
à l´emploi, les gens contactent
souvent directement l’autre partie
(45%), vont voir des collègues (29%)
et font appel à des avocats (11%).


• En ce qui concerne les problèmes de
justice liés à la famille, les gens ont
plus tendance à s’adresser aux chefs
religieux (20%) et à faire appel à des
avocats (10%).


• Pour les crimes/délits, ils comptent
beaucoup sur la police (54%).


• Pour ce qui est des conflits liés
à l’argent, les Maliens essaient
souvent de résoudre le problème en


contactant directement l’autre partie
(52%).


Il existe des différences régionales
dans la façon dont les gens s’appuient
sur les différents mécanismes et
stratégies de résolution de conflits. Le
tableau ci-dessous montre la différence
en pourcentage entre le nombre de
personnes utilisant une stratégie
particulière dans une région et la
différence avec la moyenne nationale,
uniquement pour les stratégies les plus
courantes. Par exemple, la première
cellule dans le coin supérieur gauche
signifie que les habitants de Bamako
comptent sur les membres de leur
famille dans le processus de règlement
de conflits 4% plus souvent que la
moyenne nationale. Les nuances de
couleur fournissent des informations
supplémentaires : plus la couleur est
foncée, plus la différence est frappante,
le bleu est négatif (moins souvent que
la moyenne) tandis que le rouge est
positif (plus souvent que la moyenne).
C’est ce qu’on appelle habituellement
une carte thermique.




43 43

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82 83BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Bamako Mopti Ségou Tombouctou Kayes Koulikoro Sikasso Kidal Gao Taoudéni Ménaka


Membre de la famille 3.99 25.12 -0.49 8.74 -3.98 -6.68 -10.39 2.5 -18.49 -18.95 1.53


Contact indépendant 19.44 -8.04 -6.87 -0.27 -4.75 -17.03 0.21 13.12 5.37 5.6 -9.45


Contacté des témoins -18.64 38.4 2.71 4.21 1.32 -11.57 14.12 -10.72 -22.08 -18.31 -16.39


Ami(s) 6.14 10.73 0.48 -13.72 -9.61 12.26 -20.72 15.02 -2.38 -11.75 -27.8


Tribunal Formel -2.82 5.82 -14.68 -27.43 -20.09 19.94 2.33 -24.77 40.92 -29.45 -27.32


Recueilli des preuves -19 23.35 8.33 -7.8 -7.83 7.92 7.64 -2.71 -18.93 -10.57 -12.69


Chef de village/de fraction -19.2 27.82 13.44 -12.84 -0.59 -2.64 6.4 -16.31 -16.2 -8.66 -18.53


Police/ gendarmerie 13.07 -2.27 10.68 -17.57 -6.44 -7.32 -8.49 -19.59 -14.65 -1.41 -6.16


Maire -7.03 20.47 -4.88 -8.41 -2.99 8.55 -2.8 10.39 -9.86 -11.88 -10.38


Autre action individuelle -0.13 -10.76 -9.17 -6.96 4.77 -8.97 12.79 0.8 34.22 -10.09 35.69


Voisin -2.92 24.23 -7.96 -10.19 -4.04 6.75 -7.91 9.94 -3.3 -0.85 -2.05


Chef traditionnel -8.03 22.85 -4.17 42.04 -2.38 0.36 -4.14 0.6 -1.32 7.83 -6.58


Leader religieux -1.27 18.96 -7.46 52.74 -2.01 -3.16 -5.76 -3.79 -3.8 47.04 -1.75


Collègue -1.51 21.35 -6.67 -5.66 -3.53 0.12 -5.44 10.26 2.96 3.93 -9.71


3


PARCOURS DE JUSTICE


Pour évaluer l´effectivité des différents
moyens de résolution des litiges, nous
utilisons l'utilité relative. Il s´agit du
pourcentage de personnes jugeant
une méthode spécifique comme la plus
utile après l'avoir utilisée. En d'autres
termes, il s'agit de l'emplacement
vertical du graphique.
Les méthodes les plus efficaces pour
résoudre les conflits consistent à
avoir recours à un tribunal officiel
ou à la police. Ces institutions sont
considérées comme relativement


plus utiles par les populations; plus
de la moitié de ceux qui les utilisent
indiquent qu´elles ont été plus utiles
pour résoudre leur problème. Pour
la plupart des autres moyens de
résolution des conflits, c´est un tiers
ou moins. Ce qui est également
remarquable, c´est le rôle et l´efficacités
des chefs traditionnels parmi les
mécanismes de résolution de conflits
du réseau personnel.
Nous avons demandé à ceux qui n´ont
pas fait appel aux tribunaux pourquoi


ils ne l'avaient pas fait. Il s´agissait
d´une question ouverte. Les principales
raisons que nous avons identifiées sont
les suivantes :
1. Le manque de confiance aux


tribunaux et au système judiciaire.
2. La préférence donnée à d'autres


mécanismes de résolution des
conflits, tels que la police, les
maires et les chefs. Cela est
probablement lié au type et à la
gravité du problème.


3. Le manque d'argent. Simplement
parlant, les usagers font valoir
le fait qu'ils n´avaient pas les
moyens de s´offrir des procédures
judiciaires.


4. Le manque de connaissances,
l'ignorance et les procédures
compliquées ont un effet dissuasif.


5. Les barrières physiques telles que
les longues distances, le manque
de temps, etc.




44 44

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84 85BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3


PARCOURS DE JUSTICE


L´histoire de Kadiatou
J´habite dans un immeuble dans le district de Bamako. Mon voisin et moi
n´avions jamais eu de problèmes auparavant. Mais cela a changé depuis deux
ans. En effet, à peine si l´on se salue quand on se rencontre dans les escaliers.


Une nuit, je suis sortie pour rendre visite à des amis. Quand je suis retournée,
j´ai trouvé, à ma grande surprise, que mon voisin avait fermé la porte d´entrée
de l´immeuble à clé pour m´empêcher de rentrer. J´ai quand même réussi à
appeler les autres voisins pour m´ouvrir la porte. Voyant cela, mon voisin se
mit en colère et commença à m´insulter. Il alla jusqu´à me porter des coups.
Blessée et saignant de l´oreille, Je criai pour alerter les autres voisins qui me
vinrent au secours et m´emmenèrent à l´hôpital.


Le lendemain, je suis allée au commissariat pour porter plainte, mais j´ai
eu l´impression qu´on ne me prenait pas au sérieux. J´étais choquée quand
l´agent de police me demanda de laisser tomber l´affaire, vu que, selon
le voisin, j´ étais la première à lui porter des coups. J´ai dit à l´agent de
police que cela n´était pas vrai et que cette agression était la troisième dont
j´étais victime. Je lui ai même dit que j´avais des témoins pour chacune
des agressions, y compris un agent de la gendarmerie. Le policier m´a tout
simplement dit que si je voulais poursuivre l´affaire, je devais porter plainte
devant les tribunaux. Le comble, c´est que, selon l´agent de police, nous
devrions payer une contravention.


Désespérée, je me suis confiée à Demeso qui a cherché un avocat pour moi. Une
plainte fut déposée au commissariat de police. Le nouvel agent qui s´occupe
de l´affaire considère lui aussi qu´il s´agit de légitime défense de la part de
mon voisin. Pour le moment, la procédure suit son cours.


Quand j´ai demandé au commissaire de police pourquoi ils n´avaient rien fait,
il me répondit tout simplement qu´il n´en était pas au courant. Je suis très
déçue par la police. Leur comportement est injuste et donne une très mauvaise
perception de la justice. Mon impression est que c´est l´argent seul qui peut
régler ce genre de problèmes. Avec la corruption qui sévit du sommet à la base,
je ne vois vraiment pas de solution.


Le désespoir, les déséquilibres de pouvoir
et le manque de connaissances sont les
plus gros obstacles à la prise d'action


Comme indiqué précédemment,
chaque année, environ 200 000
personnes ne prennent pas d´action
quand elles sont confrontées à un
problème juridique. Nous avons


demandé à ces personnes d’indiquer
pourquoi elles n´avaient pris aucune
mesure. Le graphique ci-dessous
illustre leurs réponses.


OBSTACLES À LA PRISE D’ACTION


29%Refuse de répondre


Obstacles à la prise d'action


24%Je ne m´attendais pas à un résultat positif


18%Je ne savais pas quoi faire


14%L´autre partie était puissante


14%J´avais peur de briser les relations


12%Le probème n´était pas assez grave


10%Je n´avais pas assez d´argent


9%Autre


9%Coutume et tradition


4%Je n´avais pas le temps


2%L´autre partie avait raison




45 45

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86 87BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3


PARCOURS DE JUSTICE


OBSTACLES À LA PRISE D’ACTION (2014)


37%Je ne savais pas que faire


Obstacles à la prise d'action (2014)


21%L´autre partie était puissante


13%
J´avais peur de mettre en danger


ma relation avec l´autre partie


13%Je ne croyais pas que j’allais avoirun bon résultat


13%Je n’avais pas assez d’argent


10%Le problème n´était pas grave


10%Je ne sais pas


5%L´autre partie avait raison


4%Je n´avais pas assez de temps


Comme en 2014, la différence de pouvoir entre les parties constitue un obstacle
important pour les justiciables. Les changements les plus importants en 2018 sont
un sentiment accru de désespoir et une réduction substantielle du nombre de
personnes ne sachant pas quoi faire face à un problème de justice.


Quatre Maliens sur dix parviennent à
résoudre complètement leur problème
de justice


VOTRE PROBLÈME DE JUSTICE A-T-IL ÉTÉ RÉSOLU ?


17%


Votre problème de justice a-t-il été résolu?


10%


25%


13%


20142018


35%


37%


28%


35%


Complètement En partie


En cours Non


Près de la moitié des personnes qui
prennent des mesures indique que
leur problème est complètement ou
partiellement résolu au moment de
l'entretien. Il s´agit là d´un point positif
pour le Mali. Toutefois, les 50% restants
n’ont pas été en mesure de trouver une
solution juste à leur problème, bien


qu’ils aient pris des actions. Si nous
combinons ces problèmes non résolus
avec ceux des personnes qui n’ont pas
pris d´action et qui ont mis fin à leur
parcours de justice avant même de
commencer, nous trouvons près de
740 000 problèmes non résolus chaque
année.




46 46

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88 89BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3


PARCOURS DE JUSTICE


RÉSOLUTION PAR RÉGION (2014-2018)


3%


43%
25%


42%
52%


27%
39%


23%
29%


38%
46%


38%
21%


24%
41%


39%
83%


11%
7%


9%
16%


7%
10%


14%
13%


13%
14%


14%
9%


20%
8%


22%
11%


21%
42%


27%
23%


24%
30%


28%
44%


35%
24%


24%
48%


38%
37%


17%
4%


23%
26%


20%
8%


39%
20%


28%
12%


11%
14%


19%
18%


15%
14%


18%


2%


2%
1%


4%
1%


6%
3%


2%
2%


5%
4%


2%


3%


Bamako 14
Bamako 18


Mopti 14
Mopti 18


Ségou 14
Ségou 18


Tomboucto 14
Tomboucto 18


Kayes 14
Kayes 18


Koulikoro 14
Koulikoro 18


Sikasso 14
Sikasso 18


Gao 14
Gao 18


Complètement En partie En cours Abandonné Ne sais pas/Refuse de répondre


Les taux de résolution varient entre
les deux enquêtes, mais la tendance
générale montre une amélioration
dans la plupart des régions. Gao est
la région où les taux de résolution se
sont améliorés le plus. Les résidents
de Bamako et de Koulikoro sont les


moins susceptibles de voir leurs
problèmes de justice résolus. Il est
également important de noter que
moins de personnes ont abandonné
leurs procédures en 2018 par rapport
à 2014, en particulier à Ségou et à
Tombouctou.


RÉSOLUTION SELON LE MÉCANISME LE PLUS POPULAIRE
Résolution selon le mécanisme le plus populaire


Contact indépendant 36% 7% 26% 30%


Complètement En partie En cours


37% 12% 24% 24%


63% 11% 18% 8%


34% 10% 46% 9%


33% 8% 36% 22%


Membre de la famille


Chef de village/fraction


Tribunal officiel


Police/gendarmerie


Non


Parmi les mécanismes les plus
couramment utilisés, ceux faisant
appels aux chefs de village ont le
taux de résolution le plus élevé. Près
de trois personnes sur quatre voient
leur problème complètement ou
partiellement résolu par le chef de
village. D´autres mécanismes courants


ont des scores proches de la moyenne.
Mais ceux faisant recours à l´aide des
membres de la famille et au contact
direct avec l'autre partie, ont un taux
d'abandon légèrement supérieur dans
la poursuite d´une résolution complète
des problèmes.




47 47

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90 91BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3


PARCOURS DE JUSTICE


RÉSOLUTION PAR RAPPORT AUX CINQ
PRINCIPALES CATÉGORIES DE PROBLÈMES


Résolution par rapport aux cinq principales catégories de problèmes


Foncier 39% 10% 42% 9%


Complètement En partie En cours


27% 9% 36% 28%


45% 9% 32% 13%


23% 7% 38% 32%


34% 16% 32% 18%


Emploi


Famille


Crime/délit


Argent


Non


Parmi les cinq catégories de problèmes
les plus courantes, les personnes
confrontées à des problèmes familiaux
ont les taux de résolution les plus
élevés. Les Maliens confrontés au


crime/délit, en revanche, ont beaucoup
moins de chances de trouver une
solution juste à leur problème, un tiers
d'entre eux renonçant totalement à la
recherche de solution.


Evaluation des parcours
de justice


PARCOURS DE JUSTICE SELON LA CATÉGORIE DE PROBLÈME


Voix & Neutralité


Respect


Clarté de la procédure


Distribution équitable


Réparation
des dommages


Résolution du problème


Explication
du dénouement


Argent dépensé


Temps consacré


Stress & émotions


Parcours de justice selon la catégorie de problème


Foncier Crime/délit Famille


Voix & Neutralité


Respect


Clarté de
la procédure


Distribution
équitable


Réparation des
dommages


Résolution du
problème


Explication du
dénouement


Argent
drépensé


Temps
consacré


Stress &
Émotions


Foncier Crime/délit Famille


2 4 531




48 48

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92 93BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3


PARCOURS DE JUSTICE


Le graphique en toile d'araignée nous
aide à visualiser comment les usagers
de la justice évaluent leur parcours
en termes de coûts, de qualité de la
procédure et de qualité des résultats.
Ces trois aspects sont saisis dans
les 10 dimensions du parcours de la
justice. Plus le score est élevé sur une
dimension donnée, plus le niveau de
satisfaction est élevé, conduisant à un
point situé vers l'extérieur de la toile.
Le graphique ci-dessus présente
les trois catégories de problèmes
juridiques les plus courantes au Mali.
Il est évident que les gens font face
à beaucoup de stress et d’émotions
négatives dans le processus de
résolution de leur problème. De plus,
faire face à un crime met la personne
sur un parcours difficile de justice.
Les usagers évaluent la qualité de la
procédure et les résultats environ au
milieu de l’échelle. Cela implique qu'il y
a une grande marge d'amélioration.
Pour les litiges familiaux, la qualité de
la procédure est jugée assez positive
par les usagers. Pour les problèmes
juridiques liés à la terre, ils accordent
une très grande importance à la qualité
des résultats.


PARCOURS DE JUSTICE SELON LE MÉCANISME


Voix & Neutralité


Respect


Clarté de
la procédure


Distribution
équitable


Réparation des
dommages


Résolution du
problème


Explication du
dénouement


Argent
drépensé


Temps
consacré


Stress &
Émotions


Parcours de justice selon le mécanisme


Tribunal officiel Chef de village Membre de la famille


2 4 531




49 49

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94 95BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3


PARCOURS DE JUSTICE


Lorsque nous examinons les moyens
les plus utiles pour résoudre les
problèmes de justice, comme indiqué
par la population, il se dégage
quelques observations intéressantes.
Les tribunaux formels sont sollicités
assez fréquemment et sont évalués
comme très utiles, mais lorsque nous
regardons l´évaluation du parcours
de justice, c´est tout à fait une autre
histoire qui apparait. Les tribunaux
obtiennent des résultats assez
médiocres en ce qui concerne la qualité
de la procédure, la qualité des résultats
et les coûts de la justice. Les chefs de
village, en revanche, sont très bien
évalués par les justiciables. Le fait de
contacter directement l’autre partie est
très bien apprécié en termes de coûts,
mais moins bien en termes de qualité
de la procédure et de résultat.
L'implication semble être que les gens
se sentent plus écoutés et respectés
par les chefs de village et que le
processus leur est mieux expliqué. De
plus, ils indiquent que le problème est
mieux et plus équitablement résolu.
Les graphiques ci-dessous illustrent
ces résultats en focalisant sur les
différentes mesures utilisées pour
élaborer les 10 dimensions de la toile
d'araignée.


Les tribunaux formels sont directement
comparés aux chefs de village.
Les chefs de village sont évalués
de manière plus positive que les
tribunaux officiels pour ces cinq
mesures. Ce qui sort vraiment du lot,
ce sont les différents points de vue
sur l’équité distributive des décisions
des tribunaux et des chefs de village.
Pour les tribunaux officiels, près de six
personnes sur dix ont indiqué que la
distribution était totalement injuste,
tandis que pour les chefs de village,
cette proportion est de deux sur dix.


ÉVALUATION APPROFONDIE DU
PARCOURS DE JUSTICEÉvaluation approfondie du parcours de justice


Tribunal officiel 20% 11% 34% 12%


Pas du tout Un peu Modérément


Beaucoup Complètement


22%


Chef de village 6% 14% 45% 23%11%


Tribunal officiel 11% 11% 51% 9%19%


Chef de village 3% 8% 60% 20%9%


Tribunal officiel 12% 13% 38% 9%27%


Chef de village 5% 12% 51% 24%8%


Tribunal officiel 57% 10% 13% 9%12%


Chef de village 19% 15% 25% 29%12%


Tribunal officiel 7% 13% 53% 11%16%


Chef de village 3% 13% 44% 30%10%


Sa
tis


fa
ct


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pl


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Re


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ec


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Ex


pr
es


si
on


de
s


av
is




50 50

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96 97BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3


PARCOURS DE JUSTICE


COÛT ET QUALITÉ DE LA PROCÉDURE DE
JUSTICE PAR RÉGION


La manière dont les Maliens évaluent
les différentes procédures selon
les régions varie énormément. Le
graphique ne montre que les cinq
plus grandes régions, plus Gao, qui a
tendance à se comporter différemment
des autres régions.
Les mécanismes de résolution des
litiges à Bamako et à Mopti sont mieux
notés que ceux d’ailleurs. Les Maliens
ont l´impression que leur voix est
entendue et qu´ils ont la possibilité de
s'exprimer. Les procédures sont claires
et cohérentes pour tous les problèmes
et les résultats obtenus ont tendance à


être justes. Néanmoins, les processus
sont stressants. Il y a beaucoup de
colère, de frustration et d'humiliation
associées aux procédures.
Les résidents de Gao sont
profondément insatisfaits de la
dimension de distribution du résultat.
Ils ont tendance à faire beaucoup appel
aux tribunaux et à les identifier comme
le mécanisme le plus utile. En outre, ils
sont les plus efficaces pour résoudre
leurs problèmes.


Voix & Neutralité


Respect


Clarté de
la procédure


Distribution
équitable


Réparation des
dommages


Résolution du
problème


Explication du
dénouement


Argent
drépensé


Temps
consacré


Stress &
Émotions


Bamako Mopti Ségou


Kayes Koulikoro Gao




51 51

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98 99BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


3


PARCOURS DE JUSTICE


Conclusion


Les Maliens sont très actifs quand il
s´agit de résoudre leurs problèmes de
justice. Près de neuf personnes sur dix
demandent des informations et des
conseils et une proportion identique
de personnes prend des mesures pour
résoudre le problème.
Les populations se tournent
généralement vers leur réseau
personnel pour chercher des
informations et des conseils.
Les institutions sont également
couramment sollicitées, mais dans une
moindre mesure. Le type de problème
de justice auquel les populations
sont confrontées est le facteur le
plus déterminant pour savoir si elles
recherchent des informations ou pas.
En général, les usagers sont assez
satisfaits des informations qu’ils
reçoivent. Les parajuristes se
démarquent et sont considérés comme
très utiles par les personnes qui ont
utilisé leurs services. La plupart des
personnes qui ne recherchent ni
information ni conseil indiquent soit
qu’elles ne croyaient tout simplement
pas qu’un conseil juridique les aiderait,
soit qu’elles ne savaient pas où
chercher.
Environ deux Maliens sur dix cherchent


des informations juridiques et des
conseils auprès de sources publiques.
La radio et la télévision sont les
plus utilisées. Toutefois, l'utilisation
d'Internet et des réseaux sociaux est à
la hausse. Si l'infrastructure numérique
du Mali se développe davantage, cela
pourrait offrir la possibilité de diffuser
des conseils juridiques par le biais
de nouveaux canaux très évolutifs et
ouvrir de nouvelles perspectives pour
les innovateurs juridiques.
Lorsqu'ils prennent des actions
pour résoudre leurs problèmes, les
justiciables comptent surtout sur
leurs propres actions et leur réseau
personnel. Les institutions sont
moins sollicitées. En moyenne, les
Maliens tentent de résoudre leurs
problèmes avec plus de trois stratégies
de résolution de conflits. Pour les
conflits fonciers, ils sont encore plus
actifs, avec une moyenne supérieure à
quatre.
Beaucoup de gens tentent de résoudre
leur problème en prenant eux-mêmes
des actions. Cela n´est toutefois pas
considéré comme très utile par ceux
qui le font. Pour ce qui est du réseau
personnel, ce sont les amis et la famille
qui se démarquent. Le chef de village,


toutefois, semble également jouer un
rôle important dans la résolution de
certains problèmes (en particulier les
conflits fonciers). Les chefs de village
ont également un taux de résolution
beaucoup plus élevé que les autres
mécanismes populaires de résolution
de conflits.
Comparés à d'autres pays, beaucoup
de Maliens indiquent qu'ils utilisent
le système judiciaire formel. Cela est
souvent considéré comme le moyen le
plus utile de résoudre leur différend.
Toutefois, lors de l’évaluation des coûts,
de la qualité de la procédure et des


résultats, les tribunaux officiels ne sont
pas très bien notés. Cela indique que
la voie du système judiciaire formel
est pavée de défis. Une possible
solution pourrait être de commencer
par un examen du fonctionnement
des tribunaux afin de le rendre plus
accueillant. Les chefs de village sont
appréciés nettement de manière
plus positive sur les mêmes mesures.
Examiner les différences et recueillir les
meilleures pratiques pourraient être
une autre approche pour améliorer
la manière dont les tribunaux servent
leurs usagers.




52 52

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100 101BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


4
Problèmes fonciers les plus


graves
Impact des problèmes fonciers


Informations, conseils
juridiques


Résolution des conflits
Coût et qualité des procédures


judiciaires


Accès à la justice
pour les problèmes


fonciers




53 53

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102 103BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Accès à la justice pour les
problèmes fonciers


Dans ce chapitre, nous abordons
les problèmes fonciers. Les conflits
fonciers sont les problèmes de justice
les plus fréquents au Mali. Il est donc
important d´étudier comment les
Maliens les vivent, où se trouvent les
goulets d’étranglement des procédures
et quels mécanismes de résolution
fonctionnent bien.
• La fréquence des problèmes fonciers


est la même en 2018 et 2014.
• Les problèmes fonciers sont


beaucoup plus fréquents chez les
hommes (34%) que chez les femmes
(20%).


• Comme c´est le cas dans d’autres
pays, plus on avance en âge, plus les
problèmes fonciers sont fréquents:
jeunes (9%), jeunes adultes (20%),
cinquantaine (33%), vieux (41%).


• L’accaparement des terres concerne
beaucoup plus souvent les Maliens
les plus pauvres : 38% de ceux
qui sont confrontés à des conflits
fonciers souffrent de problèmes
d´accaparement des terres. Parmi
les Maliens les plus riches, seuls
17% en souffrent. Ces derniers,
en revanche, signalent que les
différends par rapport aux titres


fonciers sont le problème foncier
le plus fréquent (31%), alors que
seulement 15% des Maliens les plus
pauvres qui sont confrontés à des
problèmes fonciers, en font cas.


• Parmi les Maliens vivant dans les
zones urbaines, 31% de ceux qui
ont des conflits fonciers font état de
différends par rapport aux titres de
propriété. Toutefois, dans les zones
rurales, seuls 15% des Maliens ayant
des problèmes fonciers en font
état. Cela est peut-être dû au fait
que les habitants des zones rurales
n’ont pas de documents officiels
établissant la propriété de leurs
terres.


• En moyenne, les populations de
Mopti rapportent plus de problèmes
fonciers (3,3) que la moyenne
nationale (1,5).


• Parmi les personnes dont le
problème le plus grave est
l’accaparement des terres, 35%
viennent de Mopti, 21% de Bamako
et 20% de Sikasso. Ce qui représente
plus de 70% des cas dans l’ensemble
du pays.


PROBLÈMES FONCIERS LES PLUS GRAVES


L'accaparement des terres


Propriété /Utilisation des terres


Les différends sur les limites


Les différends sur les titres de propriété


Les différends sur les limites


Expropriation


Différends sur le Droit d'usage


Autres différends fonciers


Les différénds sur l'eau pour l'irrigation


23%


20%


16%


13%


11%


5%


5%


4%


4%


des droits de passage




54 54

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104 105BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


4


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES PROBLÈMES FONCIERS


Le point de vue des
acteurs de la justice sur les


problèmes fonciers


Un thème commun est apparu
au cours des discussions avec les
parties prenantes de la justice sur les
problèmes fonciers. Les problèmes
fonciers sont courants, complexes et
ont un grand impact.


Un nombre important de Maliens
sont confrontés à des problèmes
fonciers. Les problèmes spécifiques
varient selon les zones rurales et
urbaines. Les Maliens des zones
rurales sont généralement victimes
d’accaparements de terres, de
différends concernant les limites
des parcelles et de problèmes liés à
l’élevage nomade. Ceci est conforme
aux données de l’enquête JNS.


Les habitants des villes sont
généralement confrontés à des
problèmes de propriété foncière,
en particulier en cas d´héritage. Un
problème commun aux communautés
rurales et urbaines est la propriété
multiple des parcelles et la vente
illégale de terres par des courtiers. Ces
problèmes touchent une variété de


personnes dans la société malienne,
en particulier les personnes à faible
revenu.


Au centre de ces problèmes fonciers
se trouvent plusieurs questions. Les
Maliens manquent de connaissances
et de compréhension des lois et de
leurs droits en tant que citoyens. La
plupart d´entre eux ne savent pas que
les terres qu'ils utilisent et / ou sur
lesquelles ils habitent sont la propriété
de l'État et qu´ils ne sont donc pas
légalement autorisés à les vendre.
Toutefois, l'État reconnaît le droit
coutumier et un droit d'utilisation.
Même si les Maliens ne savent pas
comment appliquer ce droit coutumier:


«Le problème majeur, qu'il s'agisse des
paysans ou des propriétaires fonciers
coutumiers, est qu'ils ne savent pas du
tout comment exercer le droit coutumier.
Ils ne connaissent pas les limites et
l'étendue de ce droit.»


La corruption complique davantage
les problèmes tandis que le sentiment
d'impunité grandit :


«De nos jours, les gens n'ont pas peur
de la justice. Ils comptent sur leur
fortune pour commettre des crimes. Ils
se disent que lorsque l'affaire ira devant
les tribunaux, ils donneront de l'argent
pour la faire disparaitre. Certains conflits
fonciers se sont exacerbés parce que les
jugements des tribunaux n'ont pas été
rendus sur la base de la vérité.”


Des facteurs aggravants tels que le
chômage, la guerre et la croissance
démographique ont exacerbé la
situation et amplifié les problèmes. En
conséquence, les problèmes fonciers
ont de lourdes conséquences sur la vie
des Maliens. Ces conséquences vont
de la perte de revenus, aux problèmes
pesant sur les relations, la violence et
la dette.


«Les conflits fonciers peuvent provoquer
des guerres, voire des génocides. La
relation entre deux villages peut être
gâchée, empêchant des liens de mariage
entre eux. Les villageois ne suivront
même pas les mêmes chemins. Ils se
détesteront.".


Ces conséquences peuvent s´éterniser
à cause de la lenteur du processus
de résolution. Les conclusions de
l´enquête JNS confirment cette
situation, avec 41% des conflits fonciers
signalés comme étant en cours.


Au Mali, il n’existe pas de méthode
standardisée pour traiter les conflits
fonciers. Les procédures judiciaires
varient au cas par cas, une observation
confirmée par les données de
l'enquête JNS qui n'a révélé aucune
différence systématique entre les types
de procédures de règlement des litiges
utilisés par les Maliens pour résoudre
les problèmes fonciers.


Néanmoins, les populations font
confiance aux mécanismes de justice
informels. Raison pour laquelle elles
ont tendance à y aller en premier. Les
tribunaux sont généralement sollicités
quand la situation devient alarmante.
Les problèmes se sont généralement
déjà aggravés quand ils arrivent au
niveau du tribunal. Les tribunaux
appliqueront les lois pertinentes quand




55 55

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106 107BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


4


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES PROBLÈMES FONCIERS


ils rendent les jugements. Toutefois, les
lois en vigueur ne sont pas adaptées au
contexte malien. Elles ne reflètent pas
les coutumes et les traditions locales.
En conséquence, les populations
estiment parfois que le système
est injuste et partial, et rejettent les
décisions de justice.


Bien que les problèmes fonciers
auxquels sont confrontés les Maliens
soient intrinsèquement complexes,
les mécanismes de règlement des
différends existants peuvent les
aggraver davantage. C´est pourquoi
les parties prenantes de la justice
estiment qu'il y a matière à améliorer
les parcours judiciaires des personnes
confrontées à des problèmes fonciers.


Premièrement, elles recommandent de
renforcer les capacités des mécanismes
de résolution des conflits existants.
Il y a au Mali un certain nombre de
commissions foncières aux niveaux des
régions, communes, cercles et villages.
Celles-ci doivent être opérationnelles
et mieux équipées afin de traiter les
différents types de problèmes fonciers.


«Ces commissions créent un circuit…
d'informations fiables sur les affaires
foncières. Leur objectif est de créer un
jour un cadastre foncier pouvant être
consulté n'importe où. Lorsque vous
sélectionnez un village, vous pouvez
immédiatement savoir qui a un titre


foncier ou une lettre d'attribution. De
nos jours, n´importe qui peut distribuer
ces documents : chefs de village,
propriétaires fonciers, municipalités,
agences immobilières… Alors, en cas
de problème, à qui devez-vous vous
adresser ?”


De plus, il faudrait bâtir un pont entre
les mécanismes de justice informels
et formels. Les deux systèmes sont
considérés comme complémentaires.
Par exemple, étant donné le manque
criard de documentation sur la
propriété, les limites et l'occupation
des terres, les chefs de village peuvent
fournir aux institutions officielles des
connaissances locales sur les questions
foncières.


«Les Nyamakalas sont très influents
dans notre société. Toutes les autorités
publiques devraient avoir un conseiller
traditionnel pour leur rappeler les
coutumes lors de la résolution de
n´importe quel conflit. L’autorité
publique ne peut pas tout savoir.»


En outre, la population malienne, dans
son ensemble, doit être bien informée
sur les lois, leurs droits ainsi que les
procédures de justice :


«La justice sera toujours rendue sur la
base de la loi. Les gens doivent respecter
les décisions. Mais certains Maliens
sont illettrés et n'ont pas été à l'école.
Ils ne connaissent donc pas les lois. Par


conséquent, même lorsque les tribunaux
prennent des décisions, ils préfèrent
mourir ou aller en prison que d'accepter
ces décisions »


Les autres recommandations sont les
suivantes :


• Encourager la bonne gouvernance
pour lutter contre la corruption


• Créer un système
d'enregistrement centralisé
contenant des informations de
tous les propriétaires fonciers


• Élargir les lois existantes pour
mieux refléter t coutumier, il existe
encore certaines zones grises :


«Il y a trois ou quatre sections du
code qui sont consacrées à cela [la
reconnaissance du droit coutumier]. Elles
parlent de la reconnaissance des droits
coutumiers et ainsi de suite. En réalité,
comment traitons-nous cette procédure ?
Comment devrions-nous nous comporter
envers quelqu´un qui est en possession
du droit coutumier ? Ces questions ne
sont pas spécifiées.»




56 56

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108 109BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


4


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES PROBLÈMES FONCIERS


Impact des problèmes
fonciers


COMMENT LE PROBLÈME A-T-IL AFFECTÉ VOTRE VIE ?


L’impact des conflits fonciers est moins grave que celui d’autres conflits.


Qui était l'autre
partie dans le
conflit ?


Dans les cas de litiges fonciers,
l’autre partie est souvent un membre
du réseau personnel, comme par
exemple un voisin (42%), un membre
de la famille (25%) ou un ami (16%).
Toutefois, les autorités publiques sont
également souvent impliquées dans les
litiges (12%). A noter que, parfois, plus
de deux parties sont impliquées dans
le conflit.


Comment le problème a-t-il affecté votre vie?


M´a à peine affecté Un tout petit peu Modérément


Beaucoup L´effet négatif était grave Refuse de répondre


Différends fonciers 22%7% 33% 28% 8% 1%


Autres différends 20%10% 21% 35% 14% 2%




57 57

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110 111BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


4


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES PROBLÈMES FONCIERS


Recherche d’informations et
de conseils juridiques


AVEZ-VOUS CHERCHÉ DES INFORMATIONS ET CONSEILS JURIDIQUES ?


• En cas de problèmes fonciers, les
Maliens sont à 7% plus susceptibles
de demander des informations et
des conseils juridiques que pour
d'autres problèmes de justice.


• Bien que, en général, les Maliens ne
soient pas plus enclins à rechercher


des informations et des conseils en
2018 qu'en 2014, nous observons
qu´en 2018, ils recherchent des
informations concernant les
problèmes fonciers plus souvent
qu'en 2014.


POURCENTAGE DE PERSONNES AYANT CHERCHÉ DES INFORMATIONS
PROVENANT D´INSTITUTIONS/DE RÉSEAU PERSONNEL


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N


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Avez-vous cherché des informations et conseils juridiques?


Foncier Autre Foncier Autre


Oui


Non


2014 2018


7%


93% 86% 87% 83%


17%13%14%


%Utile


%
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Pourcentage de personnes ayant cherché des informations provenant


Réseau personnel Institutions


Différends fonciers


Autres différends


7%


74% 66%95%98%




58 58

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112 113BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


4


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES PROBLÈMES FONCIERS


• Les Maliens utilisent différentes
sources d'informations et de
conseils juridiques pour les
problèmes fonciers que pour
d'autres problèmes de justice. Dans
leur réseau personnel, c´est surtout
le chef de village qu´ils consultent
le plus. Parmi les institutions, ils
consultent le plus souvent les
autorités publiques locales. Les
deux sources d’information sont
également considérées comme
relativement utiles.


• Alors que les Maliens sollicitent
les membres de leur famille et
leurs amis aussi souvent pour les
problèmes fonciers que pour tout
autre problème, ils les considèrent
moins souvent comme utiles quand
il s´agit de problèmes fonciers.


Les sources publiques d’information
sont rarement utilisées pour les
problèmes fonciers


Les Maliens sont plus susceptibles
d’utiliser les sources d’information
publiques pour obtenir des conseils
juridiques que les habitants d’autres
pays. Pour les problèmes fonciers,
toutefois, seulement 16% des Maliens
utilisent les médias comme sources
d’information. 19% en moyenne le font
pour les autres problèmes de justice.


• Les sources d’information publiques
les plus couramment consultées
par les Maliens pour les problèmes
fonciers sont la radio (9%), la
télévision (3%) et les sources
d’information mobiles (3%).




59 59

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114 115BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


4


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES PROBLÈMES FONCIERS


Prise de mesures pour
résoudre les problèmes


fonciers
AVEZ-VOUS ENTREPRIS UNE QUELCONQUE
ACTION POUR RÉSOUDRE VOTRE PROBLÈME ?


• Entre 2014 et 2018, nous constatons
une augmentation de la proportion
de personnes prenant des mesures
pour résoudre leurs problèmes de
justice. Cette augmentation est
particulièrement visible dans les cas
de conflits fonciers.


• Comme indiqué dans le chapitre
sur le règlement des différends
dans le présent rapport, les Maliens


confrontés à des problèmes fonciers
font partie du groupe de personnes
qui agit le plus. Presque tous les
Maliens faisant face à des conflits
fonciers prennent des mesures
pour résoudre leurs problèmes.
En outre, ils utilisent en moyenne
cinq stratégies différentes pour les
résoudre, ce qui est supérieur à la
moyenne de 3,6 actions en justice
pour d’autres litiges.


ACTION INDIVIDUELLE, RÉSEAU PERSONNEL
ET INSTITUTIONS


• Il n'y a pas de différence
systématique entre les types de
procédures de résolution des
conflits utilisés par les Maliens pour
résoudre les problèmes fonciers, par


rapport aux autres types de conflits.
Toutefois, ils utilisent plus souvent
les trois types de mécanismes de
résolution de conflits combinés.


Avez-vous entrepris une quelconque action pour résoudre
votre problème?


Foncier Autre Foncier Autre


Oui
Non


2014 2018


5%


95% 85% 79% 76%


24%21%


15%


Action individuelle, réseau personnel et institutions


Action individuelle Réseau personnel


Différends fonciers Autres différends


7%


86% 80%
78%87%


70% 61%


Institutions




60 60

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116 117BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018 RÈGLEM
EN


T D
ES D


IFFÉREN
D


S RELATIFS AU
X PRO


BLÈM
ES FO


N
CIERS


• Parmi les processus de
règlement des différends les plus
fréquemment utilisés pour les
problèmes fonciers, le plus utile
semble être de faire appel aux
chefs traditionnels et d´engager
des procédures dans les tribunaux
officiels.


• Bien que les actions individuelles
soient plus fréquemment utilisées
pour résoudre les problèmes
fonciers, elles semblent être moins
utiles dans de tels cas que pour
résoudre d’autres types de litiges.


• Les institutions sont non
seulement plus souvent sollicitées


pour les problèmes fonciers
que pour d’autres types de
litiges juridiques, elles sont
également jugées les plus
utiles, à l’exception de la
police.


• Le chef de village est le
plus fréquemment sollicité
et est considéré comme le
mécanisme de résolution de
conflit le plus utile engageant
le réseau personnel des
Maliens. Pour d'autres types
de problèmes juridiques,
toutefois, cette approche
semble à peine pertinente.


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i/s


M
em


bre de la fam
ille


Chef de village/de fraction


Tribunel Form
el


Police/gendarm
erieAm


i/s
Voisin


M
em


bre de la fam
ille


Chef traditionnel


Chef de village/de fraction


Tribunel Form
el


Village/Cour
com


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unau-


taire locale


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Autorité publique centrale


Autorité
publique
locale


10%


20%


30%


40%


50%


60%


70%


80%


10%
20%


30%
40%


50%
60%


70%
80%


% Utile


%
U


tilisé


Autre
Fonciers


J'ai pris m
oi - m


êm
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une autre action


J'ai contacté tout seul l'autre partie


J'ai contacté tout seul l'autre partie


J'ai recueilli des preuves
Police
/gendarm


erie


J'ai contacté des tém
oins




61 61

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118 119BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


4


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES PROBLÈMES FONCIERS


À quel point la solution au
problème est considérée


comme une réussite ?


LE PROBLÈME A-T-IL ÉTÉ RÉSOLU ?


• Le pourcentage de problèmes non
résolus au moment de l'entretien
est le même pour les problèmes
fonciers que pour d'autres
problèmes. Toutefois, il semblerait


qu´un certain nombre de conflits
fonciers prennent beaucoup plus de
temps à être résolus sans que les
intéressés les abandonnent. Près
de la moitié des conflits fonciers qui
ont fait l'objet d'enquête étaient en
cours.


Coût et qualité des
procédures judiciaires


Il est important d'évaluer comment les usagers du système de justice apprécient
les procédures à leur disposition pour résoudre leurs problèmes.


COÛT & QUALITÉ


Coût & qualité


Différends fonciers Autres différends


Voix & Neutralité


Respect


Clarté de
la procédure


Distribution
équitable


Réparation des
dommages


Résolution du
problème


Explication du
dénouement


Argent
drépensé


Temps
consacré


Stress &
Émotions


2 4 531


L´enjeu du différend a-t-il été divisé à parts égales entre vous et l'autre parti ?


Autres différends 36% 10% 32% 20% 1%


Complètement En partie


En cours Non


Refuse de répondre


Différends fonciers 39% 10% 41% 9%




62 62

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120 121BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


4


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES PROBLÈMES FONCIERS


• Les procédures de résolution des
conflits fonciers sont généralement
évaluées de la même manière que
celles des autres types de conflits.


• Les Maliens ayant des problèmes
fonciers sont plus susceptibles
d’évaluer l’aspect distributif des
résultats comme équitable. Cette
dimension comprend les éléments
suivants :


○ À quel point le résultat du litige a
été partagé équitablement entre
vous et l'autre partie ?


○ Le résultat du litige a-t-il été
partagé à parts égales entre vous
et l'autre partie ?


○ Jusqu´où le partage a-t-il été
conforme à ce que vous méritiez
de recevoir ?


○ Jusqu´où le partage
correspondait-il à ce dont vous
aviez besoin ?


○ Jusqu´où le partage a-t-il été
conforme à ce que méritait l'autre
partie ?


• Les personnes qui se sont lancées
dans des parcours de justice en
matière de problèmes fonciers
accordent une grande importance à
la «résolution des problèmes». Cette
dimension comprend les éléments
suivants :


○ Le résultat résout-il votre
problème ?


○ Le résultat a-t-il déjà été mis en
œuvre ?


○ Le résultat garantit-il que l’autre
partie ne tombera pas dans la
récidive ?


L´ENJEU DU DIFFÉREND A-T-IL ÉTÉ DIVISÉ À
PARTS ÉGALES ENTRE VOUS ET L’AUTRE PARTIE ?


LE RÉSULTAT GARANTIT-IL QUE L’AUTRE
PARTIE NE REFERA PAS LA MÊME CHOSE ?


L´enjeu du différend a-t-il été divisé à parts égales entre vous et l'autre partie?


Autres différends 30% 19% 15% 24% 12%


Différends fonciers 21% 9% 32%12% 25%


Pas du tout Un tout petit peu


Moderérément Beaucoup


Complètement


Le résultat garantit-il que l’autre partie ne refera pas la même chose?


Autres différends 22% 17% 12% 33% 15%


Pas du tout Un tout petit peu


Moderérément Beaucoup


Complètement


Différends fonciers 15% 7% 38%11% 28%




63 63

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122 123BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


4


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES PROBLÈMES FONCIERS


COÛT & QUALITÉ


• Dans les cas de conflits fonciers,
les chefs de village obtiennent de
bien meilleurs résultats que les
tribunaux officiels dans la plupart
des domaines.


• Les différences sont
particulièrement grandes quand
il s´agit de savoir si la procédure
était claire pour toutes les parties
impliquées et combien d'argent a
été dépensé.


Conclusion


Les litiges fonciers sont les problèmes
de justice les plus courants qui
touchent chaque année les Maliens.
L'accaparement des terres affecte
particulièrement les plus pauvres du
pays, tandis que les différends liés aux
titres fonciers affectent les Maliens les
plus riches et ceux vivant en ville.
Le fait que l'autre partie au conflit
soit souvent un voisin ou un membre
de la famille rend la résolution des
problèmes fonciers particulièrement
difficile. La plupart des Maliens
confrontés à des problèmes fonciers
essaient de résoudre leurs problèmes.
Ceux qui n'essayent pas de le faire se
heurtent à des obstacles tels que la
peur de nuire aux relations avec l'autre
partie. En effet, c'est la raison la plus
courante pour ne pas entreprendre
d´actions.
Presque tous les Maliens confrontés
à des problèmes de justice essaient
activement de résoudre leurs


problèmes. En moyenne, ils font
usage de cinq processus différents
de résolution de conflits. Engager
une procédure devant les tribunaux
et faire appel au chef de village sont
les procédures les plus courantes et
les plus utiles. De plus, les Maliens
font aussi appel à leurs amis et
aux membres de leurs familles
ou prennent contact avec l’autre
partie. Ces procédures ne semblent
pas être très utiles. Sur une note
positive, les personnes confrontées
à des problèmes fonciers sont
moins susceptibles d’abandonner la
procédure que celles confrontées à
d’autres problèmes de justice.
Les personnes confrontées à des
problèmes fonciers croient plus
souvent que l´enjeu du litige a été
équitablement partagé et que le mode
de résolution empêchera l'autre partie
de tomber dans la récidive. Ces deux
aspects du règlement des différends
sont des éléments cruciaux d’une
gestion juste et durable des litiges. Les
chefs de villages sont particulièrement
efficaces dans la recherche de solutions
aux litiges.


Coût & qualité


Tribunal officiel Chef de village


5


Voix & Neutralité


Respect


Clarté de
la procédure


Distribution
équitable


Réparation des
dommages


Résolution du
problème


Explication du
dénouement


Argent
drépensé


Temps
consacré


Stress &
Émotions


2 4 531




64 64

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124 125BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


5
Accès à la justice
pour les femmes


Problèmes les plus fréquents
Problèmes de justice les plus graves


Informations, conseils juridiques
Prise d´actions


Résolution de problèmes




65 65

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126 127BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


5


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES FEMMES


Dans ce chapitre, nous examinons les
besoins des femmes en matière de
justice. Il est important de chercher
à savoir si les femmes souffrent de
problèmes particuliers et si elles
rencontrent des difficultés particulières
pour les résoudre.
En général, il est entendu que la
position des femmes dans la société
malienne est vulnérable. Certaines
lois, telles que la loi sur la famille, sont
en contradiction avec les obligations


Accès à la justice pour
les femmes


des droits de l'homme9. Les femmes
ont généralement moins accès à
l'éducation et font moins d´activités
économiques que les hommes. Nous
pensons qu´à cause de ces raisons,
elles auraient tendance à ne pas
déclarer leurs problèmes et à ne pas
expliquer en détail leur parcours
judiciaire. Néanmoins, les pages
suivantes présentent les expériences
des femmes maliennes, racontées par
elles-mêmes.


9 Un tribunal africain a estimé que la Loi sur la Famille viole les obligations du Mali en matière des droits de
l´homme
https://ijrcenter.org/2018/05/29/african-court-finds-malis-family-law-violates-human-rights-obligations/


Données démographiques


Nous avons interrogé 3 749 femmes,
représentant 45% de notre échantillon.
Ces femmes ont en moyenne quatre


ans de moins que les hommes. En
outre, leur niveau de scolarisation est
moins élevé.


NIVEAU DE SCOLARISATION


Niveau de scolarisation


Femmes


45% 16% 23% 16%


Analphabète Primaire


Secondaire Supérieur


Hommes


54% 19% 15% 11%




66 66

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128 129BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


5


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES FEMMES


Problèmes de justice


En moyenne, les femmes maliennes
sont moins souvent confrontées à des
problèmes de justice que les hommes.
La différence est de 7% environ. La


même tendance fut observée en
2014. Par rapport à 2014, il y a eu
un augmentation des problèmes de
justice aussi bien des femmes que des
hommes.


AVEZ-VOUS RENCONTRÉ UN OU PLUSIEURS PROBLÈMES
DE JUSTICE AU COURS DES QUATRE DERNIÈRES ANNÉES ?


PROBLÈMES LES PLUS FRÉQUENTS
Avez-vous rencontré un ou plusieurs problèmes
de justice au c rs des quatr dernières années?


Hommes Femmes Hommes Femmes


Oui
Non


2014 2018


60%


40%
33% 35% 29%


71%65%67%


22%
11%


Problèmes les plus fréquents


Femmes


Hommes


Famille


20%
34%


Foncier


15%
18%


Crime/délit


14%
10%


Voisins


12%
12%


Argent


10%
10%


Emploi




67 67

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130 131BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


5


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES FEMMES


• La famille, le foncier et le crime/délit
sont les catégories de problèmes les
plus répandues et les plus graves
pour les femmes.


• Les femmes sont confrontées à
plus de problèmes familiaux que les
hommes, tandis que ces derniers
font face à beaucoup plus de
problèmes fonciers.


• 66% des femmes font état de cas de
violence domestique.


• En termes de crime/délit, les
femmes souffrent principalement
de vols (60%) et de crimes violents
(28%). Les hommes, eux, souffrent
également de crimes violents, mais
moins souvent (15%).


• En termes de problèmes familiaux,
les femmes souffrent principalement
de divorce ou de séparation (40%),
de mariages précoces (27%) et de
violences contre les enfants (22%).


PROBLÈMES DE JUSTICE LES PLUS GRAVES


18%
32%


Problèmes de justice les plus graves


Femmes


Hommes


Foncier


17%
7%


Famille


14%
16%


Crime/délit


9%
9%


Argent


8%
5%


Voisins


7%
7%


Emploi


5%
1%
Violence domestique


5%
5%


Accidents/blessures
personnelles


4%
2%


Sécurité sociale et
services publics


4%
4%
Habitation


4%
5%


Obtention de document
d´identité


2%
3%
Police


2%
2%


Problème de
consommateur




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132 133BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


5


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES FEMMES


Le point de vue des acteurs
de la justice sur le divorce


Au Mali, le taux de divorce semble être
à la hausse. Il se produit dans toutes
les couches de la société, touchant à la
fois les jeunes et les vieux. Il existe une
série de causes au divorce, qui sont la
pauvreté, la maladie, la discorde avec
les beaux-parents, la violence familiale
et la polygamie. Toutefois, les motifs
de divorce diffèrent selon la durée du
mariage. Par exemple, la polygamie
est plus souvent une cause de divorce
pour les couples ayant plusieurs
années de mariage. L’arrivée d’une
nouvelle épouse peut être source de
jalousie et de tensions dans le mariage,
surtout si elle est mieux traitée que
la première épouse. Les nouveaux
mariés, en revanche, ont tendance à
divorcer à cause de la pauvreté.
De manière générale, plus de
femmes que d’hommes cherchent
à divorcer. Elles le font souvent à
cause de la violence domestique, à
savoir la violence mentale, physique
et psychologique. Les femmes ont
également tendance à se sentir
isolées et confinées chez elles. Par
exemple, Mopti connait des niveaux


de migration interne particulièrement
élevés d’hommes pour chercher du
travail ailleurs. En conséquence, les
foyers restent à la charge des femmes
en attendant le retour de leur mari.
Certaines en ont assez d’attendre et
demandent le divorce.
Avant d’aller au tribunal, les Maliens
tentent souvent de résoudre leurs
problèmes de divorce de manière
informelle. Ils recherchent des conseils
auprès de leur réseau personnel,
tels les membres de leur famille et
leurs amis, comme le confirment les
données de l’enquête JNS. Les chefs de
village et les anciens sont également
souvent consultés. Quand les cas
de divorce arrivent au niveau de la
justice, c´est le plus souvent en dernier
recours:
«C’est après l’échec des membres de leurs
familles et lorsque toutes les voies de
réconciliation ont été épuisées que les
couples vont en justice. Ils ne viennent
au tribunal que comme pour remplir une
formalité.»




69 69

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134 135BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


5


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES FEMMES


«Les conséquences du divorce sont
lourdes. Il y a tellement de personnes
affectées. C’est pourquoi, avant d’entamer
les procédures judiciaires, nous
demandons aux parties d’aller consulter
les anciens de leur quartier afin de se
réconcilier. Nous les supplions souvent de
le faire.”
Bien que le couple soit soumis à des
pressions pour rester ensemble, c´est
généralement sur la femme que le
fardeau est plus lourd en raison des
normes socioculturelles :
«Quand une femme rencontre des
difficultés chez elle, les gens lui
demandent d’être tolérante et patiente. À
la fin, elle en meurt.”
Les femmes ont également tendance à
être défavorisées sur le plan structurel.
Après le mariage, seul le mari reçoit
une copie de l’acte de mariage. Cela
peut causer des problèmes plus tard
chez les femmes, car elles ne peuvent
pas entamer de procédure de divorce
sans fournir une copie du certificat de
mariage.


Les acteurs de la justice estiment que
les jeunes d’aujourd’hui, en particulier
les filles, ne sont pas préparées au
mariage :
«À mon avis, beaucoup de filles se
marient sans y être préparées. Les
femmes devraient bien préparer leurs
filles au mariage. »
«De nos jours, les jeunes filles ne sont pas
préparées au mariage. Nos enfants n’ont
pas reçu une bonne éducation de base
par rapport au mariage. »
Ils observent un manque évident
d’orientation et d’assistance de la part
des parents. En conséquence, ce sont
généralement les jeunes mariés qui
demandent le divorce. Auparavant,
les membres de la famille apportaient
un soutien aux jeunes mariés. Ils les
aidaient à résoudre divers types de
problèmes, en particulier par rapport
à la complexité de la polygamie, et
enseignaient aux enfants les rôles
respectifs que les hommes et les
femmes jouent :


«Les parents oublient de donner des
conseils à leurs enfants à l’approche
du jour du mariage, tellement ils sont
concentrés sur le processus de mariage.
Certaines femmes mariées rejoignent
leurs maris sans recevoir de conseils de
leurs parents.”
La préparation au mariage est l’une des
recommandations clés formulées par
les parties prenantes de la justice pour
améliorer la situation de divorce : c’est-
à-dire que les futurs époux doivent
être mieux préparés au cours des mois
précédant leur mariage à travers des
séances d’information. Au cours de ces
sessions, on leur dira ce que le mariage
signifie, en quoi il consiste.
«Nous ne savons plus ce qu’est le
mariage. Auparavant, le mariage
était sacré. Jusqu’à ce que nous
comprenions ce qu’est le mariage, ce
sera difficile. De nos jours, les gens ne
sont pas préparés au mariage. »
Les acteurs de la justice reconnaissent
également l’importance du système
de justice informel dans les affaires de
divorce. Ils estiment que les systèmes
informels et formels doivent bien se
compléter. Il faudrait plus d´effort pour
réunir les deux systèmes :


“Si la justice informelle occupait une
place au tribunal, je pense que ce serait
une bonne chose.”
Globalement, le divorce est fortement
découragé et perçu négativement
dans la société malienne. Cela est vrai
aussi bien du point de vue des réseaux
personnels que des institutions. Alors
que la loi prévoit des procédures de
divorce pour les Maliens, elle prévoit
également des étapes en vue de la
réconciliation, comme en témoigne la
«tentative de conciliation» obligatoire
devant les tribunaux.




70 70

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136 137BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


5


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES FEMMES


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M
M


ES


Recherche d’informations
et de conseils juridiques


AVEZ-VOUS CHERCHÉ DES INFORMATIONS
ET DES CONSEILS JURIDIQUES ?


Tandis que, en 2014, les femmes
cherchaient plus souvent des


informations et des conseils juridiques
que les hommes, ces derniers ont
rattrapé leur retard en 2018.


Avez-vous cherché des informations et des
conseils juridiques?


12%


88%
88% 83% 86%


14%17%12%


Hommes Femmes Hommes Femmes


Oui
Non


2014 2018


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138 139BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


5


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES FEMMES


Prise d´actions


AVEZ-VOUS ENTREPRIS UNE QUELCONQUE
ACTION POUR RÉSOUDRE VOTRE PROBLÈME ?


Neuf femmes et hommes sur 10
prennent des actions concrètes
pour résoudre leurs problèmes. ,
D´ailleurs, plus de personnes prennent
des mesures pour résoudre leurs
problèmes en 2018 qu'en 2014. Il n'y
a pas non plus de différence dans la
fréquence à laquelle les hommes et


les femmes recourent aux actions
individuelles ou consultent leur
réseau personnel pour résoudre
leurs problèmes. Toutefois, 65% des
hommes font appel à des institutions,
alors que seulement 61% des femmes
le font.


Avez-vous entrepris une quelconque action pour résoudre
votre problème?


Hommes Femmes Hommes Femmes


Oui Non
2014 2018


11%


89% 87% 77% 75%


25%23%13%


Les membres de la famille sont les
sources d'informations juridiques et
de conseils les plus fréquemment
consultées par les hommes et
les femmes, suivis par les amis.
Toutefois, les femmes, plus que les
hommes, estiment que les conseils
et informations donnés par les
membres de la famille sont plus utiles
pour résoudre leurs problèmes. Bien
que la police ne soit pas la source
d’information la plus fréquemment
consultée, aussi bien les hommes
que les femmes, en particulier ces
dernières, les trouvent plutôt utiles.
Les hommes consultent les chefs
traditionnels plus souvent que les
femmes. Et ils trouvent, un peu plus
que les femmes, qu´ils constituent des
sources utiles.




72 72

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140 141BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


5


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES FEMMES


J´étais en état de grossesse de six mois, et encore au lycée, quand j´ai épousé
Abdoulaye. Tout allait bien au début du mariage jusqu´au moment où il a
commencé à rentrer à la maison très tard la nuit. Quand j´ai essayé d´attirer
son attention sur ce fait, il n´en teint pas compte. Au contraire, il se vantait
d´être libre d´aller à son grin et de rentrer à la maison quand il voulait. Il voulait
montrer qu´il était indépendant et n´était en aucun cas soumis à moi.


Très vite, un autre problème devait surgir. En effet, je constatais que mon mari ne
s´acquittait d´aucune des dépenses de la famille. Tout était pris en charge par ma
belle-mère, la maman de mon mari. La situation devait se compliquer davantage
quand j´ai dit à mon mari mon intention de chercher une aide-domestique
pour s´occuper de l´enfant étant donné que je devais aller à l´école. Il refusa
catégoriquement puisqu´il n´était d´ailleurs pas d´accord que je poursuive mes
études.


Nos relations se détérioraient davantage quand il commença à être violent
envers moi. Pour un rien, il m´insultait et me battait. Il lui est même arrivé de me
menacer de mort. C´est à cet instant que j´ai pensé à le quitter. Un beau jour,
j´ai décidé de prendre mes affaires et de déménager chez mes parents avant
d´entamer une procédure de divorce. Il y eut des tentatives de réconciliation de la
part de la famille et des amis, mais ma décision était définitive. Au bout d´un peu
plus d´un an de procédure, le divorce a enfin été prononcé. Malheureusement, il
ne rend pas visite à son enfant et ne prend pas en charge ses dépenses.


Les procédures de divorce engendrent beaucoup trop de dépenses pour une
femme comme moi. Il existe beaucoup de barrières aux divorces, au nombre
desquelles on peut citer le manque de soutien de la famille et des parents. En
effet, les gens craignent toujours de prendre la responsabilité de la séparation
des conjoints. De plus, les tribunaux ont souvent tendance à ne pas prendre les
femmes au sérieux, estimant qu´elles n´aiment pas rester dans les liens du
mariage. La plupart du temps, ils semblent pencher du côté du mari. La femme
est presque considérée comme l´esclave de ce dernier qui se conduit comme s´il
l´avait achetée.


L´histoire de Hawa


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142 143BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


5


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES FEMMES


Résolution de problèmes


VOTRE PROBLÈME A-T-IL ÉTÉ RÉSOLU ?


Au Mali, il n’existe pas de différence
systématique entre les hommes et les
femmes en termes de résolution des
problèmes, si l´on considère tous les
problèmes juridiques pris ensemble.
De plus, le revenu du ménage
n’influence pas systématiquement les
taux de résolution des conflits pour les
femmes. Comparé à 2014, le taux de


résolution pour les femmes est resté
inchangé, même si le pourcentage de
femmes qui a abandonné a diminué.
Les taux de résolution pour les
hommes, par rapport à 2014, se sont
améliorés et reflètent maintenant ceux
des femmes.


Votre problème a-t-il été résolu?


Hommes 37% 10% 33% 18% 1%


Complètement En partie


En cours Non


Je ne sais pas


Femmes 37% 10% 1%35% 16%


• En général, il existe un schéma
similaire entre les choix de
résolution des conflits des hommes
et des femmes. Toutefois, les deux
stratégies sont remarquablement
différentes : les femmes font moins
appel à la police que les hommes,
mais quand elles le font, elles la
jugent plus utile. En ce qui concerne
les chefs traditionnels, les femmes
leur font moins souvent appel et
les trouvent moins utiles que les
hommes.


• Les femmes sont légèrement
moins susceptibles de prendre des
actions car elles estiment qu’elles
ne pourraient pas obtenir de bons
résultats.


• Bien que les tribunaux officiels
ne soient pas le processus de
règlement de différends le plus
utilisé, ils sont considérés plus
souvent comme les plus utiles. Nous
avons observé le même phénomène
dans d'autres pays.




74 74

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144 145BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


5


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES FEMMES


LE PROCESSUS VOUS A-T-IL MIS EN COLÈRE ?
(PROBLÈMES DE FAMILLE)


LE PROCESSUS VOUS A-T-IL FAIT VOUS SENTIR
HUMILIÉ ? (PROBLÈMES DE FAMILLE)


Le processus vous a-t-il mis en colère?
(problèmes de famille)


Hommes 10% 6% 14% 42% 28%


Très peu en colère Peu en colère


Colère modérée Très en colère


Trop en colère


Femmes 3%8% 38%8% 43%


Le processus vous a-t-il fait vous sentir humilié?
(problèmes de famille)


Hommes 13% 15% 13% 26% 34%


Très peu humilié Peu humilié


Modérément humilié Très humilié


Beaucoup trop humilié


Femmes 6% 7% 35%14% 37%


Coût et qualité de la justice


COÛT ET QUALITÉ DE LA PROCÉDURE JUDICIAIRE


Dans l’ensemble, les femmes
n’évaluent ni mieux ni moins bien
que les hommes, leur parcours de
justice lorsque nous considérons
l’ensemble des problèmes de justice
pris ensemble. Toutefois, si nous


ne considérons que les problèmes
familiaux, les femmes subissent plus
de stress et d’émotions négatives que
les hommes, en particulier en ce qui
concerne la colère et l’humiliation.


Coût et qualité de la procédure judiciaire


Femmes


Hommes
Voix & Neutralité


Respect


Clarté de
la procédure


Distribution
équitable


Réparation des
dommages


Résolution du
problème


Explication du
dénouement


Argent
drépensé


Temps
consacré


Stress &
Émotions


52 4 531




75 75

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146 147BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


5


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES FEMMES


Conclusion


Les femmes sont confrontées à un peu
moins de problèmes que les hommes.
Elles sont le plus souvent confrontées
particulièment aux problèmes
familiaux, fonciers et de crimes/délits.
Il n'y a pas de grandes différences
dans la manière dont les femmes et les
hommes recherchent des informations
et des conseils juridiques. Toutefois, les
femmes font moins souvent appel aux
leaders religieux que les hommes. En
termes de résolution de litiges, il n’y a
encore que des différences mineures.
Les femmes sont légèrement plus
susceptibles, que les hommes, de faire
appel aux membres de leur famille et
moins susceptibles de faire appel aux
institutions, en particulier les chefs de
village. Cependant, les femmes, plus
que les hommes, trouvent la police
relativement plus utile. Il reste à savoir
si cela est dû au rôle de la police dans
les conflits familiaux.


Il n'y a pas de différence particulière
dans la manière dont les femmes et
les hommes vivent leur parcours de
justice. Nous avons cependant souligné
certaines différences liées à la colère
et l'humiliation ressenties lors du
processus de résolution des problèmes
familiaux.
Dans l'ensemble, les données ne font
ressortir aucun désavantage spécifique
auquel les femmes sont confrontées
(par rapport aux hommes) dans le
système judiciaire. Là également,
il reste à savoir si ce résultat est
influencé par des facteurs comme la
politesse, la peur de dire la vérité, etc.


LES FEMMES LES PLUS DÉMUNIES S’EN
TIRENT LÉGÈREMENT MIEUX


Voix & Neutralité


Respect


Clarté de
la procédure


Distribution
équitable


Réparation des
dommages


Résolution du
problème


Explication du
dénouement


Argent
drépensé


Temps
consacré


Stress &
Émotions


Les femmes les plus démunies s'en tirent
légèrement mieux


Faible revenu Revenu élevé des femmes


2 4 531




76 76

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148 149BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


6
Accès à la justice


pour les jeunes
Maliens


Problèmes les plus fréquents
Problèmes de justice les plus graves


Informations et conseils
Résolution de problèmes


Les jeunes Maliens et les Institutions




77 77

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150 151BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Accès à la justice pour les
jeunes Maliens


Nous définissons les jeunes comme
étant les personnes âgées de 18 à 25
ans. Dans l'enquête JNS de 2018, 1 140


personnes, soit environ 14% de tous les
répondants, appartenaient à ce groupe
d'âge.


Données démographiques des jeunes de 18-25 ans


Niveau de scolarisation


Femme 55% Non scolarisé Bas Moyen Elevé


Homme 45% 27% 25% 26% 21%


Urbain 40%


Rural 60%


En termes de problèmes de justice,
les jeunes constituent une catégorie
particulièrement importante. Ils ont
besoin de la protection de la loi afin de
réaliser leur capacité de croissance. Ils
ont besoin d'accéder à une éducation


de qualité, des emplois, un logement
et à des relations stables. Un système
stable d’état de droit devrait garantir la
sécurité, le développement personnel et
une vie décente. Un manque de justice
pourrait avoir un impact significatif sur le
potentiel des jeunes au Mali.


Problèmes de justice des
jeunes en 2018


Les très jeunes sont moins susceptibles
d´être confrontés à des problèmes
de justice : 33% d´entre eux affirment
avoir été confrontés à un ou plusieurs
problèmes de justice au cours des
quatre dernières années. Pour toutes
les autres catégories d'âge, environ
38% des Maliens rencontrent un
problème de justice.
• Les jeunes résidant en ville sont


beaucoup plus exposés aux
problèmes de justice. 52% des
jeunes résidant en zone urbaine ont
été confrontés à un ou plusieurs
problèmes de justice. À titre de
comparaison, seuls 26% des jeunes


en milieu rural ont signalé avoir
été confrontés à un problème de
justice au cours des quatre dernières
années.


• L’éducation joue un rôle important
dans le taux de déclaration des
problèmes de justice. Plus un jeune
enquêté est scolarisé, plus il est
susceptible d´être confronté ou de
rapporter un problème de justice.
Par exemple, 45% des jeunes
titulaires d'un diplôme universitaire
font face à un problème de justice,
mais seulement 26% des jeunes
non scolarisés sont dans la même
situation.


JEUNES MALIENS ET PROBLÈMES DE JUSTICE


33% 37% 39% 35%


67% 63% 61% 65%


Jeunes Jeunes adultes Cinquantaine Vieux


Jeunes maliens et problèmes de justice


Avec problème


Sans problème




78 78

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152 153BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


6


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES JEUNES MALIENS


Par rapport à 2014, l´on constate que
les jeunes Maliens signalent plus de
problèmes de justice en 2018. Le taux


de prévalence chez le groupe des plus
jeunes est passé de 25% à 33%.


Les crimes/délits sont les problèmes de
justice les plus courants rencontrés par
les jeunes Maliens.
Près du quart des problèmes de justice
rencontrés par les jeunes sont liés au
crime/délit. À titre de comparaison, les
personnes plus âgées sont deux fois
moins souvent confrontées au crime/
délit. Les conflits fonciers sont le type
de problème de justice le plus fréquent
chez les personnes de plus de 25 ans.
Les jeunes Maliens en moyenne
connaissent 1,51 problème de justice.
Cela signifie que la majorité des jeunes
ne rencontre qu'un problème de justice


en l'espace de quatre ans. Toutefois,
s’ils rencontrent plusieurs problèmes,
nous leur avons demandé lequel de ces
problèmes était le plus grave en termes
d’impact sur la vie de la personne. Ils
identifient le crime/délit comme le type
de problème de justice le plus grave.
Il s´agit d´un problème majeur, en
particulier pour les jeunes des zones
urbaines. Un tiers (33%) des jeunes
Maliens confrontés à un problème de
justice sont victimes de crime/délit. À
titre de comparaison, le crime/délit est
le problème le plus grave pour 17% des
jeunes des zones rurales.


Type de problèmes
de justice les plus
fréquents


Problèmes de justice les
plus graves


Crime/délit 24% 24%


Problèmes de famille 14% 11%


Conflits avec les voisins 11% 8%


Différends liés à l'argent 9% 9%


Problèmes fonciers 8% 9%


Problèmes d'emploi 8% 7%


En 2014, la répartition des problèmes
juridiques les plus graves concernant
les jeunes maliens paraissait similaire


au tableau ci-dessus, à l'exception
notable des problèmes fonciers, qui
étaient les plus graves à l'époque.


33%


64%


2018


Pas de problème de justice


25%


75%


2014


Problème de justice




79 79

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154 155BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


6


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES JEUNES MALIENS


Informations et conseils


Les jeunes ont des besoins spécifiques
en matière de résolution de problèmes
de justice. En général, ils n’ont pas
assez d’expérience de vie pour régler
des différends, les problèmes de
justice en particulier. Cela soulève
l’importance d’une information
accessible et précise par rapport
au crime/délit, les conflits avec les
membres de la famille et tous les
autres problèmes de justice auxquels
les jeunes sont confrontés.


La plupart des jeunes cherchent des
informations ou des conseils pour


résoudre leurs problèmes de justice.
84% des personnes confrontées à un
problème de justice cherchent des
informations juridiques. En 2014, 86%
des jeunes Maliens ont activement
recherché des informations.


Presque tous les jeunes qui cherchent
activement des informations par
rapport à leurs problèmes de justice
font appel à quelqu'un de leur réseau
personnel. Le plus souvent, les
sources de telles informations sont les
membres de la famille, les amis ou les
voisins.


CONSEILS JURIDIQUES DU RÉSEAU PERSONNEL


Les jeunes Maliens sont actifs dans la
recherche d’information et de conseils
auprès de sources institutionnelles.
Toutefois, seulement 4% des
informations formelles sont fournies
par des juristes. Si nous ajoutons à cela
les parajuristes et les organisations
d’aide juridique (BAJJ), nous constatons
que 7% des informations sont fournies
par un conseiller professionnel ou
quelqu´un ayant reçu une formation
en résolution de problèmes de justice.


La police est l'institution officielle la
plus souvent consultée comme source
d'informations et de conseils par les
jeunes Maliens. Apparemment, ce
choix est prédéterminé par le fait que
le crime/délit est le problème le plus
courant et le plus grave auquel sont
confrontés les jeunes.


Les autorités publiques locales comme
les maires sont les deuxièmes groupes
les plus consultés.


INFORMATIONS ET CONSEILS JURIDIQUES
PROVENANT DES INSTITUTIONS


5%


6%


10%


14%


16%


45%


51%


Chef traditionnel


Leader religieux


Collègue


Voisin


Chef de village/de fraction


Ami


Membre de la famille


Conseils juridiques du réseau personnel


1%


1%


1%


2%


4%


5%


6%


7%


19%


23%


Griot/autre presonne de caste


Para juristes, clinique juridique


ONG nationale ou locale et/ou
organisation des droits de l'homme


Organisation d´aide juridique


Juriste


Tierce partie ad hoc


Autorité publique centrale


Autre institution formelle


Autorité publique locale


Police/gendarmerie


Informations et conseils juridiques provenant des institutions




80 80

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156 157BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


6


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES JEUNES MALIENS


Les jeunes des zones rurales sont plus
susceptibles de consulter les autorités
publiques locales


Il existe une différence notable dans
la manière dont les jeunes des zones
urbaines et rurales cherchent des
informations pour résoudre leurs
problèmes de justice. Les jeunes des
villes cherchent principalement à
obtenir des informations auprès de
la police, tandis que les jeunes ruraux


s'adressent aux autorités locales.
Cependant, il convient de noter que
les jeunes des zones urbaines sont
confrontés à plus de crimes que ceux
des zones rurales (33% contre 17%),
alors que ces derniers sont confrontés
à plus de conflits fonciers.


COMPARAISON ENTRE LE RECOURS
À LA POLICE ET AUX AUTORITÉS
PUBLIQUES LOCALES


La radio (12% des jeunes ayant des
problèmes) et la télévision (8%) sont les
médias les plus utilisés pour obtenir
des informations sur la résolution d'un
problème de justice. Peu de jeunes
utilisent les réseaux sociaux ou d'autres
ressources d´Internet pour avoir une
meilleure idée de leurs options afin de
résoudre leurs problèmes de justice.


Dans l’ensemble, les jeunes Maliens
cherchent activement des informations
et des conseils juridiques. En moyenne,
les jeunes ont recours à 2,2 sources.
Ce taux est moins que les répondants
des autres groupes d'âge (moyenne de
2,7 sources), mais il demeure le signe
d'une stratégie active de résolution de
problèmes.


Le réseau personnel comme source
d’information la plus utile


Les amis et les membres de la famille
sont perçus comme les sources
d’information et de conseil les plus
utiles pour résoudre les problèmes
de justice. La police et les chefs de
village sont les sources les plus utiles
parmi les sources institutionnelles.
Là encore, il existe une différence
notable entre les jeunes urbains et


ruraux. Les premiers sont beaucoup
plus susceptibles d’aller à la police
pour obtenir des informations sur la
manière de traiter et de résoudre un
crime/délit. Les jeunes ruraux, eux,
affirment qu'après les membres de la
famille et les amis, les chefs de village
sont la source d'informations et de
conseils juridiques la plus utile.


SOURCES D’INFORMATION LES PLUS UTILES


25%


25%


15%


10%


4%


3%


Ami


Membre de la famille


Police/gendarmerie


Chef de village/de fraction


Voisin


Autorité publique locale


Sources d'information les plus utiles


Membre de la famille


10% 40%29% 6%


Zone rurale Zone urbaine


Comparaison entre le recours à la police et aux autorités publiques locales


Police Autorité locale




81 81

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158 159BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


6


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES JEUNES MALIENS


Comment les jeunes résolvent-ils leurs
problèmes de justice ?


En 2014, l’étude avait révélé que la
grande majorité (76%) des jeunes
s’engageait sur un parcours juridique
afin de résoudre leurs problèmes
de justice. En 2018, cette tendance
est toujours d´actualité : 81% des
jeunes interrogés ont eu recours à un
mécanisme de résolution des conflits
formel ou informel. Ce niveau d'activité
est légèrement inférieur à celui des
autres groupes d'âge, mais indique
clairement une attitude active à l'égard
des problèmes de justice.


Lorsque de jeunes Maliens tentent
de résoudre leurs problèmes de
justice, moins de la moitié d'entre eux
parviennent à le faire complètement
ou partiellement. À cet égard, les
résultats des enquêtes de 2014 et 2018
sont presque identiques. Il y a peu de
différence dans la distribution du degré
de résolution ou non des problèmes.


VOTRE PROBLÈME A-T-IL ÉTÉ RÉSOLU ?


Que font les jeunes Maliens pour
résoudre les problèmes de justice ?


Les jeunes Maliens tentent de résoudre
leurs problèmes en impliquant
quelqu'un de leur environnement
immédiat ou en entreprenant
eux-mêmes des actions. 77% des
personnes qui agissent ont recours à
une forme d´action individuelle, 83%
cherchent de l’aide auprès de leur
réseau personnel et 58% ont recours à
des institutions.
Le plus souvent, les jeunes demandent
à un membre de la famille d'intervenir,


contactent l'autre partie ou impliquent
un ami dans la résolution du conflit.
D'autres moyens couramment utilisés
pour traiter les problèmes de justice
consistent à contacter un témoin,
rassembler des preuves ou classer une
affaire.
Environ 15% seulement des jeunes qui
prennent des actions vont voir un chef
de village, un leader religieux ou un
chef traditionnel pour la résolution de
leur différend.


32%


37%


15%


7%


23%


36%


26%


19%


2014


2018


Votre problème a-t-il été résolu?


Complètement En partie En cours Non




82 82

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160 161BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018 UTILITÉ RELATIVE D
ES M


ÉCAN
ISM


ES D
E RÈGLEM


EN
T D


ES D
IFFÉREN


D
S PO


U
R LES JEU


N
ES


Les jeunes Maliens et les
Institutions


Les tribunaux officiels et la police sont
les institutions les plus fréquemment
sollicitées par les jeunes Maliens. Les
juristes et les organisations d'aide
juridique sont rarement sollicités.
Encore une fois, il y a une différence
notable entre les jeunes ruraux et
urbains. Les jeunes des villes qui


prennent une forme d´action ont
plus recours à la police que leurs
homologues des zones rurales (35%
et 8%, respectivement). En milieu
rural, les jeunes ont recours aux
tribunaux officiels (23%), aux tribunaux
communautaires (8%) et aux maires
(8%).


J'ai contacté tout seul l'autre partie


J'ai recueilli des preuves
J'ai contacté des tém


oins


Am
i/s


Voisin


M
em


bre de la fam
ille


Chef de village/de fraction


Tribunel Form
el


10%


20%


30%


40%


50%


60%


70%


80%


10%
20%


30%
40%


50%
60%


70%
80%


% Utile


%
U


tilisé


J'ai pris m
oi - m


êm
e


une autre action




83 83

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162 163BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


6


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES JEUNES MALIENS


Mécanismes les plus
utiles pour résoudre les
problèmes des jeunes


Alors que de nombreux jeunes
prennent des actions individuelles ou
font appel à leur réseau personnel,
ils ne trouvent pas nécessairement
ces stratégies utiles pour résoudre
leurs conflits. Les institutions telles
que les tribunaux officiels et la police


sont moins souvent sollicitées, mais la
plupart des jeunes qui leur font appel
trouvent que ce sont les mécanismes
les plus utiles parmi tous ceux qu'ils
utilisent, conformément à la tendance
du chapitre sur le règlement des
différends.


Coûts et qualité du
règlement des litiges


Globalement, la justice ne répond
pas aux attentes des jeunes Maliens.
Lorsqu'on leur demande par rapport à
la qualité de la procédure des recours
judiciaires disponibles, les jeunes
donnent généralement un score
très bas. La justice procédurale, la
justice interpersonnelle et la justice
d´information reçoivent toutes le score
3, soit le milieu de l’échelle.
Nous constatons des scores similaires
pour la qualité des résultats des
parcours de justice. Seule la dimension
permettant de déterminer si le
problème a été résolu obtient des
résultats légèrement meilleurs.


Pour la plupart des jeunes qui ont dû
faire face à un problème de justice, la
résolution des conflits ne coûte pas
trop en temps et en argent. Cela n’est
pas surprenant si l’on considère que la
plupart des jeunes utilisent une forme
d’entraide ou un processus informel
pour résoudre leurs problèmes de
justice. Le stress et les émotions
négatives constituent le fardeau le
plus lourd que vivent les jeunes lors du
processus judiciaire.




84 84

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164 165BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


6


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES JEUNES MALIENS


COÛT ET QUALITÉ DE LA JUSTICE POUR LES JEUNES


Les jeunes des zones rurales font état de coûts affectifs plus élevés dans leur
parcours de justice. Ils sont également moins satisfaits de l’aspect équité
distributive des résultats.


Il existe des différences considérables
dans la manière dont les jeunes
évaluent les coûts et la qualité des
divers types de résolution de conflits.
Lorsque les mécanismes (les plus
utiles) sont regroupés en approches
institutionnelles, d’entraide et de
réseau personnel, nous constatons
beaucoup de différences.


Les processus organisés par le réseau
personnel tels que les membres de la
famille, les amis, les chefs de village
et les leaders religieux sont perçus
comme plus justes. Ces parcours de
justice sont considérés comme plus
aptes à résoudre le problème avec un
résultat équitablement partagé entre
les parties en conflit.


Coût et qualité de la justice pour les jeunes


4
2 4 531


Voix & Neutralité


Respect


Clarté de
la procédure


Distribution
équitable


Réparation des
dommages


Résolution du
problème


Explication du
dénouement


Argent
drépensé


Temps
consacré


Stress &
Émotions


Les actions individuelles et les
institutions obtiennent des scores
assez faibles pour l’équité du
processus. Les jeunes ne sentent
pas que leurs voix sont entendues
et qu´ils sont traités impartialement
lors des processus de résolution des
problèmes.


Les mécanismes formels tels que les
tribunaux et les magistrats/avocats
peuvent encore être améliorés en
termes de processus et de résultats.
Ces mécanismes sont perçus comme
plus coûteux et sont également
sources de plus de stress et d’émotions
négatives pour les jeunes qui y
recourent.




85 85

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166 167BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


6


ACCÈS À LA JUSTICE POUR LES JEUNES MALIENS


Conclusions


Par rapport à 2014, l’on constate en
2018 une augmentation significative
des problèmes de justice auxquels sont
confrontés les jeunes.
Comparativement aux personnes
d'autres groupes d'âge, les jeunes
sont légèrement moins susceptibles
de rapporter un problème de justice.
Cela pourrait être dû au fait qu´ils ne
participent pas encore pleinement aux
interactions sociales et économiques
qui sont sources de problèmes :
famille, travail, propriété. Mais cela
pourrait aussi être dû à un niveau de
scolarisation moins élevé, à la prise de
conscience des problèmes de justice
ainsi que la manière dont ils sont
résolus.
Les jeunes des zones urbaines
cherchent surtout des informations
auprès de la police. Les jeunes des
zones rurales s'adressent aux autorités
communales.
Les jeunes sont actifs dans leurs
stratégies de résolution des conflits.
Par rapport à 2014, il y a une tendance


légère mais positive de jeunes prenant
de plus en plus de mesures actives
pour résoudre leurs problèmes de
justice.
Un peu moins de la moitié des
problèmes de justice auxquels sont
confrontés les jeunes sont décrits
comme totalement ou partiellement
résolus.
Les tribunaux et la police sont les
mécanismes formels bénéficiant
de la préférence des jeunes pour le
règlement des différends.
Les jeunes des villes ont davantage
recours à la police que leurs
homologues des zones rurales.
En milieu rural, ils ont recours aux
tribunaux, aux autorités publiques
locales et aux maires.
L'accessibilité et l'équité des procédures
judiciaires existantes peuvent être
considérablement améliorées. Les
jeunes donnent des scores moyens
aux processus et résultats de la justice.
Le stress et les émotions négatives
sont les principales conséquences des
parcours judiciaires.


EVALUATION DE LA JUSTICE SELON LE
RÈGLEMENT DES LITIGES POUR LES JEUNES


Evaluation de la justice selon le règlement des litiges pour les jeunes


Action individuelle Réseau social Formel


4


Voix & Neutralité


Respect


Clarté de
la procédure


Distribution
équitable


Réparation des
dommages


Résolution du
problème


Explication du
dénouement


Argent
drépensé


Temps
consacré


Stress &
Émotions


2 4 531




86 86

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168 169BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Je rêvais de construire un centre de santé et de m´installer à mon propre
compte. Pour ce faire, j´ai décidé d´emprunter 1 500 000 FCFA à la banque
pour acheter deux parcelles de terre avec deux jeunes hommes. Mais au
moment de commencer la construction, grande fut ma surprise de constater
que les parcelles avaient été vendues à une autre personne. Les deux jeunes
me donnèrent deux autres parcelles, avec le même résultat.


Avec l´échec de la troisième tentative, j´en ai eu assez et décidai d´aller
porter plainte à la police. Cette dernière a promis de m´aider à retrouver
les deux jeunes hommes. Malgré les nombreuses dépenses que j´ai dû faire
au niveau de la police, celle-ci n´a pas réussi à appréhender les coupables.
Finalement, l´un des jeunes s´est rendu volontairement à la gendarmerie et
m´a remboursé tout ce qu´il me devait.


Quant au deuxième, il a fallu l´intervention de la gendarmerie pour l´arrêter.
Il a reconnu les faits devant le tribunal et le juge a décidé de lui donner trois
mois de délai pour qu´il me rembourse. Mais il ne l´a jamais fait. Il a même
affirmé qu´il ne me remboursera pas et que je pouvais aller me plaindre où je
voulais.


Désespérée, je décidai de prendre mon mal en patience et de m´en remettre
à Dieu. La personne en charge de l´affaire au niveau du tribunal m´a même
dit que ce n´était pas de son devoir d´aller à la recherche du coupable et
de le faire payer pour le crime. Depuis lors, j´ai perdu tout espoir de trouver
une solution à mon problème. Malgré tout l´argent que j´ai dépensé dans la
procédure, le résultat est désespérant. Si j´avais une personne bien placée
pour m´aider, un colonel par exemple, je suis sure que n´aurais pas tant
souffert.


Je suis déçue par le système judiciaire de ce pays. Comment est-il possible que
le jeune homme ait reconnu les faits et que la justice ne soit pas capable de
me mettre dans mes droits ? Nous, les pauvres, ne comptons que sur la justice
pour nous protéger. Mais si celle-ci ne répond pas à ces attentes, alors la
situation devient vraiment intolérable pour nous.


L´histoire d´Aminata




87 87

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170 171BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


7
La confiance dans le


système judiciaire
et l´autonomisation


juridique




88 88

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172 173BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


La confiance dans le
système judiciaire et


l´autonomisation juridique


La confiance dans le
système de justice est


faible
Les Maliens font-ils confiance à leur
gouvernement, à la police et aux
organisations d’aide juridique ?
Considèrent-ils que la justice coûte
trop cher ? Sont-ils autonomes face à


un problème de justice ? Ce chapitre
explore ces questions et toutes les
autres questions connexes. De plus,
nous essayons de voir s’il ya eu des
changements entre 2014 et 2018.


Afin de déterminer si les Maliens
et Maliennes ont confiance en leur
système judiciaire, nous leur avons
demandé d'indiquer s´ils étaient
d'accord avec certaines affirmations
concernant l'ensemble du système
judiciaire et des acteurs individuels.


JE FAIS CONFIANCE AU SYSTÈME
JUDICIAIRE MALIEN


Dans l’ensemble, la confiance dans le
système judiciaire malien n’est pas très
grande. Seule une personne sur trois
a confiance dans le système judiciaire.
Elle est légèrement plus élevée chez
les femmes que chez les hommes (36%
des femmes sont d’accord ou tout à fait
d’accord avec l´affirmation ci-dessus,
contre seulement 31% des hommes).
Afin de voir si certains membres
de l´administration de la justice
bénéficient de plus de confiance que
d’autres, nous avons posé quelques
questions complémentaires sur la
confiance dans des institutions et
organisations spécifiques.25%


29%11%


28%


7%


Je fais confiance au système judiciaire malien


Pas du tout d'accord Pas d'accord


Ni l'un ni l'autre D'accord


Tout à fait d'accord




89 89

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174 175BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


7


LA CONFIANCE DANS LE SYSTÈME JUDICIAIRE ET L´AUTONOMISATION JURIDIQUE


JE FAIS CONFIANCE ....


• Les Maliens ont beaucoup plus
confiance dans les mécanismes
traditionnels de résolution
des conflits et les ONG que
dans les institutions officielles
(gouvernement, police, tribunaux
officiels).


• Les femmes ont un peu plus
confiance dans les institutions
officielles que les hommes.


JE FAIS CONFIANCE... (2014)


• Les Maliens vivant dans les
zones rurales accordent plus de
confiance au gouvernement et aux
mécanismes traditionnels de justice
que ceux vivant dans des zones
urbaines.


Notons qu'en 2018, les entretiens ont
été menés quelques mois avant le
début de la campagne pour l'élection
présidentielle. Cela pourrait avoir
influencé la confiance des populations
dans le gouvernement, dans un sens
comme dans l’autre.


Il semble que le niveau de confiance
dans la plupart des acteurs du
système judiciaire se soit détérioré


depuis 2014 (en particulier pour les
mécanismes traditionnels, les ONG et
le gouvernement).


Tout à fait d'accord D'accord


Ni l'un ni l'autre Pas d'accord


Pas du tout d'accord


43%


35%


19%


14%


12%


35%


39%


39%


28%


26%


9%


13%


17%


15%


19%


7%


7%


12%


16%


18%


6%


6%


13%


27%


25%


aux mécanismes traditionnels


aux ONG


au gouvernement


à la police


aux tribunaux


Je fais confiance .... 2014Analphabète


25%


16%


9%


8%


7%


45%


48%


33%


29%


27%


10%


15%


13%


15%


12%


11%


12%


25%


26%


30%


9%


9%


21%


23%


25%


aux mécanismes traditionnels


aux ONG


au gouvernement


à la police


aux tribunaux


Je fais conance ....


Tout à fait d'accord D'accord


Ni l'un ni l'autre Pas d'accord


Pas du tout d'accord




90 90

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176 177BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


7


LA CONFIANCE DANS LE SYSTÈME JUDICIAIRE ET L´AUTONOMISATION JURIDIQUE


Perception que les
tribunaux protègent les


riches et puissants


LES TRIBUNAUX PROTÈGENT GÉNÉRALEMENT LES RICHES ET PUISSANTS


La majorité des gens s'accordent
pour dire que les tribunaux protègent
généralement les riches et les


puissants. La méfiance observée
envers les tribunaux pourrait être due
au fait que la plupart des gens croient
que les tribunaux favorisent les riches.


Comme on pouvait s'y attendre, les
personnes ayant un revenu élevé
ont moins tendance à penser que les
tribunaux protègent généralement les
riches et les puissants, contrairement
à ceux ayant un revenu plus bas.


Toutefois, la différence est très minime.
82% de la tranche de revenu faible est
d'accord avec l´affirmation, tandis que
77% de la tranche de revenu élevé est
d'accord avec l´affirmation (2018).


Perceptions que les
procédures sont longues


et coûteuses


La majorité des Maliens s'accordent
pour dire que les procédures judiciaires
sont longues, compliquées et


méconnues de la population. La justice
est trop chère, corrompue et éloignée
des justiciables.


ÉVALUATION DU SYSTÈME JUDICIAIRE


3%


4%


3%


2%


1%


7%


14%


6%


4%


4%


9%


7%


6%


8%


9%


38%


49%


53%


49%


42%


32%


21%


28%


28%


32%


10%


5%


4%


9%


11%


La justice est corrompue


La justice est géographiquement
éloignée des populations


Les procédures de justice
sont méconnues


Les procédures de justice sont
longues et compliquées


La justice coûte trop cher


Évaluation du système judiciaire


Pas du tout d'accord Pas d'accord


D'accord


Tout à fait d'accord


Ni l'un ni l'autre


Refuse de répondre


8%


6%


8%


9%


10%


9%


29%


40%


45%


36%


2014


2018


Les tribunaux protègent généralement les riches et puissants


Pas du tout d'accord Pas d'accord


D'accord


Tout à fait d'accord


Ni l'un ni l'autre




91 91

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178 179BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


7


LA CONFIANCE DANS LE SYSTÈME JUDICIAIRE ET L´AUTONOMISATION JURIDIQUE


• Nous n´avons trouvé aucune
différence entre les femmes et
les hommes par rapport à ces
questions.


• Les personnes ayant un revenu
élevé sont légèrement plus positives
sur tous les aspects du système
judiciaire.


• Les habitants des zones rurales
sont le plus souvent d´accord par
rapport au fait que la justice est
géographiquement éloignée des


citoyens (73% sont d'accord ou sont
tout à fait d'accord dans les zones
rurales contre 61% dans les zones
urbaines).


• Les personnes ayant un niveau
de scolarisation supérieur
évaluent le système judiciaire plus
négativement par rapport à la
plupart des aspects (sauf la distance
géographique).


Autonomisation juridique


Nous comprenons l´autonomisation
juridique comme la confiance
d'une personne dans ses propres
capacités à faire face avec succès aux
problèmes juridiques. La confiance
est un indicateur de la mesure dans
laquelle une personne se sent capable
d'utiliser la loi pour faire avancer son
épanouissement. Afin de déterminer
si les Maliens se sentent légalement
habilités sur le plan juridique, nous
avons présenté aux répondants
plusieurs scénarios de problèmes
juridiques et leur avons demandé
d'évaluer leurs chances d´obtenir une


solution équitable à ce problème.
• Imaginez que vous ayez eu un


conflit avec un voisin qui vous cause
souvent beaucoup de problèmes,
par exemple en faisant trop de bruit
ou en laissant ses ordures dehors.
Quelles sont vos chances d´obtenir
une solution juste à ce problème ?


• Imaginez que vous soyez victime
de violence domestique et que
vous ayez été blessé physiquement
par un membre de votre famille.
Quelles sont vos chances d´obtenir
une résolution juste à ce problème ?




92 92

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180 181BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


7


LA CONFIANCE DANS LE SYSTÈME JUDICIAIRE ET L´AUTONOMISATION JURIDIQUE


Les données montrent qu'en 2018 et
2014, les Maliens se sentaient tout
aussi compétents face à un problème
de voisinage que face à un incident
de violence domestique. Toutefois,
dans les deux cas, l´autonomisation
juridique a considérablement diminué
depuis 2014. En 2018, les Maliens se
sentent nettement moins autonomes
juridiquement qu´en 2014.
Il n’ya pas de différence entre les
hommes et les femmes quant à leur


autonomisation juridique (qu’il s’agisse
d’un problème avec un voisin ou d’un
incident de violence domestique).
De plus, le revenu, l'âge et la zone
de résidence (rurale ou urbaine)
n'influencent pas systématiquement
l'autonomisation juridique, que ce soit
par rapport au problème de voisinage
ou de violence domestique.
Toutefois, les Maliens ayant un niveau
de scolarisation supérieur se sentent
légèrement moins juridiquement
autonomes à résoudre un conflit avec
un voisin.


Conclusion


Les Maliens n´ont pas dans l’ensemble
beaucoup confiance en leur
système judiciaire et ils évaluent les
mécanismes de justice traditionnels
locaux et les ONG beaucoup plus
favorablement que les institutions
officielles comme le gouvernement, la
police et les tribunaux. Trois Maliens
sur quatre estiment que la justice
est coûteuse, corrompue et que les
procédures sont compliquées et
méconnues de la population. Mais
trois Maliens sur quatre pensent
qu'ils obtiendraient un résultat juste
s'ils étaient confrontés à d´éventuels
problèmes de justice.
Ces résultats sont le signe d’une
dégradation de la conviction que la
justice formelle peut résoudre les


problèmes quotidiens. D'autre part, les
processus et mécanismes informels
sont perçus de manière plus positive.
Néanmoins, les Maliens se sentent
assez autonomes pour résoudre leurs
problèmes. Les problèmes tels que les
coûts, la distance et les procédures
compliquées n'empêchent pas les
Maliens de trouver une solution juste
et équitable à leurs problèmes de
justice.
Des enquêtes supplémentaires sont
nécessaires pour voir l'écart entre
l'autonomisation juridique perçue et
cette évaluation négative du système
judiciaire malien.


PENSEZ-VOUS QUE VOUS ALLEZ RECEVOIR UNE SOLUTION JUSTE ?


Ni l'un ni l'autre


13%


55%


15%


57%


38%


23%


39%


24%


8%


3%


7%


3%


25%


9%


23%


7%


16%


17%


Problème avec un voisin (2018)


Problème avec un voisin (2014)


Violence domestique (2018)


Violence domestique (2014)


Pensez-vous que vous allez recevoir une solution juste?


Très probable Probable


Peu probable Très peu probable


10%


8%




93 93

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182 183BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


8
Perceptions et


expériences de la
corruption




94 94

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184 185BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Perceptions et expériences
de la corruption


Ce chapitre est consacré à la corruption
au Mali. Nous définissons la corruption
comme « l’abus de position, de pouvoir
ou d'autorité publique à des fins
privées ». Elle est généralement définie
comme une «déviation par rapport
à la norme». La corruption peut se


manifester à n'importe quel stade du
processus judiciaire des usagers et
peut potentiellement entraver la quête
de justice. Les Maliens estiment que le
niveau de corruption dans le pays est
élevé.


PENSEZ-VOUS QUE LE NIVEAU DE
CORRUPTION AU MALI EST...?


N = 8,306


Six Maliens sur 10 estiment que le
niveau de corruption est très élevé.
Les pourcentages sont relativement
similaires quand ils sont désagrégés
par rapport aux citoyens faisant appel
aux tribunaux. Toutefois, quelques
différences sont à noter :
• Plus d'hommes (63%) que de


femmes (54%) estiment que le
niveau de corruption est très élevé.


• À Kayes, seulement 48% des
personnes perçoivent le niveau de
corruption comme étant très élevé,
contre 71% à Mopti.


• Un pourcentage légèrement faible
de personnes analphabètes perçoit
le niveau de corruption comme
étant très élevé par rapport aux
personnes ayant un niveau de
scolarisation plus élevé.Pensez-vous que le niveau de corruption au Mali est...?


6%


Très élevé Elevé Pas élevé Pas du tout élevé Refuse de répondre


1%5%29%59%




95 95

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186 187BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


8


PERCEPTIONS ET EXPÉRIENCES DE LA CORRUPTION


Le secteur de la justice est
généralement perçu comme


étant corrompu


QUELLES SONT LES INSTITUTIONS LES PLUS CORROMPUES AU MALI ?


N = 8,306


De plus en plus de personnes ayant
des problèmes de justice perçoivent
le secteur de la justice comme étant
le plus corrompu, comparé aux
personnes n´ayant pas de problèmes
de justice. Le secteur de la justice est
également considéré comme le plus
corrompu aussi bien par les personnes
ayant fait appel aux tribunaux
(73%) que par les autres (63%). Les
différences régionales sont patentes :
seuls 48% des habitants de Koulikoro
considèrent que le secteur de la justice
est le plus corrompu, contre 65% des
habitants de Mopti.
Il est important de mentionner qu'il
pourrait y avoir un effet d'enquête
sur cette question. Le fait que les
enquêtés étaient préparés à penser au
secteur de la justice dès le début de
l'entretien peut avoir eu une influence
sur leur choix.


Les personnes confrontées à des
problèmes de justice ont plus souvent
tendance à penser que le département
qui s'occupe des affaires foncières
est corrompu, comparativement à
celles qui ne sont pas confrontées
à des problèmes de justice. Cela
pourrait s'expliquer par le fait que les
problèmes fonciers sont les problèmes
les plus graves rapportés en 2018.
Il y a une différence notable entre
les hommes et les femmes en ce qui
concerne le secteur de la santé. Une
femme sur quatre le considère comme
le secteur le plus corrompu, contre 15%
des hommes, ce qui est plus proche de
la moyenne nationale pour ce secteur.


35%
38%


Quelles sont les institutions les plus corrompues au Mali?


Personnes n´ayant pas de problème de justice


Personnes ayant des problèmes de justice


Police


30%
32%


Douane


27%
29%


Gendarmerie


24%
26%


Municipalité


19%
29%


Dept. des affaires foncières


19%
17%


Santé


22%
10%


Refuse de répondre


50%
66%


Justice




96 96

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188 189BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


QUELLES SONT LES INSTITUTIONS LES PLUS CORROMPUES AU MALI ?


N = 8,286


8


PERCEPTIONS ET EXPÉRIENCES DE LA CORRUPTION


52%


34%


29%


29%


26%


21%


20%


23%


59%


40%


33%


33%


27%


21%


20%


13%


57%


35%


35%


30%


24%


20%


16%


16%


63%


43%


29%


13%


20%


34%


14%


7%


Quelles sont les institutions les plus
corrompues au Mali?


Analphabète
Primaire
Secondaire
Supérieur


Justice


Police


Douane


Gendarmerie


Municipalité


Questions foncières


Santé


Refuse de répondre


La perception de la corruption varie
selon les niveaux de scolarisation.
Un plus grand nombre de personnes
ayant un niveau de scolarisation
élevé considèrent le département des
affaires foncières comme le secteur
le plus corrompu (34%), comparé
aux personnes moins instruites.
Un pourcentage nettement plus
faible de personnes ayant un niveau
élevé de scolarisation considère la
gendarmerie comme le secteur le
plus corrompu (13%), comparé à
celles ayant un niveau plus faible. Très
peu de personnes moins scolarisées
perçoivent le secteur de la justice
comme le plus corrompu.




97 97

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190 191BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


8


PERCEPTIONS ET EXPÉRIENCES DE LA CORRUPTION


Les Maliens comprennent la corruption
comme étant un phénomène avec de
multiples causes, et pensent qu´elle est
motivée non pas par la culture, mais par
l´ignorance et le manque d'application des
règles


QUELLES SONT LES PRINCIPALES RAISONS DE
L´EXISTENCE DE LA CORRUPTION AU MALI ?


N = 8,306


Quelles sont les principales raisons de l´existence de la corruption au Mali?


Personnes n´ayant pas de problème de justice


Personnes ayant des problèmes de justice


44%La méconnaissance de leurs droits
et devoirs par les populations


45%
47%


Les mauvais exemples des dirigeants


45%
47%


L'impunité


41%
38%


La pauvreté


28%
30%


Le bas niveau des
salaires et des revenus


51%


Nous avons demandé aux Maliens
pourquoi ils pensaient qu'il y avait la
corruption au Mali. Pour les personnes
ayant des problèmes de justice, la
principale raison de la corruption au
Mali est l'ignorance (51%). Il en va
de même pour les personnes ayant
fait appel aux tribunaux (54%) que
celles qui ne l'ont pas fait (50%).
Pour les personnes n´ayant pas de


problèmes de justice, les principales
raisons de l’existence de la corruption
sont les mauvais exemples donnés
par les dirigeants, l’impunité et la
méconnaissance des droits et des
devoirs (environ 45%). Certaines
options sont rarement choisies, telles
que les coutumes et les traditions, ainsi
que le manque de moyens du système
judiciaire.


QUELLES SONT LES PRINCIPALES RAISONS DE
L’EXISTENCE DE LA CORRUPTION AU MALI ?


N = 8,286


0%


10%


20%


305


40%


50%


60%


Le bas niveau des salaires
et des revenus


La pauvreté Les mauvais exemples
des dirigeants


L'impunité


Quelles sont les principales raisons de l’existence de la corrup�on au Mali?


Analphabète Primaire Niveau secondaire Niveau supérieur


La méconnaissance de
leurs droits et devoirs


par les populations




98 98

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192 193BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


8


PERCEPTIONS ET EXPÉRIENCES DE LA CORRUPTION


En désagrégeant par niveaux de
scolarisation, nous constatons que
les personnes ayant un niveau plus
élevé tendent à choisir beaucoup plus
souvent, plus que d'autres groupes,
les raisons les plus courantes, en
particulier celles se rapportant aux bas


salaires. L'exception est la pauvreté.
Seulement 30% des personnes
ayant un niveau de scolarisation
élevé estiment que la pauvreté est la
principale raison de l’existence de la
corruption au Mali, contre environ 41%
dans les autres groupes.


LE MEILLEUR MOYEN DE LUTTER CONTRE LA CORRUPTION


N = 8,306


68%
73%


Le meilleur moyen de lutter contre la corruption


Personnes n´ayant pas de problème de justice


Personnes ayant des problèmes de justice


Lourdes sanctions


46%
55%


Former les citoyens sur leurs droits
et devoirs


36%
41%


Augmenter les salaires


39%
35%


Nommer les responsables des
administrations selon le mérite


33%
33%


Inciter les dirigeants à donner le
bon exemple


32%
32%


Instaurer la transparence


8%
Refuse de répondre 16%


Le meilleur moyen de lutter contre
la corruption, selon les Maliens,
qu’ils aient ou non des problèmes de
justice, est de sanctionner lourdement
les auteurs et les complices de
la corruption. Un peu moins de
personnes n´ayant pas de problèmes
de justice pensent qu'informer les
citoyens de leurs droits et de leurs
devoirs est le meilleur moyen de lutter
contre la corruption (46%), contre
55% pour les personnes ayant des
problèmes de justice.


• 45% des personnes non scolarisées
pensent que le meilleur moyen de
lutter contre la corruption consiste
à informer les citoyens de leurs
droits et devoirs, contre 57% pour
les personnes ayant un niveau
supérieur de scolarisation.


• Peu de personnes ayant un niveau
de scolarisation faible pensent que
l’augmentation des salaires est le
meilleur moyen de lutter contre la
corruption.


Ces résultats suggèrent qu'une
meilleure application des règles, ainsi
que des campagnes de sensibilisation,
devraient être la priorité pour lutter
contre la corruption.




99 99

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194 195BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


8


PERCEPTIONS ET EXPÉRIENCES DE LA CORRUPTION


Le cas spécifique des pots de vins : Peu
de gens y ont recours pour résoudre un
problème de justice, selon les enquêtés


La corruption peut prendre plusieurs formes. L'une des formes les plus visibles est
le pot de vin.


N = 3,255


Environ 15% des personnes ayant des
problèmes de justice ont déclaré avoir
payé un pot-de-vin pour résoudre leur
problème. La plupart de ces personnes
sont des hommes, beaucoup avaient
fait appel aux tribunaux et étaient
confrontés à des problèmes fonciers.


Cependant, il s'agit là d'une question
délicate et il se peut que les enquêtés
aient hésité à s'incriminer, étant donné
que payer des pots-de-vin est illégal
au Mali. Les experts estiment que les
chiffres doivent être revus à la hausse.


15%


85%


76%


Oui
Non


AVEZ-VOUS PAYÉ UN POT-DE-VIN OU ACCORDÉ UNE AUTRE FAVEUR POUR RÉSOUDRE
VOTRE PROBLÈME DE JUSTICE ? (PERSONNES AYANT DES PROBLÈMES DE JUSTICE)


Conclusion


La corruption constitue une grande
préoccupation pour les Maliens.
Six Maliens sur dix estiment que le
niveau de corruption est très élevé.
Cette proportion est plus élevée
dans certaines régions. À Mopti par
exemple, ils sont 71% à percevoir la
corruption comme étant très élevée.
Le secteur de la justice en particulier
est généralement considéré comme le
secteur le plus corrompu par beaucoup
de Maliens. Toutefois, la perception de
la corruption varie selon les niveaux de
scolarisation.
Les Maliens pensent que la corruption
est motivée par divers facteurs,
notamment l’ignorance et l’impunité.


Des raisons telles que la culture et
le manque de ressources du pouvoir
judiciaire sont rarement citées. Les
personnes ayant un niveau élevé de
scolarisation ont tendance à choisir,
plus souvent que les autres groupes,
les motifs de corruption les plus
courants.
Globalement, punir sévèrement
les auteurs et les complices de la
corruption est considéré comme le
meilleur moyen de lutter contre ce
fléau. Les autres solutions possibles
consistent à informer les citoyens
de leurs droits et devoirs. Ces
résultats suggèrent qu'une meilleure
application des règles, ensemble avec
des campagnes de sensibilisation,
devraient constituer des priorités pour
lutter contre la corruption.




100 100

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196 197BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


8


PERCEPTIONS ET EXPÉRIENCES DE LA CORRUPTION


A sa mort, mon père laissa en héritage
une maison sur une parcelle assez grande
et un verger de manguiers. Les seules
héritières étaient moi-même et ma demi-
sœur qu´il a eue d´un autre mariage.


Un jour, je décidai d´aller voir ma demi-
sœur pour lui demander qu´on mette en
valeur la maison afin d´en tirer profit
toutes les deux. Mais je compris que celle-
ci ne l´entendait pas de cette oreille et
l´avait déjà vendue à une tierce personne.


Je suis alors allée voir le chef de village
pour qu´il m´aide à trouver une
solution à l´amiable. Ce dernier accepta
volontiers, mais avant de pouvoir mener à
bien sa mission, il tomba malade et rendit
l´âme.


Alors je suis allée voir le frère de mon
papa pour que ce dernier intervienne
auprès de la demi-sœur. L´oncle loua
cette décision parce que lui aussi
souhaiterait que le problème soit résolu
de façon informelle. Il alla voir la demi-
sœur, mais n´obtint pas gain de cause.
C´est en ce moment que j´ai compris
que le nouveau propriétaire de la maison
avait commencé à démolir une partie
des murs et a à construire une nouvelle
maison. C´est au vu de tout cela que mon
oncle me recommanda d´entamer une
action en justice.


L´histoire d´Oumou


Plus tard, ma demi-sœur et l´acheteur de
la maison complotèrent pour obtenir une
copie de ma carte d´identité. Ils savaient
qu´à un certain moment, j´avais fait
établir une carte d´identité portant le
nom de mon père adoptif. Ils donnèrent
cette carte à la police et m´accusèrent de
faux, usage de faux. Cet acte m´aura valu
plusieurs nuits de prison et la perte de ma
crédibilité.


De plus, il me fallait toujours prouver que
j´étais bien la fille de mon père. Et le seul
moyen d´y parvenir était la présentation
d´un acte de naissance original, dont je
ne disposais plus. Je n´avais d´autre choix
que de faire un jugement supplétif.


Avec l´aide d´une organisation des droits
de l´homme, je portai à nouveau plainte.
Entretemps, l´acheteur, un homme
puissant, sachant bien que la parcelle
faisait l´objet de litige, s´est quand
même entêté à construire la maison.


Quant à moi, tout ce que je souhaite,
c´est que la justice suive son cours
normal, qu´elle soit diligentée, que la
vérité éclate au grand jour. Les riches et
puissants doivent cesser de dicter leurs
lois aux faibles et démunis.




101 101

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198 199BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


9
La justice


transitionnelle




102 102

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200 201BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


La justice transitionnelle


En 2012, le Mali a connu un coup d’État
alors qu’une rébellion dirigée par le
Mouvement national de libération
de l’Azawad battait son plein dans
le nord du pays. En 2015, un cessez-
le-feu a été instauré à la suite de la
signature de l'Accord de paix issu
du processus d'Alger. Depuis lors, le


Mali se trouve dans un processus de
reconstruction, avec la Commission
Dialogue et Réconciliation à l'avant-
garde des efforts. Cette commission,
qui est devenue Commission Vérité,
Justice et Réconciliation, a pour objectif
d´instaurer une paix durable dans le
pays au lendemain de la guerre civile.
Mais que pensent les Maliens de ce
processus de justice transitionnelle ?


Les opinions des Maliens sont partagées
sur les progrès réalisés dans le domaine
de la réconciliation nationale depuis 2014


DE 2014 À AUJOURD’HUI, LE MALI A-T-IL FAIT DES
PROGRÈS DANS LE DOMAINE DE LA RÉCONCILIATION ?


N = 8,306


Les avis des Maliens sont partagés sur
la question des progrès réalisés dans le
domaine de la réconciliation nationale
depuis 2014. Près de la moitié estime
que des progrès ont été réalisés, tandis
que l’autre moitié pense le contraire.
Il existe des variations selon le niveau
de scolarisation et le lieu de résidence


(urbaine ou rurale) :
• 45% des personnes ayant un niveau


élevé de scolarisation conviennent
que des progrès ont été accomplis,
contre 36% des personnes non
scolarisées.


• Moins de personnes vivant en zone
rurale, par rapport à celles des zones
urbaines, sont d´accord que des
progrès ont été réalisés.


De 2014 à aujourd’hui, le Mali a-t-il fait des
progrès dans le domaine de la réconciliation ?


15% 38% 6% 10%


Pas du tout d'accord Pas d'accord


D'accord Tout à fait d'accord


Refuse de répondre


32%




103 103

▲back to top



202 203BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


60%Priorité numéro 1


Quelle importance et priorité accordez-vous
à la réconciliation au Mali aujourd’hui ?


26%L'une des principales priorités mais pas la priorité numéro 1


8%C´est préoccupant, mais pas une priorité


4%Même pas une préoccupation


9


LA JUSTICE TRANSITIONNELLE


La réconciliation demeure
la priorité numéro un pour


la majorité des Maliens


DE 2014 À AUJOURD´HUI, LE MALI A-T-IL FAIT DES
PROGRÈS DANS LA VOIE DE LA RÉCONCILIATION ?


Il existe des différences régionales
dans la manière dont les Maliens
évaluent les progrès accomplis dans le
domaine de la réconciliation nationale


depuis 2014. Même si la majorité
des Maliens constatent des progrès,
les habitants de Mopti sont les plus
sceptiques du pays.


QUELLE IMPORTANCE ET PRIORITÉ ACCORDEZ-VOUS À
LA RÉCONCILIATION AU MALI AUJOURD’HUI ?


N = 8,306


Bien que les avis soient partagés sur
les progrès accomplis en matière de
réconciliation nationale depuis 2014,


neuf Maliens sur 10 considèrent que la
réconciliation est l'une des priorités du
pays aujourd'hui.


De 2014 à aujourd´hui, le Mali a-t-il fait des
progrès dans la voie de la réconciliation?


Bamako 25%24% 48% 3%


Pas du tout d'accord Pas d'accord D'accord


Tout à fait d'accord Refuse de répondre


Mopti 34%28% 25% 10% 3%


Ségou 21%13% 47% 7% 12%


Tomboucto 20%8% 62% 14% 1%


Kayes 40%10% 33% 5% 13%


Koulikoro 42%10% 36% 3% 9%


Sikasso 40%10% 27% 5% 19%


Kidal 30%12% 28% 11% 19%


Gao 21% 5% 35%26%13%


Taoudéni 18% 5% 6%58%14%


Ménaka 6% 63%13% 17%




104 104

▲back to top



204 205BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


9


LA JUSTICE TRANSITIONNELLE


QUELLE IMPORTANCE ET PRIORITÉ ACCORDEZ-VOUS À LA
RÉCONCILIATION AU MALI AUJOURD’HUI ?


De même, il existe des différences
régionales lorsque les Maliens sont
appelés à évaluer l’importance de
la réconciliation : les habitants de


Kidal sont beaucoup moins enclins à
considérer la réconciliation comme une
priorité. Mais dans les autres régions,
c´est tout à fait le contraire pour plus
de la moitié de la population.


Au fil du temps, l’urgence de poursuivre
les auteurs des crimes de 2012 a
diminué, mais cette poursuite demeure
importante pour les Maliens


À QUEL POINT EST-IL IMPORTANT DE POURSUIVRE
LES AUTEURS DES CRIMES DE 2012 ?


N = 7,954 (2014)


N = 7,676 (2018)


Par rapport à 2014, le pourcentage
de personnes jugeant très important
de poursuivre les auteurs des crimes
de 2012 a diminué de 10 points. La
tendance de 2018 reste relativement
consistante selon les sexes.


L´importance accordée à la poursuite
des auteurs présumés augmente avec
le niveau de scolarisation.


À quel point est-il important de
poursuivre les auteurs des crimes de 2012?


14% 6%11% 66%


Pas du tout important Pas important


Moyennement important Important


Très important


3%


7% 12% 76%3%2014


2018


Quelle importance et priorité accordez-vous
à la réconciliation au Mali aujourd’hui ?


Bamako 40%54% 6% 1%


Priorité numéro 1
L'une des principales priorités mais pas la priorité numéro 1
Préoccupant, mais pas une priorité
Même pas une préoccupation
Refuse de répondre


Mopti 48% 39% 9% 3%


Ségou 29%63% 5% 2%


Tomboucto 5%94% 1%


Kayes 11%58% 21% 3% 7%


Koulikoro 16%68% 10% 2% 5%


Sikasso 27%55% 9% 2% 7%


Kidal 21%40% 33% 6% 1%


Gao 64% 1% 14%7%15%


Taoudéni 80% 10%


Ménaka 97% 2%


Total 60% 4%1%


2%


8%26%


2%3%5%




105 105

▲back to top



206 207BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


51%Les traduire devant une juridiction nationale


À votre avis, comment les suspects
des atrocités de 2012 devraient-ils être jugés?


19%Les traduire devant une juridiction internationale


10%Leur accorder le pardon


7% Les expulser du pays


7%Pas de réponse


6%Les traduire devant un système traditionnel de justice


9


LA JUSTICE TRANSITIONNELLE


QUELLE IMPORTANCE ACCORDEZ-VOUS AUX
POURSUITES DES AUTEURS DES CRIMES DE 2012 ?


Il existe un fort consensus dans le pays
: les auteurs des crimes de la guerre
civile doivent être poursuivis. La seule
exception concerne Ménaka, mais la
taille de l'échantillon est trop petite
pour permettre des déductions solides.


Dans toutes les régions, l'importance
globale accordée à la poursuite des
auteurs des crimes de 2012 a diminué
entre 2014 et 2018.


À VOTRE AVIS, COMMENT LES SUSPECTS DES
ATROCITÉS DE 2012 DEVRAIENT-ILS ÊTRE JUGÉS ?


Les Maliens sont en faveur d´un
mécanisme national formel pour


ce qui est de la justice


N = 8,306


15%


11%


24%


11%


7%


11%


8%


4%


15%


13%


42%


13%


3%


3%


2%


1%


2%


5%


3%


2%


2%


3%


7%


2%


6%


3%


16%


4%


19%


1%


6%


5%


7%


7%


8%


12%


13%


16%


11%


24%


2%


10%


65%


74%


58%


68%


66%


47%


55%


50%


64%


69%


58%


60%


3%


5%


6%


2%


9%


5%


19%


3%


18%


7%


1%


8%


Bamako


Mopti


Ségou


Tomboucto


Kayes


Koulikoro


Sikasso


Kidal


Gao


Taoudéni


Ménaka


Total


Quelle importance accordez-vous aux poursuites des
auteurs des crimes de 2012?


Pas du tout important Pas important


Moyennement important Important


Très important Refuse de répondre




106 106

▲back to top



208 209BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


9


LA JUSTICE TRANSITIONNELLE


Dans l’ensemble, il est clair que la
justice doit être instaurée par le biais
de mécanismes formels nationaux.
La moitié des Maliens estime que
les suspects des atrocités de 2012
doivent être traduits devant un
tribunal national. La tendance reste
relativement constante entre les
hommes et les femmes. Cependant,
il existe certaines différences selon le
niveau de scolarisation et le lieu de


résidence (en milieu urbain ou rural) :
• 14% des personnes n´ayant pas reçu


de scolarisation pensent que les
suspects doivent être traduits devant
une juridiction internationale, contre
32% des personnes ayant un niveau
élevé de scolarisation.


• Dans les zones urbaines, une
personne sur quatre estime que les
suspects doivent être traduits devant
une juridiction internationale, contre
17% des habitants des zones rurales.


À VOTRE AVIS, COMMENT LES SUSPECTS DES
ATROCITÉS DE 2012 DEVRAIENT-ILS ÊTRE JUGÉS ?


En ce qui concerne la manière de juger
les suspects des atrocités de 2012, les
habitants de Ménaka se démarquent
encore une fois des autres régions,
estimant que les criminels de guerre


doivent être pardonnés. En général,
dans les régions, à l´exception de Kidal
et Gao, les Maliens sont favorables
à l'idée que les tribunaux nationaux
jugent les suspects, par opposition aux
tribunaux internationaux.


À votre avis, comment les suspects des
atrocités de 2012 devraient-ils être jugés?


Bamako 54%27% 2%4% 9% 4%


Les traduire devant une juridiction internationale
Les traduire devant une juridiction nationale
Les traduire devant un système traditionnel de justice
Les expulser du pays
Leur accorder le pardon
Refuse de répondre


Mopti 10%27% 9% 8% 3%


Ségou 50%16% 7% 20% 7%


Tomboucto 54%21% 11% 4%4% 6%


Kayes 46%18% 7% 12% 9% 8%


Koulikoro 58%12% 8% 9% 10% 4%


Sikasso 61%8% 5% 3% 7% 11%


Kidal 13%50% 27% 4%2% 4%


Gao 47% 14%


Taoudéni 12%9% 40% 7% 17% 15%


Ménaka 19% 53% 0%


Total 51%19% 6% 7% 10% 7%


1%


42%


0%


1%2%9%27%


0%27%




107 107

▲back to top



210 211BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Selon vous, à quel point est-il important
de pardonner les crimes commis en 2012 et passer l´éponge?


39% 8%9% 36%


Pas du tout important Pas important


Moyennement important Important


Très important


9%


49% 12% 22%3%14%2014


2018


9


LA JUSTICE TRANSITIONNELLE


Bien que de plus en plus de personnes
souhaitent pardonner les crimes commis
en 2012, la société malienne reste divisée


SELON VOUS, À QUEL POINT EST-IL IMPORTANT DE
PARDONNER LES CRIMES COMMIS EN 2012 ET PASSER
L´ÉPONGE ?


N = 7 866 (2014)
N = 7 673 (2018)


Les Maliens sont plus divisés sur la
question du pardon en 2018 qu'en
2014. En 2014, moins d'un Malien
sur quatre considérait qu'il était très


important de pardonner et de passer
l´éponge. En 2018, ce pourcentage
est passé à 36%. Potentiellement, cela
démontre une volonté accrue pour la
réconciliation et la reconstruction.


SELON VOUS, À QUEL POINT EST-IL IMPORTANT DE
PARDONNER LES CRIMES COMMIS EN 2012 ET PASSER
L´ÉPONGE ?


Pardonner et passer l´éponge est une
opinion particulièrement populaire


dans les régions de Kidal et Taoudéni.
Les habitants de Sikasso sont moins
enclins à faire cela.


Selon vous, à quel point est-il important de
pardonner les crimes commis en 2012 et
passer l´éponge?


Bamako 7%45% 7% 4% 35% 2%


Pas du tout important Pas important Moyennement important


Important Très important Sans réponse


Mopti 11%22% 1% 6% 54% 6%


Ségou 6%46% 3%6% 34% 5%


Tomboucto 9%19% 22% 18% 30% 3%


Kayes 4%34% 3% 8% 38% 8%


Koulikoro 13%27% 17% 12% 25% 5%


Sikasso 10%41% 5% 5% 22% 19%


Kidal 1%3% 14% 21% 54% 7%


Gao 38% 20% 39% 21%


Taoudéni 5%17% 6% 3% 53% 17%


Ménaka 46% 0% 54% 0%


Total 8%36% 7% 8% 33% 8%




108 108

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212 213BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Restaurer la vérité


Que faudra-t-il faire pour prévenir de futurs conflits?


Trouver les causes profondes


Tenir les auteurs responsables


Négocier la paix


Indemniser les victimes 5%
33%


11% 13% 27%


30%
15% 9% 14% 37%


8% 17% 15% 38%
44%


37%
22% 17% 11% 49%


49%
22% 22% 14% 56%


1ère préférence 2e préférence 3e préférence


2014


9


LA JUSTICE TRANSITIONNELLE


SELON VOUS, À QUEL POINT EST-IL IMPORTANT DE
PARDONNER LES CRIMES COMMIS EN 2012 ET PASSER
L´ÉPONGE ? (2014)


L’éducation, la résidence en milieu urbain et
rural et les régions ont toutes une incidence
sur les opinions par rapport à la meilleure
façon de prévenir les conflits futurs


QUE FAUDRA-T-IL FAIRE POUR PRÉVENIR DE FUTURS CONFLITS ?


N = 8,306 (2018)
N = 8,177 (2014)


Pour les Maliens, établir la vérité, trouver les causes profondes du conflit et
négocier la paix sont plus importants aujourd'hui qu'en 2014.


Selon vous, à quel point est-il important de
pardonner les crimes commis en 2012 et passer l´éponge? (2014)


Tomboucto 9%47% 2% 11% 30%


Pas du tout important Pas important Moyennement important


Important Très important


Gao 11%48% 2% 7% 32%


Bamako 13%52% 1% 11% 22%


Kayes 17%69% 2% 4% 8%


Koulikoro 10%39% 13% 19% 19%


Mopti 20%46% 3% 11% 20%


Ségou 7%42% 3% 14% 35%


Sikasso 18%46% 3% 16% 17%


Total 49% 12% 22%3%14%




109 109

▲back to top



214 215BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


9


LA JUSTICE TRANSITIONNELLE


QUE FAUDRA-T-IL FAIRE POUR PRÉVENIR DE FUTURS CONFLITS ?


Les niveaux de scolarisation ont une
influence sur l'opinion des populations
par rapport à la meilleure façon de
prévenir les conflits à l'avenir. La
tendance à penser que le pardon est
la meilleure option diminue au fur et à
mesure que le niveau de scolarisation
est élevé. Toutefois, avec les niveaux
de scolarisation plus élevés et le
lieu de résidence en milieu urbain,
augmentent les chances de croire que


la recherche des causes profondes du
conflit est la méthode la plus efficace.
Négocier la paix est nettement moins
soutenu par les Maliens ayant un
niveau de scolarisation plus élevé et
par les habitants des zones urbaines.
En effet, les habitants des zones
urbaines (44%) sont plus nombreux
que ceux des zones rurales (36%) à
demander des comptes aux auteurs de
crimes.


QUE FAUDRA-T-IL FAIRE POUR PRÉVENIR DE FUTURS CONFLITS ?Que faudra-t-il faire pour prévenir de futurs conflits?


Trouver les causes profondes du conflit 63%
Etablir la vérité


Ceux qui sont responsables doivent
répondre de leurs actes


58%
43%


Bamako


Etablir la vérité 66%
Négocier la paix


Trouver les causes profondes du conflit
53%
40%


Mopti


Etablir la vérité 60%
Trouver les causes profondes du conflit


Négocier la paix
59%
38%


Ségou


Etablir la vérité 72%
Trouver les causes profondes du conflit


Indemniser les victimes
54%
47%


Tombouctou


Trouver les causes profondes du conflit 54%
Etablir la vérité


Négocier la paix
41%
41%


Kayes


0%


10%


20%


30%


40%


50%


60%


SupérieurSécondairePrimaireAnalphabète


Trouver les causes profondes du conflit


Que faudra-t-il faire pour prévenir de futurs conflits ?


70%


Ceux qui sont responsables doivent répondre de leurs actes


Négocier la paix


Pardonner les leaders de la rébellion




110 110

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216 217BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


9


LA JUSTICE TRANSITIONNELLE


QUE FAUDRA-T-IL FAIRE POUR PRÉVENIR DE FUTURS CONFLITS ?


Des différences régionales apparaissent
également quand il s´agit de
déterminer les meilleurs moyens de
prévenir les conflits à l'avenir : une paix
négociée est plus importante pour les
répondants de Mopti, Ségou, Kayes et
Ménaka que pour les populations du
reste du pays. Le dédommagement
des victimes est considéré comme plus
important dans les régions touchées
par le conflit, telles que Tombouctou,
Kidal et Taoudéni. Toutefois, connaître
la vérité est un désir commun à toutes
les régions.


Que faudra-t-il faire pour prévenir de futurs conflits ?


Trouver les causes profondes du conflit 41%
Etablir la vérité


Ceux qui sont responsables doivent répondre de leurs actes
60%
38%


Koulikoro


Trouver les causes profondes du conflit 42%
Etablir la vérité


Ceux qui sont responsables doivent répondre de leurs actes
48%
36%


Sikasso


Ceux qui sont responsables doivent répondre de leurs actes 66%
Trouver les causes profondes du conflit


Indemniser les victimes
54%
44%


Kidal


Négocier la paix 57%
Ceux qui sont responsables doivent répondre de leurs actes


Juger les leaders
46%
49%


Gao


Trouver les causes profondes du conflit 52%
Indemniser les victimes


Ceux qui sont responsables doivent répondre de leurs actes
50%
40%


Taoudéni


Etablir la vérité 83%
Négocier la paix


Trouver les causes profondes du conflit
47%


Ménaka


44%




111 111

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218 219BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


MÉTHODES D’INDEMNISATION DES VICTIMES


Les Maliens ont tendance à privilégier
une approche individuelle de
l'indemnisation des victimes


N = 8,306 (2018)


Près de la moitié des Maliens
privilégie les compensations
individuelles directes en matière
d’indemnisation des victimes. Ce genre
de compensation est particulièrement
favorisé par les personnes ayant
un bas niveau de scolarisation.
Les compensations collectives à


travers les investissements (25%)
et par le biais des chefs coutumiers
ou communautaires (7%) sont
globalement moins populaires. ils sont
toutefois préférés par les personnes
ayant un niveau élevé de scolarisation
et par les citoyens vivant dans les
zones urbaines.


48%Compensation directe


Méthodes d’indemnisation des victimes


25%
Investissement dans des


projets de développement
des régions affectées


7%
Compensation à travers


les chefs coutumiers
ou les communautés


4%Inscrire les enfants des victimes à l'école


4%Des excuses aux victimes


3%Compensation à travers les conseils communaux


2%Assistance psychologique


MÉTHODES D’INDEMNISATION DES VICTIMES


Méthodes d’indemnisation des victimes


Co
m


pe
ns


at
io


n
di


re
ct


e


49%
51%


46%
42%


In
ve


st
is


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en
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an
s


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et
s


de
d


év
el


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s


24%26%


36%


Co
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s
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s


8%7%7%5%


Pa
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de


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4%5%3%


In
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en
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s


de
s


vi
ct


im
es


à
l'


éc
ol


e


5%4%3%3%


Analphabète
Primaire
Secondaire
Supérieur


22%


9


LA JUSTICE TRANSITIONNELLE




112 112

▲back to top



220 221BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


La connaissance de l´existence de la
Commission Dialogue et Réconciliation
a fait un recul


N = 8,266 (2018)N = 8,306 (2014)


Moins de personnes sont au courant
de la CVJR en 2018 qu'en 2014. Parmi
les 37% de personnes qui ont entendu
parler de la CVJR :
• 65% sont des hommes et 35% des


femmes.
• 72% vivent dans des zones rurales et


28% dans des zones urbaines.


CONNAISSEZ-VOUS LA
COMMISSION DIALOGUE ET
RÉCONCILIATION OU CDR ?


(2014)


AVEZ-VOUS ENTENDU PARLER
DE LA COMMISSION
VÉRITÉ, JUSTICE ET


RÉCONCILIATION OU CVJR ?


37%


Avez-vous entendu parler de la Commission Vérité,
Justice et Réconciliation, CVJR?


63%


Non Oui


59%


Connaissez-vous la Commission Dialogue et Réconcilia-
tion ou CDR? (2014)


41%


Non Oui


9


LA JUSTICE TRANSITIONNELLE




113 113

▲back to top



222 223BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


AVEZ-VOUS ENTENDU PARLER DE LA COMMISSION
VÉRITÉ, JUSTICE ET RÉCONCILIATION OU CVJR ?


En matière de connaissance de la
CVJR, il existe un fossé évident par
rapport au niveau de scolarisation.


64% des personnes ayant un niveau
de scolarisation élevé en ont entendu
parler, contre seulement 27% des
personnes non instruites.


AVEZ-VOUS ENTENDU PARLER DE LA COMMISSION
DIALOGUE ET RÉCONCILIATION OU CVJR ?


La CVJR n'est pas très connue. Dans la
plupart des régions, les Maliens disent


ne pas en avoir entendu parler, sauf à
Mopti et à Kidal.


88%


Avez-vous entendu parler de la Commission Dialogue et Réconciliation ou CVJR?


Taoudéni


Non Oui


12%


76%Koulikoro 24%


74%Kayes 26%


73%Ségou 27%


70%Gao 30%


62%Sikasso 38%


63%Total 37%


53%Bamako 47%


54%Ménaka 46%


55%Tomboucto 45%


36%Mopti 64%


47%Kidal 53%


9


LA JUSTICE TRANSITIONNELLE


73%


Avez-vous entendu parler de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation ou CVJR?


Analphabète 27%


63%Ecole fondamentale 37%


56%Ecole sécondaire 44%


36%Ecole supérieure 64%


Non Oui




114 114

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224 225BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Le scepticisme quant à la capacité de la CVJR à
promouvoir la réconciliation nationale et une
paix durable s’est accru en 2018 par rapport à
2014


CHANCES DE PROMOUVOIR LA RÉCONCILIATION
NATIONALE ET UNE PAIX DURABLE AU MALI


N = 5,082 (NON 2018)


N = 3,224 (OUI 2018)


PENSEZ-VOUS QUE LA COMMISSION PEUT
PROMOUVOIR LA RÉCONCILIATION NATIONALE ET UNE
PAIX DURABLE AU MALI ? (PERSONNES AYANT ENTENDU
PARLER DE LA CDR - CVJR)


N = 3,224 (2018)


N = 4,701 (2014)


En effet, les Maliens semblent
maintenant douter un peu plus
qu'en 2014 quant aux chances d'une
réconciliation nationale et d'une paix
durable: 28% en 2018, contre 36% en
2014, pense qu'il est très probable que
la CDR - CVJR arrive à une réconciliation
nationale et une paix durable.


En 2018, qu'ils aient ou non entendu
parler de la CVJR, la majorité des
Maliens est sceptique par rapport
à la réconciliation nationale et une
paix durable. Toutefois, ceux qui
ont entendu parler de la CVJR sont
plus enclins à penser que la paix
et la réconciliation nationales sont
possibles.


11%
14%


Pensez-vous que la Commission peut promouvoir l
a réconciliation nationale et une paix durable au Mali?
(personnes ayant entendu parler de la CDR - CVJR)


21%
13%


38%
31%


28%
36%


2%
5%


Très peu probable


Peu probable


Probable


Très Probable


Refuse de répondre


2018 2014


7%
11%


Chances de promouvoir la réconciliation nationale et une paix durable au Mali


16%
21%


36%
38%


12%
28%


29%
2%


Très peu probable


Peu probable


Probable


Très Probable


Pas de réponse


Pas entendu parler de la CVJR


A entendu parler de la CVJR


9


LA JUSTICE TRANSITIONNELLE




115 115

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226 227BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Les Maliens sont plus au fait de l´existence
de L’Accord pour la paix et la réconciliation au
Mali issu du Processus d’Alger


AVEZ-VOUS ENTENDU PARLER DE LA MISE EN
ŒUVRE DE L’ACCORD POUR LA PAIX ET LA
RÉCONCILIATION AU MALI SUITE AU PROCESSUS
D’ALGER ?


N = 8,306


Près de six Maliens sur dix ont entendu
parler de l'Accord pour la paix et
la réconciliation au Mali, issu du
processus d'Alger. Parmi eux, 62% sont
des hommes et 38% des femmes.
Le niveau de scolarisation joue un rôle
important par rapport aux chances
des répondants d'avoir entendu


parler de l'Accord. Toutefois, 40% des
personnes qui en ont entendu parler
sont analphabètes. La probabilité
d'entendre parler de l'Accord est
également plus élevée parmi les
citadins. Toutefois, 71% des personnes
qui en ont entendu parler vivent dans
des zones rurales.


QUELLE EST VOTRE PRINCIPALE SOURCE
D’INFORMATION SUR L’ACCORD DE PAIX ET
SA MISE EN ŒUVRE ?


N = 5,221


En ce qui concerne les informations
relatives à l'Accord et à sa mise
en œuvre, les sources publiques
d'information dominent clairement sur
les réseaux personnels. Il existe une
nette distinction entre les hommes
et les femmes en ce qui concerne les
sources d’information sur l’Accord :
• 60% des hommes contre 40% des


femmes ont entendu parler de
l'accord à la télévision.


• Sur les 40% des personnes dont la
principale source d’information est
la radio, 64% sont des hommes et
36% des femmes.


• Alors que seulement 2% des
personnes ont entendu parler de
l'Accord via Internet, 74% de ceux
qui ont accès à Internet sont des
hommes et 36% sont des femmes.


48%Télévision


Quelle est votre principale source d’information
sur l’Accord de paix et sa mise en œuvre ?


40%Radio


4%Grin


2%Internet


2%Famille


58%


Pensez-vous que la Commission peut promouvoir la
réconciliation nationale et une paix durable au Mali?
(personnes ayant entendu parler de la CDR - CVJR)


42%


Non Oui


9


LA JUSTICE TRANSITIONNELLE




116 116

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228 229BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


PENSEZ-VOUS QUE LA MISE EN ŒUVRE DE
L’ACCORD DE PAIX A FAIT DES PROGÈS ?


N = 5,221


Dans l’ensemble, la perception sur le
niveau de mise en œuvre de l’Accord
est négative. 42% des personnes
interrogées pensent qu´il n´ya pas eu
beaucoup de progrès dans la mise en


œuvre. Pour 16%, il n´ya pas du tout eu
de progrès. Là également, le niveau de
scolarisation semble jouer un rôle. Plus
le niveau de scolarisation est élevé,
plus les répondants pensent qu´il y a
eu des progrès.


Par rapport à la signature d’un nouvel accord
entre le gouvernement et les rebelles du nord,
les Maliens demeurent indécis


SELON VOUS, À QUEL POINT EST-IL IMPORTANT
DE SIGNER UN NOUVEL ACCORD ENTRE LE
GOUVERNEMENT ET LES REBELLES DU NORD ?


N = 8,306


Comme pour le pardon accordé
aux auteurs de crimes, les Maliens
sont divisés quant à l´opportunité
de signer un nouvel accord entre
le gouvernement et les rebelles du
nord. En 2014, nous avions posé une
question similaire qui avait donné
des résultats comparables à ceux de


2018. Les différences géographiques
sont évidentes : un tiers des Maliens
vivant dans des zones rurales estime
qu'il n'est pas du tout important de
signer un nouvel accord, contre 44%
des citadins. De moins en moins de
personnes ayant un niveau élevé de
scolarisation, trouvent important de
signer un nouvel accord.


Selon vous, à quel point est-il important de signer un
nouvel accord entre le gouvernement et les rebelles du nord?


41% 7% 8% 37%


Pas du tout important Pas important


Moyennement important Important


Très important


7%


Pensez-vous que la mise en œuvre de l’accord de paix a fait des progès?


16% 31% 6% 4%


Pas du tout fait des progrès Pas fait des progrès


Fait des progrès Fait beaucoup de progrès


Refuse de répondre


42%


9


LA JUSTICE TRANSITIONNELLE




117 117

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230 231BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


SELON VOUS, À QUEL POIN EST-IL IMPORTANT
DE SIGNER UN NOUVEL ACCORD ENTRE LE
GOUVERNEMENT ET LES REBELLES DU NORD ?


En général, les régions dans
lesquelles le pardon pour les
crimes de 2012 est une option
populaire (Kidal, Taoudéni) affirment
également qu'il est important de
signer un nouvel accord avec les
rebelles du nord. Les habitants de
Tombouctou également préfèrent
l´option du pardon, mais dans le
cadre de l’accord institutionnel
actuel.


Selon vous, à quel poin est-il important
de signer un nouvel accord entre le
gouvernement et les rebelles du nord?


Bamako 2%55% 2%11% 29% 2%


Pas du tout important Pas important Moyennement important


Important Très important Sans réponse


Mopti 5%23% 3% 6% 56% 7%


Ségou 3%55% 2%3% 23% 14%


Tomboucto 8%50% 7% 5% 10% 20%


Kayes 7%20% 7% 8% 47% 11%


Koulikoro 13%27% 17% 12% 25% 5%


Sikasso 8%33% 5% 3% 26% 25%


Kidal 7%0% 15% 22% 52% 2%


Gao 40% 0% 40% 18%


Taoudéni 5%18% 5% 2% 56% 16%


Ménaka 20% 0% 80% 0%


Total 6%36% 6% 7% 33% 12%


9


LA JUSTICE TRANSITIONNELLE




118 118

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232 233BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Conclusion


Globalement, nos résultats montrent
que les Maliens ont des avis partagés
sur plusieurs questions relatives à la
justice transitionnelle, notamment sur :
• Le niveau de progrès accomplis


dans le cadre de la réconciliation
nationale depuis 2014.


• L'opportunité d´accorder le pardon
aux auteurs des crimes de 2012.


• L´éventualité de la signature
d´un nouvel accord entre le
gouvernement et les rebelles du
nord.


Cependant, la majorité des Maliens
sont d’accord sur un point : la
réconciliation est la priorité numéro
un pour le Mali d´aujourd’hui. Ceci
demeure vrai malgré certaines
variations régionales. De même,
bien que l'importance accordée aux
poursuites contre les auteurs des
crimes de 2012 ait diminué depuis
2014, il existe toujours un consensus
solide dans le pays, à savoir que les
auteurs des crimes des guerres civiles
doivent être poursuivis.


Par rapport aux atrocités, les Maliens
préfèrent que justice soit rendue à
travers des mécanismes formels plutôt
qu'informels. Dans toutes les régions,
les populations sont généralement
favorables à l'idée que les auteurs
de crimes soient jugés par des
tribunaux nationaux plutôt que par
des tribunaux internationaux. Kidal
et Gao constituent des exceptions.
Les résidents de Ménaka diffèrent
également, préférant que les suspects
soient pardonnés.
Les avis sur la meilleure façon de
prévenir les conflits à l'avenir varient
en fonction du niveau de scolarisation,
du lieu de résidence (en milieu urbain
ou rural) et des régions. Généralement,
les méthodes globalement préférées
consistent à établir la vérité et à
trouver les causes profondes des
conflits. Les régions touchées par les
conflits, telles que Tombouctou, Kidal
et Taoudéni, préfèrent en revanche
l’indemnisation des victimes.


En ce qui concerne ce point, près de
la moitié des Maliens préfère une
compensation individuelle directe.
Pourtant, les personnes ayant un
niveau de scolarisation supérieur et
celles vivant en ville, préfèrent les
compensations collectives.
La Commission – qu´est-ce que c´est
et que fait-elle ? - pose problème aux
Maliens. Depuis 2014, la connaissance
de l´existence de la Commission a
diminué. Cela est vrai dans toutes
les régions, où, pour la plupart, les
populations disent ne pas en avoir
entendu parler, à l'exception de
Mopti et de Kidal. Il existe également
un scepticisme général quant à la
capacité de la CDR-CVJR à promouvoir
la réconciliation nationale et une paix
durable. Le doute des Maliens est plus
grand aujourd'hui qu'en 2014.


Même si la Commission n´est pas bien
connue, en revanche six Maliens sur dix
connaissent bien l'Accord pour la paix.
Les principales sources d'informations
concernant cet Accord et sa mise en
œuvre sont la télévision (48%) et la
radio (40%). Les niveaux de perception
par rapport à sa mise en œuvre sont
pour la plupart négatifs. Près de six
Maliens sur dix estiment qu´il n´ya pas
eu, ou pas du tout eu, de progrès dans
la mise en œuvre de l´accord.
Alors que le Mali poursuit son
processus de justice transitionnelle, il
est important que les efforts tiennent
compte des différences régionales,
communales et de genre.


9


LA JUSTICE TRANSITIONNELLE




119 119

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234 235BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


10
Conclusions


et
Recommandations




120 120

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236 237BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


Les Maliens considèrent très souvent les tribunaux
officiels comme utiles. Cela concerne en particulier
ceux ayant des problèmes fonciers, qui sont plus
susceptibles d´avoir recours aux tribunaux que les
personnes confrontées à d’autres problèmes. Les
prestataires de justice informels ont également de
bons résultats. Quant aux chefs de village, ils ont le
taux de résolution le plus élevé.


Crime/délit : aussi bien en 2014 qu´en 2018, les
crimes/délits font partie des problèmes les plus
graves et ayant le plus d´impact. Plus précisément,
les populations sont le plus souvent victimes de
vol. Alors que le crime/délit est l’une des catégories
de problèmes qui touche le plus grand nombre de
personnes dans toutes les régions, Bamako, Kidal
et Ménaka sont les plus touchées par ce type de
problème.


L’impact du crime/délit sur la vie des populations
est considérablement négatif. Plus de la moitié
des Maliens ayant connu des problèmes liés au
crime/délit déclare avoir été très sérieusement
affectée. Après un crime, les Maliens cherchent
le plus souvent des informations et des conseils
auprès des membres de leurs familles et de
la police. Toutefois, par rapport à la moyenne
au niveau mondial, face à un crime, les gens
sont moins susceptibles de prendre des actions


Les voies de
résolution
comprennent
les institutions,
formelles et
informelles


Faible prévalence
des problèmes de
justice


L’enquête a révélé quelques points saillants de
la justice au Mali. Par rapport à d´autres pays,
les besoins des Maliens en matière de justice
sont faibles. 37% des personnes que nous avons
interrogées ont signalé un problème de justice,
contre 73% au Nigéria, 81% au Bangladesh et 68%
au Liban. Cette prévalence relativement faible des
problèmes de justice au Mali indique probablement
un problème de sous-déclaration. Ce phénomène
peut être dû à la nature de la question posée
(sujet sensible), la stigmatisation sociale (la honte
et la peur) et aux trous de mémoire. Il peut aussi
indiquer le faible niveau d´activité économique
dans le pays, en raison du faible nombre
d´interactions sociales basées sur les échanges.


Les Maliens sont très actifs quand il s´agit
de chercher des informations et des conseils
juridiques. Neuf Maliens sur 10 ont recherché
des informations et des conseils juridiques.
Sept personnes sur 10 consultent des sources
institutionnelles d’information et de conseils
juridiques. Presque tous les Maliens ayant des
problèmes de justice prennent des mesures pour
résoudre leurs problèmes. Près de la moitié d’entre
eux y arrivent, totalement ou partiellement.


Les Maliens sont
très actifs quand il
s´agit de résoudre
leurs problèmes
de justice


Conclusions


Conclusions
concernant les
trois principaux
types de
problèmes au Mali




121 121

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238 239BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


(76%). Et quand ils le font, 54% d´entre eux ont
recours à la police pour trouver une solution.
Malheureusement, ils ont beaucoup moins de
chances de trouver une solution juste à leur
problème. En fait, près d’un Malien sur trois dans
cette situation renonce totalement à chercher une
solution à son problème. Dans l’ensemble, les
personnes confrontées à des problèmes de crime/
délit ont un parcours difficile vers la justice.


Foncier : notre étude montre que les conflits
fonciers sont les problèmes de justice les plus
fréquents au Mali en 2014 et 2018. Les problèmes
spécifiques les plus fréquemment rencontrés
concernent l’accaparement de terres, en particulier
pour les Maliens les plus démunis. Les données
qualitatives recueillies lors d’entretiens avec des
acteurs de la justice à Kayes corroborent ces
résultats. Dans cinq régions - Mopti, Ségou, Kayes,
Koulikoro et Sikasso - les problèmes fonciers sont le
type de problème juridique le plus courant.


Bien que l’impact des conflits fonciers soit en soi
assez élevé, il est moins grave que la moyenne
des autres conflits. Neuf Maliens sur dix cherchent
des informations et des conseils sur les problèmes
fonciers. Dans leur réseau personnel, ils vont
le plus souvent voir le chef de village. Parmi les
institutions, ce sont surtout les autorités publiques
locales qu´ils consultent. À 95%, les Maliens ayant
des problèmes fonciers font partie du groupe
de personnes qui prend le plus d´action. Les
chefs de village et les tribunaux officiels sont les
mécanismes de règlement les plus fréquemment
utilisés pour les questions foncières. Toutefois,


selon les acteurs dans le domaine de la justice
à Kayes, les Maliens consultent en premier lieu
les mécanismes informels. En termes de taux
de résolution, une partie importante des litiges
fonciers prend beaucoup de temps pour être
résolue, sans pour autant que les intéressés
abandonnent. Près de la moitié des litiges fonciers
qui ont fait l’objet d’une enquête étaient encore en
cours. Cela pourrait être dû à la nature complexe
des problèmes fonciers, comme l’ont souligné les
acteurs de la justice à Kayes. Ceux de Mopti ont
mis en évidence des facteurs aggravants tels que le
chômage, la guerre et la croissance de la population
comme ayant des effets amplificateurs sur les
problèmes fonciers.


Famille : comme en 2014, les problèmes familiaux
sont parmi les plus graves pour les Maliens en
2018. Toutefois, ce type de problème a connu une
réduction significative de plus de 10%. Le divorce
et la séparation sont les problèmes spécifiques les
plus couramment rencontrés, en particulier pour
les femmes. Les groupes de discussion organisés
avec des acteurs de services judiciaires à Kayes
ont montré que la demande de divorce émanant
des femmes était plus forte que celle émanant
des hommes. Dans les régions du nord du Mali en
particulier, comme Tombouctou, Gao et Taoudéni,
les problèmes familiaux sont la catégorie la plus
commune.


L’impact des problèmes familiaux sur la vie des
populations est indirect : six Maliens sur dix
déclarent être très / complètement affectés. Un
peu plus de 90% des personnes ont demandé des


10


CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS




122 122

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240 241BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


informations et des conseils juridiques concernant
des problèmes familiaux. Plus précisément, les
Maliens consultent leurs parents et amis, mais les
chefs religieux jouent également un rôle important.
Les acteurs de services judiciaires à Kayes et à
Mopti ont confirmé cette tendance en déclarant :


«Les couples n´arrivent au tribunal qu´après avoir
épuisé toutes les voies de résolution à l´amiable : les
parents, les voisins, l´imam du quartier, même les
amis. C´est quand tout le monde a échoué que l´affaire
arrive au niveau du tribunal. »


Plus de 90% des personnes ayant un conflit
familial prennent des actions pour résoudre leurs
problèmes. Après avoir décidé de prendre des
actions, ces usagers sont plus enclins à aller voir
des leaders religieux (20%) et à avoir recours à
des avocats (10%). Selon les acteurs des services
judiciaires, le recours aux avocats est plus
fréquemment réservé aux Maliens plus riches.
Le taux de résolution pour les personnes faisant
face à des problèmes de famille est le plus élevé
parmi les cinq catégories de problèmes les plus
courants. Le parcours de justice pour les personnes
ayant des problèmes familiaux est l’un des moins
problématiques.


10


CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS




123 123

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242 243BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


10


CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS


Recommandations


Laboratoire de transformation
de la justice


Un moyen d´utiliser les conclusions de
cette étude pour élaborer des stratégies
d’innovation efficaces est le laboratoire
de transformation de la justice de HiiL.
Et voici comment nous le réalisons:


Formation d´une coalition


La première étape consiste à réunir un
groupe de personnes, venant de tous les
horizons de la justice, dotés de pouvoirs
et déterminés à utiliser les données pour
élaborer des stratégies d’innovation et
trouver des solutions. Cette équipe de
parties prenantes peut comprendre des
représentants du gouvernement, de la
société civile, du monde universitaire,
des entreprises et autres.


Élaboration d´une stratégie
d’innovation dans le domaine de la
justice


Ensuite, l’équipe élaborera un
programme d’innovation basé sur
les données. L’agenda contient des
objectifs spécifiques répondant aux
besoins du peuple malien en matière de
justice. Chaque objectif définit des cibles
claires décrivant des améliorations


concrètes pour les citoyens. Ces cibles
sont liées à des indicateurs de succès
spécifiques et mesurables. L’équipe
distinguera également la capacité
disponible au Mali pour atteindre
ces objectifs de justice. Cela se fera à
travers la mise en place de passerelles
identifiant les différents défis et
opportunités sur la voie de l´atteinte
des objectifs.


Offre d´une stratégie d’innovation dans
le domaine de la justice


Au cours de la dernière étape du
processus, l’équipe de parties prenantes
soutiendra l’innovation à grande échelle.
Elle formera des groupes de travail qui
développeront des solutions concrètes
pour atteindre les cibles fixées dans
les objectifs de l´administration de la
justice. Les solutions pourraient être des
outils innovants, des partenariats, des
plates-formes de connaissances, des
modèles de financement et des acteurs
habilités et mis en réseau pouvant
utiliser ces innovations pour répondre
aux besoins les plus pressants des
citoyens Maliens en matière de justice.


Mise en place d´un centre
d’innovation de la justice
malienne


Un centre d’innovation de la justice
sera en mesure de développer au
Mali un écosystème pour produire
des solutions à grande échelle et
contribuer ainsi à élargir l’accès à la
justice.


Le centre national attirera un flux
continu d’idées novatrices locales afin
de produire une justice plus accessible
pour un plus grand nombre de
personnes, avec un accent sur les PME,
en particulier les microentreprises,
les femmes et autres groupes
vulnérables. Le centre fera des appels
réguliers à l’innovation et organisera
des événements de sensibilisation
pour les innovateurs. Les meilleures
idées de ces appels seront soumises
à un programme d’incubation et de
mentorat. Les innovateurs sélectionnés


Établir un Réseau


Fixer un Agenda


Transformer!




124 124

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244 245BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


10


CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS


4 https://www.ashoka.org/en-NL/story/new-league-
%E2%80%98barefoot-lawyers%E2%80%99-will-
transform-justice-next-15-years


Continuer à surveiller le système de
justice du point de vue des citoyens


Afin de garantir que les interventions
(telles que le laboratoire de
transformation de la justice, le centre
d’innovation ou d’autres initiatives)
répondent de manière adéquate aux
besoins des populations en matière
de justice, nous avons besoin de
données en continu sur les opinions
des citoyens. Par conséquent, le suivi
des procédures judiciaires ascendantes
devrait être intégré dans l’élaboration
des politiques et dans la prestation
de services. La participation active du
ministère, de l´institut national de la
statistique et des organisations de la
société civile à de telles activités de
suivi augmentera la redevabilité de la
justice au Mali.


Les parcours de justice inclusifs
comportent des chaînes de
justice hybrides


Pour ce qui est des problèmes fonciers,
par exemple, il existe actuellement
une inadéquation entre l’expérience
des usagers et la conception du
parcours. Les justiciables se rendent
auprès de leur chef de village local
au début du conflit afin de tenter
de résoudre les problèmes de
propriété. Même si un chef de village
peut éventuellement proposer un
règlement informel, il manquera un
maillon dans la chaîne. Alors, quand
les parties essaient de régulariser
la propriété, le système formel ne
reconnaît pas le règlement puisque les
chefs de village ne fournissent pas de
documents valides. Par conséquent,
le différend réapparait, cette fois dans
le secteur formel. Les intermédiaires
qui seront le lien entre les secteurs
formel et informel empêcheront
que cela se produise. Il existe des
exemples africains en la matière et qui
peuvent servir d´inspiration, tels que
les Tribunaux de Conseils Locaux en
Ouganda. Cela fonctionne bien.


C´est faisable!


D’autres types d’innovations venant
d’Afrique ont atteint le reste du
monde: au Bangladesh, le Barefoot
Law10
(littéralement le droit aux
pieds nus) est une communauté de
parajuristes formés aux techniques
de lois de base et de médiation. Ils
aident les populations confrontées aux
problèmes fonciers à comprendre et
à utiliser la loi. Cet exemple concret
d’innovation couronnée de succès,
qui a amélioré l’accès des citoyens à
la justice dans le domaine du foncier,
a inspiré les parties prenantes et les a
motivées à rechercher des innovations
similaires au Mali.


peuvent également renforcer les
processus de dialogue des parties
prenantes dans le laboratoire de
transformation.


Ce centre peut également faciliter
la mise à échelle des innovations
en matière de justice grâce à des
investissements. Les innovations
ainsi choisies répondent aux besoins
provenant des données de l´enquête
sur les besoins et la satisfaction en
matière de justice (foncier, crime/délit
et famille) et visent à apporter des
améliorations concrètes et fondées sur
des données probantes dans la vie des
populations. Une attention particulière
devrait être accordée aux “plateformes
de vulgarisation du droit” qui
aideront les populations à obtenir les
informations juridiques appropriées,
à recevoir des conseils d’experts et à
prévenir ou résoudre leurs conflits.


Développer
l’innovation


Valider
l'innovation


L'innovation est-
elle adaptée au


marché ?


Faire
croitre


Mettre à
l’échelle




125 125

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246 247BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


10


CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS


Renforcer les prestataires de services
dans le secteur foncier, par exemple,
en mettant en place un système
d´enregistrement abordable et fiable,
constitue une mesure adéquate pour
soutenir les acteurs locaux du domaine
de la justice. Le rôle des parajuristes
peut être crucial dans ce domaine.


Garder à l’esprit la nature de
l’économie locale


Au Mali, beaucoup de gens comptent
sur l’économie informelle pour
leur survie. Certains d’entre eux
sont des vendeurs ambulants, des
transporteurs privés, des personnes
à tout faire, etc. Sans le savoir, ils
peuvent être considérés comme
faisant partie des micros, petites et
moyennes entreprises (MPME). Ils ont
besoin soit de la protection de la loi
pour officialiser leurs activités, soit
d’aide pour le faire. Si les règles ne
sont pas claires ou sont appliquées
de manière discrétionnaire, ces
personnes resteront dans le secteur
informel. L’équité dans l’emploi
est une condition essentielle du
développement économique. Parfois,
même trouver le bon emploi ou le
bon employé peut être une procédure
dans laquelle l´équité fait défaut. Au
Nigeria, FarmWorkerzApp est une
plate-forme numérique mettant en
relation des travailleurs ruraux agréés
et des employeurs, améliorant ainsi
l’employabilité des travailleurs et la
productivité des employeurs.


Il existe des avantages énormes
auxquels peuvent accéder les
populations en passant par le
système judiciaire formel, mais les
opportunités sont inexistantes pour
ces populations aussi longtemps que
nous ne connaissons pas leurs besoins
en matière de justice. En outre, les
personnes effectuant des travaux non
rémunérés, comme les aide-ménagères
et celles faisant le troc et l’échange de
biens, ne savent pas nécessairement
les avantages sociaux qui sont mis
à leur disposition. Le Mali peut
s’inspirer de l’expérience indienne de
Haqdarshak Empowerment Solutions ,
une plate-forme technologique aidant
les utilisateurs à connaitre et à solliciter
des avantages publics auxquels ils ont
droit. Cela pourrait permettre à des
millions de personnes de sortir de la
pauvreté. De plus, c´est faisable au
Mali.


Les problèmes locaux exigent
des solutions locales


Divers problèmes de justice sont
concentrés dans certaines zones.
Les habitants de Bamako sont
souvent victimes de crimes/délits,
probablement en raison du caractère
urbain de ce phénomène. Des
problèmes de justice liés au foncier se
posent dans les zones essentiellement
rurales : Mopti, Ségou, Kayes,
Koulikoro et Sikasso montrent cette
tendance. Il n’existe pas d´approche
unique pour prévenir ou résoudre
les problèmes de justice. Une police
facile d´accès est nécessaire pour
prévenir le crime/délit de manière
à prévenir également les abus de
pouvoir. Un tel exemple d’innovation
provenant du Nigéria s´appelle
Legitcar11, un système contre le vol
de voiture qui aide les populations à
retrouver leur voiture, et qui rend plus
difficile la revente d´une voiture volée.
Néanmoins, la corruption, l’impunité,
le désintérêt des citoyens et l’absence
d’une organisation chargée de
surveiller et de contrôler les ventes de
véhicules peuvent constituer un défi
pour le processus.


11 https://legitcar.ng/




126 126

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248 249BESOINS DE JUSTICE AU MALI - 2018


LES AUTEURS


Dr. Kavita Heijstek Ziemann
Conseillère Principale du Secteur
de la Justice
kavita.ziemann@hiil.org


Dr. Sam Muller
PGD
sam.muller@hiil.org


Dr. Rodrigo Núñez
Conseiller du Secteur de la Justice
rodrigo.nunez@hiil.org


Dr. Martin Gramatikov
Directeur Mesure de la Justice
martin.gramatikov@hiil.org


Martijn Kind
Conseiller du Secteur de la Justice


Adriana Thomson
Assistante de Recherche


Nadja Kernchen
Assistante de Recherche


À propos de JNS


La justice n´est pas seulement une
question du nombre de crimes
déclarés. Ce n´est pas non plus
qu´une affaire de tribunaux et de lois.
Il s’agit aussi et surtout de personnes,
de leur vie quotidienne, de leurs
douleurs, de leurs frustrations et des
résultats de justice qu’elles reçoivent
ou ne reçoivent pas.


C’est pourquoi nous sommes toujours
à l´écoute des populations dans


chaque pays afin de mesurer leurs
besoins et leur satisfaction. Nous
recueillons les voix de milliers
de personnes grâce à notre outil
d’enquête (JNS) sur les besoins et la
satisfaction des populations dans le
domaine de la justice. Il nous permet
de connaitre réellement les problèmes
juridiques, les expériences et l’accès
des populations à la justice.


Adapté au contexte spécifique
de chaque pays, il offre une
compréhension approfondie aux
personnes travaillant dans le secteur
de la justice.


Par le biais d’interfaces intelligentes,
nous mettons également les données
à la disposition des décideurs, afin
qu’ils puissent utiliser les résultats
à bon escient. En effet, l’utilisation
responsable de ces données mène à la
connaissance, crée l’autonomisation et
renforce la redevabilité.


Parmi les pays dans lesquels nous
avons travaillé depuis 2014 figurent les
Pays-Bas, la Jordanie, le Mali, la Tunisie,
l’Ouganda, l’Ukraine, le Kenya, le
Bangladesh et les Émirats arabes unis.


Pour plus d’informations, prière de
consulter nos sites Web:



www.hiil.org
www.justice-dashboard.com




127 127

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250


Les problèmes de justice peuvent être liés au
niveau de développement économique.


Moins de Maliens déclarent être confrontés
à des problèmes de justice, comparé aux
autres pays dans lesquels nous avons mené
des enquêtes. Environ quatre Maliens sur dix
le font. Cela pourrait être considéré comme
une bonne nouvelle, mais aussi comme
la conséquence d’une économie moins
développée. En particulier, les femmes ont
tendance à rester à la maison, ne participant
pas à des activités économiques formelles.
Le fait d´avoir moins d’interactions sociales
signifie moins de situations dans lesquelles un
conflit peut survenir. Néanmoins, les besoins
les plus pressants des Maliens en matière de
justice sont les problèmes liés au foncier, au
crime/délit et aux problèmes familiaux.


Les problèmes varient d’un bout à l’autre
du pays. La plupart des problèmes dans les
régions de Mopti, Sikasso et Ségou concernent
des problèmes fonciers. La plupart des
problèmes dans le district de Bamako ainsi
que dans les régions de Kidal et Ménaka sont
liés au crime/délit. Les problèmes liés à la
famille sont plus courants à Tombouctou et
Gao.


La bonne nouvelle, c´est que beaucoup de
Maliens prennent des mesures concrètes pour
résoudre leurs problèmes.


Environ neuf Maliens sur dix ayant des
problèmes de justice demandent des
informations et des conseils juridiques et
tentent de résoudre leurs problèmes. Le
réseau personnel d’une personne est la
principale source de conseils juridiques. Cela
ouvre donc des opportunités aux parajuristes
et aux avocats pour booster leurs services afin
d’atteindre davantage de personnes.


Nous suivons les parcours de justice des
justiciables, du moment où ils ont un
problème jusqu´au moment d´une résolution
éventuelle. La résolution des litiges est


Les Maliens veulent des solutions justes à leurs
besoins les plus pressants en matière de justice


fréquente au Mali. Étonnamment, plus de
personnes que prévu font appel aux tribunaux
pour la résolution de leurs problèmes, en
particulier les problèmes fonciers. Toutefois,
beaucoup font encore appel au secteur
informel, tels que les chefs de village et les
leaders religieux. Pour les tribunaux officiels,
il existe un grand potentiel d´améliorer la
qualité de leurs procédures pour le grand
nombre de personnes qui leur font appel.


Le défi est également de taille pour l’ensemble
du secteur de la justice d’augmenter les taux
de résolution. Seulement la moitié environ
des problèmes pour lesquels un processus de
résolution a été lancé aboutit à une solution.
Ceci n’est pas différent des résultats que nous
avons obtenus il y a quatre ans.


Les problèmes liés au foncier, qui sont les
problèmes les plus courants au Mali, sont
difficiles et coûteux à résoudre. Pour ce genre
de problèmes, beaucoup ont souvent recours
aux tribunaux. Malgré cela, de nombreux
problèmes fonciers sont en cours, avec toutes
les conséquences négatives de cet état de fait.


La loi doit protéger les populations les plus
vulnérables du pays.


Les femmes, les pauvres, les jeunes, les
habitants des zones rurales et les habitants
de Gao et de Kidal ont des besoins différents
et ont besoin de la protection de la loi de
différentes manières. Les crimes/délits
affectent durement le district de Bamako. Des
solutions locales aux problèmes locaux sont
nécessaires.


Il existe des moyens d’accroître l’équité dans
la vie quotidienne au Mali. Dans le présent
rapport, vous pouvez apprendre davantage
sur la justice de transformation et la justice
transitionnelle. Pour connaitre les données de
l´enquête, nous vous prions de consulter le
tableau de bord de HiiL :
www.justice-dashboard.com.




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